Chapitre 5 - Léxandre

Mon bras gauche plaqué contre les carreaux de ma douche, je prends mon temps. Ma main droite remue d'avant en arrière, branlant mon membre avec lenteur. Mon bas ventre est pris de spasmes et ma respiration est saccadée.

Je vais jouir.

Mes mouvements de poignets augmentent la cadence. Ils me décrochent des sons gutturaux.

Mes pensées me portent sur Jules. Je devrais avoir honte. Honte de désirer cette femme. Honte d'être aussi faible face à cette délicieuse créature.

Seulement, c'est plus fort que moi. Je l'imagine onduler contre mon corps et nouer sa langue à la mienne. Pendant que mes doigts caressent sa zone la plus intime, lui procurant de douces sensations.

Dans un grognement sourd, ma queue tressaute et éjacule. Mon souffle est stoppé. Je pose mon front contre mon avant-bras et profite de ce moment.

Toute bonne chose à une fin. Je me lave en vitesse et m'habille pour le cambriolage. Dans trois heures, je serais avec mes amis chez un banquier. L'argent qu'il détourne sera notre. Puisqu'il a obtenu son pognon de façon illégale, il ne portera pas plainte. Je n'ai aucun regret. Il doit avoir plus sur son compte, au vu de sa demeure. Une grande maison sur deux étages. Selon les plans et les informations trouvés sur internet, il n'a pas une maison à six chiffres.

Je quitte mon appartement en trombe. Je répète mes phrases préférées pour m'encourager.

— Si je n'ai pas cet argent, ma mère continuera de vivre ainsi. Je vais y arriver. Pour elle.

Tout vêtu de noir, je me rends chez Louis. Mes réflexions m'angoissent. Lorsque je passe la porte, je me revois dans l'obscurité complète. Mon corps était proche de celui de Jules. Je la tenais dans mes mains. Je touchais sa peau brûlante.

J'ai failli merder ! L'imaginer dans le noir, la sentir ont eu raison de moi. J'étais sur le point de l'embrasser. De la plaquer contre le mur et lier nos langues.

Un peu plus et Louis m'aurait tué. J'ai eu de la chance qu'il soit arrivé après. S'il nous avait surpris, mon visage serait, à l'heure actuelle, bien amoché. Ou pire encore !

Louis n'a déjà pas de pitié envers les femmes, alors envers son ami qui le trahit...

Je repousse des images de mon corps au sol et ensanglanté. Dans le salon de mon ami, je trouve Dimitri. Il est seul et habillé d'un jean et d'un pull noir. Ses cheveux sont emprisonnés sous un bonnet, aussi noir.

— Louis se prépare. On attend Michael et on part.

— Ok. On suit le plan à la lettre. Tu tiendras Micha. Pas question qu'il fasse chier la gamine.

Dimitri secoue sa tête. Il tient un papier dans sa main, sûrement le plan de la maison.

— Ça me rassure, siffle-t-il en survolant la feuille. Je pensais que Jules était la seule à t'intéresser.

Mes dents se serrent sous sa remarque.

— J'aime pas qu'on fasse du mal aux femmes. Toutes les femmes.

— Ouais, toi tu préfères leur procurer du plaisir...

Je lève les yeux au ciel. Il m'a très bien compris.

— T'en profites pas mal, toi aussi, balancé-je en avançant dans le salon.

Sur le cul, Dimitri relève sa tête, la mine effarée.

— Avec ma meuf. Je ne la trompe pas.

— Je sais bien. Tu n'en as pas marre de passer ta vie sur ton tel à lui envoyer des messages à la con ?

Le visage de Dimitri montre son mécontentement. Ses sourcils épais se froncent et ses lèvres se pincent.

— Déjà, j'y suis pas toutes les cinq minutes. Et c'est important de lui dire des mots d'amour. Mais tu ne peux pas comprendre, t'aimes personne, toi.

S'il savait. Jules Becker hante mes nuits depuis le lycée. Depuis que sa tête est apparue dans mon champ de vision. Il ne se foutrait pas de moi.

Personne ne sait ô combien s'est dur d'être épris de la mauvaise personne. De la sœur d'un pote. Fallait que ça tombe sur elle. Pas sur une gardienne de prison ou une femme croisée dans la rue. À croire que le destin se fout de moi. Qu'il me met à l'épreuve pour voir si je suis un fidèle ami.

— Ton silence est éloquent...

