Chapitre 16 - Partie 2
Bonsoir à tous, encore désolée pour cette grosse journée de retard, mais si je vous racontais ce qui m'est arrivé dimanche, vous ne me croiriez pas^^
Nous voici pour cette deuxième partie, il y en aura une troisième, extrêmement courte je l'admet qui arrivera mardi ou mercredi :)
***
Thea Mareschal
La sonnerie de la porte d'entrée retentit, beaucoup trop joyeuse dans ses notes aiguës pour aller avec la gravité et l'agacement sur le teint de l'homme qui attendait à l'abri de la pluie sous l'embrasure de la porte.
C'est Gabriel qui lui avait ouvert la porte, il avait enfin pris le temps de s'habiller, plus pour s'épargner une remarque cinglante de Lorenzo plutôt que dans un souci de camoufler sa quasi-nudité.
Ce dernier entra sans oublier de fusiller Gabriel du regard et se dirigea vers notre salon en nous ignorant royalement Andréanna et moi. Cela s'annonçait merveilleusement bien.
Nous nous dirigeâmes à sa suite, comme s'il était l'hôte de cet appartement et nous de vulgaires pucerons qui abimions ses rosiers. Gabriel était impassible, Andréanna avait l'air penaud. Enzo avait l'art de nous faire sentir coupable sans qu'on ne sache vraiment pourquoi. Subitement, j'avais l'impression que tout ce qui m'arrivait était de ma faute, que je méritais cette angoisse qui me dévorait l'esprit.
Notre invité s'installa dans l'unique causeuse de notre pièce de vie et posa élégamment la cheville sur son genou. Le reste de notre petit groupe se partagea le sofa, ma meilleure amie et mon ami sur chacune des extrémités, moi au milieu. Andy me prit discrètement la main et en caressa distraitement le dos de ses doigts. Son contact m'apaisa légèrement, je n'étais pas seule.
Enzo prit enfin la parole, et comme nous nous en doutions tous les trois, ce n'était pas pour nous souhaiter la bonne journée.
-Gabriel, puis-je savoir pour quelle raison as-tu révélé la présence de Dimitri à nos chères amies ici présentes ?
Nous n'existions pas, nous pouvions danser sur nos têtes en caquetant que cela ne changerait rien. Nous ne méritions pas son attention, pas encore.
L'intéressé se contenta de fixer une tâche dans le bois du mur face à lui.
-Thea, montre-lui.
L'œil orangé de notre interlocuteur se para un peu plus de l'obscurité du mépris alors que sa mâchoire tressauta un coup.
-C'est à toi que je m'adresse !
Je me levai en soupirant afin d'aller chercher, une fois encore, les bouts de papiers recyclés qui trônaient sur mon bureau. Mon téléphone reposait également à leurs côtés, aussi, dans un geste impulsif, le pris-je également avant de l'enfouir dans la poche arrière de mon jean.
Je lui tendis les lettres brusquement avant de retourner m'asseoir là où était ma place.
Lorenzo prit quelques secondes pour les parcourir, son pied posé sur son genou bougeait de haut en bas, laissant transparaitre son agacement.
-Et alors ? Ce n'est probablement qu'une mauvaise blague.
C'est Andréanna qui explosa la première.
-Tu penses sincèrement que l'on aurait pris la peine de t'appeler si ce n'était qu'une mauvaise blague, pour reprendre tes mots ? C'est la dernière chose que l'on avait envie de faire, je ne vois même pas pourquoi on prend la peine de t'en parler, comme si cela allait arranger les choses !
Mon amie serra ma main avant de reprendre, plus doucement cette fois.
-Thea, as-tu ton téléphone sur toi ?
J'avais déjà glissé ma main à l'arrière de mon jean afin de prendre l'objet demandé. Je le déverrouillai à l'aveugle, prenant garde à me tenir dans l'angle mort de sa caméra et affichai l'unique message du numéro non enregistré.
Je le lançai à l'homme qui nous faisait face, prenant le risque d'exploser le fragile appareil sur le sol. Pendant un instant, cela me parut comme la solution à mon problème actuel. Mais ma raison savait que je ne me débarrasserai pas de lui en condamnant mon cellulaire.
Mon meilleur ami l'attrapa sans aucun effort et observa mon écran lumineux. Il allait reprendre la parole quand le bruit caractéristique d'un nouveau message lui fit refermer sa bouche. J'espérais que ce n'était pas Camille qui me harcelait à nouveau.
Enzo fit une manipulation sur mon téléphone qui ne m'échappa pas.
-Que fais-tu ? Je te signale que c'est mon smartphone, pas l'un de tes jouets !
-Cela ne te regarde pas.
-Bien sûr que cela me regarde !
Je me levai et allai lui arracher mon bien. Il ne se défendit pas, le fumier avait fini ce qu'il voulait y faire.
-C'est ma vie privée ! crus-je bon d'ajouter.
Enzo ricana.
-Si j'en crois le charmant message de cet inconnu, tu n'as désormais plus de vie privée, Thea.
-Il ne s'agit pas du message d'un inconnu Lorenzo, fulmina Gabriel, tu sais comme moi qui c'est.
-Soit, il est plausible que cela soit Dimitri.
-Il faut prévenir la police.
Andréanna s'était exprimée d'une voix blanche, mais ferme. Elle avait réfléchi à cette nécessité depuis un moment déjà.
