Chapitre 7







Bien le bonsoir pour ce jeudi-chapitre :)
Comme promis voici l'introduction de nouveaux personnages ;). Certains reviendront souvent..d'autres un peu moins, mais ils ont chacun leur part à jouer.

Bonne lecture :)

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Thea Mareschal

L'année académique avait commencé quelques semaines plus tôt changeant radicalement l'ambiance de la ville. La cité universitaire d'aujourd'hui n'avait plus rien en commun avec celle d'autrefois (si ce n'est sa fonction originelle : l'université). En l'espace d'une vingtaine d'années, elle s'était développée de manière exponentielle. Les parcs scientifiques ainsi que le centre des affaires avaient élu domicile à l'extérieur du centre urbain et ne semblaient plus pouvoir s'arrêter de s'étendre, les buildings poussant plus rapidement que des champignons dans un fracas de grincements métalliques. Du manque de place dans les premiers quartiers résidentiels, résultait l'abattement des bois qui ceignaient le noyau originel, au grand mécontentement des écologistes et des amoureux de la nature venus précisément dans la petite ville campagnarde pour ses espaces verts.



Au début de sa création, la cité était désertée lors de la venue des congés académiques, laissant les rues vides, et le centre triste. Et si aujourd'hui, avec le nombre croissant de résidents, elle n'avait plus rien à envier à ses consœurs plus anciennes, les commerçants des cafés et de la restauration étaient toujours plus que ravis de voir les étudiants reprendre possession des lieux afin de voir leur chiffre d'affaires exploser.



La file dans la cafétéria était interminable et j'allais plus que probablement arriver en retard à mon premier cours de la journée si le travailleur étudiant de ma file ne s'activait pas un peu plus et ne cessait pas de se tromper dans la préparation des commandes. La mégère tirée à quatre épingles qu'il venait de servir dut lui lancer une remarque acerbe, car il pâlît à vue d'œil et ses gestes devinrent encore plus tremblants et frénétiques qu'ils ne l'étaient déjà, ce que, honnêtement, je ne pensais pas possible. Mon irritation descendit immédiatement d'un cran, et j'eus pitié de ce pauvre garçon pour qui l'on n'avait probablement pas pris le temps de lui expliquer calmement les choses avant de l'envoyer dans la mêlée du rush matinal.


Quand arriva mon tour, je fis de mon mieux pour ne pas laisser transparaître ma hâte et lui lançais un sourire encourageant. Finalement, n'ayant aucune idée de comment faire mon latte, une de ses collègues prit le relais.


C'est donc dix minutes plus tard que je sortis avec le Graal en main, mon pumpkin spice latte, pour me diriger vers mon amphithéâtre et mon cours de management. Au moment de me faufiler à travers la porte du bâtiment ouverte par l'un de mes camarades, je portai ma potion magique à mes lèvres et manquai de tout recracher quand on me bouscula. Je n'eus pas le temps de protester qu'une voix me glaça le sang.


-Excusez-moi.


Je me retournai vivement afin de faire face à mon interlocuteur, mais il s'était évanoui dans la foule.


Je me rendis compte que je bloquais le passage, car quelques étudiants soupiraient bruyamment tout en me contournant, aussi je fis de mon mieux pour ne plus penser à ce que je venais d'entendre. Je finis par me dire que mon esprit me jouait des tours, car c'était tout bonnement impossible que cette personne soit dans les parages.



C'est néanmoins un peu retournée que j'arrivais dans l'amphithéâtre. Je me laissai tomber lourdement en poussant un soupir à côté de Camille qui me regardait d'un air amusé. Je l'embrassai rapidement sur les lèvres, et alors que je me penchais vers mon sac à main pour prendre mon ordinateur portable, il prit une mèche de mes cheveux et la huma.


-Ils sentent le café, dit-il en jouant avec.


Je penchai la tête à l'opposé et mes cheveux glissèrent entre ses doigts.


-Ouais, je me suis heurtée à quelqu'un en arrivant et j'en ai renversé.


La voix qui s'était excusée me revint à l'esprit, et je n'entendis pas sa réponse.


-Houston, est-ce que vous me recevez ? Me rabroua Camille.


-Pardon, tu disais ?


-Que cette personne a du passer un sale quart d'heure pour avoir osé renverser ton pumpkin spice latte.


Il prit un accent british absolument irréprochable pour prononcer le nom de mon péché mignon que je suis, pour ma part, incapable de prononcer sans l'écorcher.