Je l'ignore. J'entends les pas de Louis s'approcher. Mieux vaut changer de conversation. Je crains que Jules soit mise sur le tapis. Pas question que mon ami se pose des questions.

J'ai déjà peur qu'il m'ait monté un mauvais coup avec sa sœur. Il faut que je sois plus prudent. La prochaine fois que je croiserai Jules, je l'éviterai, au risque d'être désagréable.

— Bon, vous êtes prêt ? demande Louis en pénétrant dans le salon.

— Yep ! s'exclame Dimitri.

En réponse, je me contente de sourire. Mon estomac est noué. Ce casse signifie beaucoup. Il ne faut pas se louper. La gamine de seize doit rester en dehors de ça. C'est déjà de ma faute qu'on s'incruste chez le banquier, je m'en voudrais de blesser une innocente.

Si je n'avais pas besoin d'argent, le cambriolage ne serait pas programmé. Je serais chez ma mère, à profiter d'une belle soirée en cuisinant un gâteau.

Pendant que je ressasse, Michael nous gratifie de sa présence. Nous sommes tous habillés en noir pour passer inaperçus. Nous quittons la maison de Louis sans un bruit. La nuit vient de tomber. Il est l'heure de passer à l'action.

Louis nous conduit. Il suit son GPS tandis que Michael et Dimitri discutent du trente et un octobre. Les deux hommes ont prévu leur soirée. Michael cherchera une compagne de nuit et Dimitri invitera sa petit-amie, Sophie, dans une soirée déguisée.

Comme je ne parle pas, Dimitri se soucie de moi. Il me propose de venir à la soirée d'Halloween. J'hésite. Même si je n'avais rien à faire, je n'ai pas de costume. En quoi pourrais-je me déguiser ? Un policier ? Un criminel ? Un personnage de film ?

J'annonce que j'y réfléchirais. Après tout, c'est leur soirée. Je me sentirais de trop.

Nous arrivons à la maison. Je suis surpris par la taille et le luxe de la baraque. Il s'y dégage une ambiance de riche, à la limite de l'incandescence. Digne d'un manoir dans un film, il y a un grand et haut grillage qui protège la demeure. Le portail est automatique. Pour entrer, impossible de sauter les grilles ou de casser le portail. Voilà notre premier problème. Entrer.

— On fait comment ? demande Michael en scrutant la maison.

— Va faire le tour et dis-nous s'il y a une entrée. On a au pire de quoi briser le grillage.

Mes sourcils se froncent. Je suis contre cette idée. Mais Michael sort déjà du véhicule et se penche pour suivre les ordres.

— On va prendre trois heures à casser le grillage, remarqué-je. Si on y arrive, bien sûr. Faudrait un autre moyen.

Louis replace ses cheveux et agrippe son bonnet noir. Il le place sur sa tête, avant de me porter attention.

— T'as raison. Va sonner. Balance une connerie et si ça marche, attache la gamine et ouvre-nous.

Ce n'est pas une proposition, mais un choix. Je m'exécute et sors de sa voiture. J'inspecte avant tout la route. Aucune voiture. Celles des maisons aux alentours sont garées dans leurs allées. Il n'y a aucun bruit. Nous sommes tranquilles.

Je m'avance jusqu'au portail. Je trouve la sonnette avec facilité et découvre que ça enregistre le visage. Merde. Si je sonne, ça gardera ma tête et je serais cuit. Une idée traverse mon esprit. Avant qu'on libère la fille et qu'on dégage d'ici, je sonnerai une dizaine de fois sans montrer mon visage. Ainsi, plus aucune trace de moi.

Pour l'instant, j'applique le plan. Après avoir retiré mon bonnet, je sonne et attends qu'on me réponde. La voix d'une jeune fille s'élève des haut-parleurs.

— Bonsoir, c'est pour quoi ?

Quelle idée de répondre ? À sa place, j'aurais ignoré la sonnerie. Elle est seule. Elle devrait se méfier.

— Bonsoir, Mademoiselle. Je suis votre voisin. Mon jardin est inondé. Après vérification, l'eau vient du vôtre. Avez-vous une arrivée d'eau percée ?

— Heu... je n'en sais rien.

— J'ai contacté Alexis. Il m'a dit ne pas être chez lui, mais de vous demander de vérifier.

— Mon père ne m'a pas mis au courant.

Merde.

