Chapitre 34 - L'attente
Point de vue d'Audrey
Deux jours, 48 heures... sans nouvelles...
Je vais devenir dingue. Je tourne comme un lion en cage. Même à mon boulot la concentration me fait défaut. Mon regard est toujours fixé sur ce téléphone qui ne sonne pas. Geoffrey, mon ange gardien est même venu s'assurer que je mangeais.
Où peut-il bien être? Est-il blessé? Est-il...? Oh mon Dieu, faites qu'il soit vivant. Que deviendrais-je? Vivre en sachant qu'il est là mais qu'il ne veut peut-être pas de moi est une chose. Mais vivre en sachant qu'il n'est plus de ce monde est au-dessus de mes forces. C'est lui qui me fait tenir et me pousse à me surpasser. Il ne peut pas disparaître comme ça. Il m'a fait renaître ce n'est pas pour qu'il perde la vie.
J'ai déjà essayé de recontacter l'armée mais tout ce qu'ils savent me dire c'est qu'ils me téléphoneront dès qu'ils en sauront plus. Bon sang! Je n'y arriverai pas.
- Viens t'asseoir, tu me donnes le tournis.
- Je suis très bien debout.
- Ce n'est pas parce que tu restes debout à tourner en rond que ce téléphone va sonner. Alors viens ici s'il te plaît.
Je vais m'installer aux côtés d'Olivier qui me supporte depuis ce coup de fil improbable. Je me couche et dépose ma tête sur ses genoux.
- Je suis désolée, lui dis-je en soupirant, je ne parviens pas à rester en place.
- C'est compréhensible mais essaie au moins de te reposer 5 minutes. Qu'est-ce que Lucas te dirait s'il était ici hein?
- Justement il n'y est pas et c'est bien ça le problème.
- Tu veux que j'appelle les autres? On pourrait se faire quelque chose ensemble.
- Je ne veux voir personne. Je n'ai pas le cœur à faire la fête.
- Je ne te demande pas ça. Je me dis juste que t'aérer l'esprit te ferait le plus grand bien. Imagine que ça dure encore quelques temps avant qu'ils ne le trouvent. Tu vas rester cloîtrée ici tout le temps?
Il n'a peut-être pas tort. Et même si l'idée de m'amuser dans un moment aussi stressant ne me viendrait pas à l'esprit, il va vraiment falloir que je pense à autre chose.
- Très bien, tu as gagné, soupirais-je. Tu as une idée derrière la tête?
- Non aucune mais peu importe tant que c'est ailleurs que dans ces quatre murs.
- Et cela implique un certain Jack? lui dis-je avec un sourire.
- Je ne vois pas de quoi tu parles. Je pensais à tout le groupe, me dit-il innocemment.
- Mais bien sûr. Vas-y, ça te démange. Appelle les autres.
- Génial. Et toi, tu vas me faire le plaisir d'aller te changer.
- Pourquoi? Ma tenue ne te convient pas?
- Tu rigoles là? Tu ne vas pas sortir en survêtement et tongs quand même!
Je regarde ma tenue et me rend compte que je suis effectivement dans ma tenue déprime. Je vais donc prendre une douche et me changer en vitesse. Sur ce temps là, Oli est parvenu à joindre tout le monde et m'attend déjà, prêt à partir.
- C'est quoi le programme?
- On se retrouve tous au café près du cinéma.
- Une soirée simple, bon choix, lui dis-je en lui embrassant la joue.
Arrivés sur place, nous rejoignons Geoffrey qui est déjà attablé.
- Salut toi, comment va le bourreau des cœurs? lui dis-je en souriant.
- Ça va toujours!
- Tu n'es pas avec une demoiselle ce soir?
- En fait, j'étais bien avec quelqu'un mais passer la soirée avec vous était beaucoup plus alléchant.
- Tu l'as laissée en plan? lui demandais-je ahurie.
- Exact! De toute façon, dès qu'elle a ouvert la bouche j'ai su qu'elle serait d'un ennui mortel, me répondit-il en haussant les épaules.
Nous nous regardons avant d'éclater de rire. Il n'en perd pas une! Mais qu'est-ce que ça fait du bien de rire. J'ai l'impression que ça fait une éternité que ça ne m'est plus arrivé. Les autres nous rejoignent peu de temps après. J'aime taquiner Olivier au sujet de Jack mais mes moqueries sont basées sur des faits qu'il ne devrait pas ignorer. Comme par exemple, en ce moment. Devinez qui est venu s'asseoir à côté de mon meilleur ami? Et qui le couve des yeux? Ce serait vraiment une bonne chose pour lui s'il se passait quelque chose. Il mérite d'être heureux et surtout de ne pas se coltiner une fille célibataire à problèmes chez lui. Des changements s'imposent mais pas maintenant, pas tant que je ne sais pas si Lucas est vivant ou mort. Ça me paraît tellement futile de penser à tout ça.
