Chapitre 25 - Partie 2
Comme promis, la suite de ce chapitre 25 :D
Vous voulez la bonne nouvelle? J'ai réussi mon examen du jour :p
Bonne lecture ;)
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Thea Mareschal
Dimitri rampa dans un coin de la pièce en murmurant des paroles qui m'étaient incompréhensibles. Les seuls mots qui me parvinrent furent « Léah » et « désolé ». Il atteignit le mur à ma gauche et se releva péniblement. Il avait cessé de murmurer. Soudain, il projeta plusieurs fois sa tête contre la pierre brute en hurlant.
Il revint vers moi, titubant, et le front ensanglanté. Il m'entoura le visage de ses mains moites et le haut de son visage contre le mien. Nos nez pouvaient pratiquement se toucher.
— Léah, gémit-il. Je te jure que je ne t'ai pas tuée, ce n'était pas moi. Mais j'ai beau tout essayer pour me souvenir, rien ne marche. S'il te plait, donne-moi de la force.
— Je ne suis pas Léah, chuchotais-je péniblement en retour.
Une gifle monumentale qui me fit tourner la tête accueillit ma réponse.
— La ferme ! beugla-t-il.
L'instant d'après, il me caressait la joue qu'il venait de meurtrir.
— Excuse-moi. Je suis désolé Léah, je ne pensais pas, je ne voulais pas. Tu dois comprendre, tu dois me comprendre.
Il avait complètement perdu l'esprit, mais tant qu'il me considérait comme ma grande sœur, je semblais ne rien craindre. Alors je décidai de me glisser dans le rôle de la reine des fleurs.
— Tu ne veux pas faire ça Dimitri. Tu ne veux pas me faire ça.
— Tu es morte !
— Je suis juste là, devant toi. Regarde-moi dans les yeux Dimitri.
Il m'obéit, le blanc de ses yeux me paraissait rouge tellement le sang coulait du haut de son visage. Les cheveux qui encadraient ses traits maigres étaient devenus gras sous le liquide poisseux. Il ne semblait se soucier de rien de tout ça.
— Je ne voulais pas. Gémit-il.
— Je sais. Détache-moi, autrement je vais vraiment finir par mourir.
— Pourquoi n'es-tu plus auprès de moi ?
— Je suis là, juste là. Dimitri, je suis blessée, aide-moi.
— Non. Non, non, non.
— Écoute-moi...
— Pourquoi n'es-tu plus auprès de moi ? Ils pensent tous que c'est moi qui t'ai tuée. Mais tu sais bien que c'est faux, tu étais là, tu l'as vu. Dis-moi, qui a fait ça ? Il me crachait au visage à mesure qu'il éructait ces mots emprunt de l'odeur nauséabonde de son vomi.
— Je ne sais pas.
Ce fut mon erreur, l'espace d'un instant, j'étais sortie de mon rôle. Je venais de raviver une lueur de lucidité dans les pupilles folles de mon ravisseur. Il s'appuya sur mes genoux pour se pencher en avant, et j'entendis la lame du Santoku racler brièvement contre le carrelage.
— Non, s'il te plait Dimitri. Tu ne veux pas faire ça. Tu m'entends ? Je suis Léah, je ne suis pas morte, s'il te plait, lâche ce couteau.
La rage déforma ses traits.
— Mais tu es morte ! tempêta-t-il.
Dans un mugissement empli de fureur, il enfonça à nouveau la lame couverte de sang séché dans mon autre bras, coupant ma peau aussi facilement que du beurre. Je poussai un hurlement, accompagnant la douleur qui se ravivait après s'être imperceptiblement tarie.
La rage aidant, il avait coupé mon artère radiale. Mes globules rouges s'échappaient de mon poignet au rythme de mes pulsations furieuses.
Mon agresseur s'effondra en geignant tandis que je m'agitais frénétiquement sur ma chaise, tirant sur mes liens rougis par mon sang. Je pleurais également, de douleur, de désespoir, de colère aussi.
— Arrête putain, j'en peux plus merde !
