Chapitre 33 - Partie 3
Gabriel Delange
Je me réveillai à cause du froid. Machinalement, je tâtai la place à côté de moi, mais ne tombai sur rien d'autre que des couvertures froissées. Pas de Thea. Avant même qu'elle ait été admise en soins intensifs, durant la période infernale où personne ne savait où elle se trouvait, je passais régulièrement la tête à travers le seuil de sa chambre, espérant que tout n'était qu'un mauvais rêve, qu'elle était attelée à son bureau, concentrée sur ses cours en sirotant une tasse de café fumante ou affalée sur son lit, enroulée dans ses couvertures devant une série. Rien. La pièce était toujours dénuée du moindre signe de vie. J'avais continué mon manège au fil de sa convalescence, c'était presque devenu une habitude. Avais-je poussé le vice encore plus loin en m'endormant dans ses draps? Avais-je rêvé si profondément de nos récentes étreintes que cela me paraissait réel? Un léger vent de panique souffla dans mon coeur alors que je m'extirpai violemment des couvertures. Mon regard tomba rapidement sur des sous-vêtements féminin éparpillés dans la pièce. J'étais certain que ces derniers n'étaient pas présent lors de mes passages réguliers dans ce qu'elle appelait "son cocon".
C'était réel. Je n'avais pas rêvé. Les sensations de cette nuit qui revinrent délicieusement me submerger me firent vite oublier la frustration que m'avait procuré le départ inexpliqué de mon aimée de notre couchette. Je me laissai retomber sur son lit.
C'était réel. Thea m'aimait.
Je me rappelai son moment d'hésitation lorsque j'étais arrivé au niveau de son ventre. Elle avait couvert sa cicatrice de ses deux mains tout en tournant la tête sur le côté, fuyant mon regard. La boursouflure rouge, que je lui savais douloureuse, lui rappelait constamment son séjour entre les mains de ce malade de Dimitri. Elle m'avait également rappelée à quel point mon moment de faiblesse n'avait pas lieu d'être en comparaison de ses épreuves, de ses démons. Je m'étais juré de la protéger, d'atténuer ses peines. Je m'étais promis de la faire vivre à nouveau.
Mais elle n'avait pas besoin de moi. Ma lionne avait trouvé en elle une force incommensurable pour faire face à ses adversaires, qu'ils soient fantômes ou êtres de chair. Plus encore, c'était moi qui avait eu besoin d'elle.
Délicatement, j'avais écarté ses paumes, embrassant chacun de ses doigts avant de frôler la ligne de points de sutures sur le dessus de son nombril, et d'embrasser sa cicatrice à son tour. Elle m'avait laissé faire, gênée, ne sachant trop comment réagir. Mais je la voulais elle, entièrement.
Et je pensais sincèrement qu'elle me voulait à ses côtés.
Rassuré, c'est sur cette pensée que je me levai finalement, appréhendant néanmoins sa réaction suite à ce qui s'était passé cette nuit. Voulant m'habiller à la hâte, je m'aperçus rapidement d'une chose. Je n'avais rien à disposition pour me couvrir, je m'étais entièrement déshabillé dans le salon. Salon que nous partagions également avec Arthur et Andréanna. Je fis un rapide saut dans la salle de bain commune à Thea et Andy pour y piquer une serviette que je tins enroulée autour de ma taille.
Pourquoi fallait-il que ces serviettes soient si petites ? Je ne pouvais l'enrouler entièrement sur mes hanches, aussi je décidai de laisser mes fesses à l'air et de tenir les deux bouts rapprochés dans mon dos.
Discrètement, j'entrouvris la porte menant au salon. Si mes souvenirs étaient bons, je m'étais débarrassé de mon jean et de mon caleçon juste devant sa chambre, mais je ne trouvai rien sur le carrelage anthracite. Jurant tout bas, je m'apprêtais à monter dans ma propre chambre. Surtout, ne pas croiser Andréanna.
Alors que j'arrivai, quasi victorieux aux escaliers de fer, une voix moqueuse retentit dans mon dos.
— Jolie vue, Gabe.
Merde.
Je fis face à ce cauchemar, bon gré mal gré. Andy était confortablement installée dans le divan, tout sourire et une tasse de thé dans une main. L'autre était tendue droit devant elle, de son index pendait mes vêtements.
— C'est ça que tu cherches ? J'ai malencontreusement trébuché dessus lorsque je suis rentrée de mon événement cette nuit. Tiens, fit-elle semblant de s'exclamer, pourquoi as-tu notre tapis de salle de bain autour de toi ?
À ces mots, je manquai de lâcher mon unique vêtement de fortune.
J'allais avoir droit à son interminable séance de questions-réponses couplée à ses sarcasmes.
Je n'avais aucune chance de m'en tirer.
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