Chapitre 18 - partie 3
Cette partie est pour toi <3, parce que je sais que tu l'attendais ;)
Bonne lecture :)
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Thea Mareschal
Je poussai la porte d'entrée, ignorant, une fois n'est pas coutume, son grincement que j'aimais tant.
Mes chaussures, pourtant imperméabilisées, n'avaient pu protéger mes pieds du déluge qui faisait rage dehors. Je les enlevai sans prendre le temps de me délacer, et les laissai trôner dans le vestibule, trop fatiguée pour m'en inquiéter. Je pris néanmoins le temps de ranger rapidement mes courses que je détestais désormais, à cause des émotions qu'elles m'avaient fait subir. Qui sait, si je ne m'étais pas arrêtée en ville pour me ravitailler, peut-être que rien de cela ne se serait produit. Et j'aurai certainement évité la pluie.
La pluie.
Cette dernière, que j'aimais sentir sur ma peau en temps utiles, était définitivement bannie de la liste de choses que j'appréciais. Mon manteau était lourd, nul doute que je pouvais l'essorer et récupérer de quoi me faire un bain. Il rejoignit mes chaussures dans l'entrée, et mon écharpe échoua sur le radiateur du hall.
Un bain.
À cet instant, je rêvais d'un bain. Ma salle d'eau n'en possédait pas, mais nul doute que la belle et grande douche ferait l'affaire. Avec de l'eau chaude, très chaude. Rien à voir avec cette foutue pluie.
Mes instincts reprirent le dessus, machinalement, je pris la direction de ma chambre, commençant à me débarrasser des vêtements qui me collaient désagréablement à la peau dès le chambranle de mon cocon. Je ne leur jetai pas un regard en arrière.
J'arrivai devant la porte qui menait à la salle d'eau que je partageais avec Andréanna vêtue uniquement de mes sous-vêtements. Cette dernière organisait un événement ce soir, j'avais la certitude de pouvoir disposer librement de la douche. Et celle-ci allait être longue.
Un frisson de bien-être me parcourut rien qu'à l'idée de me perdre dans le nuage de vapeur réconfortant, de détendre mes muscles congelés et endoloris sous l'eau chaude, de sentir ses gouttes ruisseler négligemment sur ma peau.
Le cœur empli d'attente dans l'allégresse imminente, j'ouvris la porte.
Dans mon éreintement, je n'avais pas entendu que l'eau coulait déjà. La pièce était déjà brumeuse et un homme se prélassait derrière la vitre du pare-douche. Gabriel.
Je refermai vivement la porte qui séparait ma chambre de ma salle d'eau bien aimée. Mais que faisait-il là ? Arthur et lui possédaient leur propre salle de bain à l'étage ! Je m'appuyais contre la porte que je venais de claquer, désemparée et cruellement frustrée. Je frissonnais toujours, mes cheveux dégoulinaient sur le sol de ma chambre.
J'étais absente du monde réel, occupée à essayer de reprendre mes esprits pour entendre la clenche s'actionner. Je partis en arrière avec mon support qui s'ouvrait, trop incrédule et fatiguée pour que mes réflexes s'actionnent. Mon dos claqua durement sur de la peau encore légèrement humide et chaude, délicieusement chaude.
Gabriel.
Trop abasourdie pour réagir immédiatement, son bras glissa sous ma poitrine, me maintenant avec force contre lui. Je sentais son sourire narquois dans ma nuque alors qu'il prenait conscience de la tenue –ou plutôt, l'absence de tenue- dans laquelle je me trouvais.
Son torse se décolla de moi légèrement et ma conscience osa pousser un gémissement de mécontentement. Ses cheveux humides me chatouillèrent la joue quand il vint déposer un baiser sur mon épaule, mordant ma peau au passage.
-J'aurais aimé te proposer de partager ma douche avec toi, mais tu es ressortie si rapidement que je n'ai pas eu le temps de prononcer un mot.
Ses lèvres trouvèrent ma nuque et ma mâchoire, finissant chacun de ses bisous par une morsure beaucoup trop douce et prudente pour être douloureuse.
Je me débattis légèrement, plus pour la forme que par réelle nécessité, et il raffermit encore un peu plus sa prise autour de moi.
-Que faisais-tu dans notre salle d'eau à Andy et moi ?
