Chapitre 33 - Partie 2
Thea Mareschal
Gabriel m'avait offert une facette de lui-même que je n'avais jamais vue, et dont je doutais qu'il dévoile souvent. Les larmes aux yeux, me regardant comme si j'étais le premier vrai miracle sur terre, il m'avait fait devenir son point d'ancrage pour l'empêcher de basculer dans ses pensées tourmentées. Je ne savais pas ce qui l'avait mis dans cet état, mais ce n'était pas le genre de pensées que je pouvais exiger de partager. Elles n'appartenaient qu'à lui, et si un jour l'envie l'en prend, il m'en parlera. Mais pas maintenant.
Sur le moment, j'avais juste vu un homme qui avait désespérément besoin de se raccrocher à quelque chose. De se raccrocher à moi. Et lorsque seule et affaiblie dans cette maison délabrée, je voyais mes chances de survie s'amenuiser avec le temps qui s'écoulait, j'avais aussi besoin de quelqu'un, de quelque chose de matériel sur qui m'appuyer. Je n'avais eu personne. Mais qui étais-je pour refuser un refuge à Gabriel ?
Cette faiblesse dont il m'avait fait part s'était enfoncée dans mon cœur avec la force d'une balle de baseball lancée à pleine vitesse, le faisant éclater en confettis. C'était une douleur différente de celle que j'avais expérimentée quelques mois plus tôt. Plus profonde, plus sourde. Vibrante. Au moment où je lui ouvris mes bras, l'invitant à venir s'y abriter, je compris deux choses. Je détestais le voir souffrir à ce point, et cette fragilité qu'il me permettait de voir était un cadeau. C'était la preuve qu'il me faisait confiance, qu'il comptait sur moi pour le soutenir dans ces moments. C'était une preuve d'amour. Plus que ses avances, son assurance, sa stabilité et la protection qu'il m'assurait. C'était sa vulnérabilité qui m'avait résolument fait franchir le seuil capricieux et effrayant de l'amour.
Nous nous étions déplacés devant la douce chaleur du feu. Les larmes de Gabriel s'étaient enfin taries et ma tête reposait sagement sur son épaule. Nous n'avions toujours pas prononcé un mot.
— Je suis fatiguée Gabriel, il faut que j'aille dormir.
Il me déplaça face à lui et posa sa main sur ma joue. Bien que rugueuse, celle-ci me réchauffait le cœur. Je me retins d'appuyer un peu plus ma joue contre sa paume.
— Tu es là.
— Je ne bougerai pas, pas tout de suite.
Il reprit vivement sa main et le courant d'air que son geste engendra me glaça. Voilà ce que je récoltais avec ma nouvelle honnêteté laconique.
— Tu te fiches de moi ?
— Non, attends. Ce n'est pas ce que tu crois. C'est juste que, je sais que le meurtrier de Léah court toujours, et...
— Sullivan est mort, Thea, il ne te fera plus jamais de mal.
— Dimitri me fait encore du mal en ce moment même ! Écoute-moi jusqu'au bout d'accord ? Cela ne colle pas, je t'expliquerai plus en détail lorsque je me serai reposée, mais je suis certaine que ce n'est pas lui qui a fait le coup. Après ce qui s'est passé, je ne serai plus jamais tranquille tant que je n'aurais pas retrouvé le vrai coupable. J'en ai besoin. Je ne pars pas vraiment, c'était une façon pour moi d'annoncer la couleur, ma bataille à venir.
— Qu'est-ce que cela à voir avec moi alors ?
— Je vais avoir besoin de toi.
Je me plaçai sur mes genoux et pris son menton en coupe, rivant mes yeux aux siens afin de lui faire comprendre à quel point j'étais sincère.
— J'ai besoin de toi.
Un demi-sourire germa sur ses lèvres.
— Je ne bougerai pas. Jamais.
Il prit une mèche de cheveux qui s'était échappée de ma queue de cheval et l'entortilla sur son index alors que je réprimai un bâillement. Je reprenais des forces petit à petit, mais il me fallait encore beaucoup d'heures de sommeil.