— Je viens juste de lui envoyer un message. On peut attendre qu'il vous prévienne, mais si l'eau pénètre dans ma maison, je porte plainte. Je vous préviens. Et vous me devrez des dédommagements.

La jeune femme hésite. Elle racle sa gorge.

— Je ne sais pas où se trouvent les tuyaux ou même l'arrivée d'eau. Mon père s'en charge toujours.

Ouf ! Je suis peut-être sauvé. Mon cœur tambourine lourdement. Mes doigts picotent sous l'adrénaline.

— Ce n'est pas compliqué. Sûrement au fond de votre jardin. Mais il faut que vous soyez capable d'ouvrir et refermer. Sinon ça empira tout.

J'aurais dû lancer de l'eau dans son jardin. Quel con.

— Vous vous y connaissez mieux que moi. Vous pourriez vérifier ? J'ai peur de faire une bêtise. Mon père me tapera sur les doigts si j'empire la situation.

J'accepte, fier de moi. Cette adolescente n'est pas futée. Ses parents ne lui ont donc jamais appris à ne pas ouvrir aux inconnus. Même aux voisins.

En tout cas, je suis soulagé. Je n'ai pas failli à ma mission. La jeune fille n'a pas douté une seule seconde de mon identité, même avec la caméra qui me filmait.

Je marche jusqu'à la porte d'entrée. La grande bâtisse m'impressionne, mais je n'ai pas le temps de l'admirer. Je dois entrer et maîtriser l'adolescente.

Je gravis les marches du perron. Mon poing de forme et s'abat à trois reprises sur la porte. La fille ouvre assez vite. Elle est surprise et tient fermement la porte de sa main droite. Je ressens sa peur. Elle vient de comprendre son erreur.

— Alors ?

En voyant cette jeune fille, je me sens coupable et honteux. Moi qui n'aime pas blesser les femmes, voilà que je vais en effrayer une à vie. Plus jamais elle n'osera ouvrir la porte. Je vais lui créer une puissante peur pour de l'argent. Pour ma mère.

En repensant à la cause, je me détends. Ma mère vaut tous les sacrifices.

J'empoigne les poignets de la fille. Elle étouffe un cri d'effroi et tente de s'échapper. En deux secondes, je la retourne et colle son dos contre mon torse. Cette position me rend mal à l'aise. Je préférais cent fois que Jules soit contre moi, qu'une pure inconnue. Pire, qu'une jeune ado.

Mes mains tiennent ses bras fermement.

Quel cambrioleur en carton fais-je. Je n'ai aucune corde pour l'attacher.

D'un coup, je la pousse à l'intérieur sans la lâcher. La jeune fille brune cri pour alerter les voisins.

— Je ne te veux aucun mal, crois-moi.

— Lâchez-moi !

Elle hurle en se débattant. Je suis plus fort qu'elle et la tiens sans difficulté.

— Calme-toi. Tu vas t'enfermer dans ta chambre. Ne ressors pas avant que je toque à ta porte. Ok ?

— Mais qu'est-ce que vous voulez ?

Elle tremble. Sa voix est faible.

— Juste prendre les dix mille euros que ton père a volé. Rien de plus. On sait où ils sont et comment les prendre. Mais il vaut mieux pour toi de rester en dehors de tout ça. Mes amis n'ont pas autant de respect que moi.

La gamine ne se décontracte pas pour autant.

Les paroles c'est bien, mais les preuves c'est mieux. Je dois donc prouver ma bonne foi.

Je la soulève entre mes bras et longe le salon. Elle me donne des coups de pieds, gigote contre moi. Je décide de la déposer dans la première pièce que je trouve. Je n'ai pas de temps à perdre.

Je tombe sur les toilettes. Ça suffira. Nous n'en avons pas pour longtemps. Louis a déjà examiné la zone. Il sait comment ouvrir le coffre en moins de cinq minutes.

— Tu t'enfermes et ne parles pas.

Je la lâche. L'adolescente se retourne pour me faire face. Ses traits trahissent sa peur.

Avant de partir pour ouvrir à mes amis, j'inspecte ses poches. Son téléphone portable est dans sa poche de droite. Je le prends sous ses protestations. Elle n'ose pas me repousser ou même me frapper. Elle est vraiment effrayée.

— On en a pour dix minutes. Je laisserai ton téléphone devant la porte.

