Bonus


Point de vue d'Audrey

J'en ai marre. Je vais craquer si ça continue.

- Sylvie? Viens ici deux minutes s'il te plaît.

Ma fille arrive presque en courant.

- Oui maman? Qu'est-ce qu'ils ont encore fait? me demanda-t-elle en soupirant.

- Oh trois fois rien. Ils ont simplement bidouiller mon réveil... encore! Je ne peux déjà pas bouger. La seule chose que je demande c'est d'avoir une heure correcte. C'est trop demander?

- Bien sûr que non. Tu veux que je te le règle?

- Tu serais un amour. Et leur père qui n'est pas là! Je vous jure celui-là quand il va rentrer, il va m'entendre.

- Mais oui. Tu dis ça à chaque fois et tu fais tout l'inverse, rit-elle.

- C'est vrai que quand il rentre de mission il a autre chose à penser qu'aux détails ménagers.

- Ça n'empêche. Tu devrais le tenir au courant de ce qu'il se passe ici. Il ne sait rien.

- Je ne veux pas qu'il soit distrait. C'est tellement dangereux là-bas.

- Tu te rends compte qu'il ne sait même pas que tu dois rester alitée jusqu'à la fin de ta grossesse? Il va s'énerver quand il va l'apprendre, c'est moi qui te le dis!

- Ça ne fait pas longtemps...

- Maman, ça fait déjà deux mois. Il serait peut-être temps de lui dire. Tu ne crois pas? Il pourrait t'aider à trouver une solution.

- Je me débrouille très bien comme ça et puis heureusement que tu es là pour m'aider.

- Je reprends les cours dans deux semaines. Je sais que je peux t'aider le soir mais avec mes devoirs et tout le reste je ne vais pas avoir beaucoup de temps. Tu vas faire quoi avec les jumeaux, le ménage et tout le reste? Le docteur t'a dit repos complet jusqu'à la fin et si j'ai bonne mémoire, ta grossesse arrive à terme dans deux mois.

Je sais qu'elle a raison. Je ne peux pas continuer à compter sur les autres et surtout pas sur elle. Elle est trop jeune pour être en charge de tout ça. En plus Lucas va me tuer de ne pas l'avoir prévenu avant. Je n'ai plus le choix. Je vais devoir le prévenir.

- La prochaine fois qu'il me contacte, je lui parlerai.

- Promis?

- C'est promis. Viens là ma belle, lui dis-je en tapant la place à côté de moi.

- Quand est-ce que tu es devenue plus mûre que moi hein? J'ai l'impression qu'hier encore tu étais une petite fille.

- Être une grande sœur te fait grandir maman.

Elle se couche et dépose sa tête dans le creux de mon bras, sa main sur le monticule qui me sert de ventre. Elle a beau avoir 14 ans, elle n'en n'est pas moins friande de câlins et j'adore ça. Contrairement aux jumeaux, Fabrice et Joan. Ce sont de vraies petites crapules ces deux-là. Dire qu'ils ont déjà 5 ans.

- Ton bouquin avance un peu quand même? me demanda-t-elle.

- Petit à petit. J'ai une fâcheuse tendance à m'endormir du coup mes personnages sont un peu en stand-by.

- Bah tu as tout le temps qu'il te faut. Ton éditeur ne te mets pas la pression avec le bébé.

Je me suis découverte une passion pour l'écriture. Et à mon plus grand étonnement, une maison d'édition m'a proposé un contrat pour les œuvres que j'avais déjà écrites. M'occuper des jumeaux me prenait toute mon énergie. J'ai donc décidé de travailler à mi-temps et cette rentrée d'argent m'a grandement facilité la tâche.

- Bon, je vais aller voir ce que font les petites terreurs. Tu as besoin de quelque chose?

- Non, c'est gentil ma chérie. Je ne te le dis pas souvent mais je t'aime ma belle. Je ne sais pas ce que je ferais sans toi.

- Tu en baverais, me dit-elle en riant. Je t'aime aussi maman. Et venir vivre avec vous a été la meilleure décision que j'ai pu prendre.

Deux ans après la naissance des jumeaux, Sylvie a voulu venir vivre avec nous. Elle ne supportait pas sa nouvelle belle-mère et voulait profiter de ses petits frères. Elle était la pièce manquante. Jusqu'à ce qu'une petite surprise débarque. Une petite sœur... enfin, elle n'est pas encore là mais joue déjà les enquiquineuses.

