Chapitre 8


On se retrouve pour un jeudi-chapitre assez spécial...vous vous en rendrez compte assez vite.

Avant toute chose, je voulais vous remercier pour les 300 vues. C'est peut-être un grain de poussière pour certain, mais à mes yeux cela équivaut à un système solaire tout entier (sisi) <3

Ensuite, je voulais vous prévenir que les 5 premiers chapitres prologue compris sont corrigés au niveau des temps/fautes d'inattention et pour certaines tournures de phrases :p (les chapitre 6 à 8 ont quant à eux été corrigés avant publication)

Je vous retrouve en fin de chapitre :)

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5 ans plus tôt

La sonnerie retentit et les élèves se précipitèrent en dehors des salles de classe, leurs sacs même pas encore totalement jetés sur leurs épaules. Une seule personne restait assise, prenant le temps de bien ranger ses affaires. Elle aimait le silence après la cohue, mais par-dessus tout, elle aimait ne pas devoir se faire aussi discrète qu'une fourmi, s'entendre parler, s'écouter bouger, elle aimait être elle. Mais elle ne voulait pas le faire avec les autres autour. Pas parce qu'elle avait peur de se montrer, mais parce qu'elle était déjà tellement remarquée, sans qu'elle n'ait rien à faire. Et on le lui reprochait souvent, on la rabrouait, lui disait qu'elle devait en être fière, que le boulot était déjà fait, et qu'elle n'avait plus qu'à profiter de sa notoriété déjà acquise. Et ce n'était pas que la notoriété en elle-même était déplaisante, mais ses conséquences pour sûr l'étaient.


Elle finit par se lever, car la foule s'était à l'heure qu'il est certainement engouffrée dans les transports en commun ou, dans les voitures, pour les plus chanceux. C'est d'un pas fier qu'elle arpentait les couloirs désertés, elle avait troqué les chaussures de son uniforme pour des bottillons à talons qui claquaient généreusement sur le sol carrelé. Elle était libre, elle était elle, elle n'était plus la fille de personne, elle n'était plus la sœur de personne, elle se sentait belle. Libre au point de faire un tour sur elle-même, ses cheveux s'emmêlant dans le mouvement.


-Qui aurait cru que la princesse des fleurs était en fait une lionne ?


Les couloirs qu'elle croyait déserts.


-N'avais-je pas dit que je rentrais chez moi directement après les cours ?


Elle n'avait pas besoin de le regarder pour savoir qu'il était nonchalamment adossé aux casiers, une balle de basketball sous le bras, ou dans la main, c'était au choix. Il cultivait tous les stéréotypes du lycéen sportif je-suis-beau-et-je-le-sais et je-garde-un-air-blazé-car-je-me-fiche-du-monde.


Désormais, elle bouillonnait de colère et de honte à l'intérieur. Elle était en colère qu'il lui ait gâché son moment de la journée, et elle avait honte qu'il la voie comme ça, qu'il la voie si elle et plus comme le masque d'indifférence dans un coin sombre qu'elle s'était forgée.


Elle le dépassa et il la suivit à une distance respectable, comme s'il ne voulait pas entrer dans la bulle lumineuse qui s'était formée autour d'elle quand elle eut retiré son masque, de peur de l'éclater. Elle vit du coin de l'œil qu'il se contentait d'observer, avec un intérêt nouveau, non feint, qu'elle ne lui connaissait pas.


Arrivée sur le parking, un sourire illumina son visage. Car Maxence, un garçon de taille moyenne aux cheveux blonds en bataille l'attendait. Voilà deux bons mois qu'ils se tournaient tous les deux autour, avant qu'il ne l'invite pour de bon. Elle espérait secrètement que cela se concrétise aujourd'hui, avant la fin de la soirée.


Mais si Gabriel comptait rester sur son dos, cela allait s'avérer compliqué.


-Hello princesse, dit-il en remettant une mèche derrière son oreille.


Derrière, Gabriel ricana. Elle détestait qu'on la surnomme « princesse ». Or, tout le monde l'appelait comme ça. La princesse des fleurs, en honneur de l'œuvre majeure du Charles Baudelaire dont on avait donné le nom au lycée, et dont ses poèmes constituaient le cauchemar ou le ravissement de tous les étudiants.


Elle cacha tant bien que mal sa grimace et se tourna vers l'origine du ricanement qu'elle trouvait ô combien déplaisant.


-Maxence m'invite pour aujourd'hui, ne m'attends pas pour rejoindre les autres, je les verrai demain.


-Malheureusement princesse, vos désirs ne sont pas des ordres, mais ceux de mon maître le sont bien. Aussi je vous saurai gré de me suivre au stade sans faire d'histoires.


