Chapitre 10 - Jules

Mes joues brûlent de hontes sous les yeux azur de mon grand frère. Je suis mal à l'aise et mords ma langue. Il m'invite à la soirée d'Halloween, celle que m'a proposée Léxandre quelques jours plus tôt.

Jours d'ailleurs à marquer d'une pierre blanche.

Ce samedi-là, Léxandre et moi avons dépassé une ligne. C'est sûrement la dernière étape virtuelle avant le physique.

Nos photos n'ont plus de barrières. J'ai vu la partie la plus intime de son anatomie. Et Léxandre la mienne. Nous sommes à égalité. Bien que son membre ne m'est plus inconnu, ça ne m'empêche pas de le désirer. Les images renforcent mon envie de lui. Elles ont créé quelque chose de bien plus profond. Qui ne s'effacera pas de si tôt.

Malgré tout, malgré notre rapprochement via SMS, des doutes s'insinuent. J'ai commis une erreur. Et ça le fait fuir. Suite à mon indécision concernant Halloween, Léxandre ne semble plus réceptif. Il a collé une émoticône à ma demande de tenir promesse de coucher avec moi. En même temps, qu'attendais-je ? Qu'il dise que oui, il me fera sienne ? Je sens bien que Louis est encore un problème. Qu'il bloque son meilleur pote à s'ouvre pour de bon. Même si je suis reconnaissante du pas qu'a fait Léxandre avec nos messages explicites.

Cette après-midi, je n'ai pas le courage d'en parler à mon frère. Comment le pourrais-je ? Les mots me manquent. Je suis incapable d'avoir une phrase cohérente.

Léxandre garde secrètes nos conversations. Et là, devant un Louis au visage fermé, je décide de l'imiter. Après tout, Louis garde aussi sa vie secrète. Il me parle rarement de ses conquêtes.

Je lui parlerai de ma future relation avec un homme, quand ce sera officiel. Quand mes statuts passeront de célibataire à en couple. A-t-il besoin de connaître mes désirs ou mes relations potentiellement vouées à un échec ? Échec qui vient de lui, parce que si la règle « on ne touche pas à ma sœur » n'existait pas ; je suis certaine que Léxandre m'aurait abordée bien avant.

— Demain, tu pointes tes miches à la salle des fêtes de la ville. Tu dis que je t'ai invité.

Le timbre de voix de Louis est de loin amical. Froid, distant, je me sens comme une vulgaire étrangère. Quand il m'a demandé de venir après mon boulot, je m'attendais à une conversation sur mon ex. Ou plutôt, les coups qu'il lui a donnés.

Loin de là. À peine débarqué, Louis m'a accueillie avec un regard sombre. Il a abordé le sujet de la fête et aucun moyen qu'il débranque. Il désire à tout prix que je m'y rende. La raison m'échappe.

— Pourquoi faire ? insisté-je pour la troisième fois. Et toi, tu y seras ?

— Non, j'ai une autre soirée de prévue avec les gars.

Je le dévisage, interdite. Léxandre a omis ce détail. Si je comprends bien mon frère, Léxandre ne sera pas à la fête. Alors, pourquoi m'inviter ? Je lui demanderai par SMS, une fois chez moi !

— Ça ne répond pas à la première question, soufflé-je. Pourquoi je ne viens pas à ta soirée ? Je me retrouverai seule. Je préférais...

— Commence pas à me faire chier, me coupe-t-il en sifflant. J'ai pas la patience. Je t'invite à la soirée, uniquement pour toi. Je sais que tu n'es pas bien depuis ta rupture. T'as besoin de changer d'air, de t'amuser. Alors, vas-y.

S'il savait que son meilleur ami m'aide beaucoup dans ma nouvelle vie de célibataire... Bien plus que le ferait une simple fête. Ou n'importe quel inconnu.

Je mords le bout de ma langue pour garder silence. Le stupide sourire qui menace d'étirer mes lèvres me donne du fil à retordre. J'éclaircis ma gorge pour me donner consistance.

— Je serais seule, Louis. Il y a vraiment personne pour m'accompagner ?

Louis réfléchit. Il croise ses bras dans son dos et observant son plancher en bois.

— Nan. Mais à tes dires, t'es une grande fille. En plus, tu pourras en profiter sans m'avoir sur le dos. J'vois pas pourquoi tu me fais une scène.

