Famine

Il était une fois une Bête sans pareille qui vivait dans les montagnes, loin de toute vie civilisée. Sa naissance et son existence même était voilé de mystère car jamais il n'y eut d'autres créatures comme elle alors qui l'avait engendré ? Était-elle seulement née et avait grandit comme tout être vivant ou était-elle seulement apparut ? Elle n'avait jamais eut le moindre souvenir d'une hypothétique enfance ni de parents même si elle en avait longtemps cherché.

Elle était arrivé dans ce monde confuse et apeuré, suivant pendant un temps les autres bêtes, pensant peut être que l'une d'elles était sa mère mais tous la fuyait, prédateurs comme proies. Pendant les premières années de son existence elle ne mangea que l'herbe et les plantes par pur imitation, cette ignoble verdure que ses entrailles rejetait sans cesse, ne voulant pas dévorer par erreur une créature qui aurait put être un parent.

Ce n'est que lorsque qu'elle développa une conscience de soi qu'elle mit un terme à ces absurdes restrictions. Alors qu'elle buvait dans un ruisseau la Bête vit son propre reflet dans les eaux claires; pour la première fois elle se rendit compte de sa taille et de l'intelligence qui brillait dans ses yeux, bien loin de l'esprit primitif des autres animaux.

Mais surtout elle se contempla pour la première fois, son corps de primate aux longs membres fins mais musclés couvert d'écailles sombres et robustes, contrasté par la crinière de fourrure grise qui entourait son cou et couvrait tout son arrière, de son dos jusqu'au bout des doigts et à la frontière des talons, comme une étrange cape formant également une queue touffue. Sa tête semblait être celle d'un canidé sauvage semblable à un loup mais les bouts de son museau était osseux et pointu presque comme un bec, et ses mains ressemblait aux serres acérés d'un oiseau de proie.

A partir de ce moment elle cessa de craindre de tuer un de ses parents car aucun animal ne lui ressemblait alors elle commença à chasser et en moins de quelques lunes elle devint la seule bête des montagnes à n'avoir aucun prédateurs. Tous s'écrasaient ou fuyaient devant cette chose agile, sournoise et forte dont les griffes pouvaient trancher et déchirer même le cuir le plus épais et dont la puissante mâchoire broyait même les plus solides des os.

La plupart du temps la Bête ne tuait même pas pour ce nourrir mais pour ce défouler car bien que ces intestins accepté la chair animale le goût était si atroce qu'elle ne pouvait se résoudre à en manger plus que le strict minimum. Ainsi la grande majorité de ces meurtres n'était qu'une manifestation de frustration et de mauvaise humeur provoqué par la douleur de sa faim constante, voir une haine pour ces choses stupides et balourdes dont la chair fraiche était si putride et malodorante. A chaque repas la Bête pleurait en ayant l'impression d'avaler un cadavre en putréfaction grouillant d'asticots répugnant, peu importe la fraicheur du corps, le sang chaud coulant dans sa bouche devenait de l'eau glacé et stagnante, souillé de boue et de saletés. A chaque bouchée elle hurlait à la mort et régurgitait une bonne partie de ces immondices.

Une fois chaque repas achevé elle profanait le cadavre avec rage tout en mordant ses propres bras jusqu'au sang pour que ce doux liquide écarlate rince sa bouche de ce goût qui lui faisait presque souhaiter de ne plus vivre.

Chaque année la Bête descendit un peu plus de la montagne dans l'espoir de trouver une proie dont la chair ne la rendrait pas malade, finissant chaque nouvelle journée d'échecs par un sommeil court et agité, constamment torturé par ses intestins qui se tordait comme des serpents réclamant plus de nourriture.

Mais un jour alors qu'elle se réveillait avec le soleil comme à son habitude et huma une odeur comme elle n'en avait jamais sentit, une odeur aussi irrésistible pour elle que celle de la plus gastronomique des cuisines pour un humain. Sans réfléchir elle poursuivit l'odeur jusqu'à découvrir des formations comme elle n'en avait jamais vu, des amalgames de bois et parfois de pierre de formes variés et entre ces choses étranges se mouvait des singes presque dépourvus de tout poil, c'était eux qui dégageait cette odeur enivrante.

Ce fut son tout premier véritable désir et elle n'en eut jamais de plus ardent par la suite : planter ses crocs dans la chair tendre de ces singes sans poils, une pulsion viscérale, irrésistible.

Elle se jeta sur ses nouveaux animaux inconnus, arrachant la gorge du premier qu'elle put attraper avec ses dents et là une sensation sans pareille électrifia tout son corps. Ces poils se hérissèrent alors que sa queue battait l'air, ses yeux se dilatèrent alors qu'une explosion de saveurs ravissait ses papilles. Jamais la Bête ne pourrait plus jamais ce passer de ce goût si parfait qu'il en était indéfinissable.

