Chapitre 27

inspecteur Fraigneux


L'inspecteur Fraigneux avait envoyé une équipe interroger Camille Forrester et une autre essayer de retracer son trajet depuis le centre commercial. Retrouver la petite Thea Mareschal était devenu une priorité. Au plus les heures passaient et au moins les chances de la revoir en vie étaient élevées. Il devait aller voir les parents de ce Dimitri Sullivan, l'homme que les proches de la jeune femme désignaient comme coupable. L'hôpital dans lequel il était placé n'ayant pas fait avancer l'enquête, en savoir plus sur cet individu était leur dernière chance d'avoir un semblant de piste.


L'inspecteur Fraigneux se gara devant une maison de taille moyenne couverte de crépis à l'aspect entretenu. Le numéro sur la boîte aux lettres ne laissait aucun doute, c'était bien le domicile de Monsieur et Madame Sullivan.


Le policier observa son équipier, une jeune recrue, bomber le torse et raidir sa marche en direction du petit porche de la maison. Il était encore jeune, un bleu, mais son esprit vif annonçait une recrue de choix. Il manquait par contre de sang-froid sur le terrain, et l'inspecteur Fraigneux n'était pas certain qu'il sache prendre les décisions qui s'imposaient si une mission tournait au vinaigre.


Le bruit aigu de la sonnette résonna longtemps dans le vide avant que quelqu'un ne vienne ouvrir.


— Madame Sullivan ?


La femme d'âge mûr hocha brièvement la tête en resserrant les pans de son châle autour d'elle.


Elle portait ses cheveux noirs en une coupe courte et stricte. Elle paraissait maigrichonne, et son visage émacié resté pâle en dépit du fard qu'elle portait témoignait de la rudesse des épreuves de la vie.


— Pouvons-nous entrer ? Nous avons quelques questions à vous poser au sujet de votre fils, déclama la jeune recrue comme s'il récitait un texte appris sur le bout des doigts à un examinateur.


L'expression fatiguée de la femme se décomposa encore un peu plus, et des larmes vinrent humidifier ses yeux noirs et ternes.


— Il lui est arrivé quelque chose ?


Les deux policiers se jetèrent un bref regard, et l'inspecteur Fraigneux jugea qu'il valait mieux attendre que la pauvre mère soit assise.


— Allons dans le salon, voulez-vous ? Votre mari est-il présent ?


— Yvan ? cria-t-elle. Yvan la police est là !


Un homme, la cinquantaine bien passée émergea de l'étage. Il portait une chemise à l'allure impeccable ainsi que des petites lunettes rectangulaires. Ses cheveux et sa barbe qui devaient autrefois jurer avec l'ébène étaient désormais grisonnants et mal entretenus.


Les policiers le saluèrent brièvement et tous prirent place dans un petit salon aux couleurs sombres et aseptisé de toute photographie. Les fauteuils avaient déjà bien vécu, car l'assise s'affaissa significativement lorsque les deux membres des forces de l'ordre s'assirent.


L'inspecteur prit enfin la parole.


— Madame et Monsieur Sullivan, savez-vous où se trouve votre fils en ce moment ?


La mère coupa immédiatement son mari qui s'apprêtait à parler.


— Non inspecteur, la dernière fois que nous l'avons vu, c'était lors d'une visite à l'hôpital.


— Madame, je ne veux pas paraître abrupt, mais tout porte à croire que votre fils a enlevé la jeune Thea Mareschal. Vous devez nous dire tout ce que vous savez.


— Il a bon dos mon fils dès qu'un problème survint dans la famille Mareschal. Lorsque l'ainée est décédée, tous ont pointé Dimitri du doigt sans même chercher ce qui s'était réellement passé.


— Mais votre fils a pourtant avoué lors de son interrogatoire.


Le bleu avait parlé, il avait lu le dossier concernant le meurtre de Leah Mareschal et s'était retrouvé la gorge nouée devant les photos de la scène de crime. Face à tant de cruauté, il était difficile de garder son sang-froid et de rester objectif. Mais cette piqure de rappel eut pour effet de faire sortir la mère Sullivan de ses gonds. Furibonde, elle se leva de son sofa en pointant son index d'un air menaçant vers les deux policiers.


— Il a été manipulé ! Comment en aurait-il pu être autrement ? Tous ses psychiatres étaient d'accord pour dire qu'il n'avait plus aucun souvenir de cet après-midi-là. Vous voulez que je vous dise ? La ville entière s'est acharnée sur lui ! Ces bourgeois de Mareschal... je suis certaine qu'ils ont payé des pots-de-vin et usé de leur influence afin de faire porter le chapeau à mon fils. Vous voulez que je vous dise ? Leah Mareschal était une garce, un poison. Nul doute que ses parents l'avaient façonnée à leur image. Je ne serais pas non plus étonnée d'apprendre que cette gamine maintenant disparue se soit barrée afin d'échapper à sa famille de barges ! Ou qu'elle ait fini par se suicider. Laissez mon fils en dehors de ça !


— Maryse, commença son mari, cela suffit. Rassieds-toi et écoute ces messieurs. S'ils viennent ici, c'est qu'ils ont déjà quelques indices qui incriminent Dimitri. Tu sais ce qu'il est, tu ne peux pas nier qu'il soit capable de commettre ce genre de choses.