Mes poings se ferment. Je serre la mâchoire. Il n'a pas compris mes mots.

— Ça n'a rien avoir avec ça... Tu sais quoi ? Laisse tomber. Je déciderais demain. Vous... allez où, tes potes et toi ?

Louis hausse une épaule. Il reste muet et plante ses prunelles dans les miennes. Une lueur sombre s'en émane. Je tressaille, déconcertée. Ma question est simple. Il me parle sans tabou depuis la nuit des temps. J'ai la désagréable sensation qu'il me cache un truc énorme. Mais quoi ? Il m'a promis que ses conneries étaient du passé. Que peuvent faire Louis, Dimitri, Michael et Léxandre que je ne dois pas savoir ?

— T'as pas à savoir ça, conclut-il. Je voulais aussi te parler de ton ex, à propos de ce qu'on a fait.

Il change de sujet. Ses pas le portent jusqu'à son canapé. Il s'y assoit et s'étire. Je le toise, toujours debout et au milieu de son salon.

Je n'ai pas de temps à perdre. Je dois rentrer, manger, écrire un peu, prendre une douche et envoyer des messages à Léxandre. Un sacré programme qui m'excite déjà ! Surtout le dernier point.

Mais avant ça, je dois terminer cette conversation.

— Qu'est-ce que tu veux me dire ? Que tu m'as menti ? Que c'est toi qui as insisté pour cogner Jordan et pas Léxandre ?

Mes dents se desserrent. Je réalise bien trop tard mes mots. La tension me gagne. J'étouffe sous le regard noir de mon frère.

— De quoi ? demande-t-il en rigolant faussement. T'as parlé à Léxandre ?

Je me fige sur place. Mes bras sont lourds. Mon cœur tambourine dans ma poitrine. La réaction de Louis ne me dit rien qui vaille. Ses muscles se contractent. Un rictus modifie ses lèvres, dont une coupure barre la commissure droite.

Ce n'est pas la première fois que Louis a des bleus ou des coupures. Il se bat, à ce qu'il dit. Son impulsion gagne tout le temps, dès qu'on l'emmerde trop.

— Réponds ! s'écrit-il en se levant d'un bond. Tu parles à mon pote ? Comment ? Vous vous êtes revu ?

Il est con où il le fait exprès pour me soutirer des informations ? Qu'est-ce que Léxandre a dit ? Ou plutôt, ne lui a pas dit ? Lui a-t-il dit pour nos numéros de téléphone échangés ? Qu'on communique presque tous les soirs depuis une semaine et quelques ?

Je suis certaine d'une chose ; que Louis ne sait pas pour nos baisers et nos sextos.

— Quand il m'a ramené à ma voiture, le lendemain de la soirée, il m'a donné son numéro. Il devait être inquiet pour moi, au sujet de Jordan qui venait de me larguer. Je l'ai appelé, après toi, pour savoir ses motivations.

Je mens du mieux que je peux. Ma voix tremble sous le stress. Les iris de Louis me sondent en profondeur. J'ai peur que des doutes s'insinuent en lui.

Pourquoi ai-je soudainement peur qu'il découvre la vérité ? C'est bien la première fois que ça m'arrive. Je devrais être heureuse que l'homme de mes fantasmes échange avec moi. Je devrais être heureuse qu'il soit le meilleur ami de mon frère. Ces deux se connaissent. Louis a confiance en lui. Pourquoi ne lui accorderait-il pas sa confiance à mon sujet ?

— Passe-moi ton téléphone, ordonne Louis en approchant son corps du mien.

Je me contracte, les pieds enclavés au sol. La peur me terrorise. Il m'est impossible d'accéder à sa demande. Il verra notre conversation.

Putain, je suis dans la merde !

— Qu'est-ce que tu veux faire avec mon téléphone, voir la date d'appel ?

Il verra qu'il m'a appelée il y a six jours. Je n'ai pas le choix que de lui dire la vérité. Il comprendra sûrement. J'ouvre la bouche, après avoir dégluti. Je prends mon courage à deux mains. On verra bien où ça me mène.

La main de Louis saisit mon bras droit. Il serre ma chair entre ses doigts en me fusillant du regard. Je suis surprise et esquisse un pas en arrière.

— Lâche-moi, tu me fais mal.

Je me libère de son emprise en balançant mon bras en arrière.