Sans faire attention au reste elle s'acharna sur le corps, arrachant la chair et les os pour s'en repaitre jusqu'à ce qu'il n'en reste plus rien. Ce n'est que lorsqu'elle eut finit qu'elle remarqua le léger picotement qui assaillait son corps alors que les autres humains, car telle était le nom de ces choses si étrange pour la créature, qui n'avait pas encore fuit en hurlait tiraient des flèches qui ne laissaient même pas la moindre égratignure sur ses écailles robustes.

Ce qui ensuit ce premier met des plus savoureux fut une journée exceptionnelle de festin débridé et d'excès digne d'un bacchanale. La bête dévora chair et viscère dans un état d'extase obscène, elle ne ce contentait même plus de ronger les os mais les engloutit avec gourmandise, personne n'était assez rapide ou fort pour lui échapper.

Elle ne sortit de cette transe grisante que lorsque sa panse complètement remplie cria grâce, elle reposa au sol la femme qu'elle venait de saisir et repartit lentement, couverte de sang et dans un état de parfaite félicité.

-POURQUOI ? Hurla dans une crise de larme la victime épargné, le visage marqué à jamais parce à quoi elle venait d'assister.

La Bête se tourna vers elle, surprise de comprendre ce langage et ne trouva qu'à répondre d'une voix claire qu'elle n'avait jamais utilisé auparavant :

-J'avais tellement faim...

Et sur cette brève déclaration elle retourna dans les montagnes et se trouva une petite grotte où elle se roula en boule pour s'endormir. Pour la première fois de sa vie elle put s'endormir paisiblement et profondément, une hibernation qui dura plusieurs années. Elle dormait jusqu'à être réveillé par une sensation atroce mais familière, celle de son estomac qui criait famine.

Alors la même histoire recommença de nombreuses fois et peu importe les stratagèmes que les hommes mettaient en place pour lui échapper la Bête était trop rusé et perfide pour se laisser avoir. Elle était légèrement perturbé par les cris des hommes qu'elle pouvait comprendre contrairement aux autres animaux mais jamais elle ne regrettait ses actes, elle leur était supérieur après tout, elle était une prédatrice et eux des proies, elle n'allait pas retourner à sa vie misérable de famines et d'insomnies pour eux.

Mais sans qu'elle sache les survivants du village qu'elle attaquait régulièrement était devenu si désespéré de ce débarrasser d'elle qu'ils étaient aller jusqu'à faire appel à une sorcière.

Tout changea pour la Bête avant même que l'un de ses repas puisse commencer, elle trouva le village vide de tout habitant, tous étaient terré dans leurs demeures et seules une vieille femme s'appuyant sur un bâton se tenait à l'extérieur. La Bête se rua sur la vieillarde mais cette dernière l'arrêta d'un simple mouvement de la main, paralysant tout le corps massif du monstre.

-Tu a l'esprit d'un humain mais aucune âme... pour te punir de tes appétits gloutons je te maudit en te confiant une grande humanité ! dit-elle d'un ton cassant en posant sa main sur le cœur de la Bête qui sentit quelque chose profondément changé en elle. Puisse tu vivre pour regretter chacun de tes meurtres jusqu'à en souhaiter de mourir ! s'écria-t-elle avant de disparaitre avec le vent, sans laisser aucune trace.

Pour la première fois de sa vie la Bête se mit à ressentir une profonde douleur qui n'était en rien relié à la faim. Elle sentit un profond gouffre à l'endroit où aurait dû se trouver son cœur et elle se recroquevilla en hurlant et en pleurant alors que les souvenirs de ses joyeux festins lui revenait mais à présent elle les voyait comme les massacres brutales et insoutenables qu'ils étaient réellement.

Elle revoyait les visages tordu et déformé par la douleur et la terreur, les mutilations et éviscérations qu'elle avait alors effectué avec jovialité et hâte. Les sensations autrefois si agréable des os se brisant sur ses dents et du sang chaud coulant le long de sa gorge lui donnait à présent envie de rendre le peu de chose qu'elle avait sur l'estomac tant elles étaient à présent associé avec des sentiments destructeurs.

Tout son corps était à présent écrasé par le poids des remords, une douleur qui ne fit que s'ajouter à celle de la famine, ses instincts lui ordonnant de reprendre ses habitudes et de manger, ne faisant que rendre la situation encore pire. Elle se roula par terre, agité de spasmes comme une malade délirante, toute en se tenant le crâne, trop de pensées contradictoires se percutaient dans son esprit qui semblait à présent presque déconnecté de son corps souffrant.