-Non !
La voix d'Enzo trancha sèchement l'air.
-Ce n'est pas à toi d'en décider Lorenzo ! Je ne comprends pas comment vous n'aviez pas été la voir dès le moment où vous avez appris que Dimitri en avait après Thea.
-Il en est hors de question, nous règlerons ça nous-mêmes.
-Pour une fois, je suis d'accord avec Andy. Tu nous avais assuré, avant qu'on emménage ici, que si on restait proche de Thea, Dimitri n'approcherait pas. Regarde où on en est maintenant. Nous avons un malade mental qui nous envoie des mots laconiques par notre boîte aux lettres et qui pirate nos cellulaires ! Tu vois bien que cela nous dépasse.
-Si Thea va porter plainte contre lui, cela ne fera qu'empirer les choses.
La pièce n'était qu'un entremêlement d'invectives et de grognements de mécontentement. Andy s'était levée, haussant encore un peu plus sa voix dans les aigus dans l'espoir de se faire entendre, voire écouter par l'homme assis dans la causeuse. L'intérieur de mon crâne bourdonnait, mes oreilles sifflaient. Ils se battaient sur le pour ou le contre d'une décision qui me revenait à moi seule. Que je sache, ces lettres m'étaient adressées, et c'est la caméra de mon téléphone que l'on avait piraté. C'était moi aussi qui me sentais suivie dans la rue, traquée par un fantôme que je ne voyais et n'entendais pas.
Je me levai, les cris cessèrent et trois paires d'yeux s'arrêtèrent sur moi. Andréanna se rassit.
-Vos arguments à chacun ne servent à rien. Il s'agit d'un choix que je dois faire seule, peu importe ce que vous pouvez en penser. C'est moi qui me sens pourchassée, c'est moi qui suis en danger.
-Tu habites avec nous Thea, contra doucement Andy, nous sommes également susceptibles d'être touchés de manière collatérale.
Elle avait raison sur ce point. Mais cela n'allait pas changer grand-chose. Ma décision était prise.
-J'irai trouver la police demain, je leur montrerai ces maudits bouts de papier, mon téléphone et leur parlerai de mes soupçons quant à l'identité de leur expéditeur.
-Si mon avis ne vous intéresse pas, pourquoi m'avoir fait venir, Andréanna ?
Il était en colère. On le laissait de côté pour explorer nos options et c'était une chose à laquelle il n'était pas habitué.
-Parce que je trouve curieux le fait que tu aies su que Sullivan était sorti de l'hôpital psychiatrique et qu'il cherchait Thea. Personnellement, je l'avais oublié, jamais je ne pensais qu'il sortirait et même Thea et sa famille ne devaient pas vérifier régulièrement qui était bien là où il devait être. Je pense que tu nous dois une explication Lorenzo, tu sembles au courant de beaucoup de choses, et tu refuses catégoriquement que l'on réagisse normalement dans ce genre de situations, à savoir aller trouver les autorités.
-J'ai appris qu'il était sorti parce que le père de Bénédicte travaille en tant que psychiatre dans cet hôpital, par la suite, je me suis renseigné sur lui pour voir ce qu'il allait faire.
Il me désigna de la main avant de poursuivre.
-il s'est rendu dans tous les endroits où ta sœur et toi êtes déjà allées. Ensuite, il a commencé à te chercher. C'est comme ça que j'ai su.
-Que sais-tu d'autre ? Ne me répond pas « rien », nous savons tous que c'est faux, crachai-je.
Il se pinça l'arrête du nez en soupirant.
-C'est ton ex-copain, Maxence, qui a vendu la mèche comme quoi tu étais partie habiter avec ton père. Je suppose qu'il a continué ses recherches à partir de là et que, de fil en aiguille, il a appris dans quelle ville tu étudiais.
-Maxence n'a jamais été mon copain, tu le sais.
Il haussa les épaules d'une façon qui voulait dire qu'il se fichait pas mal de ce qui s'était passé ou non avec cette erreur de jeunesse.
-Question de point de vue.
-Dis leurs Lorenzo.
Gabriel s'était exprimé d'une voix sourde, trainante et fatiguée. Il en avait assez de ce jeu.
-Sullivan a été aperçu lors du concert que tu as organisé Andréanna, je l'ai suivi, mais il a disparu je ne sais où.
Cela ne m'étonnait guère. Dans cette ville, de nombreux studios et appartements se trouvaient au-dessus des commerces, il y avait une multitude de grilles cachées qui menaient à ces bâtiments, il s'était probablement faufilé par l'une d'entre elles. Ce qui m'en bouchait un coin en revanche, c'était la façon dont il a essayé de me décrédibiliser alors qu'avec les cartes qu'il avait en main, ma version des faits était plus que probable.
-Tu savais que c'était lui l'auteur de ces lettres, et tu nous as volontairement fait tourner en rond au lieu d'entrer directement dans le vif du sujet !
Il eut à nouveau ce haussement d'épaules qui veut tout et rien dire à la fois.
-Je ne pouvais pas en être certain.
-Et maintenant ?
-Je prends congé, je pense qu'on en a fini, je n'arriverai pas à vous rallier à mon avis sur le comportement à adopter face à cette situation. Faites donc, mais ne venez pas geindre après. Il y a des affaires que je dois régler.
****
A demain pour la suite ;)
Des bisous,
Clara.
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