Louis claque sa langue contre son palais, signifiant son énervement.

— Donne-moi ton putain de téléphone. Pour voir si vous communiquez ensemble !

Mes doigts tremblent. Ma gorge est nouée. Vu sa colère, mieux vaut la mettre en veilleuse et changer de sujet. Je pourrais prétexter une envie pressante pour supprimer la conversation, mais bizarrement, je tiens à elle. Je ne veux pas la supprimer. Les messages échangés avec Léxandre me sont précieux.

— Pourquoi tu t'énerves ? Tu n'as pas confiance en ton ami ?

Un nerf de sa mâchoire tressaute. Il passe ses mains dans ses cheveux en soupirant bruyamment.

— Si, c'est mon pote...

Il se tait. Je réfléchis à un autre sujet. Par exemple, reparler de Jordan, mais je sais déjà les motivations de mon frère. Me protéger de Jordan. En soi, c'est bien et gentil de sa part. Il a pris des risques pour que mon ex ne s'en prenne plus à moi. De trop gros risques qui auraient pu coûter ma place !

— Écoute, Louis, je ne veux pas me battre avec toi. Pas ce soir. Je vais réfléchir à ton invitation, mais je ne promets rien. Et pour Jordan, vu qu'il n'y a pas de suite, c'est oublié. Ok ?

Le visage de Louis change du tout au tout. Il aborde désormais un large et éclatant sourire. Comme si sa mauvaise humeur n'était pas arrivée.

— Ok, ça marche. Mais je te conseille de t'y rendre, demain. L'entrée est gratuite et les boissons aussi pour les femmes. Et si tu as un problème, mon pote Stéphane sera là pour t'aider. C'est lui qui fait entrer.

Ah ! Je suis presque rassurée. J'avais bêtement peur d'être emmerdée et seule pour me défendre. C'est idiot de ma part, je le sais. Mais sortir seule un samedi soir m'angoissait un peu.

Je ne lui promets rien et profite du calme pour partir. À peine dans ma voiture, je vérifie mon téléphone. Aucun message de Lola, de Louise ou de Léxandre. Je souris à cette pensée. Trois L. Sans compter Louis. Ça devait être la mode des prénoms commencent par cette lettre.

J'ouvre la première conversation et envoie un message, le cœur battant à tout rompre.

Jules : Bonsoir, Léxandre. Je pars de chez mon frère. Il sait que j'ai ton numéro de téléphone ; je lui ai dit. Il s'est énervé et voulait vérifier notre conversation. Par chance, j'ai changé de sujet. Mais je n'ai rien dit de plus. Juste que je t'ai appelé pour connaître tes motivations quant à la bagarre avec mon ex.

Une minute passe. Aucune vue. Alors je démarre et rentre chez moi. La soirée se déroule comme prévu. Je mange et écris un peu. Mes pensées sont cependant accaparées par Léxandre. Pourquoi prend-il du temps pour répondre ? Louis lui a-t-il ordonné de m'ignorer ?

Lorsque je me décide de passer à la douche, mon téléphone vibre. Je lui saute dessus, excitée à l'idée que ce soit Léxandre. Ça ne loupe pas. Il m'a répondu.

Léxandre : Salut, trésor. Merci d'avoir gardé le secret. S'il demande, je dirais la même chose. Par contre, je t'ai renommé :) Tu es désormais Trésor. Change mon prénom pour LePlusBeau ^^

Même pas en rêve !

Jules : Tu t'appelleras Petit Con. C'était soit ça, soit Petite Queue... XD

Je rigole comme une conne face à ma réplique. J'imagine la réaction de Léxandre, outré par ce surnom. D'ailleurs, il ne perd pas de temps à répondre.

Léxandre : Ne joue pas sur ce terrain. Sinon je te surnomme Allumeuse. Tu fais quoi ?

Je prends le temps de changer son nom. J'opte pour Grand Con. Je changerai ça plus tard.

Jules : Oki, j'arrête. Je vais me doucher et toi ?

Grand Con : Ah, t'accepterais de m'envoyer une image de toi... ? Je mange un hamburger en matant une série à la TV.

Jules : je t'en ferais une ;) D'accord. Dis, tu m'as menti ? Louis m'a dit que vous assisterez à une autre fête, demain.