Elle s'enfuit du village et retourna se cacher dans les montagnes en ne cessant  de pleurer et de se lamenter, elle n'était qu'une misérable, pire que la plus sauvage des bêtes, un monstre répugnant qui ne méritait pas ce simulacre de vie. La Bête passa des jours dans cet état second à ce morfondre et à ce faire du mal à elle-même avant de ce reprendre et ce remettre à chasser des animaux comme avant.

Mais après avoir gouté à l'excellence on ne pouvait plus retourner à l'infâme, et la Bête se montra incapable de supporter le goût rance des autres créatures de la montagne. Pendant une semaine entière elle essaya de se ré-habituer a cette vie sans succès et même si elle ne mangeait rien elle ne mourrait pas mais la faim la faisait délirer. Très vite elle se mit à rêver de manger des humains à nouveau mais chacun de ces songes éveillés était rapidement transformé en cauchemar par cette humanité qui avait été forcé dans son cœur.

Elle finit par ne plus quitter sa grotte et s'efforça de dormir jusqu'à ce que la mort vienne la chercher mais elle n'arriva jamais, ce fut même son exact opposé qui finit par lui rendre visite.

Un jour a son réveil la Bête découvrit avec stupéfaction qu'un humain était entré dans sa grotte, un homme ou une femme ? Elle n'aurait pas su le dire. L'humain était dépourvus du moindre poils, sourcil et cils comprit, ses yeux était sombre comme la nuit et sa peau aussi pâle que le cheval de la mort elle-même.

-Êtes-vous bien la Bête mangeuse d'homme dont parle la légende ? demanda-t-il d'une voix douce et mélodieuse dont la chaleur contrastait avec la froideur de son apparence.

-J'ignorai que j'avais atteint le statut de légende mais je suis bien une ignoble mangeuse d'homme alors partez car je craint être trop faible pour contenir mes pulsions en votre présence... dit-elle d'une voix basse et faible qui fut presque couverte par les gargouilles repoussant de ses boyaux.

-Je ne compte pas partir, au contraire je veux que vous me dévoriez, je ne souhaite que soulagez votre douleur.

La Bête écarquilla les yeux et secoua la tête, refusant catégoriquement cette étrange proposition.

En toute réponse l'humain pâle se déshabilla et sortit un couteau de la poche d'un de ses vêtements et commença à entailler son propre corps. L'odeur si douce du sang humain parvint jusqu'au narines de la Bête, envahissant toute la grotte et la Bête ne put y résister bien longtemps.

En moins de quelques minutes il ne resta plus rien de ce voyageur déviant si ce n'est les vêtements et le couteau qu'il avait amené ainsi qu'une simple flaque de sang sur le sol. La Bête se recroquevilla à nouveau, un nouveau meurtre venant à présent alourdir sa conscience. Mais seulement quelques heures après ce funeste moment elle sentit quelque chose de chaud toucher sa fourrure et la caresser doucement. Et la même voix douce et chantante se fit de nouveau entendre:

-Ne pleurez pas car ce que vous venez de faire n'était que naturel.

L'humain pâle était de nouveau là, toujours nu comme un vers mais dépourvus de toute blessure comme si rien n'était arrivé. La Bête se releva, les larmes aux yeux et murmura:

-Mais... comment...?

-De la même manière que les dieux vous ont maudit de par cet appétit dévorant et meurtrier envers la race humaine, ils m'ont maudit par l'immortalité. Jamais je ne vieillirait et peu importe à quel point mon corps est détruit il se reformera toujours à partir de la plus petite goute de sang, de la plus infimes des poussières...  comprenez-vous, noble créature ? Je m'offre à vous, corps et âme jusqu'à ce que votre faim soit satisfaite.

-Je ne puis décemment accepter même si votre mort ne me pourra pas me peser sur la conscience les souffrances que je vous infligerez me hanteront...

-M'avez-vous entendu hurler, m'avez-vous vu me débattre quand vous m'avez dévoré ? Je ne ressent pas la douleur, du moins pas de la même manière que mes semblables, alors je vous en prie ne vous torturez pas ainsi.

Avec hésitation la Bête arracha un bras à l'humain qui n'eut aucune réaction notable et elle dévora ce membre en seulement quelques bouchées sans la moindre grâce, le sang chaud et la salive giclant sur la peau blafarde du visiteur.

Une nouvelle frénésie s'empara de la créature et elle dévora l'immortel tant de fois qu'elle ne put les compter. La sensation de ce fluide chaud coulant sur son corps, de la viande dans sa bouche si pleine qu'elle s'en étouffait presque, cet odeur enivrante qui la faisait saliver et battre de la queue... tout cela la plongeait dans un tel état de félicité. Mais une fois cet acte achevé elle se trouvait rongé par l'inquiétude, craignant que chacune de ces petites morts serait la dernière pour l'humain. Ces craintes était pourtant injustifié car l'immortel revenait à chaque fois, caressant doucement la Bête pour lui faire savoir son retour quand elle s'endormait avant.

