On se retrouve pour ce jeudi-chapitre +1!
La police travaille d'arrache-pied mais patauge un peu... qui aurait les capacités pour retrouver Thea?
***************************
Andréanna Lambert
Nous tournions comme des lions en cage depuis bien trop longtemps. Nous recevions successivement les appels des parents de Thea, de ses proches, mais jamais de la police. Ils avaient été clairs, nous devions les laisser enquêter.
Mais à mesure que le temps s'écoulait, Gabriel et moi-même doutions de plus en plus des capacités des forces de l'ordre. Comme à mon accoutumée lorsque je suis sous pression, je me plonge dans le travail. Ma petite entreprise prospérait doucement, et j'avais une tonne de mails auxquels je n'avais toujours pas trouvé le courage de répondre. Priorité à Thea.
Une entreprise d'événementiel me proposait un partenariat en or, mais je n'avais pas la force de me réjouir.
La sonnette retentit soudain, et si je sursautai, surprise, Gabriel s'élança à toute allure vers la source du bruit.
C'était Béatrice, pendant un instant, je fus tentée d'ordonner à Gabriel de lui claquer la porte au nez, car je savais que si Thea était là, elle refuserait qu'elle pose un orteil dans notre colocation.
Mais si elle était là, c'était précisément pour nous donner plus de précisions quant à son enlèvement. Les informations que la police ne voulait pas nous donner, pour que l'on ne compromette pas l'enquête selon leur dire, voire même des éléments nouveaux que la police n'avait pas encore obtenus.
Elle s'avança dans notre duplex et suivit Gabriel dans la cuisine. Toute trace de séductrice avait disparu de son visage sublimé discrètement. Elle n'avait rien à voir avec l'aguicheuse que Thea adorait détester. Elle ne jouait pas son rôle ce soir, l'heure était grave.
Elle s'adossa contre l'ilot centra sur lequel nous prenions nos repas et jeta nonchalamment dessus un dossier rempli de photos de mauvaise qualité.
Je me précipitai dessus tandis que Gabriel restait en retrait, toisant notre invitée, cherchant à décider je ne sais quoi.
Dans le dossier, il y avait des photos d'un homme trainant un corps sans vie indéniablement féminin. Il faisait noir, de façon à ce qu'on ne puisse pas identifier les individus sur les clichés, mais nul doute qu'il s'agissait d'eux. Plus tard, on le voyait porter laborieusement Thea dans une voiture délabrée. La plaque d'immatriculation, bien visible, était entourée au marqueur jaune.
Je parcourais toujours les clichés quand Béatrice commença à s'expliquer.
— J'ai retrouvé leurs traces grâce aux caméras de surveillances présentes à l'extérieur de la zone piétonnière. Apparemment, vous aviez raison, votre protégée s'est bien fait enlever, ce n'était pas un nouveau pétage de plomb de sa part.
— Tu peux garder ton ironie pour toi, assenai-je sèchement.
Elle haussa les épaules, me signifiant qu'elle n'en avait pas grand-chose à faire de mon avis, et continua son monologue.
Gabriel quant à lui se rapprocha également de l'ilot central afin de prendre compte lui-même des photographies.
— Malheureusement, cela ne m'a pas réellement aidée, il m'était impossible de tracer la voiture. C'est pour ça que cela m'a pris du temps. Il a fallu qu'il émerge quelque part. Il se trouve qu'il n'est pas très original, voire, prudent, mais on s'en doutait déjà. Je l'ai à nouveau repéré dans un magasin de bricolage, figurez-vous qu'il achetait des cordes !
— Sais-tu dans quelle ville il est ? lae pressa enfin Gabriel.
— Tu gâches tout le fun de mon histoire, tu le sais ça mon chou ?
Elle tira deux clichés du dossier que nous n'avions pas encore observé. C'était encore des photos prises via des caméras de surveillance. On y voyait Dimitri dans une grande enseigne de bricolage avec divers outils dans un panier, dont des rouleaux de cordes. Sur la seconde photographie, on pouvait très clairement aviser de la devanture du magasin et de ses extérieurs. Il n'y avait pas de doute possible.
— Je vous la mets dans le mille, triompha Béatrice.
— Il est chez nous, murmurai-je.
— Puisque je vous dis qu'il n'est pas très malin.
D'un coup, elle redevint tout à fait sérieuse et se redressa sur ses deux pieds, droite comme un i. Elle arracha le reste du dossier à la table sous nos vives protestations à Gabriel et moi.
— Maintenant, si tu veux la suite mon chou, tu dois me promettre une chose, ordonna la détective en pointant un index autoritaire vers la poitrine de mon ami.
— Nous avons le même âge Béatrice, cesse de m'appeler mon chou, ronchonna Gabriel plus pour la forme que pour autre chose.
— C'est important, trancha-t-elle. Jurge-moi sur la tête d'Andréanna que tu n'iras pas là-bas, et que tu laisseras la police faire ?
— Tu sais où elle est ! Depuis tout ce temps, tu es au courant et tu nous fais poireauter ? Ce n'est pas un jeu, putain !
Gabriel était hors de lui et avait empoigné le col roulé de Béatrice qui ne semblait pas choquée outre mesure. Elle le regardait droit dans les yeux, toute lueur d'amusement avait déserté ses iris.