J'enlève mon pull, que je mets dans la panière à linge sale. J'entreprends de me déshabiller pour la douche, mais mon téléphone vibre à nouveau. Posée contre le bord de mon lavabo, je consulte le message.

Grand Con : Merci ! Je t'en ferai une. Non. Je ne suis pas au courant. Je vais à celle qui se déroule à la salle des fêtes. Tu y vas ? Ou tu passes la soirée avec ton amie ?

Je devine qu'il attend autre chose qu'un simple portait. Mes doigts retirent mes vêtements vitesse grands V. Une fois nue, j'allume l'eau et glisse sous la douche, le téléphone bien loin du pommeau. L'eau chaude coule sur ma peau. Je me sens brûlante. Un feu ravage mon bas-ventre.

Comme la dernière fois et sans pudeur, portée par un profond désir, je prends mon corps en photo. Je prends bien soin de ne pas mouiller mon téléphone. Je supprime l'image et en refais une autre. Elle est mieux, mais l'angle laisse à désirer, alors je recommence. Une fois l'image parfaite prise, je l'envoie et ajoute un message.

Jules : Puisque tu y vas, oui.

***

Mon costume est grotesque. Mais dans la boutique, il n'avait que ça. Encore une chance d'être tombée dessus le jour même d'Halloween. Et surtout, dans ma taille.

Je replace mon corset noir et rouge, remontant ma poitrine dont le col dégagé la met en valeur. Ma cape noire ne me gêne pas, bien que le col remonte jusqu'à ma mâchoire. Par contre, je n'ai pas mis les canines, qui m'empêchaient de fermer la bouche.

Je me connais. Au bout de cinq minutes aux côtés de Léxandre, mon envie de me jeter sur lui sera très forte. J'ai même peur de le saluer. Allons-nous nous embrasser, nous faire la bise ou nous serrer la main ? Rien que d'y penser, je stresse. Au pire, je le laisserai faire. Ma tenue me rend déjà ridicule, pas besoin d'en rajouter une couche pour un simple bonjour.

Le costume de vampire est de couleur rouge et noire. Le bas de la robe est noir et arrive pile-poil à la bonne taille ; trois centimètres au-dessus du sol.

Je préfère les vêtements de cette taille. Salir le bas et risquer de tomber – et de déchirer le tissu – parce que c'est trop long ne me plaît pas. C'est déjà arrivé une fois et j'ai eu la honte de ma vie !

La robe est simple, on devine la créature. En maquillage, j'ai opté pour du léger. Aucune idée de comment la soirée se terminera. Si je rentre seule, le démaquillage sera rapide. Ainsi que si je passe la nuit avec Léxandre.

On peut toujours rêver...

Je trépigne d'impatience sur le parking, attendant Léxandre. Il est en retard. La soirée a déjà commencé. J'entends des rires et de la musique. Par les fenêtres de la salle des fêtes, des lumières de couleurs différentes défilent.

Le temps se rafraîchit. Je vérifie pour la centième fois mon téléphone. Pas de message de Léxandre. Le dernier m'indiquait son départ de chez lui. Il y a à peu près vingt minutes.

Des films tournent dans ma tête. Je pense au bien comme au mal. Au mieux, il me fait une surprise et déposera ses mains sur mes yeux dans deux minutes. Au pire, un accident est survenu.

Jules : Si je n'ai pas de réponse dans dix minutes, j'appelle la police. Je vais me mettre au chaud, dans la salle. Au fait, si tu me poses un lapin, sois sympa de le signaler. Je ne vais pas poiroter comme une conne pendant trois heures.

Il comprendra que je suis quelque peu remontée. Mes doigts sont froids. Mes lèvres commencent à trembler sous la basse température. Mon manteau chaud est sur mes épaules, mais j'ai toujours froid. L'attendre devient insupportable.

Je me dirige à la porte d'entrée. La musique augmente. J'arrive devant un homme grand et baraqué. Il est debout, devant la porte et tient une pile de feuille. Je devine son identité, Stéphane, l'ami de mon frère.

L'homme pose ses prunelles sombres sur moi. Il est chauve, a une barbe de trois jours et des bleus sur le visage. Un énorme attire mon attention. Vu la couleur vive et la peau enflée, il semble récent.

— Nom, prénom.

Sa voix est grave, effrayante. Elle déclenche un frisson le long de ma colonne vertébrale.

