Panique au QG - OS
Erwin passe une main dans ses cheveux. Nerveusement. Nerveusement ? Non. Non il n'est pas nerveux, juste un peu... agité. Voilà. Un peu agité parce que son cher Caporal en Chef a une fois encore disparu.
Répondant d'un signe de tête au salut de quelques recrues qu'il dépasse dans le corridor, réajustant sa chemise qui décidément est plus que froissée - pourquoi ses chemises semblent-elles plus froissées les unes que les autres ces deniers temps, il n'en sait rien - Erwin passe mentalement en revue tous les lieux où le petit Caporal aurait pu se réfugier. Car il y en a un certain nombre.
Levi, effectivement, a une fâcheuse - et adorable - tendance à disparaitre pour piquer un roupillon. Littéralement, le soldat le plus puissant de l'humanité s'écroule dans des lieux plus inattendus et incongrus les uns que les autres pour y ronfler son aise jusqu'à ce qu'Erwin lui mette la main dessus. Erwin ne se plaint pas du fait que Levi dorme, au contraire, mais plutôt du fait que Levi ne s'endort pas seulement sur une chaise ou un canapé aléatoire, mais qu'il se retrouve carrément perché sur des étagères ou poutres du plafond. Et franchement, aller dénicher un homme si habitué à disparaitre dans des hauteurs qui requièrent un certain niveau de voltige pour y accéder n'est pas l'activité la plus plaisante du monde pour un homme de la carrure d'Erwin.
La première fois que c'était arrivé, Erwin avait heureusement trouvé Levi avant que quiconque ne le voit. Le Caporal était perché sur l'une des bibliothèques d'Erwin, roulé en boule contre le mur, profondément endormi. Erwin ne l'aurait pas vu si Levi n'avait pas grommelé doucement dans son sommeil au moment où il franchissait le pas de la porte. Ébahi, Erwin avait levé et cligné des yeux, craignant d'être en proie à une hallucination. Comme il s'était avéré quelques secondes plus tard, ce n'en était pas une ; Levi avait ouvert un œil gris perçant, quoiqu'un peu endormi, avait grogné, puis tourné le dos à son Commandant et repris ses petits ronflements, stupéfiant Erwin d'autant plus.
Il avait fini par comprendre ce qu'il se passait. Il avait remarqué que Levi dormait très rarement. Les seules fois où il semblait se sentir assez en sécurité pour se laisser aller au sommeil étaient les fois où il se réfugiait en hauteur. Son enfance dans la Ville Souterraine l'avait sans doute habitué à prendre avantage de sa taille et son agilité pour se mettre hors d'atteinte d'éventuelles attaques, et cette habitude semblait avoir pris racine.
Erwin avait donc laissé Levi à sa sieste, marché jusqu'à son bureau et repris son travail, un peu sonné. Il avait passé l'après-midi à remplir ses différentes fonctions de Commandant, jetant de temps à autre des coups d'œil émerveillés vers Levi qui continuait sa sieste. La manière dont il arrivait à être confortable dans une position aussi recroquevillée entre l'étagère et le plafond restait un mystère pour Erwin.
Ce jour-là, heureusement, les seules visites qu'il avait eues étaient d'Hange et Mike, et seul ce dernier, grâce à son odorat, avait noté la présence de Levi. Le Caporal avait fini par descendre de son perchoir la fin d'après-midi venue. Il s'était avancé pour se blottir sur la chaise en face d'Erwin en lui expliquant qu'il n'avait manqué à aucun de ses devoirs ce jour-là. Erwin l'avait une fois encore excusé, sachant qu'il était libre cet après-midi-là. De plus, il était si rare de le voir dormir qu'il ne voulait surtout pas le priver d'un peu de repos. Ils avaient besoin de Levi en pleine forme et si le remède était d'aller se percher sur une étagère pour l'après-midi, pourquoi pas.
S'arrachant à ses pensées, surpris de ne pas s'être pris une porte tant il était perdu dans ses souvenirs, Erwin passe rapidement de salle en salle. Il jette de rapides coups d'œil alentour, essayant de dénicher Levi. Ils ont une réunion stratégique dans une heure environ et il doit absolument le trouver avant. Erwin arrive devant le laboratoire d'Hange et pousse la porte. Une odeur immonde lui saute à la figure. Il manque de s'étouffer avec avant de repérer le savant fou derrière le nuage de fumée qui l'accompagne.
« Hange, j'ai besoin de ton aide, Levi a encore disparu ! » crachote-t-il en se couvrant le bas du visage d'une main tout en fouettant l'air en face de lui de l'autre.
