LE VANNIER*
C'était encore l'hiver
Quand la saison s'émousse,
Quand proche des rivières
Naissent les jeunes pousses.
Il est parti hier
Chercher du bois de saule,
Des rameaux encore verts
Portés sur son épaule.
Il prépare en plein air
Avec du bois de souches
Un brasier de misère
Dont le cœur chaud me touche.
Il a pris la marmite,
L'a mise sur le feu.
Des braises qui crépitent,
Une flamme s'émeut.
Il saisit un fagot
De ces si longues mèches
Et le plonge dans l'eau
qui le prend et le lèche.
Et c'est dans l'eau bouillante
Que le bois attendri
Épouse de ses branches
La fonte où il se plie.
Epis donnent leur peau
Ils sont prêts au travail.
Alors sortis de l'eau
Se prépare leur taille.
Prenant de sa main sûre
Un brin de cet herbier,
D'un outil de bois dur
Le fend en trois quartiers.
Pelant de longues tiges
De son couteau d'usage
Il taille une rémige
En faisant l'effilage.
Dans des branches plus grasses
Taillées en forme d'arc
Il forme une carcasse
Qui portera sa marque.
C'est l'heure d'assembler
Le tour et puis son anse ;
Commencer à tresser ;
D'attacher leur alliance.
De mesure en mesure
Il ajoute une côte,
Pour créer l'ossature
De l'être pour ses hôtes.
Les rémiges se croisent
Se saluent, puis entourent ;
Tour à tour s'entrecroisent
Et leur corps fait l'amour.
Et son cœur se remplit ;
Est prêt à recevoir.
Il se pare pour sa vie
À porter nos espoirs.
Croix à la croisée
Vient achever l'ouvrage
Patiemment travaillé
Pour en fixer l'ancrage.
Papa a terminé.
Il m'offre son panier,
Et septs épis de blé
Qu'il met blonds et dorés.
Pour chance et abondance
Et sans plus d'artifice,
Me déclare en silence :
Que je t'aime, mon fils !
*À mon père
(Écrit Du 29 oct 2018 au 2 avr 2020)
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