Très vite la Bête cessa de simplement manger le visiteur et commença à lui parler, ou plutôt à écouter car c'était lui qui menait la conversation la plupart du temps. L'humain parlait de ces voyages, des gens qu'il avait rencontré et des paysages incroyables qu'il avait vu pendant le millénaire qu'il avait passé dans le monde des vivants, la Bête, elle, aurait bien été incapable de ce rappeler combien d'années elle avait vécu.

La créature en remerciement pour ces récits intrigants lui fit découvrir la montagne dans ces moindres recoins, chacun des animaux qui y résidaient, leurs comportements, leurs habitudes et comment les chasser car chacun, même les plus robustes, avait une faiblesse.

-Même vous ? demanda l'imberbe avec curiosité.

-Il me  manque une écaille sous ma crinière, exposant ma chair tendre. Mais les animaux son trop bête pour viser ici et j'étais trop rapide pour que les hommes puisse viser cet endroit, répondit-elle sans aucune arrière pensée.

Ce duo improbable passa une année entière dans les montagnes à s'enseigner mutuellement diverses choses et à raconter des histoires. Mais peu importe à quel point ils se rapprochaient le regard du visiteur restait sombre et la Bête était toujours tourmenté par les remords et  sa condition.

Un jour alors qu'il se reposait tout deux dans la grotte, le blafard prit la parole d'une voix encore plus douce que d'habitude:

-Vous semblez si fatigué, noble bête. Je viens à me demander, pourquoi n'avez vous jamais plongé dans ce sommeil si profond en ma présence ?

-Tu met trop de temps à réapparaitre pour que je puisse me remplir suffisamment la panse pour hiberner, et je doit avouer que je crains que tu ne sois plus là à mon réveil si cela devait arrivé, mon ami.

-Alors cessez de me dévorer aussi rapidement et en entier...  délectez-vous de mes entrailles, gardez moi en vie le plus longtemps possible et ce que vous dévorerez continuera de repousser jusqu'à ce que vous soyez satisfaite. Et ne craignez rien car je serais toujours là à votre réveil peu importe combien d'années vous resterez en sommeil.

La créature hésita pendant une journée entière avant de finalement accepter. Elle commença par dévorer lentement ses jambes et l'un de ses bras, le visiteur souriait doucement en l'encourageant et en caressant sa tête de sa dernière main valide.

La Bête alla plus loin, elle ouvrit le ventre de son ami d'un coup de griffe et plongea son museau droit dans ses viscères et commença à mâcher le plus lentement qu'elle pouvait, combattant ses instincts qui lui ordonnait de tout dévorer sa la moindre pensée. L'immortel continua de l'encourager à continuer, lui rappelant que ça ne lui faisait pas mal du tout, alors elle s'enfonça un peu plus, chaque nouvelle poussée la rapprochait de ses limites mais elle continuait à dévorer alors que les membres du visiteur repoussait.

Elle retira son museau de la bouillie sanglante qu'était devenu l'intérieur de son compagnon et lui arracha de nouveaux les membres pour les dévorer avant de replonger dans ses entrailles avec extase. Et elle recommença plusieurs fois, chaque nouveau cycle était plus violent que le précédent mais tout repoussait à chaque fois, il n'y aurait jamais de limites à ce banquet infini.

Et lors du dernier passage alors que son estomac se remplissait elle finit par se laisser aller et plongea complètement à l'intérieur du blafard, dévorant chair et viscères sans laisser le moindre temps pour repousser. Elle arracha les poumons, le foie et les intestins, finissant par le cœur dans un hurlement de satisfaction alors qu'elle déchiquetait par pur plaisir ce qui restait, tapissant toute la grotte de sang et s'en recouvrant également  avant de s'endormir dans une profonde hibernation.

Quelques heures après cet énième repas sanglant le visiteur réapparut et contempla avec tendresse le sommeil paisible de la Bête puis il saisit son couteau qu'il avait garder toute cette année durant sans s'en servir. Il caressa une dernière fois la fourrure de la Bête puis fouilla dans sa crinière jusqu'à trouver la chair tendre sous l'écaille manquante...

-une vie maudite n'est pas une vie... une éternité à se morfondre ne mérite pas d'être vécu... murmura-t-il.

Et sans plus de cérémonie il planta son couteau à multiple reprise dans la faiblesse de son amie jusqu'à ce que la Bête ne respire plus.

-J'achève ce simulacre de vie au moment où tu est le plus paisible. Profite de ce repos éternel pour nous deux car je ne peux y accéder et si par miracle je venais te rejoindre dans l'autre monde je prie pour que tu comprenne mon action et que tu me pardonne. Adieu, mon amie...

Sur ces mots il quitta la grotte définitivement, une unique larme coulant sur sa joue.

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