Chapitre 4
Bonjour à tous pour ce vendredi-chapitre :). Théa s'est rendue compte que les personnes qu'elle avait fui durant trois ans venaient tous de resurgir dans sa vie en criant "SURPRISE". Inutile de vous préciser qu'elle déteste les surprises? Non? Comme ça c'est fait! Rien que pour vous, il y a une surprise dans ce chapitre...je ne vous dis rien et vous laisse la découvrir, on se retrouve en fin de chapitre :)
-----------------------------------------------------------------------------------------------------
Andréanna Lambert
Elle touillait dans son café avec tellement d'entrain que j'avais peur qu'elle fasse un trou au fond de sa tasse. Son visage était fermé et ne laissait paraître aucune émotion. Pourtant, il m'était aisé de deviner la bataille que se livraient ses sentiments en ce moment. Colère, dégoût, impuissance, peur. Tout ce qu'elle avait fui venait de lui exploser à la figure en l'espace d'une journée. Intérieurement, je m'en voulais un peu de ne pas avoir tenté de garder Enzo à l'écart. Les reproches que Thea m'avait faits cet après-midi étaient en partie fondés. Car si la venue de Lorenzo pouvait se faire passer pour une coïncidence, le doute s'était envolé lorsque Thea avait manqué de se heurter tête la première à Gabriel.
Je soupirai et me mis en équilibre sur ma chaise, ma tête se laissant aller en arrière. Gabriel. Il avait dû fouiller dans mon ordinateur pour trouver l'appartement que nous comptions louer. Pour le coup, il devenait vraiment urgent que je change mon mot de passe. Le « Passw0rd » sonnait tellement mieux quand j'avais 12 ans.
La tête toujours jetée en arrière, je souris amèrement. Je n'osais pas regarder Thea. Cette situation allait devenir compliquée pour moi aussi. Je me retrouvais le cul entre deux chaises. L'une tirée par ma meilleure amie, celle que j'avais rejointe pour démarrer une nouvelle vie, et l'autre par mon ami d'enfance qui était venu fouiller dans mes affaires afin de prendre le même appartement que nous. Si ces deux-là pouvaient s'entendre, ma petite vie actuelle ne virerait pas au drame, mais au paradis.
Si je pouvais deviner pourquoi il est venu dans la même ville que nous, la raison qui l'avait poussé à venir habiter avec nous m'échappait.
-Je m'en vais.
Sa voix était faible, pas assez forte pour couvrir le brouhaha du café. Mais j'avais clairement entendu. Car cela faisait une heure que je poireautais, la regardant fixer son breuvage devenu froid, attendant une quelconque réaction. Je me redressai brusquement et les pieds de ma chaise heurtèrent le sol dans un claquement sec.
Non, mais c'était une blague ? Elle allait me refaire le même coup qu'il y a 3 ans ?
-Je suis désolée.
Je me rendis compte que je venais de penser tout haut.
Je la vis se renfrogner un peu, s'emmurer dans son idée. Je n'allais pas la raisonner comme ça.
Je pris un air dédaigneux tout en essayant de masquer ma propre angoisse.
-Vas-y.
Elle releva la tête, décontenancée de ne pas voir ma compassion habituelle. C'était la deuxième fois aujourd'hui que je lui faisais des reproches, moi qui m'étais promise de ne pas juger sa réaction et de tenter de comprendre sa situation. Mais je n'avais jamais compris. Parce que je ne savais rien. Tous, nous n'avions vu que la face émergée de l'iceberg. Or, je suis certaine qu'il y avait quelque chose de plus caché là dessous. Et je savais aussi que si elle avait voulu m'en parler, elle l'aurait déjà fait. Mais elle avait tout gardé pour elle, elle avait voulu enterrer tous les souvenirs douloureux. Le problème avec cette méthode, c'était que tout pouvait péter n'importe quand. Et au plusloin on avançait avec cette bombe sous nos pieds, au plus elle prenait enpuissance, au plus les dégâts seront lourds lorsqu'elle explosera, éparpillanttous les morceaux de notre être encore plus loin, nous laissant avec desblessures de guerre inimaginable qui ne cicatriseront probablement jamais. Je me devais de tout faire exploser maintenant pour qu'il reste quelque chose à sauver.