Hange relève la tête et se gratte la nuque « Il n'est pas dans ton bureau ? »
Erwin lui retourne un regard désabusé « Tu penses vraiment que je viendrais te voir s'il était dans mon bureau ? »
Il est vrai que le lieu de repos de prédilection de Levi semble être le bureau d'Erwin. De temps à autre, quand Levi et Erwin sont seuls, le Caporal s'enroule sur l'un des fauteuils qui garnissent la pièce et s'endort blotti contre le dossier. Erwin n'a jamais rien vu de plus adorable. Alors, quand ces moments occurrent, il fait toujours une pause - courte- dans son travail pour observer l'homme qui est décidément plus chat qu'humain.
« Tu as besoin de moi ? » questionne Hange avec une petite moue « j'espérais finir mon travail avant la réunion... »
Le regard que lui lance Erwin les fait taire immédiatement. Iel soupire et fait le tour de la table. Hange pose ses gants et se dirige vers la porte « Allez ! Que la chasse au Levi commence ! As-tu une idée de l'endroit où il pourrait se cacher ? »
Erwin secoue la tête, se redressant sur le passage de deux jeunes recrus. « Non, je ne l'ai pas vu depuis ce matin et j'ai oublié de lui rappeler qu'on avait une réunion aujourd'hui. Il n'avait rien de particulier à faire alors je suppose qu'il en a profité pour aller se percher quelque part...Le problème est que j'ai vérifié tous ses spots habituels et il n'est à aucun d'eux. Surtout que ces derniers temps, lorsqu'il disparaît, je n'ai aucune idée d'où il peut bien être. J'ai peur qu'il se soit trouvé une nouvelle cachette. »
Hange fronce les sourcils et se tapote le menton d'un doigt taché d'une substance à l'air poisseux. Iel jette un coup d'œil par la fenêtre qu'ils sont en train de dépasser et s'exclame : « Il fait beau aujourd'hui ! Tu as pensé à vérifier dehors ? »
Erwin se tourne vers l'extérieur. Effectivement, le soleil brille. « Levi n'aime pas tant le soleil que ça...enfin, quand le soleil est direct donc on le trouvera surement à l'ombre quelque part. On peut toujours essayer.
-C'est parti ! »
Hange s'élance en trottinant dans les escaliers qu'ils viennent d'atteindre et Erwin doit presser le pas pour ne pas se faire distancer par l'allure joyeuse du Capitaine d'Escouade.
Une fois dehors, Erwin pense une seconde appeler Mike à la rescousse avant de se souvenir qu'il est occupé à entrainer les nouvelles recrues et qu'il ne sera libre que quelques minutes avant la réunion. Ils doivent trouver Levi avant. Pour le moment, dans la cour éclairée par le soleil de cet après-midi de printemps, nulle trace du Caporal. Le pire étant qu'ils ont des invités assez importants qui sont censés les rejoindre pour cette fichue réunion. Il ne faudrait surtout pas qu'ils soient accueillis par un Caporal pendant du plafond. Parce que oui, Levi utilise parfois l'équipement pour se suspendre comme une grosse chauve-souris aux poutres du hall. C'est arrivé deux fois et Erwin en a eu des cauchemars pour trois semaines.
Passant par les écuries puis le terrain d'entrainement, ils examinent les toits et les poutres des bâtiments alentour mais nulle trace de Levi. Il pourrait être n'importe où.
L'endroit le plus improbable où il a retrouvé Levi était l'une des cabines de toilette réservées aux officiers. Une cabine de toilette qui était à l'époque la plus propre qu'il ait jamais vu, étincelant tel un sou neuf, mais des toilettes quand même. Levi s'était endormi par mégarde et avait fait une moue dégoutée quand Erwin l'avait secoué par l'épaule. Il avait ensuite passé une bonne partie de la soirée à prendre un bain, comme s'il avait été irrémédiablement contaminé.
Donc s'ils pouvaient retrouver Levi endormi dans des toilettes, ils devaient être prêts à chercher absolument partout.
« Quel est l'endroit le plus probable où on le trouverait selon toi ? » demande Hange.
« Le plus invraisemblable tu veux dire, en général il ne choisit pas des lieux évidents...Un arbre ? Cela me parait un peu trop facile quand même...
-Allez, te torture pas comme ça, va pour les arbres ! »
Hange s'élance et se met à faire le tour des arbres les plus proches ; quand ils sont assez minces, iel les secouent, comme s'iel espère voir Levi en tomber. Erwin réprime un sourire à l'idée et trottine derrière iel. Alors qu'ils tournent au coin d'un bâtiment, ils aperçoivent Mike et les nouvelles recrus passer en courant. Le grand blond offre un salut aux deux vétérans en passant, et, alors qu'Hange roucoule un bonjour, Erwin répond machinalement, son regard soudainement attiré par une petite forme qui se déplace de bord de fenêtre en bord de fenêtre.
