Sous l'Arbre enchaîné



Elle était là, chaque mardi, à l'heure où l'écarlate du soleil se fanait de couleurs. Elle était là, assise au pied de l'Arbre enchaîné, à porter à bout de bras ses amours et les manches de sa chemise.

Elle priait sous les racines et les chaînes de l'aube ; elle priait à cœur battu, l'âme en vogue et l'espoir brûlant. Elle passait un à un ses doigts sur l'écorce et comptait les brises du vent ou les feuilles tombées, comme j'aurais compté les secondes. Parfois, elle levait un regard étourdi sur les cimes profondes, et le cœur béat, s'offrait au silence.

Chaque mardi, le printemps courait sur ses pieds levés et ses lèvres dansantes. La nature, gelée par la nuit en partance, se glissait sous l'étoffe de ses cheveux, étouffants chaleur de l'aurore. Elle tirait pas à pas les fils fins de l'herbe rosée, et tissait des couronnes au soleil par milliers. Elle perdait ses secondes au jeu de la vie, mais au lieu de les pleurer, elle les offrait à bras ouverts.

Elle parlait d'éphémères printemps qui, l'espoir à demi, se glissaient dans le vent, et elle ouvrait son cœur comme j'ouvrais mes paupières : en jetant sur le monde un regard sans cesse étonné.

Elle faisait de sa blanche robe la page d'une grande histoire, où vie et liberté parcouraient terres et océans. Elle oubliait la peur et la course du soleil pour s'enfermer dans l'éternelle lueur du matin.


C'était là sans doute le plus grand mystère de l'univers :

elle était assise ainsi, chaque mardi, sous le cœur brûlant de l'Arbre enchaîné.

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