Chapitre 37 - Retrouvailles - partie 2
Point de vue de Lucas
Le coup fait mal mais il est mérité. J'ai failli la perdre avec mes conneries. La savoir dans les bras de quelqu'un d'autre m'aurait probablement détruit.
Elle a mûri pendant mon absence. Elle a grandi et est devenue plus sûre d'elle. Cela lui rajoute une petite touche de séduction qui est loin de me déplaire. Je la prends dans mes bras, heureux de ses changements. Dire que j'ai failli passer à côté.
- Merci ma belle.
- De quoi?
- De me donner une autre chance et d'être toi simplement.
Plus personne ne prononce le moindre mot. Nous profitons l'un de l'autre en silence. C'est indispensable après cette séparation. Je me recule pour venir butiner ses lèvres avant d'approfondir le baiser. Mes mains se glissent derrière son cou et vont se balader dans ses cheveux avant de descendre caresser son dos. Je sens les siennes sur mes épaules, mes bras. Nos lèvres se font plus gourmandes, plus affamées. J'ai besoin d'elle. Là maintenant. Je n'ai jamais eu un tel désir pour quelqu'un. Nos caresses se font de plus en plus audacieuses mais je dois savoir si elle est d'accord avant d'aller plus loin. Ça me tue mais je m'arrête, haletant.
- Tu es sûre de vouloir continuer? lui demandais-je dans un murmure.
Elle me regarde très sérieusement, une flamme dansant dans ses yeux. Elle finit par hocher la tête pour mon plus grand plaisir. La dernière fois, c'était le jour avant mon départ et les choses ont changé entre nous depuis. Dans mon passé, mes relations étaient juste physiques. Il n'y avait pas de sentiments. C'est donc la première fois que je ferai véritablement l'amour à une femme. Du moins en toute conscience. C'est déstabilisant et pour une fois, je suis paniqué. La peur de ne pas être à la hauteur me prend aux tripes. Elle est tout pour moi même si j'avoue ne pas être prêt à lui dire les trois mots magiques et je ne veux en aucun cas la blesser. Elle doit percevoir mon hésitation car elle prend les devant et m'amène à elle. Ses doigts agrippent ma chemise tandis que sa bouche fond sur la mienne. Je ne la savais pas si entreprenante mais ce n'est pas pour me déplaire. Le temps s'est écoulé, rempli de soupirs et de gémissements. Je me rappellerai toute ma vie de cette nuit, de la magie de ces instants.
J'ouvre les yeux brusquement. Je suis perdu pendant quelques secondes. Je me tourne et la vois allongée à mes côtés. Ce n'était donc pas un rêve. Je dépose ma main sur son ventre, mon bras reposant sur sa hanche et je me rapproche de son corps encore chaud. Quel bonheur de la sentir si proche. Je suis vraiment un idiot. Nous avons perdu un temps précieux par ma faute. D'un autre côté, elle a raison en disant que cette distance nous a permis de nous reconstruire tous les deux. Elle commence à remuer, prête à se réveiller. Je l'embrasse tendrement dans le cou, mon nez enfui dans sa chevelure.
- Bonjour, me dit-elle tout bas.
- Bonjour mon trésor, lui répondis-je sur le même ton. Bien dormi?
- Oh oui. Je n'ai plus dormi comme ça depuis une éternité.
Elle se tourne et vient se blottir contre moi, réveillant mon envie d'elle. C'est avec une tendresse infinie que nous nous retrouvons. La matinée est déjà bien entamée lorsque nous nous levons encore étourdis par nos étreintes. Nous avalons rapidement quelque chose avant de nous installer dans le canapé.
- J'adore ton appart. Vous avez bien choisi, lui dis-je une fois assis confortablement.
- Ça ne fait pas encore longtemps qu'on s'est installé mais j'avoue avoir vite pris mes marques. Et savoir Olivier au-dessus de ma tête me rassure un peu.
- Tu avais peur?
- Non, enfin oui. Au début, je voyais juste que je l'empêchais de vivre et je n'ai pas vu plus loin. Maintenant je me rends compte que ça fait trop longtemps que je n'ai plus vécu seule et les premiers jours ici ont été un peu bizarres.
- Bizarres dans quel sens? lui demandais-je intrigué.
- N'entendre aucun bruit de respiration, ne pas devoir ranger les affaires des autres. Ne penser qu'à moi... à force de vouloir être seule, je suis passée d'un extrême à l'autre. C'est déboussolant.
- Ça ne doit pas être drôle mais je suis sûr qu'avec un petit temps, tu t'adapteras très bien.
- J'ai été pas mal bousculée cette année. J'ai à peine le temps de m'habituer à une situation qu'elle change, rit-elle.
- La différence, c'est que tu n'es plus seule pour affronter tout ça.