-En fait, il s'est volatilisé avant que j'aie le temps de me l'interpeller, dis-je pensive.


Il remarqua que je n'avais pas souri à sa tirade, mais ne releva pas l'anomalie. Il ne me demandera pas ce qu'il ne va pas, il ne me demandera pas non plus si je veux en parler. Car si je l'avais voulu, je l'aurai déjà fait. S'il y a une chose que Camille avait apprise à ses dépens, c'est bien qu'il faut me laisser de l'espace et ne pas me brusquer. Je ne suis pas douée pour parler.



Lorsque j'eus assez confiance en lui pour lui parler d'Andy, il me demanda pourquoi elle était mon seul contact avec ma ville natale. Et quand j'éludai le sujet, il insista tellement que je me sentis acculée. Non contente de m'être fermée comme une huitre, je suis partie en trombe de chez lui, tuant dans l'œuf le dîner romantique qu'il nous avait préparé après avoir fait des pieds et des mains pour occuper sa famille afin qu'on se retrouve tous les deux -il avait été jusqu'à leur acheter des billets pour l'un des derniers concerts des red hot chili peppers. Il s'est excusé tous les jours pendant une semaine entière avant que je reprenne contact.


Après coup, je sus que j'avais réagi de manière excessive et qu'il ne méritait pas un tel traitement. Mais il ne tenta plus jamais de me forcer la main, il savait que si je voulais parler d'un sujet particulier avec lui, je le ferais. Et au final, on parlait de beaucoup de choses, juste pas de ma ville natale, et encore moins de ce qu'il s'était passé là-bas.


S'il savait que j'habitais désormais avec Andy, je ne lui avais pas encore parlé de toute la clique qui s'était allègrement invitée dans mon nouveau cocon, et très honnêtement, je ne savais même pas si j'allais le faire un jour. Je n'avais qu'une envie, c'était expédier cette histoire rapidement et ne plus jamais en entendre parler.


Tu rêves éveillée ma petite, me souffla ma conscience.

***

En sortant du cours, une masse de cheveux auburn attira tout de suite mon attention. Mon ventre se noua et mon cœur tambourinait de plus en plus fort contre ma cage thoracique à mesure que je prenais conscience de qui se tenait immobile au centre de la place. Camille se rendit compte de mon état, car il se racla la gorge, gêné. Je me tournai vers lui, et lus l'angoisse dans son regard. Sa détresse me fit l'effet d'un coup de poing dans l'estomac et ma bouche s'ouvrit toute seule avant même que je me rende compte de ce que je m'apprêtais à dire.


-Je te promets que je vais tout t'expliquer, je te rejoins chez toi un peu plus tard.


Il acquiesça sèchement et ne m'attendis pas. Il ne me laissera pas m'en sortir avec une parade pour détourner le sujet cette fois, et bizarrement, cela ne me mettait pas mal à l'aise. Après tout ce qu'il a fait pour moi, je lui devais bien ça.



Je pris soin de ne pas me faire remarquer par la personne au centre de la place. Je longeai les murs afin d'arriver de l'autre côté et m'avançai d'un pas décidé dans son dos.



-C'était donc vrai, ces histoires comme quoi tu te serais installé ici.


Il ne sursauta pas, et se tourna pour me faire face.


-Thea.


Il me regardait droit dans les yeux, un léger sourire flottant sur ses lèvres et, durant l'espace de cinq secondes qui me parurent une éternité, ma rancœur et ma colère s'apaisèrent. J'avais oublié à quel point ses yeux sont les plus beaux et mystérieux que j'ai jamais vus. Son œil droit était un entrelacs de marrons et de verts tirant sur l'orangé autour de la pupille, le tout se fondait tellement que je ne saurais qualifier la véritable couleur de son iris. Je jure que parfois, je sentais sa perle de feu me brûler la peau. Son oeil gauche quant à lui, brillait d'un vert jaune qui donnait un doré vif et doux à la fois. L'un brillait d'une gentillesse et d'une intelligence aveuglante tandis que l'autre traduisait une volonté et un tempérament de feu, un peu de dureté aussi.



Ces iris hors du commun me frappèrent à nouveau comme au premier jour.


-Lorenzo.


-Quel beau vent t'amène ?