Je somnole dans mon lit, profitant d'un peu de calme. C'est tellement rare. D'un coup, j'entends les garçons crier et courir dans toute la maison. Mais qu'est-ce qu'ils ont bon sang? Ils ne dorment jamais ma parole! Cinq minutes se passent et je commence à m'inquiéter. Sylvie n'a que 14 ans, elle ne devrait pas avoir à gérer ça toute seule. Un coup est frappé à ma porte. Bizarre, les enfants rentrent plutôt comme des furies d'habitude. Une tête dépasse...

Lucas

Oh mon Dieu.

- Lucas... C'est bien toi? demandais-je en pleurant.

- Oui ma belle.

- Mais comment?

- Mon petit doigt m'a prévenu qu'on avait besoin de moi ici. Les autres se débrouilleront très bien sans moi, me dit-il en approchant.

Il me prend dans ses bras et c'est comme si tout était redevenu normal. Comme si le monde s'était arrêté de tourner et qu'il reprenait sa route. Sa main vient toucher mon ventre et le caresse doucement.

- Alors comme ça on reste alitée et on ne me prévient pas? me demanda-t-il doucement.

- Je venais de me décider à le faire, avouais-je piteusement. Je ne voulais pas t'inquiéter inutilement et te distraire. Tu dois être en pleine possession de tes capacités là-bas.

- Jamais mes missions ne seront plus importantes que toi. Ok? J'aime l'armée, j'aime mon métier. Mais ce n'est rien comparé à toi et aux enfants. S'il t'arrivait quelque chose, je ne me le pardonnerais jamais.

- C'est la même chose pour moi. Je t'aime plus que tout Lucas.

Il vient s'installer dans la même position que Sylvie un peu plus tôt et nous profitons l'un de l'autre pendant quelques instants. Jusqu'à ce que Fabrice et Joan décident qu'ils voulaient voir leur père.

- Papa, papa! Tu viens voir nos constructions? On a fait tout un camp et...

- Je viendrai voir dans quelques minutes les garçons, c'est promis. J'aimerais parler un peu avec maman. Ok?

- Mais papa, tu viens déjà de lui parler là.

- Les gars... leur dit-il sur un ton sans réplique.

- Très bien, répondirent-ils en partant, la tête basse.

- Comment tu fais? On a toutes les peines du monde à les faire obéir et toi, tu arrives et boum... Ce n'est vraiment pas juste, boudais-je.

- Que veux-tu? Ils savent qui est l'homme de la famille, me répondit-il en riant. Plus sérieusement. Qu'a dit le médecin?

- Je dois garder le lit jusqu'à l'accouchement. Ce n'est pas rare quand les femmes passent la trentaine. Sylvie m'est d'une grande aide et les autres aussi mais...

- Mais c'est de ton mari dont tu as besoin. Heureusement qu'Olivier m'a prévenu. Enfin, on ne va pas épiloguer là-dessus.

- Tu peux rester combien de temps?

- En fait, je vais rester ici à la caserne. Ça fait plusieurs mois que j'ai déposé une demande pour devenir instructeur. Je ne t'en ai pas parlé parce que je ne voulais pas te donner de faux espoirs. Il y a une semaine, j'ai reçu une réponse positive. Je comptais revenir de toute façon. Disons que l'appel d'Olivier a juste précipité un peu les choses.

Une pierre sur la tête ne m'aurait pas plus assommée que cette nouvelle.

- Tu ne dis rien? Je pensais que tu serais plus joyeuse que ça en l'apprenant.

- Je... Comment te dire?... Je n'y crois pas. C'est trop beau pour être vrai. Je vais me réveiller et me rendre compte que tout ceci n'est qu'un rêve n'est-ce pas? Oui, c'est ça je dois rêver.

- Tu ne rêves pas ma chérie. Je suis rentré pour de bon. Je vais pouvoir rester près de vous à partir de maintenant. J'ai assez voyagé. Il est temps que je profite de ma famille.

J'éclate en sanglots. La pression était trop forte ces derniers temps et je peux enfin lâcher prise. Je n'ai jamais voulu lui demander de quitter l'armée. C'est toute sa vie. Qui aurais-je été pour lui supprimer ça? Je l'ai connu militaire, je l'ai aimé soldat. J'aurais continuer à l'aimer s'il avait continuer sur cette voie. Mais là, il vient de m'offrir le plus beau cadeau dont je pouvais rêver.

45 jours plus tard

Une douleur me prend dans le bas du dos. Comme régulièrement depuis ce matin. C'est intenable. J'essaie de trouver une position confortable mais sans y parvenir. Lucas est encore au travail et devrait rentrer d'ici une heure. Nous avons décidé de prendre une aide à domicile le temps de l'arrivée du bébé. C'était plus raisonnable qu'il continue à travailler. En plus, je ne crois pas que j'aurais pu le supporter h24. Nous avons essayé au début. Nous avons tenu une semaine puis nous avons abandonné. Nous étions tous les deux à bout de nerfs ce qui a bien fait rire Sylvie, soit dit en passant.