Il s'était incliné bien bas lorsqu'il prononça le mot « princesse », beaucoup trop bas. L'insulte se lisait sur son corps tandis que l'ironie et la condescendance irradiaient de son ton doucereux, à tel point que l'on pouvait en goûter la désagréable insipidité.


Elle allait monter sur ses grands chevaux quand Maxence lui prit vivement la main.


-Laisse, ça gâche un peu la surprise, mais c'est justement là que je voulais t'emmener.


Elle fut soulagée qu'il ne rende pas la tâche plus compliquée qu'elle ne l'était déjà, mais déçue tout à la fois. Qui emmenait sa potentielle future petite amie dans un centre sportif pour un premier rancard ?


Le genre original, lui chuchota sa naïveté.


Le trajet se fit en silence, les deux apprentis tourtereaux se tenaient timidement la main alors que Gabriel les suivait, tantôt le nez vers les nuages, tantôt les yeux rivés sur le dos de ses deux compagnons.


Ils arrivèrent au stade et se dirigèrent vers un coin d'herbe à côté des terrains de basketball. Un groupe de jeune était assis là et à leur approche, une jeune fille se leva. Elle était grande avec des cheveux d'un blond chaud qui lui arrivaient aux hanches. Elle avait un port de tête altier, un nez aquilin accompagné d'un regard fier et hautain.


Elle s'avança vers les nouveaux venus de sa démarche mesurée.


-Thea ! Contente de voir que tu as finalement décidé de nous honorer de ta présence.


L'attitude qui était jusque là assurée et épanouie de Thea s'évanouit soudainement. Le changement était subtil, cependant il n'échappa pas aux spectateurs de la scène. Ses épaules se voutèrent légèrement, son regard devint plus fuyant, moins pétillant et ses appuis perdirent de leur aplomb.


Elle ne répondit pas, mais resserra sa main dans celle de Maxence qui se dégagea aussitôt. L'adolescente recula, choquée. Mais le sportif ne lui prêtait plus aucune attention, il n'avait de yeux que pour la belle qui se tenait devant lui. Il plia un genou, prit la main de la grande blonde qu'il porta à ses lèvres.


-C'est un honneur pour moi de rencontrer la reine des fleurs.


Thea était bien trop abasourdie pour répondre quoi que ce soit. Quant au regard de la reine, un éclair d'amusement passa dans ses prunelles vertes.


-Et tu es ? demanda-t-elle en haussant un sourcil parfaitement dessiné.


-Maxence Riggan.


Elle l'invita à s'asseoir auprès d'elle, ce qu'il fit sans se faire prier.


Une bouffée de colère et de frustration qu'elle s'efforça de réfréner submergea Thea.


Ne montre jamais tes émotions, c'est la faiblesse qu'attendent les hyènes pour te faire tomber. Ne leur donne pas l'occasion de te sauter à la gorge.


Ces paroles qui lui revinrent en mémoire ne firent qu'accentuer cette rage qui lui brûlait la gorge. Aussi, elle restait plantée là, sans que ni Maxence, ni la reine des fleurs ne lui prêtent une once d'attention.


C'est la sensation qu'on lui attrapait le poignet qui la ramena brusquement à la réalité. C'était Andréanna qui la regardait avec un air résigné tout en la tirant doucement à l'écart.


D'un coup, Thea fut prise d'un rire sans joie.


-Comment ai-je pu être aussi naïve ?


-Il te plaisait, et aveuglée par la perfection dont il témoignait à l'extérieur, tu n'as pas vu à quel point il était pourri de l'intérieur, lança une jeune fille aux cheveux teints en rouge.


-N'en fait pas un poème enjolivant la situation Béné' ! Renchérit un blond. Son sourire était l'équivalent d'une pancarte annotée du mot « ordure » sur son front.


-Bénédicte, William ! s'exclama Andréanna. Vous ne l'aidez absolument pas.


-Laisse Andy, je préfère ne plus en parler. Enzo est dans le coin ?


-Je suis là, annonça l'intéressé qui venait d'arriver.


-Tu m'aurais demandée, de quoi veux-tu me parler ?


-Cela concerne ta requête, éluda-t-il.


Elle haussa les épaules et le suivit à l'abri du soleil sous un saule pleureur.


-Tu es d'accord ? demanda la jeune fille.


Il poussa un soupir.


-Tu sais que si Léah l'apprend, elle t'ordonnera d'arrêter et mettra tout en œuvre pour que tu lui obéisses? Tu risques d'en baver.


-Jusqu'à présent, je me suis comportée comme Léah le voulait, fait ce qu'elle commandait, me suis habillée et coiffée à sa convenance !


-Pourtant, tu fais toujours autant profil bas à l'école, et je sais que tu le fais exprès pour la contrarier.