« Hange. Regarde. » D'un coup de coude, il attire l'attention du savant fou vers la silhouette fugitive qui s'éloigne petit à petit de leur position.
« Levi ?
- On dirait bien.
- Mais qu'est-ce qu'il fabrique ?
-Aucune idée, mais je pense qu'on ferait mieux de le suivre. »
Sur ce, les deux gradés, soudain devenus traqueurs, se mettent en route, attention fixée sur leur cible. Cible qui semble plus se promener que fuir. Si Erwin ne connaissait pas Levi, il aurait pu jurer que son Caporal prenait plaisir à virevolter le long de la façade du bâtiment, dansant de pierre en pierre, complètement détaché du monde.
« Où est-ce qu'il va ?»
Le petit grommellement intrigué de Hange tire Erwin un instant de sa concentration. « Je veux dire, tu penses qu'il a une cachette secrète ou quelque chose dans le genre ?»
Erwin émet un petit soufflement amusé « Pourquoi pas ? On ne sait jamais avec lui...il pourrait être un voleur à la tire que je n'en saurais rien... »
Hange poussa un grognement mi amusé mi dédaigneux « Quel sens de l'humour, vraiment hilarant Commandant. »
Erwin lui retourne un petit sourire moqueur « Vraiment ? Je trouve aussi. »
Cette fois-ci, Hange pouffe de rire. Au même instant, Levi disparait au coin du bâtiment.
Accélérant, Hange et Erwin arrivent juste à temps pour le voir disparaître au-dessus du toit des écuries, puis sauter direction l'aile des dortoirs. Les deux pisteurs se rendent compte qu'ils viennent de faire un tour complet du bâtiment principal. Ils sont désormais de retour à leur point de départ.
« Mais qu'est-ce qu'il fabrique ?» Erwin peut sentir la curiosité irradier d'Hange alors qu'iel pose cette question pour la énième fois, et il mentirait s'il disait qu'il n'est pas lui-même grandement intrigué.
Alors que les deux acolytes se rapprochent, ils voient Levi atteindre le côté du bâtiment qui donne sur l'aile des officiers, et l'observent se diriger vers...la chambre d'Erwin.
Le Commandant se tourne vers Hange juste pour voir ses lèvres s'étirer sur un ricanement amusé. « Tiens tiens, mais c'est intéressant tout ça...dites-moi Commandant, qu'en pensez-vous ? »
Erwin répond d'un grognement au moment où Levi, par quelque tour de magie, ouvre délicatement la fenêtre des appartements d'Erwin, enjambe l'encadrement, et disparait à l'intérieur.
Erwin reste un moment bouche bée, sourd aux ricanements d'Hange « Ne me dites pas qu'il... »
Avant d'être allé au bout de sa pensée, Erwin s'élance vers la porte la plus proche, monte les escaliers quatre par quatre -longues jambes - et se précipite vers ses appartements.
Une fois arrivé, il sort fébrilement ses clefs de l'une de ses poches et déverrouille la porte, aussi silencieusement que possible pour ne pas alerter Levi. Il ne voudrait pas risquer de le voir disparaître par la fenêtre, alerté par le bruit. Erwin ouvre ensuite la porte tout aussi délicatement. Une fois à l'intérieur, il est accueilli par du silence, et surtout une pièce vide.
Confus, Erwin regarde autour de lui, yeux glissants sur les étagères, l'armoire et même sous le lit. Hésitant, il fait un petit tour de la chambre, mais toujours, aucune trace de Levi. Jusqu'à ce qu'il pose les yeux sur l'armoire « Quand même pas... ? »
Erwin s'approche à pas de loup, puis tend délicatement la main vers la poignée. Il ouvre la porte de son armoire...et manque de s'étouffer. De surprise. D'hébétude. De tendresse.
Au centre de la penderie, Levi est roulé en boule parmi ses chemises.
Roulé en boule.
Au milieu de ses chemises.
Erwin sent son coeur se gonfler, plusieurs émotions se disputant la place. Amusement ? (Vraiment, mais quelle idée) Colère ? (SES CHEMISES NE SE FROISSENT DONC PAS TOUTES SEULES !) Tendresse ? (Pourquoi Levi est -il si adorable ?)
