Chapitre 13
Bonjour à toutes et à tous pour ce jeudi-chapitre un peu en avance! La raison est toute simple...une mise à jour qui durera longtemps est prévue pour 16h et vu les tuiles qui me sont déjà tombées dessus avec leurs soucis à la con (oui, je lai dit), je préférais prendre mes précautions afin de publier dans les temps!
C'est chose faite :p
Je vous laisse avec ce chapitre qui amorce un petit vent de panique....
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Thea Mareschal
Je n'avais pas revu Camille depuis le concert organisé par Andy. Cela faisait deux jours. J'étais perdue, aussi je décidai de rendre visite à mon père et à Naomi pour me changer les idées, et peut-être y voir plus clair. J'allais ouvrir la porte pour sortir de notre duplex quand mon pied se posa sur une enveloppe en papier recyclé. Je voulus la ranger dans la boîte destinée à notre courrier qui trônait sur le guéridon non loin de la porte, mais mon regard fut attiré par les lettres de journaux découpées de façon à former mon prénom.
Je l'ouvris précipitamment en me coupant légèrement le doigt au passage. De fines traces de sang maculèrent le papier grisâtre, alors que mon cœur rata un battement quand je pris la pleine connaissance de ce qui se trouvait sous mes yeux.
Les lettres découpées dansaient impudemment devant mes yeux tandis que leur message s'inscrivait sous ma peau :
« Je t'ai retrouvée. »
Je ne savais pas qui avait pu m'envoyer ce message, mais un frisson d'appréhension me parcourut violemment l'échine. Quelque chose me susurrait que ce n'était pas une mauvaise blague.
Je devais être restée plantée dans l'entrebâillement de notre porte d'entrée, car Andréanna me fit sursauter.
-Théa ? Il fait super froid dehors, tu es sûre que ça va ?
Comme pour donner plus de force à ses paroles, elle s'enroula encore un peu plus dans son châle. Rapidement, je chiffonnai le papier en boule, et l'enfuis dans le fond de la poche de mon trench. Je priais sincèrement pour qu'elle ne remarque ni mon trouble ni ce maudit billet.
-Excuse-moi, j'étais perdue dans mes pensées. J'y vais, je serais de retour en fin d'après-midi.
-Passe mon bonjour à Aaron.
J'acquiesçai et, après avoir fermé la porte afin de ne pas refroidir Andy plus que nécessaire, me dirigeai vers la gare.
L'automne s'était bien installé. Le doux manteau des arbres s'effritait de plus en plus pour venir parer le sol d'une multitude de feuilles aux couleurs chatoyantes. Mes pas bousculaient ces ornements éphémères dans un bruissement qui sonnait à mes oreilles comme une berceuse que la nature murmure avant de se taire pour l'hiver. Leurs arômes de terre humide et de sous-bois parvenaient légèrement à mes narines, endormant délicieusement mes sens et me faisant presque oublier la note dans la poche de mon manteau.
Presque. En voulant plonger mes mains à l'abri de la morsure du vent, la sensation âpre et sans chaleur me reconnecta immédiatement avec la gravité terrestre et l'inquiétante réalité.
N'était-ce qu'une mauvaise farce ? J'en doutais. Qui serait assez tordu pour m'envoyer ce genre de mot ?
Enzo. m'assenèrent ma rancœur et mon scepticisme.
Non. Enzo était beaucoup trop fin pour s'abaisser à ce genre de jeu. Je vins à me demander si la note m'était bien adressée, ou si l'expéditeur ne s'était pas trompé d'adresse. J'écartai cette nouvelle possibilité après avoir déplié la boulette de malheur qui renfermait également l'enveloppe portant sinistrement mon prénom. Pas de doute possible. C'était bien pour moi. Ce n'était pas comme si mon nom de baptême courait les rues.
Les lettres grossièrement découpées et collées me laissaient quant à elles penser que mon mystérieux expéditeur ne voulait pas être démasqué. Tout m'indiquait que je le connaissais. La question était « qui ? ».
C'est avec encore plus de questions sans réponses que j'arrivai devant mon domicile légal. Alors que je remontais l'allée, la voiture de Naomi alla se garer devant l'une des portes du double garage. La portière claqua, et c'est un grand sourire qui m'accueillit.
-Nous ne t'attendions pas de sitôt ! Aaron ne rentre que fin d'après-midi.
Elle me serra dans ses bras, et par-dessus l'odeur de l'automne, je perçus la fragrance de l'hibiscus qui émanait de ses cheveux noirs.
Elle me prit par les épaules pour me pousser vers la porte d'entrée.
-Le temps est glacé, dit-elle en s'ébrouant. Viens, on va se réchauffer devant un bon café pour toi, et un thé pour moi.
***
Nous étions installées dans l'espace de ma belle-mère. Son plus grand plaisir de la journée consistait à s'installer dans une causeuse en osier qui était tournée vers la grande baie vitrée. Elle avait une vue imprenable sur les prés du centre équestre qui se trouvait non loin de la maison. Naomi se perdait dans la contemplation des chevaux qui paissaient paisiblement en tenant une tasse de thé chaud. Elle ne se reconnectait avec la réalité que lorsque son thé s'était refroidi depuis longtemps.
J'avais le privilège d'occuper le fauteuil favori de ma marâtre - celui qui offrait la plus belle vue sur les prés -, un mug fumant de mon breuvage divin entre les mains.