J'éclatai de rire. C'était un rire sans joie, mais il était incontrôlable. Et alors que je plaquai ma main sur mes yeux pour récupérer les larmes qui perlaient doucement, il m'attrapa le bras pour m'obliger à le regarder. Son sourire avait tellement l'air condescendant que cela  coupa aussitôt mon fou rire.


-Parmi tous les endroits possibles et imaginables sur cette terre, tu décides de venir ici. Tu ramènes ta clique avec toi, tu fais en sorte que l'un de tes larbins vienne s'incruster dans ma collocation pour t'informer de tous mes faits et gestes quitte à soudoyer Andy pour obtenir l'info, tu m'attends à la sortie de mon cours bien en vue pour que je te remarque et tu oses me demander quel beau vent m'amène ? Sois-sérieux cinq minutes.


Je reprenais mon souffle suite à ma tirade pendant qu'il fouillait dans son sac pour en sortir un gobelet fermé qu'il me tendit.


-Je suppose que tu refuses le café que je t'avais pris alors ?


-Tu supposes bien.


-Je suis triste que tu aies refusé tout contact après ton départ, je viens essayer de renouer. Vu la façon dont tu es partie, tu me dois bien ça.


-Et les autres, ils veulent renouer aussi, c'est ça ? Et par renouer, tu entends te cacher pendant un mois, t'informer via Gabriel et surgir de nulle part avec un café à la main ? Je t'ai connu plus fin diplomate que cela.


Il passa la main dans ses cheveux.


-Je m'y suis un peu mal pris, pas vrai ?


Je ricanai pour toute réponse.


-Tu as changé.


-En trois ans, j'espère bien.


Je mourrais d'envie de savoir ce qui l'amenait véritablement ici, mais il fallait croire que ma bouche s'était mise en pilote automatique. Je ne pouvais m'empêcher de rester les bras croisés et de couper court à toute forme de discussion triviale. Je devais changer d'attitude si je voulais tirer quelque chose de cette entrevue. Je me forçai à délier mes bras pour qu'ils reposent le long de mes flancs, j'écartai un peu les pieds afin d'ajuster mon équilibre et reculai les épaules.



-J'ai besoin de savoir Enzo, je m'imagine le pire et je n'arrive pas à trouver le sommeil. Au fond de moi, je sens que cette situation pue, alors que je me fais peut-être juste des films.


-Ce serait quoi le pire pour toi ?


Je m'apprêtais à répondre, le rouge aux joues à cause de la gêne que cela me procurait. Dans ma tête, cela me semblait plausible, mais devoir le formuler à haute voix, ma théorie semblait relever du niveau d'une série faussement dramatique conçue pour toucher autant de neurones que ce que contenait le cerveau d'un ornithorynque mort.


Heureusement, je n'eus pas à le faire, car une masse me passa sous le nez pour se jeter dans les bras de Lorenzo. Mon choc fut complet quand j'entendis sa voix suraiguë.



-Lolo ! Je te cherchais partout chaton !


Je jure que je pouvais sentir les cœurs roses et les émoticônes en forme de bouche rouge s'échapper de ses mots.


-Chaton ?


Le soap-opéra de mauvais gout qui tournait en arrière-plan dans ma tête depuis quelques jours venait de prendre place sous mes yeux, si ce n'est qu'il était une centaine de fois plus pourri que ce que j'avais imaginé.


Lorenzo ne semblait même pas gêné, juste agacé. Il ne daigna même pas lui jeter un regard, ses yeux d'or et de feu étaient rivés aux miens. Il batailla pour décrocher la sangsue qui lui ravageait la nuque et le visage.



À vrai dire, je n'étais pas très fair-play, je n'avais pas le droit de porter un jugement dénigrant sur cette fille sans même lui avoir adressé un mot.



-Béatrice pousse toi.


Son ordre cingla l'air alors que sa voix était restée d'un calme olympien. La pauvre n'avait pas l'air habituée à ce ton autoritaire, aussi elle s'écarta immédiatement avec un air de chien battu.


-Tu ne me présentes pas ? Tentais-je timidement.



À vrai dire, je n'en avais strictement rien à faire pour l'instant, je tenais à avoir mes réponses.


-Ce n'est rien qui vaille...


La dénommée Béatrice se plaça à nouveau entre Enzo et moi. L'air de chien battu s'était désormais transformé en un regard en chien de faïence.



-Je sais qui tu es, me dit-elle hautainement. Mais c'est fini maintenant, tu as eu ta chance, c'est à mon tour.