-Ce serait vraiment dommage de ne pas profiter ensemble de cette magnifique douche à l'Italienne, tu ne crois pas ? C'est bien à cela que ça sert.
Il avait chuchoté sa supplique la tête enfouie dans le creux de mon cou, son souffle annonçant des promesses de canicules à ma peau transie.
-Tu disposes d'une baignoire à l'étage avec Arthur.
-Elle est trop petite pour nous deux.
-Pour Arthur et toi ? Je suis certaine qu'il y a moyen de s'arranger pour que vous rentriez à deux dedans.
Il grogna contre moi et suçota ma chair un peu plus fort.
-Ne joue pas à la plus maligne Thea, cette fichue baignoire manque cruellement d'espace pour toi et pour moi...
Sa langue vint apaiser les rougeurs au-dessus de ma clavicule.
-...ensembles.
J'avais l'habitude de me sentir extrêmement gênée dans ce genre de situations, mais étrangement, pas cette fois. Je me sentais bien, exactement là où j'avais envie d'être. À ma place.
J'essayais d'imaginer Camille à la place de Gabriel et me demandai comment j'aurai réagi. Certainement pas comme ça. J'aurais probablement tout fait pour me dégager au plus vite, me serais cachée derrière une excuse pitoyable et en aurait fait baver à mon ex-cher et tendre pour retrouver un contact plus intime.
Un frisson d'appréhension me parcourut, et Gabriel se recolla à moi pour diffuser un peu plus de sa chaleur.
-Tu as les cheveux trempés, je ne peux m'empêcher de t'imaginer sous les jets d'eau torride avec un autre. Cet autre.
Il avait prononcé ces derniers mots avec hargne et douleur à la fois, comme si penser à Camille lui coutait.
Cela te coute aussi.
-Au cas où tu n'aurais pas remarqué, murmurai-je, c'est le déluge dehors.
-Au cas où tu n'aurais pas remarqué, j'étais sous la douche avant que tu ne m'interrompes, même si je dois avouer que cette intrusion n'était pas pour me déplaire, dommage qu'elle ait été si courte !
D'accord, il marquait un point.
-Excuse-moi d'avoir été perturbée de te trouver dans la salle d'eau que je partage avec Andy. Que faisais-tu là d'ailleurs ?
-Arthur mettait trop de temps ! Il a tendance à s'accaparer notre salle de bain et j'en avais assez d'attendre !
-Et tu ne pouvais pas lui demander d'accélérer un peu ?
Pas de réponse, c'était à mon tour de grappiller un point.
Nous étions toujours dans la même position, mon dos contre son torse et son bras sous mon soutien-gorge. Il ne ressentait apparemment pas le besoin de bouger et il recommença à parcourir ma nuque de ses baisers mordants.
Était-ce parce qu'il avait peur de perdre le contact avec moi ? Je ne savais ce qu'il pensait réellement. Gabriel avait toujours été protecteur envers Andréanna et moi, mais il l'avait également été envers William et Bénédicte, et dans une moindre mesure, envers Leah. C'était sa nature, il veillait sur les autres de loin.
Cependant, comment devais-je interpréter ses rentre-dedans récents ? Cela outrepassait sans l'once d'un doute ce que Lorenzo avait pu lui demander.
Vas-y. Tu en as envie.
Et je ne pouvais donner tort à celle qui raclait dans les moindres recoins de mon âme afin de faire surgir mes véritables sentiments aussi cruels et inavouables étaient-ils.
Soudainement, je ressentais le besoin de bouger, je m'arrachai avec véhémence à sa prise. Il me laissa faire, sentant qu'il en avait peut-être trop fait.
Je lui fis finalement face, plantai mon regard dans le sien. Une lueur de tristesse et de regret venait de disparaître afin de laisser place à une flamme brûlant d'attente et ...de désir ?
Une synapse disjoncta dans mon cerveau, les connexions ne se firent plus correctement. Au diable la bienséance et la retenue.
Je me jetai au cou de Gabriel, le forçant à courber l'échine pour me permettre d'atteindre ses lèvres des miennes. De la surprise, il passa rapidement à la ferveur. Répondant à mon chaste baiser avec ardeur, le transformant en une passion dévastatrice brûlant d'être rassasiée.
Ses lèvres étaient dures et douces à la fois, j'explorais sa bouche de ma langue, caressant la sienne par des petits à-coups fugaces.