- À quoi tu penses Audrey? Tu as l'air à des milliers de kilomètres d'ici, me dit Auriane.
- Il y a tellement de réponses possibles que je ne sais pas laquelle te donner, soupirais-je.
- On est là pour te changer les idées ma belle. Tu verras, tu auras bientôt des nouvelles de Lucas. Et à part ça, à quoi songes-tu?
- Qu'il serait peut-être temps que je me trouve un appartement, murmurais-je.
Apparemment tout le monde a entendu parce que le silence se fait d'un coup.
- Il est hors de question que tu déménages chérie, me dit Olivier en me fusillant du regard. Tu es très bien là où tu es!
- Mais tu as ta vie aussi. Tu mérites de rencontrer quelqu'un de bien et pourquoi pas de t'installer avec lui, lui répondis-je en jetant un œil à Jack.
- Pour l'instant je suis bien comme ça et si je rencontre quelqu'un, il devra prendre le pack de toute façon.
Si c'est une façon de faire passer le message, il a réussi si j'en crois la réaction de l'intéressé. Elle ne se fait pas attendre.
- Évidemment, Audrey. Comment oses-tu ne serait-ce que t'imaginer partir loin d'Oli? lance Jack d'un air outré. Au pire, il suffit de trouver un appart plus grand et de vous installer à trois.
Pour le coup, nous sommes tous estomaqués! Il dit ça avec tellement de sérieux. C'est à croire qu'il y a déjà pensé!
- Ce serait une idée géniale de vous trouver un plus grand appartement, nous dit le mari d'Auriane. Comme ça la question ne se pose plus.
- C'est vrai. On va faire ça ma belle. Plutôt que de t'enfuir, nous allons prendre la poudre d'escampette ensemble, me dit Olivier tout sourire.
- On vous aidera tous à chercher. À plusieurs ce sera plus facile, renchérit Geoffrey.
Je viens de tomber dans la quatrième dimension ou quoi? Je ne m'attendais pas à une telle tournure. Mais je dois avouer que ce projet me plaît. Qu'est-ce que Lucas en pensera? Il n'y a rien à faire, j'en reviens toujours à lui. C'est désespérant. Nous ne sommes même pas officiellement en couple!
- Toujours pas de nouvelles j'imagine? me demande Auriane.
- Non. C'est encore pire de ne pas savoir, dis-je en baissant la tête. Attendez deux secondes...
Je viens d'avoir une idée. Folle peut-être mais pas irréalisable.
- Olivier, tu te souviens de la jeune femme qui travaillait au centre? Gaby quelque chose...
- Oui je me rappelle. Gabriella si ma mémoire est bonne. Pourquoi?
- Son mari est bien un ancien militaire non?
- Maintenant que tu le dis, il me semble que Lucas m'en a vaguement parlé. Où veux-tu en venir? me demanda-t-il en fronçant les sourcils.
- Il a probablement garder des contacts dans l'armée. Je pourrais peut-être lui demander de se renseigner.
- Excellent! De toute façon, le pire qu'il puisse te répondre c'est non.
- Je téléphonerai demain matin au travail de Gabriella. À cette heure-ci elle est sûrement rentrée chez elle.
- J'espère pour toi qu'il pourra te renseigner, me dit Lucas. Ça doit être atroce d'attendre comme ça.
- Elle va finir par user le parquet à force de faire les cent pas, lui répondit Olivier en riant.
- Et avant de déménager ce serait dommage, rajoute Jack en riant.
Nous passons l'heure suivante à discuter joyeusement. Même si je fais semblant d'être enjouée, je leur suis reconnaissante de ce qu'ils font pour moi. L'heure du départ a sonné. Tout le monde travaille demain, il vaut mieux ne pas s'attarder.
Allongée en pyjama dans le canapé, je fixais le téléphone perdue dans mes pensées. Ma vie avait entièrement changé ces derniers mois. Qu'avais-je fait pour avoir des amis comme eux? Je ne suis pas sûre de les mériter mais je compte bien profiter de chaque seconde.
- Tu étais sérieuse tout à l'heure? me demande mon colocataire en s'asseyant sur le sol, sa tête à côté de la mienne.
- Je le suis toujours mais à propos de quoi?
- De ton envie de partir... de me quitter.
- Oui.
- Tu ne m'aimes plus? T'en as marre de moi? me demanda-t-il tout bas.