En le voyant, liste en main, une question me taraude. Si cette fête est organisée pour la ville, pourquoi une liste d'invités existe ? Pourquoi l'ami de Louis gère les entrées ? La réponse est simple : Stéphane travaille pour la mairie et protège les personnes présentes de potentiels agresseurs.

— Jules Becker. Mon frère m'a...

— Entre.

Je ne me fais pas prier. L'homme se décale et je pénètre dans une salle bondée. La température est bonne. Ma peau se réchauffe au fil des secondes.

J'attends près de l'entrée. Téléphone en main, mon attention est portée sur la conversation affichée. Toujours pas de réponse. Léxandre m'a lâché un vu. Ça me rassure, il est conscient. Il ne pouvait sûrement pas répondre en conduisant. Je me rassure comme je peux.

Je relève mon visage et balaye la salle des yeux. La décoration est incroyable. Toiles d'araignées, fantômes, balais de sorcières, sorcières, tridents ou encore des chaînes sont dispersées dans toute la salle. De la fumée au sol donne un effet enfermé. La lumière provenant du pont du DJ change toutes les minutes de couleurs. De rouge, passant par l'orange et le vert, jusqu'au bleu.

Beaucoup de personnes dansent. Des couples s'embrassent, d'autres se font peur. Quant à moi, j'attends toujours comme une idiote. Que fait donc Léxandre ?

Mes yeux se portent sur un homme, costaud qui se dirige vers le bar. Il est blond et est déguisé en médecin. Je lorsque ses iris dorés tombent sur les miennes, je connais qui il incarne. Un célèbre docteur vampire. Je suis amusée par ce costume. Les vêtements sont très proches de celui de l'acteur. Quant à sa peau, elle est très pâle. Il a très bien joué le jeu avec son costume.

Quoi qu'il en soit, cet homme n'est pas Léxandre. Je détourne mon attention. Cette fois-ci, je découvre une belle femme déguisée en Cléopâtre. Son costume est chic, sa perruque réaliste. Elle est en compagnie d'un homme. Ce dernier a opté pour Spider Man. J'avoue que le costume qui moule son corps lui va très bien.

Devant moi, tous les costument défilent. De Cat Woman à Frankenstein, passant par une Minnie tueuse. Toujours pas de Léxandre. D'ailleurs j'ignore son costume. Il voulait le garder secret. Je m'attends à tout venant de lui. Un robot ? Un alien ?

Un Robin des Bois passe devant moi. Son visage est tourné vers la foule. Mon dos collé au mur, je le détaille. Il est grand. Son costume en cuir vers et marron moule son corps. En travers de son dos, il a un sac avec des flèches. De sa main gauche, l'inconnu tient une arbalète. Je repense immédiatement à Justin Hartley, interprétant Oliver Queen dans Smallville. D'un l'un de ses premiers épisodes, il portait un costume Robin des Bois.

Je me surprends à mater ses fesses rondes et serrées dans le pantalon en cuir noir. Finalement, Louis avait raison. Si Léxandre n'obnubilait pas mes pensées depuis le lycée, je profiterais pleinement de cette soirée. Par exemple, j'aborderai cet homme, rien que pour ses belles fesses.

L'homme se retourne lentement. Mes yeux remontent le long de ses pectoraux. Le costume les met en valeur. Beaucoup trop. Je suppose que le cuir vert était déjà pré-moulé.

— Je crois bien que ton homme... exquis et fantastique est arrivé, trésor.

Mes joues s'empourprent en plongeant dans les iris verts de Léxandre. Son intonation joueuse me plonge dans une joie démesurée. C'est comme si nous reprenons nos jeux virtuels, mais cette fois-ci en vrai.

Il me taquine déjà.

— Ah bon ? demandé-je en cherchant faussement des yeux un homme à travers la salle. Où ça ? Moi, j'attends un homme qui brise les règles...

Léxandre fait un pas en avant. Mais pourquoi s'arrête-t-il ? Ma bouche attend la sienne ! Il a juste trois pas à faire pour me plaquer contre son large torse.

Son corps est toujours loin du mien. Je me décolle du mur et joins mes mains dans mon dos. Mes épaules bougent et je me mets sur la pointe des pieds pour paraître plus grande. Ainsi, il n'a plus qu'à se baisser pour m'embrasser.