-De quoi voulais-tu me parler, Théa ?
Je n'étais pas surprise qu'elle ait deviné qu'elle était celle que je venais voir en priorité, mais ne put résister à l'envie d'entendre les éléments qui lui ont mis la puce à l'oreille.
-Il était prévu que je vienne aujourd'hui, non ?
-Tu arrives quand je rentre du travail alors que tu n'étais attendue que pour le goûter, tu acceptes de partager une tasse de thé, café sans broncher, et tu cherches le contact visuel avec moi.
-Je suis si facile que cela à décoder ?
Elle rit légèrement, mais n'ajouta rien pour ne pas me vexer plus que nécessaire.
Elle prit le temps de m'observer prendre une gorgée de mon café.
-C'est une histoire de cœur ?
-Si l'on veut. C'est Camille, je ne le reconnais plus.
-Penses-tu qu'il te trompe ?
Je ricanai. Si c'était le cas, cela me faciliterait grandement les choses. Ce n'était même pas un prétexte pour mettre fin à notre relation. L'infidélité était quelque chose que j'exécrais par-dessus tout. Toutefois, malgré tous ses défauts, je devais bien ça à Camille, sur ce point il était irréprochable. Par contre pour le reste...
-J'ai l'impression qu'il me prend pour un trophée à agiter sous le nez des autres possesseurs de testostérone. Il fait preuve d'une possessivité malsaine et maladive, me descend en scandant que j'ai de la chance de l'avoir et que je ne serais rien sans lui. Jusqu'à présent je pouvais gérer, parce qu'il n'avait pas tort sur certains points. Cependant, récemment, il est devenu violent.
Naomi écarquilla les yeux.
-Tu veux dire qu'il est devenu violent en parole, n'est-ce pas ?
Pour toute réponse, je posai ma tasse de café pour relever les manches de mon pull. La marque de ses doigts était toujours imprimée -bien que de façon plus diffuse- autour de mes poignets, faisant penser à un vieux tatouage au henné par sa couleur jaunâtre et marron.
-Tu dois le quitter et porter plainte Théa.
-Je ne veux pas porter plainte.
-Es-tu folle ? Il doit disparaître de ta vie, les hommes comme lui ne changent pas, jamais. Ne fais pas l'erreur de croire que tu pourras le changer ou que cela finira par passer.
-C'est plus compliqué que ça. Je ne peux pas renier tout ce qu'il a fait pour moi jusqu'à présent, je veux juste que cela cesse. De plus, j'ai le sentiment que si je porte plainte, je risque d'empirer les choses, il ne me lâchera plus.
-Au contraire c'est très simple. Je ne te demande pas d'oublier toute votre relation et comment il t'a permis de grandir, Théa. Mais à partir du moment où il ne t'aide plus à avancer et te fais plus de mal que de bien, c'est que c'est le moment de tourner la page.
-Tu dois mettre fin à cela avant que tu finisses sur un lit de mort.
-N'exagères-tu pas un peu ?
Je croisai son regard. Non, elle n'exagérait pas.
-Théa, je sais pourquoi tu es venue me confier ça.
Bien sûr qu'elle savait. Son corps portait à jamais les stigmates de son précédent mariage tandis que son esprit pansait encore les plaies qui lui avaient été infligées. Elle porta une main à sa joue, et son doigt glissa sur la chair rosie dont le grain était irrégulier. La cicatrice zigzaguait le long de son cou, courait sur toute la longueur de sa clavicule et finissait en une marque en forme d'étoile à la naissance de sa poitrine.
Une larme unique coula de son œil droit pour aller arroser sa peau tuméfiée. L'instant d'après, ses bras étaient autour de mon cou. Certainement pour que je ne puisse voir d'autres perles salées orner son visage.
-Je sais à quel point c'est une décision difficile et qui demande du courage. Tu es forte Théa, mais il en va de ton bien-être.
Et encore une fois, elle avait raison.
***
Alors que j'allais prendre congé de ma famille, Naomi me prit à l'écart.
-Il y a quelque chose d'autre dont tu voulais me parler ? Je te sens tendue, comme effrayée.
Décidément, le flux de mes émotions était plus palpable pour mon entourage. Je plongeai la main dans la poche de mon manteau et serrai le mot qui y reposait avec force. J'amorçai un mouvement afin de remonter l'objet de mon tracas, mais me ravisai. Cela me semblait beaucoup trop irréaliste pour que ça soit vrai. Il devait s'agir d'une mauvaise farce. Je fis taire ma paranoïa en lâchant brusquement le morceau de papier qui alla à nouveau trouver refuge dans le fond de mon trench.
-Non, je t'ai déjà tout dit.
-S'il y a quoi que ce soit d'autre, ou si c'est pour reparler de Camille, n'oublie pas que je suis toujours prête à t'offrir une tasse de café.
Je souris pour toute réponse et m'en allai sur l'allée en pavé.
Les mains cherchant le réconfort intérieur de ma veste, la lettre me brûlait les doigts.
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Et voilà, c'est déjà fini pour cette semaine! Comment avez-vous trouvé ce chapitre? Qu'est-ce que cela présage pour les suivants?
Bientôt, vous aurez une grosse révélation, promis!
N'hésitez pas à voter et commenter si le coeur vous en dit ;)
Je vous dis à la semaine prochaine ;)
Des bisous,
Clara.
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