- Bien sûr que non! Comment peux-tu dire une bêtise pareille? C'est juste que j'ai l'impression de t'empêcher de vivre. À ton âge, tu devrais être en train de faire des projets d'avenir avec une personne que tu aimes. Tu ne devrais pas tenir compagnie à une vieille fille célibataire. Surtout avec la vie que j'ai! Sans oublier que j'ai un enfant même si elle ne vient pas assez souvent à mon goût.
- C'est toi qui va arrêter de dire des stupidités deux minutes. Tu n'as que deux ans de plus que moi et je ne considère pas 26 ans comme vieux. En plus, tu ne m'empêches pas de vivre. Au contraire, depuis que tu es là je respire enfin. Et Sylvie vient quand elle veut, je l'adore.
- Oui mais...
- Il n'y a pas de mais chérie. Si tu étais sérieuse, moi aussi. Si je me mets avec quelqu'un, soit il t'accepte aussi, soit il peut aller se faire voir.
- En fait, c'est une très bonne chose que je ne sois plus avec Tom. J'y ai gagné au change.
Nous ne disons plus rien, trop occupés à digérer toutes les paroles qui ont été prononcées ce soir. Épuisés par les derniers événements, nous nous endormons dans la position dans laquelle nous étions.
Une douce chaleur m'enveloppe et me donne le sentiment d'être dans un cocon. J'aime être dans les bras de Lucas. J'y resterais bien un long moment... J'ouvre brusquement les yeux quand je me rappelle la situation. Je me lève brusquement faisant presque tomber Olivier. C'est dans ses bras que j'ai passé la nuit. Je passe une main sur mon visage pour bien me réveiller.
- Ça va? Pourquoi tu t'es levée si vite? me demande mon ami en baillant.
- Pendant quelques instants, j'ai cru que tu étais Lucas et la réalité a vite repris ses droits.
- Oh.
- Vu l'heure, on devrait se préparer pour le travail.
- Ouais t'as raison. Je prends la douche le premier.
Mon téléphone n'a pas sonné. Je commence à me ronger les ongles. Mon cœur s'emballe. Les larmes font leur apparition. Je veux savoir. Je n'en peux plus. Je m'écroule au sol dans un sanglot. Mes nerfs sont en train de lâcher. Des bras m'encerclent et me bercent. Mon frère attend que je me calme avant de m'aider à me lever.
- Va te rafraîchir. L'avantage des portables, c'est qu'on peut les prendre partout. Tu ne louperas pas ton appel.
À peine arrivée dans mon bureau, j'appelle le centre et demande à parler à Gabriella.
- Allo?
- Gabriella. Audrey Vincent. Je ne sais pas si vous vous souvenez de moi. Je suis l'amie de Lucas Simons.
- Oui, je me rappelle. Comment allez-vous?
- Et bien c'est justement pour ça que je vous appelle. Votre mari était bien dans l'armée?
- Oui, me dit-elle une hésitation dans la voix. Pourquoi?
- C'est un peu délicat. Lucas est parti en mission au Liban. Il y a deux jours, on m'a prévenue que son hélicoptère s'était écrasé et depuis je n'ai plus de nouvelles. Je voulais juste savoir si Logan avait gardé un contact à l'armée...
- Pour voir s'il peut glaner quelques renseignements... oh ma pauvre. Je vais lui demander directement. Je peux vous joindre sur le numéro qui s'affiche?
- Oui c'est mon portable. Il est toujours près de moi.
- Je vous recontacte dès que j'en sais plus.
- Merci beaucoup, dis-je soulagée.
- C'est normal. Courage.
J'essaie de vaquer à mon occupations pour penser à autre chose quand mon portable sonne. J'ai les mains moites au moment où je décroche.
- Allo?
- C'est Logan. Gabriella m'a donné votre numéro.
- Bonjour. Merci de me rappeler.
- Pas de soucis. J'ai pu avoir quelques renseignements pour vous. Ils sont parvenus à retrouver l'hélicoptère grâce aux données GPS de la boîte noire. Ils vont envoyer un autre hélico et une assistance médicale pour les récupérer.
- On sait s'ils sont vivants?
- Malheureusement on n'en sait pas plus. Ils n'ont pas pu établir le contact. Mais ne perdez pas espoir. Ils sont entraînés pour résister aux pires situations.
- C'est déjà ça, soupirais-je.
- Je vous tiens au courant si j'en apprends plus.
Je raccroche légèrement soulagée. Tiens bon Lucas, les secours arrivent.
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Enfin le chapitre suivant. J'essaie d'écrire dès que je le peux et pour l'instant ce n'est pas gagné mais il est là.
Des projets avec Olivier, l'aide de Gabriella et Logan. Et l'inquiétude pour Lucas qui reste entière...
J'oserais vous demander ce que vous en pensez?? :-)
Chapitre corrigé le 11/10/18
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