— T.. Tu, bégaya-t-elle, comment oses-tu te ranger de leur côté ?


Monsieur Sullivan l'ignora superbement alors qu'elle reprenait place assise, et fixa les deux membres des forces de l'ordre de ses yeux pâles.


— En quoi pouvons-nous vous aider ?


L'inspecteur Fraigneux fit taire son coéquipier d'un bref coup de coude dans les côtes.


— Votre fils, a-t-il un lieu, un endroit où il aime se rendre, où il se sent en sécurité ?


— C'est pourtant évident, tempêta Madame Sullivan, c'est ici que Dimitri se sent le mieux ! Nous sommes les seuls à l'avoir soutenu.


— Pourtant, hasarda la recrue, Dimitri n'a plus aucun domicile légal, aux dernières nouvelles, vous l'avez radié lors de sa sortie de l'hôpital. Vous affirmez également ne plus l'avoir vu depuis plusieurs mois. Connaissez-vous un autre endroit ? Un oncle, une tante ou un autre membre de la famille ?


— Cette ville. Monsieur Sullivan s'était prononcé d'une voix blanche. Dimitri était, et est toujours, obsédé par Léah Mareschal. Responsable ou non, sa mort l'a complètement détruit. Tout ce qui touche de près ou de loin à cette jeune fille est susceptible d'attirer mon fils. Elle a été enterrée dans le cimetière de cette ville, si Dimitri est quelque part alors que la jeune sœur Mareschal est portée disparue, il est ici.


— Tu n'en sais rien Yvan !


— Pourtant toi aussi tu le sais, Maryse.


La femme referma prestement sa bouche qui s'apprêtait encore à protester.


C'était plus que ce que l'inspecteur Fraigneux espérait en allant trouver Monsieur et Madame Sullivan, mais cela n'était toujours pas suffisant. La jeune fille était déjà portée disparue depuis plus de quarante-deux heures, et au plus on tardait à suivre la piste, au moins les chances de la retrouver en vie étaient élevées.


Désormais, ils pouvaient poser des balises afin de délimiter une zone et de quadriller tout le terrain. Le secteur restait large, est au sein d'une ville, les chiens ne serviraient pas à grand-chose. Si la jeune Thea Mareschal se trouvait bien quelque part dans cette ville, à plus de soixante kilomètres de l'endroit où elle a été vue pour la dernière fois, elle avait forcément été déplacée en voiture. Ils devaient récupérer toutes les bandes des caméras de surveillance des parkings proches du centre urbain.


— Madame, Monsieur, je vous remercie pour votre aide et pour votre temps. Nous allons prendre congé.


Les deux policiers se levèrent et Madame Sullivan les raccompagna sèchement à la porte.


Une fois devant la voiture, l'inspecteur fraigneux sortit son téléphone de sa poche. Il composa le numéro de l'un de ses collègues, mais avant d'appuyer sur l'écran afin de lancer l'appel, il se tourna vers son coéquipier.


— Au fait, Luytens, la prochaine fois qu'on a un interrogatoire délicat à mener, ferme-là.


De l'autre côté du fil, l'inspectrice Moreau décrocha.


— Moreau, ici Fraigneux. La jeune Mareschal a forcément quitté la ville avec un engin à moteur. J'aimerais que vous vérifiiez toutes les caméras de surveillances disponibles sur les parkings avoisinant le centre-ville, cherchez tout ce qui paraît suspect. Contactez également les entreprises qui détiennent les parkings payants, on ne peut rien laisser au hasard. Si on a une plaque, on trouve la gamine.


L'homme raccrocha aussitôt l'approbation de l'inspectrice Moreau donnée et s'apprêta à monter dans son véhicule.


— Allez, Luytens, on se rend au poste de la police locale.


Une voix de femme en colère ainsi qu'un bruit de course parvint aux oreilles des deux membres des forces de l'ordre.


— Yvan, vociférait-elle, Yvan je te l'interdis !


Madame Sullivan s'était arrêtée en pleurs sur le pas de son porche alors que son mari remontait l'allée en courant.


— Attendez, Inspecteur, s'il vous plait !


— Monsieur Sullivan ? Vous avez quelque chose à ajouter ?


— Une adresse ! Il y a quelques années, nous avons hérité d'une vieille maison qui appartenait à une tante. Cette dernière était complètement à rénover, mais nous n'avions pas l'argent. Nous nous sommes contentés de la vider de fond en comble et de la laisser pourrir. Elle se trouve à l'écart de la ville, mais est relativement proche de l'ancien domicile des Mareschal. Je ne vous promets rien, mais cela vaut le coup de chercher, Dimitri avait connaissance de cet endroit. Il est instable, dans ces moments-là il recherche des lieux, des habitudes qu'il connaît, l'inconnu l'effraye.


— Je vous remercie infiniment pour votre aide Monsieur Sullivan, vous venez probablement de nous faire gagner un temps très précieux !


— S'il vous plait, retrouvez cette jeune fille, et si mon fils est impliqué, arrêtez-le !

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Je suis encore en retard!!! Pour ma défense, je suis en blocus, donc n'ai pas forcément la tête à poster ;) Encore quelques semaines à tenir avant de retrouver une publication régulière!!!


J'espère que l'on se retrouvera jeudi pour un nouveau chapitre!


Des bisous,

Clara

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