Je n'avais aucune idée de ce dont elle parlait, mais vu l'air de son « Lolo » derrière elle, cela ne lui plaisait pas, mais pas du tout. Et à la guerre comme à la guerre, ce qui ne plait pas à mon ennemi est susceptible de m'intéresser.



-Excuse-moi, Béatrice c'est ça ? Il semble que tu me connaisses, ce dont je me permets de douter. Mais tu n'as visiblement pas encore fait assez forte impression pour que l'on daigne me parler de toi avant que tu ne nous interrompes.



À l'inverse de mademoiselle la sangsue, mon ton était parfaitement calme, sûr, et presque trop doucereux pour que l'on ne puisse pas saisir la menace derrière mes paroles. Béatrice semblait perdre contenance, car sa lèvre trembla quand je mentionnai son manque d'importance pour qu'il me soit fait rapport de son existence. Elle ne savait donc pas que je n'avais plus eu de contact avec Lorenzo depuis trois ans.



Mais visiblement, ce fut de courte durée, car elle arborait un petit sourire suffisant qui me donnait une furieuse envie d'abandonner mes convictions pacifistes et de lui envoyer mon poing dans sa belle figure peinturlurée.



-Je suis ta remplaçante.


Et c'était à mon tour d'être sur le cul.


-Ma quoi ?


-Ta remplaçante. Tu étais le centre d'attention de ton joyeux petit groupe, leur confidente, leur réconfort, leur jouet et leur amante. Je suis désormais tout ça.



Je me tournai vers Enzo, la tête enfumée par les affres de la colère.


-Tu m'expliques ce que tu as été raconter à mon sujet ?


De nouveau, miss pimbêche se mêla d'une conversation qui n'était pas la sienne, car elle éclata d'un rire vainqueur.


-La roue tourne Léah, tu es partie et ils ont trouvé une fille plus jeune et plus belle que toi.


Je sentis ma peau picoter à mesure que je perdais mes couleurs. Ma bouche était sèche et j'avais l'impression qu'on me pressait le larynx pour m'empêcher de dire un mot.


Ma douce amie la colère fusionna avec le dégoût.


Je bousculai la pauvre fille qui semblait plutôt fière de sa déclaration et d'être considérée comme un jouet à se partager pour saisir brusquement Enzo par le col et l'attirer vers moi. Son regard fulminait, fixé sur le poulpe qui venait de cracher son encre.


-C'est vrai ce que cette fille raconte ?


-Oui.


Il ne l'avait pas quittée des yeux. Et je fus prise de hauts le cœur.






-Comment as-tu pu ne serai-ce que cautionner ça ? Toi plus qu'aucun autre ? Vous me dégoutez.


Je le repoussai violemment pour me tourner vers la traînée qui apparemment, ne comprenait plus grand-chose désormais. On était deux.



Ma compassion forcée de tout à l'heure s'était bel et bien évanouie, elle me faisait juste pitié à s'abaisser aussi bas et à en être fière, comme si c'était l'accomplissement de sa vie entière.


-Hey, la charognarde. Ne me compare plus jamais à toi et ne prononce plus, au grand jamais, le prénom de Léah. Tu ne sais pas dans quoi tu as mis les pieds ma pauvre fille, mais ils n'en ont rien à faire de toi. Et moi encore moins.


Je m'apprêtais à partir, mais Enzo m'attrapa le bras. Je frissonnai à son toucher tellement il me révulsait.


-Tu restes ici, on n'en a pas fini.


Il avait utilisé le ton de l'injonction.


Je me rapprochai de lui.


- Tu croyais quoi ? Que j'allais sauter sur l'occasion pour suivre ses traces ? Tu ne me parles pas sur ce ton. Tu ne me donnes pas d'ordre. Je ne suis pas l'un de tes laquais. Je ne suis pas cette sangsue qui te sert de poupée à partager. Je ne suis pas Léah. Lâche-moi maintenant.


Je me dégageai violemment et m'en alla rapidement.


Merde, mais Léah qu'est-ce que tu as foutu ?

Il semble que Miss Parfaite ne le soit plus vraiment maintenant hein ? ricana ma conscience.

La ferme.

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Alors, qu'en avez-vous pensé?


Je vous dis à la semaine prochaine pour un chapitre...spécial. Dans ce chapitre, vous aurez la réponse à la question que vous vous posez certainement à la lecture de cette partie: qui est Léah?


Des idées quant à son identité?


Je vous fais des bisous,


Clara.

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