-Tu as déjà fui la première fois. Alors vas-y, continue dans ton cercle d'autodestruction. Barre-toi la queue entre les jambes dès que ton petit confort que tu as pris du temps à construire est dérangé. Cela devient une habitude chez toi de toute façon.
Elle avait des larmes qui perlaient aux coins de ses yeux et qu'elle tentait de retenir.
-Mais qu'est-ce que je fais alors ?
Elle avait la voix brisée.
Une part de moi avait envie de la prendre dans mes bras, de lui dire que tout irait bien et que je serais toujours là. Mais c'était un mensonge. Car tout n'ira pas bien. La tournure des événements annonçait de grosses emmerdes et je ne serai pas toujours là. Alors je laissais la part de moi qui lui en voulait de nous avoir plantés sans aucune autre explication qu'un « je suis désolée » pour la secouer.
-Fuis.
Je lus l'incompréhension totale dans son regard avant d'y déceler un petit quelque chose d'autre. Une pointe de colère ?
-Fuir ?
Sa voix ne tremblait plus.
-Oui.
Elle serra les poings alors que je restais de marbre. Je voulais enfoncer le clou, mais ses lèvres tremblotantes m'indiquèrent qu'elle allait prendre la parole.
-Tu veux rire ?
Sa voix était acerbe. Chaque mot qu'elle crachait, prenait la couleur du venin de l'agressivité et de la colère face à l'empiètement d'intrus sur son nouveau territoire.
-Cette nouvelle vie, je l'ai choisie. On a choisi cet appartement. J'ai tout plaqué pour ce nouveau départ, cela m'a pris trois ans. Trois ans à ramasser les morceaux qu'ils m'ont arrachés avant d'en faire des confettis. Et à peine mon projet prit forme que mon passé revient comme une fleur afin de me pourrir l'existence ?
Elle essuya les larmes de désespoir muées en larmes de colère d'un geste rageur.
-C'est une vaste blague ? Pourquoi serait-ce à moi de céder pour retrouver ma tranquillité ? Je suis celle qui a le plus perdu dans cette histoire, ce nouveau départ je le mérite, ils me le doivent.
Je souris.
-Alors ?
-Alors, ma tranquillité, je vais la leur arracher de force.
Je posai ma main sur la sienne, j'avais retrouvé le cœur vaillant qu'elle était vraiment.
-On va le faire ensemble.
Elle sourit faiblement avant de me regarder avec un air beaucoup trop sérieux pour être vrai.
-Qu'est-ce qu'il y a ?
-D'abord, je vais avoir besoin de quelques verres.
***
En approchant de notre appartement, je trébuchai maladroitement et dus me rattraper à l'épaule d'Andy. Je gloussai et m'accrochai à son avant-bras. Malheureusement, elle n'était pas mieux arrangée que moi car elle tanguait sur ses stilettos.
Le rouge m'était monté aux joues et j'appréciais le brouillard qui faisait taire mes sens. Les bords de ma vision sont flous et j'ai l'impression d'être dans un monde irréel. On lançais des phrases qui n'avaient ni queue ni tête et nul doute que j'en aurai oublié certaines d'ici le lendemain. J'aperçus de la lumière filtrant par la fenêtre de la cuisine de notre duplex. Ma conscience, toujours éveillée dans un coin de mon crâne -bien qu'affaiblie par les effluves d'alcool qui me montaient à la tête- me souffla que Gabriel était toujours debout et qu'il attendait une confrontation. Non, sans rire. A peine la porte ouverte sur lui cet après-midi que j'avais fait un rapide demi-tour, Andy sur mes talons. Je posai ma main sur mon front qui me parut bouillant, et rabattis mes cheveux en arrière avec un léger ricanement. Il n'y avait aucune chance pour que je m'en tire ce soir. Je le savais pertinemment et c'était la raison pour laquelle j'avais voulu boire un peu avant de rentrer, pour me donner l'air plus sûr de moi.