Ses mains parcouraient avidement mon corps comme s'il avait attendu de nombreuses années se contentant d'observer sans pouvoir jamais rien toucher. Ses paumes rugueuses dégageaient une chaleur à laquelle ma peau réagissait par de légers picotements loin d'être désagréables.
Je pouvais me perdre pour l'éternité, je n'avais plus besoin de souffle hormis le sien, d'autre chaleur que la sienne.
Ma conscience soupirait d'aise, me coulant un peu plus fort contre lui, me faisant tendre vers ses paumes.
L'espace d'un instant, j'envisageais sérieusement de l'avoir, cette douche à deux. Je le poussai d'ailleurs dans ma salle d'eau, accélérant la cadence de nos caresses.
Mais mon esprit était beaucoup trop retors pour me permettre ce moment de bien être. Il imposa l'image de Camille dans le fond de mes rétines, l'air abattu, la main tendue et la petite voix chuchotant « c'est mal » qui va avec.
L'effet fut d'une radicale efficacité. Coupant court à nos ébats naissants, je le poussai violemment en dehors de la pièce, l'enfermant dans ma chambre grâce à la clé que possédait la serrure. Chose faite, je m'empressai de faire de même avec la porte communiquant vers la chambre d'Andréanna, de peur qu'il ne tente de se frayer un chemin par là.
Il tambourina furieusement contre la première ouverture, visiblement vexé.
-Thea ! Thea merde, qu'est-ce qui te prend ?
J'approchai doucement, sachant qu'il ne pouvait pas me voir, et posai ma paume sur le mur, vers là où je pensais qu'il se trouvait.
-Camille, dis-je la voix douloureuse.
-Putain ! C'est la deuxième fois que ce tocard nous interrompt tu te rends compte ? Et cette fois il n'est même pas là ! Fais chier, Thea. Ose me dire que tu n'as pas aimé ! Ose me dire que ce n'est pas toi qui au final a conclu le pas final !
-Justement Gabriel, c'est mal !
-Ce n'est pas mal ! Ce mec est un véritable connard, il n'a aucun respect pour toi, pourquoi devrais-tu en avoir envers lui ?
Vu sa colère, il valait mieux pour moi que je ne lui annonce pas ma récente rupture avec Camille. Il ne comprendrait pas.
-Laisse-moi le temps de digérer certaines choses, Gabriel, c'est compliqué.
-Il n'y a rien de compliqué ! Merde, Thea, je ...
Il marqua une légère pause, peu sûr que ce soit le moment propice pour me les annoncer. J'entendis une grosse inspiration de l'autre côté du mur.
-Thea, je veux être à tes côtés. Je veux dire, plus que je ne le suis déjà...de façon plus...permanente. Non attends ! Ne flippe pas, quand je dis permanente ce n'est pas forcément pour toute notre vie...mais au moins pour un moment. Une durée indéterminée...ouais c'est ça, considère ça comme un couple à durée indéterminée qui peut être précédé d'un couple à durée déterminée ...mais seulement si tu le souhaites...enfin, merde, tu m'as compris !
Il était tellement maladroit dans ses propos que l'espace d'un instant, j'eus envie de rire. Mais mon cœur était d'ores et déjà trop occupé à sourire béatement après les montagnes russes que le discours de Gabriel venait de lui offrir.
Une larme unique, salée de douleur, de peine, d'attente et d'espoir à la fois roula le long de ma joue pour se perdre le long des doux baisers que Gabriel venait de déposer sur ma gorge.
-Gabe, je te jure que là tout de suite, j'ai vraiment besoin d'une douche...seule.
-Mais merde, as-tu entendu ce que je viens de dire ?
Oh oui j'avais entendu, tout ce qu'il avait dit, et ce qu'il n'avait pas encore dit, mais qu'il pensait quand même. Et c'était bien assez...plus qu'assez.
-Gabriel ?
Il ne répondit pas, je pris le pari qu'il était néanmoins toujours présent. Trop blessé pour s'en aller sans obtenir une quelconque piste de réponse de ma part.
-Je te dois une douche !
Je crus l'entendre murmurer « putain »derrière cette maudite porte, et je m'en allai prendre ma douche plus queméritée... seule... mais à charge de revanche.
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J'espère que ce chapitre vous a plu!!!
A bientôt pour un GROS GROS événement ;)
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