- C'est vrai. Notre groupe est plutôt solide et c'est une sacré sécurité. Mais assez parlé de moi, comment ça s'est passé pour toi?
- Je ne peux pas tout te dire tu t'en doutes sûrement mais dans l'ensemble ça s'est bien passé. Le seul gros événement a été le crash. Ça a dû moins été le plus marquant en ce qui me concerne.
- Comment ça? demanda-t-elle sincèrement intéressée.
- C'est à ce moment-là que je me suis rendu compte que je pouvais te perdre à tout instant. Et plus que la peur de mourir, c'est celle de ne plus voir tes magnifiques yeux, de sentir ton parfum ou encore de ne plus jamais avoir l'occasion de t'embrasser qui m'a remué les tripes. Je ne voulais pas... je ne pouvais pas imaginer une seule seconde qu'on s'était quitté dans ces conditions. J'ai prié Dieu pour avoir encore l'occasion de te voir une dernière fois. Et il me l'a accordée. Cela a marqué un tournant dans ma vie. Je ne suis pas heureux d'avoir perdu mes amis, lui dis-je une pointe de tristesse dans la voix, loin de là mais sans cet accident, j'aurais peut-être commis la plus grosse erreur de ma vie en me tenant éloigné de toi.
Ses yeux débordent de larmes et je m'en veux de la faire pleurer. Je la prends dans mes bras pour la consoler tandis qu'elle s'apaise petit à petit.
- Qu'est-ce que tu vas faire maintenant? Je veux dire, comment envisages-tu la suite?
- Tu sais que je ne suis pas prêt à quitter l'armée. Je n'ai pas changé d'avis sur ce point.
- Tu ne serais plus le Lucas que je connais si tu le faisais. Je ne veux pas que tu le fasses si c'est pour te détruire à petits feux. Tant que tu fais attention à toi, je suis prête à m'y faire. Après tout, je t'ai connu comme ça et je savais à quoi je m'engageais. Ce serait hypocrite de dire le contraire.
On dit que les yeux sont le miroirs de l'âme et ce que je vois à présent dans les siens me remue jusqu'aux tréfonds. Sa sincérité me fait chaud au cœur et me l'a fait apprécier encore plus. Qu'ai-je fait pour avoir une chance pareille? Je me penche vers sa bouche et lie nos lèvres dans un baiser d'une incroyable douceur.
- Je ne veux pas tout précipiter entre nous. C'est la première fois que j'ai une relation sérieuse et je ne sais pas trop comment faire. J'ai envie d'apprécier chaque étape.
- Ça me va. Après l'échec de ma relation avec Tom, j'ai aussi envie de prendre mon temps.
Les discussions marquent le reste du week-end. Nous avons appris à nous connaître un peu plus. Nous sommes passés des rires aux larmes et inversement. Nous avons profité l'un de l'autre et nous sommes découverts jusqu'à la dernière seconde. Ces deux jours resteront à jamais gravés dans ma mémoire.
L'heure de nous quitter arrive trop vite pour nous. Je l'étreins fortement. Je ne veux plus la lâcher et visiblement elle non plus. Ma tête sur la sienne, son corps blotti contre le mien, j'essaie de retenir mon émotion. Mes yeux s'embuent et je suis obligé de faire un effort monumental pour me reprendre. Elle lève son visage vers moi ,ses joues maculées de larmes mais son sourire aussi grand qu'un rayon de soleil.
- Tu seras toujours mon plus Lucas. Peu importe où tu es ou avec qui. Je suis si heureuse que tu me sois revenu. J'aimerais te garder près de moi à tout jamais mais je sais que c'est le meilleur moyen de te faire fuir. Je ne veux pas t'enchaîner. Je veux que tu sois libre tout comme je suis libre de t'aimer.
À ses mots, ma bouche fond sur la sienne encore une fois. Mon cœur se serre sous le choc de ses paroles. Une autre crainte fait son apparition: serais-je un jour capable de lui avouer ce que je ressens pour elle?
À contre-cœur, je me détache de la femme qui me fait face, incapable de prononcer le moindre mot. J'espère qu'elle a compris.
- Je dois y aller, mon taxi m'attend.
- Tu as toujours mon numéro? me demanda-t-elle soucieuse.
- Oui. Tu ne resteras plus sans nouvelles, promis, lui dis-je en déposant un baiser sur la joue.
Elle me sourit et me regarde partir. Je sais qu'elle ne rentrera pas avant que la voiture ne soit loin. Je ne peux pas la laisser comme ça, avec un doute. Je sors mon téléphone et lui envoie un message:
«Tu es et seras mon unique plus.N'en doute jamais.L»
Le retour à la réalité est plus dur que ce que je croyais. L'émoi qui s'empare de mon corps est d'une force que j'ai rarement connue. La revoir a été la plus merveilleuse récompense que j'ai pu recevoir mais la quitter est le pire des actes qu'il m'ait été donné de commettre.
