LA FLEUR PRÉSERVÉE*

La balade légère
J'allais à l'aventure,
Écartant les fougères
D'un bosquet de verdure

Je me suis enfoncé
Dans le taillis épais.
Sur des traces foulées
Avant moi, j'avançai.

Marchant par le sous-bois,
Silence mystérieux
Éteignait toutes voix
S'égarant en ce lieu.

Le pas peu assuré,
Comme on vint me chercher,
Par murmure appelé
Une piste dévoilée.

Je n'en crus pas mes yeux
Tout me fut découvert
Le terrain si affreux
La forêt a souffert.

Les herbes arrachées,
Le buisson écrasé,
Une étoffe déchirée
A l'épine accrochée.

Une trace d'un sabot
Dans la tourbe, je crois.
Les frissons dans mon dos
Installaient leur effroi.

La terre retournée,
Et les branches cassées,
Que s'est-il donc passé
En ce lieu profané ?

Tout me fut révélé
Par la douce jacinthe
Des bois, seule épargnée
Elle me confia sa plainte :

Aux cris à l'étouffée.
Entends-tu murmurer
À l'agonie, les pensées
De ces fleurs massacrées ?

Ce monstre de l'enfer
Écœurant, misérable,
Déflorant la bruyère
A osé l'impensable !

Il l'a fait, le fumier !
Il a tout dévasté,
Profanant le sacré
Il a tout abîmé.

Oh, ma douce, ma tendre,
Tu as tant supporté,
Personne pour t'entendre
Ni pour te protéger !

N'aies plus peur, ô ma fleur,
Ton âme est pureté.
La noblesse de cœur
Tu l'as sauvegardée.

Et telle la jacinthe
Ta couronne est amour.
Et ta tête en est ceinte
De la couleur du jour.

Plus pure ne se peut !
Pourvu que le bonheur,
Comme bleu de tes yeux,
Rayonne de ton cœur.

Tu l'as tant mérité.

* À ma sœur Claudine

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