— Je t'aime Thea. Je pense que je t'aime depuis le jour où je t'ai vue marcher telle une lionne dans les couloirs de notre bahut.
J'étais incapable de prononcer un son pour lui répondre. Il avait mis tellement d'intensité dans ses mots que les miens ne seront jamais assez fort en comparaison. Lentement, je parcourus le peu de distance qui nous séparait et posai mes lèvres sur les siennes. D'abord d'une tendresse infinie, presque chaste, nos désirs longtemps refoulés prirent les devants. Ses lèvres s'emparèrent des miennes, semblant ne plus jamais vouloir les lâcher alors que j'enfouissais mes doigts dans ses cheveux. N'y tenant plus, je glissai ma langue à la recherche de la sienne, m'enivrant de son haleine mentholée. L'une de ses mains glissa fébrilement sous mon pull pour venir se loger au creux de ma chute de rein, tandis que l'autre venait soutenir ma nuque. Nous basculâmes, et mon dos entra en contact avec le carrelage froid. Je me cambrai pour bénéficier de la chaleur fiévreuse qu'il émanait, tentant tant bien que mal d'ignorer le tiraillement de mes points de suture. Notre baiser était doux et brusque à la fois, il était fort. Nous nous arrachâmes à l'un et l'autre à contrecœur, pantelants et cherchant notre souffle.
Mes doigts crochetèrent l'ourlet de son tee-shirt afin de l'en débarrasser. Il avait beau faire cru dans la pièce, nous étions soudainement bien trop habillés à mon gout. Ses paumes me chatouillaient délicieusement les côtes, aussi le mouvement vers le haut que j'avais amorcé pour lui enlever son haut fût interrompu pour mon plus grand déplaisir. Le sourire narquois que je lui connaissais tant se dessina sur les lèvres auprès desquelles je mourrais de repartir à l'assaut.
— Je croyais que tu devais aller dormir, ponctua-t-il en me mordillant la lèvre inférieure.
— Plus envie, haletai-je
Son rictus satisfait, un poil moqueur, se rengorgea. Je fis mine de me renfrogner face à son attitude railleuse, plus par habitude que par réelle envie.
— Vas-tu m'aider ou c'est pour demain ? Fis-je de la façon la plus bougonne possible.
— Mais qu'est-ce que tu me fais ?
Son soupir rauque envoya un frisson d'attente et de désir dans mon bas-ventre. D'un geste brusque, il jeta son tee-shirt à travers la pièce avant de me dépouilla de mon pantalon de jogging. Il se releva, et tenant mes poignets, m'aida à bondir sur lui. J'enroulai mes jambes autour de ses hanches, et sentais ses épaules rouler sous mes doigts pendant qu'il me dévorait la nuque. Chacun de ses baisers était un mélange de morsure et de douceur. Ils m'électrisaient la peau. Solidement accrochée, il me lâcha quelques secondes afin de défaire sa ceinture pour commencer à se délivrer de son jean, ce qui, à en croire ma conscience qui soupirait d'aise, était une excellente idée. Le choix du lieu où nous allions nous échoir se porta naturellement sur ma chambre, ce qui était judicieux, car je voyais mal Gabriel se lancer périlleusement à l'assaut des escaliers son pantalon sur les chevilles. J'explosai quelques fois de rire face à ses difficultés alors qu'il grognait d'impatience et de frustration sur ma peau. Finalement, nous arrivâmes dans mon cocon au moment où il se dévêtit de son bas. Il claqua furieusement la porte du pied avant de me coincer contre son bois abimé. Nos lèvres étaient à nouveau collées les unes aux autres pendant que nous finissions de nous déshabiller.
Il me fit tournoyer à travers la pièce, et lorsque'il s'arrêta enfin, me dévorant du regard, je le fixai pendant que victorieuse, je tendis le bras et laissai tomber mon soutien-gorge.
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Moment tendresse, partie 2 :)
Des bisous,
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