C'est étrange de revenir à la caserne après tout ce temps. Pourtant rien n'a changé. Je retrouve ma chambre comme je l'avais laissée le jour de mon départ. La pièce me paraît vide et froide ce qui doit être le cas. J'ai toujours considéré cet endroit comme mon refuge, mon chez-moi. Après les deux jours passés avec Audrey, ma façon de voir n'est plus la même.
Après avoir défait mon paquetage, je rejoins les gars. Nico est déjà rentré. Son visage souriant me dit tout ce que je veux savoir.
- Déjà de retour? lui demandais-je.
- Ouais, ça m'a fait du bien et toi? Je t'ai vu en compagnie d'une charmante demoiselle. J'ai à peine eu le temps de me retourner que vous aviez disparu.
- Audrey m'attendait avec son meilleur ami. J'avais hâte de me poser.
- Comme tout le monde mon vieux, rit-il. Meilleur ami hein?
Il teste ma jalousie même s'il connaît déjà mon point de vue au sujet de ma belle. Je sais que c'est une vengeance plus qu'autre chose. Je dois reconnaître que c'est entièrement ma faute. À force de nier l'existence du lien qu'il y avait entre nous, j'ai fini par rejeter tout ce qui avait un rapport de près ou de loin avec elle. Les autres ne pouvaient plus m'atteindre non plus. En gros, je me suis enfermé dans ma mauvaise humeur et je suis devenu un véritable emmerdeur.
- Exactement et avant que tu n'ouvres la bouche, lui dis-je en lui montrant ma main, il est tout ce qu'il y a de plus gay.
Il a les yeux comme deux ronds de flanc. Il ne devait pas s'attendre à ça. Son expression vaut de l'or et me procure un plaisir immense. Pour une fois que je peux lui claquer le bec. J'éclate de rire bientôt rejoint par mon ami.
- Ça va, j'ai compris. La prochaine fois je me renseigne, dit-il en se frottant les yeux. Plus sérieusement, comment ça s'est passé avec elle?
- La situation allait déjà mieux depuis le crash. Comme tu le sais, on a communiqué souvent et on a pu rétablir un lien.
Je lui explique alors leur décision de déménager et le choix pour lequel ils ont opté.
- Ça me rassure de savoir que quand je partirai encore, elle ne sera pas seule, lui dis-je enfin.
- Donc tu comptes repartir?
- Oui j'ai l'intention de continuer ce que je fais. On a beaucoup discuter ce week-end. Que ce soit de nos sentiments ou encore de mon retour à la vie civile.
- Et qu'est-ce qu'elle en pense?
- Elle ne veut pas me forcer à quitter l'armée. Elle sait que je n'y survivrais pas. D'après elle, si elle m'a connu comme ça, ce n'est pas pour me faire changer. Elle savait dans quoi elle s'embarquait et maintient le cap... Je t'ai déjà dit à quel point j'ai de la chance d'être tombé sur elle? lui demandais-je rêveur.
- Je m'en rends compte de plus en plus. Je peux te donner un conseil?
- Vas-y toujours.
- Ne la laisse pas te filer entre les doigts comme tu as failli le faire. Je ne la connais pas mes ses actions parlent pour elle.
Nous continuons à discuter pendant une bonne heure. Au moment de me coucher, je repense à tout ce qu'il s'est passé ces derniers mois, aux réactions d'Audrey, aux miennes. Une image bien précise vient s'incruster dans ma tête. Contrairement à ce que j'aurais pu croire, je n'ai plus peur. Je sais enfin ce que je veux.
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Il est enfin sorti! Je n'ai encore jamais connu ça depuis que j'ai commencé à écrire. J'étais tellement épuisée que pas un mot ne voulait sortir. J'avais beau essayer, ça ne marchait pas! Donc il vaut mieux tard que jamais.
Que vous inspire la deuxième partie de ses retrouvailles?
Pour ma part, je suis émue et même un peu triste. L'émotion est là avec tout ce qu'ils se sont enfin dit et ce qu'ils ont partagé. La tristesse parce que je vois la fin se profiler plus tôt que prévu. Je pensais que cette histoire serait plus longue que la précédente mais visiblement ce ne sera pas le cas.
J'espère pouvoir écrire le prochain chapitre plus rapidement que celui-ci.
Je voulais aussi vous remercier pour le soutien que vous m'avez apporté pour mon entretien d'embauche. Je n'ai pas eu le job. Je préfère me dire qu'il ne me correspondait finalement pas et qu'il me laisse libre pour le bon.
Chapitre corrigé le 11/10/18
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