Encore cette douleur! Nom d'un chien, quand est-ce que ça va s'arrêter?

Je tente d'écrire encore quelques minutes quand je sens un liquide couler entre mes jambes. Non. Ça ne peut pas être ça. J'écarte mon ordinateur et soulève le drap. Et bien si. Je viens de perdre les eaux.

Pas de panique. Surtout pas de panique. Je réfléchis deux secondes: ma valise est prête, elle est dans mon armoire. Les jumeaux et Sylvie sont à l'école. Tout va bien de ce côté-là. J'appelle Lucas mais je tombe sur sa messagerie. Ok. Il est censé être joignable. Il faut rester zen. J'appelle la caserne et laisse un message. Ils vont essayer de le trouver le plus rapidement possible. Super. Et je fais quoi moi? Une autre douleur, qui provient de mon ventre cette fois-ci, vient se joindre au reste. Oh, je pense que les contractions sont de la partie maintenant. De mieux en mieux. Dernier recours avant...

- Oli dépêche toi, bouge ton joli petit derrière. Ta filleule a décidé de venir nous faire un coucou.

- Je te rejoins à l'hôpital. Je suis là dans 5 minutes, me dit-il avant de raccrocher.

Heu je n'ai même pas eu le temps de lui expliquer qu'il devait venir me chercher. Là, je suis mal et cette aide soignante qui vient juste de partir. Je n'ai plus qu'une solution.

- Service des urgences. Quelle est la nature de votre appel?

- Je suis sur le point d'accoucher et tous les rats ont quitté le navire.

J'entends un rire à l'autre bout du fil ce qui me détend légèrement.

- Quelle est votre adresse?

Je la lui donne et il me dit qu'il va me garder en ligne jusqu'à l'arrivée de l'ambulance.

- Vous avez déjà des contractions? me demanda-t-il.

- J'ai des douleurs dans le dos depuis ce matin et les contractions viennent de débuter. J'ai perdu les eaux aussi.

Oh la vache, je l'ai pas vue venir celle-là. J'ai du parler tout haut puisque le gars essaie de me rassurer.

- Ils seront bientôt là. Y a-t-il quelqu'un pour leur ouvrir la porte?

Et là j'éclate de rire avant que ça ne se transforme en sanglots.

- Non, ils vont devoir la défoncer. Je suis toute seule et mon mari n'est pas encore rentré. Dites-leur que je suis au premier étage, alitée.

- Ce sera fait. Et ne vous en faites pas pour la porte, ils ont l'habitude.

- Si vous saviez comme je... grrr... je m'en fous de cette porte.

- Ils sont juste devant chez vous. Bon courage madame.

- C'est quoi votre nom?

- Heu Sacha.

- Merci Sacha.

Comme promis, les ambulanciers arrivent et m'embarquent. En route, nous croisons Olivier qui est tout penaud. Il vient avec moi dans l'ambulance et me tient la main jusqu'à l'hôpital.

- Courage ma belle, je reste ici et je m'occupe de tout.

- Viens avec moi. Hors de question que j'accouche seule, lui dis-je fâchée.

- Il n'aura pas besoin de venir. Je suis là.

Je tourne la tête pour voir mon mari arriver en courant. La suite se passe dans la douleur mais je suis heureuse de ne pas devoir faire face à ça toute seule. Quelques heures plus tard, j'entends le premier cri de notre fille. Je suis épuisée mais quand l'infirmière la dépose sur ma peau, je me dis que ça en valait la peine. Ma belle petite poupée toute rose est enfin avec nous. Et le papa tout beau tout fort... étendu sur le sol, évanoui. Ah ces hommes...

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Le point final de l'histoire vient d'être posté. Je voulais terminer sur une note plus joyeuse. Je suis triste de laisser Audrey et Lucas après avoir passé autant de temps avec eux mais une autre aventure nous attend. J'espère que cette histoire vous aura séduit au même titre que "Correspondance inattendue".

Je voudrais remercier toutes mes fidèles lectrices. J'ai eu énormément de plaisir à partager cette aventure avec vous les filles. Merci aussi à tous ceux qui m'ont lue en arrière plan. Il reste un dernier défi... avoir autant de vue pour ce tome que pour le précédent. Je vous invite donc à le partager.

Je vous dis à bientôt.

Bisouilles.

Vanireve

Pour information: toutes les images utilisées étaient libres de droit. Elles proviennent du site Pixabay.

Chapitre corrigé le 12/10/18

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