Erwin a soudainement envie de prendre la petite forme assoupie de Levi dans ses bras et de couvrir son visage de baisers. Étrange ? Certainement. Nouveau ? Pas vraiment. Il a toujours eu envie, pour une raison qui lui échappe, de prendre cet homme effrayant et parfaitement capable de se transformer en l'être le plus adorable qui soit dans ses bras. De le tenir contre lui, et de sentir son coeur contre le sien. D'enfouir son visage dans ses cheveux d'ébène. Les matins où il se lève assez tôt, de frotter sa joue contre l'ombre de barbe qui orne la mâchoire de Levi au petit matin, avant qu'il ne la fasse disparaître adroitement d'un coup de rasoir. De sentir son corps robuste et ferme contre le sien, si menu mais si puissant. Ah, si seulement Erwin pouvait ne serait-ce que prendre l'une des mains si soignées de Levi dans l'une des siennes, en effleurer les cales et tracer le contour de ses ongles courts. Effleurer de ses lèvres ses phalanges et-
« Erwin ? Tu commences à me ficher la trouille à me regarder comme ça.»
Erwin sursaute au son de cette voix rauque et revient au présent. Un oeil gris l'observe en contrebas, la partie gauche du visage de Levi camouflée derrière ses cheveux sombres et une manche de chemise qui appartient à Erwin.
Le Commandant se râcle la gorge avant d'afficher une mine supposément sévère « Ça te dirait de m'expliquer pourquoi je te retrouve ici, en train de diligemment froisser toutes mes chemises ? »
Levi pousse un petit grognement dédaigneux, et s'enfouit plus profondément dans la pile de vêtements. Erwin croit voir une étincelle de malice dans les yeux de son Caporal en Chef juste avant que son visage ne disparaisse. La voix étouffée de Levi lui parvient « C'est calme ici. La seule personne qui vient, c'est toi. »
Erwin hausse un sourcil, même si Levi ne peut le voir « Donc tu t'es dit que violer l'intimité de mon placard était la chose à faire ? »
L'amusement dans la voix de Levi ne lui échappe pas lorsqu'il lui répond « Évidemment, comme t'y es toujours, je me suis dit que j'allais t'y rejoindre... me suis dit qu'un peu de support moral pourrait t'aider à te bouger l'cul pour une fois. »
Erwin met une seconde à comprendre le sous-entendu. Un petit sourire en coin étire ses lèvres lorsqu'il s'accroupit près de Levi, toujours dissimulé sous ses habits. « Vraiment ? C'est bien aimable à toi...mais je me disais que j'allais bien devoir en sortir un jour. Alors si ça ne te dérange pas... » Erwin plonge en avant, attrape Levi qui pousse un cri outragé. Erwin se redresse avec son Caporal dans les bras tout en poussant un grondement -il pèse son poids le lascar ! « ...tu vas t'en échapper avec moi. Même si techniquement, ce n'est qu'une armoire. »
Il lance un petit sourire satisfait à Levi qui le contemple avec ébahissement, bras passés autour de son cou. Une chemise pendouillant timidement sur son épaule, Levi éclate soudain de rire. C'est au tour d'Erwin d'être stupéfait alors que, le visage tordu par un sourire aussi absurde que ravi, Levi le fixe avec des yeux où perlent des larmes de joie. « Espèce d'abruti. C'était tellement pourri comme déclaration ! »
Erwin, le visage éclairé par un sourire incrédule observe le rire quitter doucement Levi, avant que le visage de l'homme ne retombe dans un masque impassible. Du moins, censé être impassible, car Erwin peut toujours voir la joie qui en exsude et le faible sourire qui étire le coin de ses lèvres. L'adrénaline ayant quitté Levi, l'homme semble soudain plus nerveux. Il évite le regard d'Erwin et ses joues sont joliment rosées « Donc. Qu'est-ce que tu vas faire de moi maintenant ? »
Amusé, Erwin fait quelques pas dans la pièce, feignant de réfléchir « Eh bien...si tu es partant, je me disais qu'on pourrait peut-être arriver en retard à cette réunion qu'on a cet après-midi... »
Levi fronce les sourcils et se tourne vers Erwin, resserrant son bras autour de son cou « Quelle réunion ? »
Avec un petit rire, Erwin approche son visage de celui de Levi, jusqu'à ce que leurs respirations s'entremêlent. Le cœur battant, Erwin prend une inspiration un peu saccadée, emplissant ses poumons de l'odeur de Levi. Levi se fige, mais ne se détourne pas. Au contraire, il effleure le nez d'Erwin du sien alors que ce dernier répond « Exactement, quelle réunion ? »
Et avec un sourire que lui rend Levi, il prend possession de ses lèvres avec avidité.
.oOo.
Voili voilou ! Mon premier OS sur nos petits loups !
J'espère que ça vous aura plus, c'était vraiment très drôle à écrire, entre les rares essais à la drague et aux jeux de mots d'Erwin, et Hange qui a complètement été oublié.e et qui est sûrement en train d'observer la scène par la porte entrouverte xD
N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé, et aussi à me signaler les fautes ;-)
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