— Effectivement, ce n'est pas un jeu. La police a déjà le dossier original, ceci n'est qu'une copie pour vous. Parce que c'est beaucoup plus grave que vous ne le croyez. Ce qui va se passer là-bas, ce n'est pas un film, c'est la réalité. Il s'agit de la vie de votre amie, et celle-ci est réellement en danger.
— Gabriel, elle a raison. Lâche là.
Je m'étais exprimée d'une voix pleine d'aplomb alors qu'en réalité, il n'en était rien. La police était sur les traces de Thea, grâce au dossier de Béatrice ou non, peu m'importait tant qu'ils la retrouvent. Mais cette nouvelle était bien trop heureuse pour ne pas venir avec son lot d'écueils. J'ai toujours voulu minimiser les faits. Je me suis convaincue qu'il ne lui arriverait rien de mal tellement la perdre m'était insupportable. Mais être mise sur le fait accompli comme cela, c'était trop pour moi. Je comprenais désormais le comportement désinvolte de Béatrice. Quelque part, elle voulait nous préserver aussi.
Au diable l'automénagement.
— Béatrice, montre-nous ce que tu as, ordonnai-je.
Elle me toisa d'un œil circonspect avant de capituler en soupirant.
Elle nous dévoila les derniers clichés qui montraient une vieille bâtisse délabrée aux fenêtres soigneusement barricadées. Dimitri apparaissait de temps à autre, transitant divers objets à bout de bras ou transportant un sac à dos rapiécés à de multiples endroits. C'était les seules photographies qui étaient en couleur, probablement car elles étaient prises avec l'appareil photo personnel de Béatrice. Sur l'une d'entre elles, on apercevait clairement la voiture prise par une caméra de surveillance non loin du centre commercial, elle était garée dans un parterre qui manquait d'entretien, sur le côté de la maison vue plus tôt.
— Lorenzo est-il au courant de ce que tu détiens, de ce que tu nous montres ?
Gabriel s'était prononcé d'une voix au fond de laquelle grognait la colère de l'impuissance.
— Non, il m'a demandé la même chose que toi, à une exception près. Tu m'as sollicité pour retrouver Thea, alors que pour sa part, c'est Dimitri qu'il voulait. J'ai jugé qu'il valait mieux vous montrer cela à vous avant.
— N'es-tu pas loyale envers lui ? C'est ton employeur.
— La donne a changé. J'ai mes raisons.
Je n'avais cure de leurs questions de loyauté à deux francs. Je regardais encore un instant les clichés de la détective. C'était amplement suffisant, mais ce n'était pas tout. Béatrice tenait entre ses mains une enveloppe de papier kraft de laquelle on devinait une petite boursouflure. Elle l'ouvrit délicatement, comme s'il s'agissait d'une information précieuse. C'était une clé USB rudimentaire, sans fioritures.
De sa bavette, elle tira son ordinateur portable et inséra la clé dans le port adapté.
Une vidéo.
C'était une vidéo dont l'arrêt sur image nous montrait cette baraque de l'horreur. L'espace d'un instant, je n'avais plus envie de la visionner, je préférais ne pas savoir. Je venais pourtant de décider de ne plus me voiler la face. C'est Gabriel qui décida pour moi. Il se précipita vers l'appareil pour presser sur la touche qui permettait de lancer le petit film.
L'image tremblotait de temps en temps, sans plus. Une part de moi était rassurée.
Puis j'entendis.
Des cris d'abord, indubitablement féminins. Ils transportaient la rage, l'angoisse et la peur. Ces derniers me déchirèrent le cœur quand l'information monta jusqu'à mon cerveau. Thea. Ces cris lui appartenaient. Ils couvraient les grognements sourds de son ravisseur.
Gabriel avait empoigné mon poignet, il serrait si fort que la douleur en était presque insupportable.
Un fracas et un hurlement de douleur ensuite. D'une manière ou d'une autre, mon mal s'était envolé. Pourtant, un bref coup d'œil me suffit pour me rendre compte que la poigne de mon ami m'enserrait toujours.
Il n'y avait rien à voir, mais le fait de ne rien pouvoir visualiser exacerbait à outrance mon sens de l'ouïe. Chaque son qui provenait de ces maudits haut-parleurs se répercutait dans mon corps.
Les pleurs enfin. Désespoir, douleur et solitude.
Mes genoux se dérobèrent sous la pression. Gabriel se précipita sur les clés de voiture posées sur la table de la cuisine. Mais nous n'avions pas de voiture. J'avisai Béatrice qui s'approchait pour me relever, cela devait être la sienne.
— Rends-moi ça, assena-t-elle à l'encontre de mon ami. Tu n'es pas en état de conduire.
— Empêche-moi seulement !
— Je viens avec vous, je prends le volant. Tu es en état de marcher ? me glissa-t-elle pleine de sollicitude.
J'acquiesçai pour toute réponse.
Désespoir, souffrance et solitude.
Et je pleurai aussi.
**********************
Béatrice est entrée en action et a trouvé quelque chose
Mais arriveront-ils à temps?
On retrouve Thea la semaine prochaine!
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top