Ses iris marron me dévisagent tandis que je ferme la porte. J'attends qu'elle s'enferme à clé et lorsque c'est chose faite je cours à l'entrée. J'ouvre le portail à mes amis. Peu après, ils déboulent tous les trois.

Louis m'adresse un vague mouvement de tête en signe de félicitation. Je suis aussi content de moi. J'ai su mentir et protéger une ado. Qui sait ce qu'aurait fait Louis à cette mineure ? Je ne souhaite même pas y penser !

Nous nous dirigeons tous les trois jusqu'à un grand bureau. L'espace est énorme. Un bureau en bois massif trône au milieu de la pièce. Derrière se trouve une bibliothèque remplie de livres et décorée de bibelots.

— Le coffre est derrière ce cadre laid, indique Louis en s'approchant du mur d'en face.

— Laid ? s'exclame étonné Dimitri. Il vaut des dizaines de milliers d'euros.

Dimitri s'y connaît en art. Il adore ça et tire cette passion de sa mère. Une artiste qui peint des tableaux incompréhensibles, pour ma part.

— On l'ouvre comment le coffre ? interrogé-je Louis en m'approchant de lui.

Ce dernier décroche le tableau et me le donne. J'avise le dessin. Une femme nue et allongée sur un canapé. Les traits sont fins et les couleurs bien choisies. Cependant, ce n'est pas à mon goût. Qui peut accrocher ça dans son bureau ?

— Garde-le pour moi. Je le vendrais. La gamine est où ?

Merde. Il s'inquiète de cela maintenant. J'espère qu'il ne s'approchera pas d'elle. Je ne veux pas revivre d'horribles moments.

— Je l'ai enfermé dans les toilettes et j'ai récupéré son téléphone pour qu'elle ne prévienne pas la police.

Louis sort ce dont il a besoin de son sac noir qu'il porte à son épaule.

— Elle est comment ?

Je me renfrogne et repousse un grognement désapprobateur.

— Elle ressemble à une enfant avec des boutons et des bagues aux dents.

— Je te demande si elle est bonne, réplique-t-il en sortant

Ça beau être mon pote, il me dégoûte. Je ne le comprends pas. Nous n'avons pas le droit de toucher à sa sœur, ce qui est compréhensible, mais il se permet des insanités. Mon ventre est serré à ces pensées. J'espère qu'il n'a touché aucune mineure, contre leur gré.

— Mec, elle est mineure.

— Je sais, je sais, le grand ami des femmes. Mais moi, là, savoir qu'on va toucher un petit pactole m'excite. Si ça peut m'éviter de payer une pute...

Il laisse sa phrase en suspens.

— Putain, mais tu te rends compte de ce que tu dis ? m'écrié-je ahuri. Elle est mineure, Louis. Mineure.

Louis lève ses iris bleus au ciel. Il soupire d'agacement.

— Putain, détends-toi. Je plaisante, Lex. Je ne touche pas aux mineures. J'ai déjà une meuf et une amante. Et elles sont très expérimentées, si tu vois ce que je veux dire...

Il ponctue ses mots avec un clin d'œil. Oui, je comprends très bien, malheureusement ! Je me passerai bien de ça. Ce sont ses affaires.

Je ne réponds pas et observe les gestes précis de Louis. Avec agilité, il ouvre le coffre fort. Rien de bien difficile quand on le voit faire. Mais j'en serais incapable.

De plus, il utilise une méthode que je n'ai pas lue en ligne. Il relève les empreintes avec de la poudre et du scotch, je crois bien. Puis les empreintes digitales apparaissent comme par enchantement.

Cet abruti d'Alexis devrait nettoyer son clavier !

Louis ouvre le coffre et l'argent n'y est pas.

— Ah la putain de sa mère ! hurle Louis en frappant le mur.

Merde. On a fait tout ça pour rien. Dedans le coffre se trouve un bout de papier. Je m'approche pour le lire.

« Vous ne trouverez rien ici. »

Putain, il a dû comprendre qui était Louis.

— Fouillez la maison entière. Moi je vais faire parler la gamine.

La rage de Louis déteint sur mes deux camarades. Si j'ai peur, ça n'a rien avoir avec le cambriolage.

— Louis, la gamine ne saura sûrement rien. Tu vas perdre du temps. Vaut mieux fouiller tous ensemble.

