Chapitre 2
Thea Mareschal
Je me tenais devant ce qui allait devenir mon nouveau chez-moi. Le cœur battant, j'introduisis la petite clé en argent dans la serrure. Le cliquetis du mécanisme me fit frissonner. Mon chez-moi. Cette pensée tournait en boucle dans ma tête. Au moment où j'ouvrirai la porte, tout mon quotidien s'effondrera pour que j'en construise un nouveau. Un quotidien où je suis plus indépendante, où je décide de quand, ou si, je fais le ménage, où je râle quand je dois sortir de mon lit pour remplir le frigo. Où je dois me rendre dans la cuisine pour me faire à manger et ne plus attendre que tout arrive tout fait dans mon assiette.
J'entrouvris la porte et j'eus l'impression que son grincement allait devenir l'un des sons que j'aimerai le plus entendre le soir en rentrant.
Je n'eus pas le temps de savourer la décoration. Une masse de cheveux châtains me sauta littéralement dans les bras avec un hurlement de joie. Je reculai sous son poids et mes bras battirent l'air avant de se résigner à l'étreindre en retour.
Andy.
Aucun mot ne pouvait décrire à quel point elle m'avait manqué. Alors je me contentais de la serrer ; fort ; dans mes bras.
Nous avions décidé de cohabiter sur un coup de tête il y a deux mois. Nous trouvâmes une petite location de quatre personnes. Trois de ses habitants quittaient le bâtiment et nous sautâmes sur l'occasion.
Si j'étais heureuse de partir vers l'inconnu, j'étais rassurée d'avoir quelqu'un à mes côtés pour partager cette expérience.
Elle s'éloigna pour me regarder de bas en haut et poussa un sifflement admiratif.
-Tu n'as pas chômé ces derniers-temps !
Je pris moi aussi un peu de temps pour l'observer. Elle avait toujours ses longs cheveux noisette et sauvages qui venaient lui chatouiller le creux des reins. C'était le genre de beauté capillaire pour laquelle on tuerait afin d'avoir la chance de se pavaner avec une telle crinière ne serait-ce qu'une journée. Ses immenses yeux verts pétillant de joie étaient comme dans mes souvenirs. Mais elle était plus grande, plus fine et seule sa poitrine volumineuse tranchait sur un corps presque androgyne.
Andy était l'une des seules personnes avec qui j'avais gardé un contact régulier après mon départ -si l'on considérait les réseaux sociaux comme étant un moyen de contact standard. Avec nos occupations respectives, sans oublier de mentionner la distance, nous ne nous étions vues que deux fois en trois ans. Bon, d'accord, la distance c'était une excuse, je ne voulais pas prendre le risque me retrouver face à ce dont j'avais tourné le dos. C'est donc elle qui avait fait l'effort de se déplacer à chaque fois. Oui, j'avais de la chance qu'elle ne m'ait pas tourné le dos au vu de mon manque d'implication dans nos retrouvailles. Elle était la seule chose avec ma mère qui me liait à mon ancienne vie. Et c'était déjà amplement suffisant.
Andy était arrivée quatre jours plus tôt. Elle avait déjà eu le temps de s'installer et de dresser la liste de tous les lieux incontournables de la ville que je lui avais envoyée. « Je ne veux pas paraître comme une totale Newbie à côté de toi quand j'arriverai », m'avait-elle dit.
Vers trois heures de l'après-midi, mon amie décréta qu'il fallait absolument que nous allions manger.
-Sur-le-champ. Décréta-t-elle après que mon estomac se soit manifesté de manière outrageante.
Alors qu'Andy déboulait surexcitée dans le salon, ses petits sauts de joie s'accentuèrent et se dirigèrent vers la cuisine, m'intimant à la rejoindre.
-Théa viens!
Je la suivis, un sourire léger flottant sur mes lèvres. Que c'était bon de la voir comme ça! De la voir tout court.
Cette fois, je pris le temps d'observer l'intérieur. Le salon n'était pas grand, mais la peinture d'un blanc crème le rendaient lumineux, seul le mur qui accueillait la télévision était recouvert de lattes horizontales en bois se déclinant dans un camaïeu de gris et de beiges. Les lattes avaient été collées dessus donnant du relief au mur. Dans les coins se trouvaient deux étagères blanches. Une table basse noire et carrée trônait devant ce mur ce qui donnait de la rigueur et de la géométrie à la pièce, la rendant plus cohérente. La table était entourée d'un sofa d'angle de la même couleur que les murs, et un peu plus loin, l'escalier en fer anthracite menant à deux des chambres et à une salle de bain, rajoutait une touche urbaine au tout ce qui donnait un léger style industriel. Cet appartement était encore plus beau que sur les photos de l'annonce.
J'atteignis la cuisine et compris la raison de l'excitation d'Andy. Un gars de taille moyenne -mais toujours plus grand que moi- et au corps mince avec une épaisse chevelure blonde était appuyé contre la cuisinière. Son sourire blanc de dix-mille volts plaqué sur le visage faisait danser ses yeux marron.
-Théa, je te présente Arthur.
-C'est donc toi, la fameuse top-cool colocataire dont cette pile électrique n'a pas arrêté de me parler dès le premier jour.
-Et tu n'as encore rien vu. Cette pile électrique est autorechargeable.
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