— Je suis désolé, je suis désolé, je ne voulais pas, pardon. Je t'en prie, Léah, pardonne-moi.
Nous parlions en même temps, chacun de notre côté, sans écouter l'autre, nous nous adressions au néant, priions le silence.
La douleur lancinante me privait de toute pensée cohérente, mes cils noyés de larmes me rendaient aveugle, et mon fluide vital me démangeait les bras. Je tentais, à l'aveugle, de desserrer les nœuds qui continuaient de m'emmener vers un destin funeste. J'essayais d'utiliser mon sang pour faire glisser mes mains sous cette maudite corde, malheureusement une partie de celui-ci avait déjà coagulé, rendant mes liens plus rigides encore.
Je pleurais de mes larmes sèches et acides dû au manque d'hydratation. Ma tête me tournait désagréablement, semblant souhaiter m'emmener vers les profondeurs du monde sans conscience, où elle me murmurait chaudement que je n'aurais plus à souffrir. J'avais mal. Extrêmement mal. Quand une douleur semblait m'assommer pour de bon, trop difficile à supporter, d'autres élancements me ramenaient dans la violente réalité, dans les maux qui me transperçaient de leur affligeante réalité.
Mon esprit vagabondait parfois, me réchauffait dans ses délires du passé, quand rien n'avait encore basculé pour m'inciter à me laisser aller sous les flots tumultueux, me priant de me laisser couler dans les eaux sombres et placides des défunts. Mais à chaque fois que je me laissais, que je souhaitais m'abandonner au doux miel de la mort, Léah et Gabriel s'imprimaient par flashs sur mes rétines, exigeant que je persiste dans mes efforts pour rester éveillée.
« Encore un peu », me susurrait ma grande sœur.
« Accroche-toi », m'ordonnait Léah.
Mes yeux mi-clos et ma conscience diminuée par la douleur, la fatigue et les carences me balançaient allègrement d'un monde à l'autre sans jamais se décider.
Que souhaitais-je réellement ? Je ne savais plus.
Dimitri, quant à lui, n'avait jamais semblé aussi instable. Il paraissait tout comme moi pris entre deux mondes, bien que radicalement différents de ceux qui s'offraient à moi.
Désormais, il se cognait les tempes du manche de son couteau coiffé de mon fluide vital, faisant tomber les gouttes tièdes sur le sol froid.
Je n'avais même plus la force de l'implorer de s'arrêter, de me soigner ou de me libérer. J'étais trop loin, noyée par les souvenirs qui bataillaient pour être remémorés avant le voyage final.
— Pourquoi je ne me souviens pas ?
Je restai muette, craignant de raviver sa folie meurtrière si je prononçais un mot de travers. J'attendais. Que l'inconscience me prenne, que Dimitri me libère, que l'espoir renaisse, que la mort vienne. Je ne savais guère ce que je souhaitais. Peut-être tout cela à la fois, peut-être aucune de ces choses. Je n'avais qu'un souhait, que les choses ne restent pas en l'état. L'état d'expectative dans laquelle mon ravisseur m'avait plongée de force me pesait. Je crevais littéralement de trouille.
— Je dois aller me débarbouiller, toute cette sueur et tout ce sang m'empêchent de me libérer l'esprit.
Sa simple phrase sonna comme une sentence à l'intérieur de moi. Il allait me laisser là, encore une fois. J'attendais pou rien, les choses allaient réellement rester comme cela.
— Non. Non, s'il te plait, tu ne peux pas me laisser comme ça.
— Je reviens.
— Quand tu reviendras, je serai déjà certainement morte ! Comment te souviendras-tu de cet après-midi-là alors ?
— Alors, ne meurs pas, eut-il le culot de m'ordonner.
Je ne le voyais plus, mais je l'entendis monter les marches de l'escalier qu'il m'avait fait emprunter quelques heures auparavant.
La gorge offerte aux courants d'air, et les yeux essayant de percer au-delà de ce maudit plafond décrépi, je poussai un mugissement de bête à l'agonie vers le ciel. Mais ce sont les murs nus et délabrés qui répercutèrent mon écho.
***
Qu'en avez-vous pensé?
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