Je partis dans un éclat de rire et Andy me regarda incrédule avant de me suivre. Je voulais boire deux ou trois petits verres pour me donner de la force, pas pour avoir la bouche tellement pâteuse que je ne saurais rien dire de censé sans bégayer. Mon amie, moi et notre demi-mesure inexistante, nous allons nous perdre un jour.
Arrivées sur le pas de la porte, je laissai Andy ouvrir. Cette dernière, rendue joyeuse par la boisson, ouvrit la porte le plus doucement possible pour ne pas faire de bruit. Je ne savais pas ce qu'elle voulait faire, mais avec le grincement de la porte et ses « ccchhhhhhht » pour m'intimer de me taire, il n'y avait aucune chance pour que ceux déjà présents à l'intérieur ne nous entendent pas. Mais le plus sérieusement du monde, elle se mit à quatre pattes, passa la tête par l'entrebâillement de la porte et regarda exagérément de droite à gauche avant de s'effacer de l'autre côté et de me faire signe d'entrer. J'essayais de contenir mon fou rire, malheureusement un gloussement m'échappa et elle se précipita sur moi et me plaqua les mains sur mes lèvres. C'en était juste trop. Mon fou rire repartit de plus belle.
J'avais besoin de m'appuyer contre le mur pour reprendre mon souffle et mes esprits, ou du moins, ceux qui n'avaient pas été assommés à coup de Tequila.
J'étais sur le point de me relever quand Arthur déboula dans le corridor l'air paniqué.
-Enfin ! Qu'est-ce qui vous a pris de vous barrer comme ça j'étais...
Il n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'Andy lui grogna que nous étions grandes et vaccinées.
Je levai les yeux sur lui, il pensait que je le regardais, mais je fixe Gabriel qui était apparu derrière lui. Je terminai de me redresser. La bouffée de haine qui me prit dissipa tous les délicieux-bien-qu'ennuyeux effets de l'alcool que j'avais avidement ingurgité. Je mesurais mes pas en me rapprochant de lui. Je dus relever ma tête pour pouvoir le regarder dans les yeux et j'avais horreur de ça. Je pointai mon index sur sa poitrine.
-Toi.
Je le poussai de mon doigt tout en faisant un pas de plus vers lui. Il recula, légèrement surpris par mon attitude, mais je savais qu'il ne reculera plus d'un poil.
-Je ne sais pas pourquoi tu te pointes à nouveau dans ma vie ni ce que tu cherches en emménageant ici. Mais si tu penses que tout sera comme avant, tu te fourres le doigt dans l'œil. Au moindre coup bas, vous allez regretter de vous être frottés à moi. Je vous donne à tous une chance de vivre ici paisiblement. Si l'un de vous me cherche, c'est vous tous qui me trouverez. Maintenant soit un bon acolyte et fait passer le message à Enzo.
Je tournai vivement les talons pour me rendre dans ma chambre avant même de le laisser répondre quoi que ce soit. Ça serait mauvais pour moi. Mais alors que je croyais m'en être tirée, je sentis le sourire narquois qui n'appartenait qu'à lui dans mon dos.
Tu es dans la merde, railla ma conscience.
Non, tu crois ?
-----------------------------------------------------------------------------------------------------
Me revoilà! Alors, avez-vous décelé les subtilités de ce chapitre? Il y aura encore d'autres changements de perspective dans la suite de l'histoire, mais je ne vous indiquerai jamais le point de vue adopté. Le but est que vous le deviniez comme des grands au fur et à mesure de la lecture. A force, -et si je fais bien mon boulot- j'ose espérer que vous saurez reconnaître les spécificités de chacun de plus en plus rapidement :)
Nous sommes dans quelques chapitres transitoires pour bien placer l'action, la ligne du temps et faire gonfler un petit peut le mystère. Si vous vous sentez perdus...c'est normal, vous remarquerez que notre petite Thea est complètement paumée aussi! Tout s'éclaircira...et bien plus tôt que ce vous ne pensez, je vous assure :)
Comme d'habitude, votre retour est très important pour moi!
Je vous fais de gros bisous et vous dis à très vite,
Clara.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top