-Je ne suis pas une copie de ce qu'ils aiment appeler la « reine des fleurs », Enzo, martela-telle. Être moi ne suffit-il pas ? Ajouta-t-elle presque pour elle-même.


Lorenzo la toisa un instant avant de capituler.


-Rendez-vous chez moi dimanche à vingt-heure tapante, tu prendras nécessairement des coups, tu risques d'avoir des bleus comment vas-tu cacher ça ?


Elle haussa à nouveau les épaules, elle avisera en temps voulus.


Après un moment d'hésitation, elle sauta au cou de son ami et chuchota un merci à son oreille. Il se dégagea lentement avant d'annoncer avec un soupir :


-Il reste une dernière chose à régler.


Il sortit de l'ombre du saule et, suivi de près par une Théa curieuse, il rejoignit le petit groupe qu'ils avaient quitté quelques minutes auparavant.


-Léah ! Héla-t-il à l'attention de la blonde en compagnie de Maxence.


Ce dernier était assis derrière elle, un bras ceinturé autour du ventre de la belle et de la bave coulant presque dans son décolleté.


En entendant Lorenzo, Léah rejeta la tête en arrière par-dessus l'épaule de Maxence pour interroger son interlocuteur du regard.


-Tu as fini de jouer ? s'impatienta Lorenzo qui regardait son manège, l'air impassible.


-C'est bon j'arrête. On décolle répondit-elle d'un air lassé.


Elle se leva souplement pour rejoindre le petit groupe. Elle ne se rendit compte que Maxence la suivait qu'au moment où il fut bloqué par le dénommé William.


-Dégage. Dit ce dernier, agressif.


-Je suis avec Léah.


-Tu n'es avec personne, et on ne veut pas d'individus comme toi avec nous.


-Léah, l'interpella-t-il, je croyais que...


-Tu croyais quoi ? S'éleva sa voix dure et autoritaire. Tu ne pensais quand même pas que quelqu'un comme moi serait sincère avec un individu tel que toi ? Une distraction tout au plus, et de mauvais gout.


-Après tout ce que j'ai fait pour avoir l'occasion de t'approcher ? J'ai été jusqu'à jouer la comédie avec cette gamine afin qu'elle en pince pour moi rien que pour toi ! cracha-t-il en désignant Théa.


Cette dernière piqua un fard, humiliée, tandis que des mouvements pleins d'animosité s'élevèrent du côté de William, Bénédicte, Andréanna et Gabriel qui était en retrait par rapport aux autres. Un regard d'Enzo leur intima pourtant de rester à leur place.


Léah éclata pour sa part d'un rire mauvais.


-Cela fait quoi, de se sentir utilisé ? On se sent humilié n'est-ce pas ? Sois reconnaissant que ça soit par moi et pas par quelqu'un d'autre.


La respiration du sportif se fit de plus en plus sifflante à mesure que la colère le submergeait de part en part.


-Garce !


Elle sourit de plus belle et alla se placer en tête du petit groupe qui s'éloigna pour redescendre vers la ville.


William s'étira.


-Aaah Léah, tu as encore tapé un scandale, soupira-t-il.


-Tu la connais, renchérit Bénédicte. Créer des problèmes c'est sa spécialité.


L'intéressée leur jeta un regard mauvais.


-J'ai résolu un problème vous voulez-dire. Je ne peux pas permettre à Thea de fréquenter de tels êtres abjects.


Thea grinça des dents.


-La seule personne abjecte ici c'est toi ! Ta perfidie n'a d'égale que ton arrogance !


Elle se mit à courir, bousculant au passage la reine des fleurs qui fulminait.


-Comment ose-t-elle...


Lorenzo coupa la belle en claquant la langue, agacé.


-Ça suffit Léah ! Sa voix cingla l'air et quelques frissons secouèrent les épaules de la troupe. Tu en as assez fait pour aujourd'hui. Tu ferais mieux d'aller t'excuser auprès d'elle. C'est ta sœur, et tu as agi dans le seul but de la blesser.

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Alors, vous avez deviné?

Il s'agit bien d'un chapitre flash-back. Je pense qu'ils sont nécessaire à la compréhension de l'histoire, aussi il y en aura plusieurs...mais combien, ça j'en sais encore rien. Ces chapitre sont donc écrit à la troisième personne...comme ça vous les reconnaitrez tout de suite!


Qu'en avez-vous pensé?


On se retrouve la semaine prochaine pour un chapitre que j'affectionne tout particulièrement. Il neige peut-être en ce moment, mais croyez-moi...cela aura de quoi accélérer encore un peu plus le réchauffement climatique (enfin j'espère que c'est l'effet que ça aura sur vous).


Comme d'habitude...un petit vote, un petit commentaire ça fait toujours plaisir <3


Je vous dis à très vite!


Des bisous,

Clara.


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