Chapitre 25 - Partie 1
Bonsoir à toutes et à tous :). Excusez-moi pour le manque de publications...mais je suis dans une grosse période d'examen, et même si les chapitres sont prêts, j'oublie souvent de les poster. MEA CULPA.
Pour me faire pardonner...la suite du chapitre 25 sera déjà disponible demain!
à votre avis, Dimitri est-il vraiment capable de faire du mal à Théa?
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Thea Mareschal
De légères claques sur mes joues me ramenèrent progressivement dans l'âcre et douloureuse réalité.
— Ce n'était vraiment pas le moment de tomber dans les pommes !
La voix impatiente de mon ravisseur finit de me faire ouvrir les yeux qui, jusque là, se contentaient de papillonner.
— Nous avons encore beaucoup de choses à faire, et il va falloir s'activer, je crains que l'on ne commence à te chercher.
J'étais beaucoup trop abasourdie pour pouvoir répondre quoi que ce soit. Dimitri voulait reproduire le meurtre de ma grande sœur, mais pas comme dans les films, avec un mannequin, des images de synthèses, des acteurs et des équipes d'experts pour aider. Non, il allait reconstituer cet après-midi funèbre avec ce qu'il avait sous la main, c'est à dire, moi.
Il s'essuya une nouvelle fois les mains contre son pantalon. Il portait un t-shirt, et il commençait à suer malgré les courants d'air froid qui parcouraient régulièrement la pièce.
— Te souviens-tu, de la manière dont se tenait Léah sur cette chaise en bois ?
Ô que oui je m'en souvenais. Elle était telle une poupée de cire endormie, parfaitement apprêtée pour une scène de cinéma millimétrée.
— Elle était... théâtrale. C'était la créature la plus belle et la plus mystérieuse que j'ai jamais vue. Tu sais, depuis ma sortie de cet hôpital, j'ai passé beaucoup de temps à observer le monde qui m'entourait. Je recherchais la même prestance que celle qui émanait de notre reine. Je n'ai trouvé que des visages ternes, camouflant leur médiocrité derrière leurs grands airs. Et puis, je suis tombé sur un vieil article de journal, il s'agissait d'un cliché dérobé lors de son enterrement. Tu étais sur cette photo, photographiée à ton insu, tu ne prêtais pas attention aux regards extérieurs. Je ne pensais qu'à Léah, j'avais oublié tout le reste. Mais en découvrant cette feuille de chou, je me suis souvenu. La reine avait une jeune sœur. Tu n'as pas son panache, mais vous avez les mêmes airs de noblesse. Nul doute que vous émaniez de la même famille. Cela sera compliqué de tout reconstituer à l'identique, je compte sur toi pour coopérer. Nous allons d'abord t'asseoir à l'envers sur la chaise. Je la vois encore dans cette position, le menton posé sur le dossier, le visage serein.
Dimitri me détacha les membres, la pointe de son coutelas défilant doucement contre ma peau comme une piqure de rappel de ce qui m'arrivera si je tentais quoi que ce soit.
Il me renoua les cordes autour de mes bras rapidement, liant mes poignets ensemble sur le dossier de la chaise, les paumes vers le haut. Je jouais avec les doigts afin d'essayer d'atteindre le nœud, mais il avait pris soin de placer le point d'attache sur le dessus de mes mains, hors d'atteinte pour moi avec une amplitude de mouvement aussi limitée. Avoir les coudes et les épaules ainsi tordues m'était désagréable et légèrement douloureux. Mes pieds ne touchaient pas le sol, mes jambes étaient pliées d'une façon qui rappelait les cuisses de grenouilles.
Mon ravisseur recula d'un pas pour admirer son œuvre, mais il tiqua sans une once de pitié pour ma position plus qu'inconfortable.
— Je te signale que ta sœur avait une expression beaucoup plus sereine et détendue. Là tu as l'air terrorisée.
Il soupira avant de se détourner de moi.
— Bon, je suppose qu'au vu des circonstances, c'est toujours mieux que rien.
Il fouilla dans son sac à dos pour récupérer le Santoku qu'il avait précédemment volé. Je déglutis bruyamment. Ma naïveté, s'agitait terrorisée dans un coin de mon esprit, persuadée que ce n'était que du bluff, et qu'il était impensable qu'il mette ses menaces à exécution.
C'est le meurtrier de Léah, il compte te tuer exactement de la même façon, bien sûr qu'il en est capable, vociféra ma conscience, affolée elle aussi.