Louis refuse et quitte le bureau. J'avise la pièce. Peut-être en a-t-il mis dans la bibliothèque. Cette idée traverse l'esprit de Michael. Il s'avance vers les livres et les jette les uns après les autres au sol. Il s'est muni de gants pour ne pas laisser d'empreintes. Tout comme Dimitri. Je fais de même, mais ne mets pas ma cagoule.

— Ouvre, salope !

Louis.

Je me précipite hors du bureau et rejoins mon ami qui tambourine sur la porte. Le tableau est toujours dans mes mains et je fais bien attention à ne pas l'abîmer. S'il vaut beaucoup, autant en prendre soin pour le revendre.

— Elle n'ouvrira pas, avoué-je. Je lui ai dit de s'enfermer.

Louis abat un nouveau coup de poing sur le porte. Puis il se tourne dans ma direction. Ses yeux me lancent des éclairs.

— Dis-lui d'ouvrir sinon je défonce la porte.

— Elle ne le fera pas au vu de ton...

Je n'ai pas le temps de terminer ma phrase. Louis porte sa main à ma gorge et la serre. Respirer devient impossible. Je n'ai pourtant pas peur. Il fait ça pour m'intimider et ça ne marche pas. Je serre le cadre du tableau en déglutissant.

— Dis-lui d'ouvrir, ordonne-t-il. Je la baiserai pas. Je veux le pognon.

Je doute de lui. Quand bien même, la gamine est libre de ne pas suivre mes instructions. Avec sa colère, Louis a dû lui faire peur. Il serait normal qu'elle n'ouvre pas et attende qu'on parte.

Les secondes passent. Je ne réponds pas, ne bouge pas. La pression de Louis se fait plus forte. Il resserre ma gorge en jurant. Je comprends sa colère. Mais s'en prendre à moi ne changera rien. Je suis dans son camp.

— On a trouvé l'argent dans les livres !

Quoi ? Quelle idée de cacher des tas de billets dans des livres ? Le banquier aurait pu les enterrer dans son jardin, dans un coffre !

Sans attendre, Louis me lâche et me contourne. Je l'entends s'éloigner jusqu'au bureau. Ma main se pose sur la porte. Si je m'étais écarté, Louis me l'aurait fait payer. Autant lui prouver que je suis avec lui.

— Ça va ?

Ma voix est calme, maîtrisée. Je ne veux pas effrayer la fille.

— Oui, merci.

Son timbre de voix est étouffé. Elle semble encore sous le choc. Faut dire que Louis a une voix qui porte. Et ses insultes et menaces n'invitent pas à la confiance.

— Tu bouges ton putain de cul, oui ? hurle Louis comme un fou.

Je suis Louis jusqu'au bureau.

Ce qu'il vient de se produire gambade dans ma tête. Je connais Louis. Il n'aurait pas hésité à blesser la fille pour l'argent. Et moi au passage.

Je passe la main sur mon visage et oublie tout ça. Je me fais des idées. Mon cerveau à besoin d'une grande pause.

Dans le bureau du banquier, j'aide les gars à mettre l'argent dans le sac. C'est bien la première fois que je vois ça. Les pages des livres sont coupées et contiennent des dizaines de billets. L'intelligence dont a fait preuve le banquier m'étonne. Certains livres sont vrais et ont toutes les pages. Sûrement pour brouiller les pistes.

Quand nous avons terminé, les gars quittent la maison. Je reste le dernier et toque à la porte. Je n'oublie pas le téléphone, que je dépose au sol.

Je suis serein. La fille va bien et l'argent est avec nous. Nous avons réussi notre cambriolage.

Je me détourne de la porte et entreprends de partir. Des bras se referment autour de mon poignet droit. La brunette serre ma chair. J'avise ses traits. Des larmes coulent le long de ses joues. Ses yeux sont rougis et elle est prise de spasme.

La pauvre. Elle vient de vivre un cauchemar pour de l'argent. Son cerveau a dû imaginer des tas de scénarios lorsque Louis a hurlé.

— C'est... fini ?

— Oui. Nous avons l'argent et nous partons. Salut.

Je me détourne définitivement d'elle. Au passage, je n'oublie pas de sonner plusieurs fois et de ne pas apparaître devant la caméra. Une fois les preuves pratiquement effacées, je rejoins la voiture garée à plusieurs mètres. Ni Michael, ni Dimitri, ni Louis ne parle durant le trajet. L'ambiance est lourde. J'observe par la vitre le paysage défilé.

Une chose me rassure. J'ai l'argent pour ma mère.

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