Sauf que cet idiot ne bouge pas d'un poil. Il me contemple de ses iris emplis de désir. Un désir partagé.

— Merci de nous avoir protégés envers ton frère. Je n'aurais pas supporté qu'il te fasse du mal.

Louis, me blesser ? Certes, son comportement m'a effrayée. Il avait une lueur tellement sombre, digne d'un psychopathe. Rien que d'y repenser me file la chair de pouls. Cependant, je suis sa petite sœur. Louis ne me blesserait pas !

— J'avoue que sa façon d'agir m'a foutu les miquettes. Juste savoir que j'ai ton numéro l'a mis dans un état pas possible.

Léxandre ne répond pas. Immobile, il continue son inspection. Je me sens mise à nu et n'en ai pas honte. Il m'a déjà vue.

Sauf qu'il s'agissait de virtuel. Ses mains touchaient son téléphone, pas ma peau. Là, il peut caresser ma chair à sa guise. Il peut m'embrasser, m'enlacer. Ce sera bien différent de nos jeux via téléphone.

Pourtant, ni lui ni moi n'osons nous rapprocher. Je me sens timide, face à cet homme imposant.

Soudainement, le torse de Léxandre se penche. Mes lèvres s'étirent en un large sourire. Je suis contente qu'il fasse le premier pas. Sa bouche trouve ma joue et y dépose un baiser.

En s'écartant, il me souffle un bonsoir d'une voix terriblement sexy. Le style de voix pour laquelle je jetterais ma culotte avec un seul mot. Peu importe ce qu'il dit. Même un gros mot me ferait perdre la tête.

Je suis déçue d'obtenir qu'un bisou sur la joue. Même pas le temps de prendre otage ses lèvres, il s'éloigne pour de bon.

— Tu danses ? m'interroge-t-il en tendant sa main vers moi.

J'accepte et dépose ma main dans la sienne. Ça me permettra d'être dans ses bras ! Ou du moins, plus proche de lui.

Je le suis au beau milieu de la salle, bousculant au passage des inconnus. Une fois un endroit trouvé, Léxandre se tourne vers moi et agrippe ma taille puissamment de sa main. Mon corps est plaqué contre le sien. Ma poitrine heurte son torse pendant que ma respiration est coupée.

— Oh, désolé, t'ai-je fait mal ?

Il est inquiet, je le sens dans sa douce voix. Il est si mignon à s'inquiéter pour moi.

C'est vrai qu'il n'y est pas allé de main morte ! Je lui réponds que tout roule. Rassurées, ses deux mains tombent à la chute de mes reins. Il me resserre davantage contre lui. J'en profite pour encercler sa taille de mes bras.

Une nouvelle musique commence. J'oublie tout autour de nous. Je profite de tourner dans ses bras, la tête collée contre son pectoral droit. J'entends ses battements de cœur irrégulier. Visiblement, il ressent aussi de vives émotions.

Je relève ma tête pour trouver ses yeux. Son visage se baisse, il m'adresse un petit sourire. Je prends le temps de le détailler. Sa peau change de couleur avec les projecteurs. Il est beau. Grand. Fort et intimidant. Mais surtout envoûtant. Je me perds dans ses deux émeraudes qui lui servent de yeux.

La fête bat son plein. Et je m'en moque. Rien ne compte à part mon corps contre le sien. La tension débarque vite entre nous. Léxandre glisse sa main droite jusqu'à ma nuque, passant sous mes cheveux courts.

Il va m'embrasser ! Je le sens au fond de mes tripes. Ses pupilles dévorent mes lèvres. Les secondes défilent, toujours rien. Alors je me lance. Je saisis le col de sa chemise verte et attire son visage contre le mien. Sur la pointe des pieds, je tends les lèvres jusqu'à ce que les siennes les rencontrent.

Léxandre répond au baiser. Il presse ma nuque, scellant ma bouche contre la sienne. Je suis la plus heureuse. J'obtiens ce que je désire depuis des semaines. Un baiser enflammé.

Ma respiration est saccadée. Mes lèvres s'entrouvrent à la demande de sa langue. Celle-ci s'enroule aussitôt autour de la mienne, à peine engouffrée dans ma bouche. Je m'attache à ses épaules, l'attirant plus contre moi. Sa langue ne doit jamais se décoller de la mienne. C'est un besoin viscéral.