Il observa son arme, et sa glotte fit un rapide aller-retour.
— Bien, commençons.
Il s'approchait dangereusement de moi, mais je n'avais d'yeux que pour ce maudit couteau. Je maudissais les Japonais d'avoir inventé des lames aussi tranchantes sans se douter qu'elles pourraient servir à autre chose que pour la cuisine. Ma conscience avait néanmoins encore assez de lucidité pour me rappeler que ce type de lame devait déjà exister depuis un moment, mais que mon aversion pour l'histoire avait dû me faire oublier.
Je prenais pleinement conscience de ce qui menaçait de se produire à mesure qu'il approchait la lame de mon avant-bras. Mon instinct de survie prit le dessus sur tous mes autres sens, je me débattis de toutes mes forces, tirant de plus belle sur mes liens, ignorant la souffrance qui en résultait.
— Attends, Dimitri, je... tu n'as pas besoin de faire ça ! C'est bon, je te crois, tu n'as pas tué ma sœur, alors s'il te plait... je t'en supplie, relâche moi. On oubliera toute cette histoire, je te le promets.
— Tu ne comprends pas ! hurla-t-il.
Toute sanité mentale avait disparu de ses yeux. La peau de son visage luisait, et semblait poisseuse.
— Tu ne me croiras pas, jamais, si je ne te montre pas que je n'ai pas pu faire ça ! Ce qu'on a voulu vous faire croire est trop ancré dans vos esprits, à tel point que même moi, j'ai vraiment cru que je l'avais tuée. Mais plus maintenant. J'en ai l'intime conviction, il ne me reste qu'à le prouver au monde, qu'à me le prouver.
— Pourquoi ? Que retires-tu de tout ça ?
— La preuve irréfutable que je ne suis pas le meurtrier de la seule personne que j'ai jamais aimée. Je pourrai partir à la recherche du véritable coupable. Cesse de m'interrompre maintenant, ça m'ennuierait de devoir te coller du scotch sur la bouche pour avoir un peu de silence !
Il reporta son attention sur mon bras tandis que je l'observais, n'osant plus effectuer le moindre mouvement de peur d'accélérer le programme de mon ravisseur. Quand ma peau entra en contact avec la froideur terrifiante de la lame du Santoku, je ne pus réprimer un sursaut de terreur.
Sans que je ne m'en rendisse compte, les larmes commencèrent à abreuver mes joues sèches.
Un sanglot de douleur et de peur m'échappa lorsque le couteau mordit ma chair dans une fine, mais longue estafilade sur mon avant-bras.
— S'il te plait, gémis-je, arrête. Tu me fais mal.
— Tais-toi !
Il se redressa brutalement et entreprit de tourner autour de ma chaise, augmentant par là mon niveau de stress qui avait explosé mon stresso-mètre depuis longtemps déjà.
— Je dois le faire. Je dois le faire. Je dois y arriver.
Il se pencha à nouveau sur moi aussi vite qu'il s'était relevé, et sans aucun ménagement, me planta le couteau dans la fine plaie qui avait cessé de saigner et m'ouvrit beaucoup plus profondément jusqu'au poignet. Je hurlai de concert avec son mouvement. La douleur submergea mon être aussi violemment qu'un raz de marée, déchirant toute once de clarté dans mon esprit comme si elle n'avait été qu'un simple voile fragile.
Mon sang s'échappait à grosses gouttes de ma large plaie. Le flot était continu, mais Dimitri n'avait pas du couper d'artères, car il n'était pas trop conséquent. La couleur de ma chair disparaissait lentement sous l'hémoglobine. Je pleurais, diluant le fluide poisseux de mes larmes.
Mon ravisseur lâcha le couteau qui heurta le sol dans un tintement sourd et remit le contenu de son estomac à mes pieds. Je réprimai également un haut-le-cœur quand j'entendis son estomac se tordre pendant qu'il se vidait. Il ne prit même pas la peine de s'essuyer la bouche avant de se tenir la tête entre les mains.
— Pourquoi je n'y arrive pas ? Le plan était pourtant extrêmement simple !
Il se laissa tomber sur son arrière-train devant moi. Il se frappait frénétiquement la tête de ses poings, sanglotant pratiquement autant que moi.
Je n'osais plus parler, de toute façon, je n'étais présentement pas capable de prononcer une phrase cohérente, trop concentrée sur la douleur perçante de mon bras.
Toutefois, une pensée qui se mua en poison insidieux chargé de désespoir germa au plus profond de mon âme.
J'allais probablement mourir.
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