Je souris intérieurement. La musique se termine et nos langues jouent toujours ensemble. Nous avons tenu que peu de temps. Moins de trois minutes. Alors qu'une nouvelle chanson démarre, nos lèvres ne se décollent pas. De toute façon, s'il tentait de m'éloigner de lui, je m'agripperais comme une sangsue !

Mon rythme cardiaque est démesuré. Mes ongles s'enfoncent dans ses épaules. Je suis en feu. J'ai besoin de Léxandre tout de suite. Bordel, si nous étions seuls, nos vêtements seraient déjà loin de notre peau !

Nos langues se détachent. Je resserre ma prise, mais Léxandre se redresse, me surplombant. Ses narines sont dilatées, il respire par la bouche. Mes mains glissent jusqu'à ses pectoraux qui montent et descendent lourdement.

— Embrasse-moi encore, ordonné-je.

Sa main glisse sur ma joue. Elle caresse ma chair. Je frissonne sous ce toucher. Je veux d'autres caresses plus fougueuses.

— Du calme, tentatrice.

— Pourquoi donc ? Je pense que nous ne sommes pas là pour flâner dans ses costumes devant des inconnus... si je m'abuse ?

Sous mes questions, Léxandre se tend. Il me relâche et s'écarte d'un pas. Ce soudain revirement de situation heurte mon cerveau et mon cœur. Pourquoi semble-t-il mal à l'aise sous mes sourcils froncés ?

— La barrière du virtuel ne devrait pas être franchie. C'est dangereux pour nous. Je pensais que tu l'avais compris en voyant la réaction de Louis.

Une colère sourde monte en moi. Je ferme mes poings en évacuant la tension qui m'habite. Nous étions si bien. Pourquoi gâche-t-il tout ? Ou plutôt, pourquoi Louis devrait-il tout gâcher entre nous ? Il n'est pas là. Comme pour les SMS, ce qu'il se passera restera privé.

— Et si je n'étais pas sa sœur ?

Léxandre sourit faiblement. Je vois sa pomme d'Adam monter et descendre. Il déglutit péniblement.

— Je t'aurai faite mienne.

Qu'il redise ça avec sa voix grave et je ne réponds plus de rien ! Il me fait perdre la tête.

— C'est injuste, répliqué-je déçue en boudant.

— Navré, trésor. On s'est promis de ne pas te toucher. Le virtuel est le mieux que je peux t'offrir. Rien que s'embrasser pourrait nous coûter cher !

— Il n'en saura rien ?

Je sais qu'il a envie de moi. Et inversement. Je trouve ça dégoûtant qu'une règle nous punisse. Je ne suis plus une gamine !

— Tu sais mieux que moi qu'on le payera s'il l'apprend.

Je ne daigne pas répondre. Je suis dégoûtée. Je me détourne de Léxandre et entreprends de partir. Non, je ne suis pas ici que pour passer dans son lit. Mais je ne supportais pas son regard brûlant et son corps si sexy longtemps.

Une main se referme autour de mon poignet. Avec force, il me fait pivoter vers lui. Je serre les dents pour éviter de sourire. J'aime qu'il me rattrape !

— Où cours-tu comme ça ?

Ses doigts remontent jusqu'à ma mâchoire. Il la saisit et me force à intercepter ses yeux.

— Je rentre chez moi pour t'envoyer des messages. À part si un homme attire mon attention avant et me ramène chez lui...

Je laisse en suspens ma phrase. Léxandre déglutit à nouveau en fixant mes lèvres. Il se retient. Une lueur de désir est lisible dans ses yeux.

— Puisque celui sous mes yeux a décidé de me punir, terminé-je en supportant son regard de braise.

Je me fais violence pour ne pas me ruer à nouveau sur sa bouche. J'enfonce mes ongles dans les paumes de mes mains, attendant qu'il conclue la conversation. Autour de nous, peu de personnes nous observent. Je crois en regardant de biais une femme nous dévisager. Elle semble inquiète. Faut dire que Léxandre tient toujours mon menton entre ses doigts. Elle doit se poser des questions !

— Je suis déjà dans la merde, grogne-t-il en approchant son visage du mien. Mais tes belles lèvres sont délicieuses. Tu fais chier, Jules, vraiment chier.

Sans attendre ma réponse, Léxandre plaque sa bouche contre la mienne. Je suis surprise par le revirement de situation, mais heureuse !

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