Épître funèbre pour une mère

Épître à ma maman Huguette Merlet née Jourdain - En messe de funérailles  le 25 Novembre 2020

Samedi 21 novembre 2020 à midi, l'heure de maman a sonné. Mais douze coups à l'horloge sont bien peu pour toutes les vies qui font son héritage. Sa descendance est immense : 9 enfants, 26 petits-enfants, plus encore d'arrières-petits-enfants.

Mais, pour l'accompagner dans son dernier voyage, pour rejoindre papa dans sa tombe, nous ne pouvons être que 30. Tristement, je sais que si nous avions pu être tous là, elle en aurait été fière, car nous sommes sa plus grande richesse, plus chère que tout l'or qu'elle n'a jamais eu. Elle aurait tant aimé voir réunie l'immense famille née de son amour fidèle et loyal avec papa.

Pour chacun, le temps vient où l'heure se suspend dans un dernier souffle, et dans le soleil de la mi-journée de ce samedi, la sienne s'en est venue sonner que les souffrances et douleurs sur lesquelles elle s'est construite étaient finies.

Mais ce qui reste est heureux.

Il n'est pas l'heure du glas. Au contraire. Que sonnent les cloches à leur plus grande volée pour célébrer la richesse humaine que sa longue vie a pu engendrer, après tant de naissances, de baptêmes, de mariages, de fêtes, d'anniversaires, et malgré quelques tragiques enterrements ; que chacun de leurs battements carillonnent comme un cœur toujours vivant, et célèbrent un à un toutes les vies que sa vie laisse en héritage !

Car avec sa mort, l'histoire de vie qui lui survit continue de grandir comme un fleuve qui n'a pas fini de se répandre, de s'écrire et d'emplir pas moins qu'une mer. Tant, qu'aujourd'hui, on dirait que c'est d'un peuple qu'elle est et sera la mère.

Certes, aujourd'hui, avec maman, et ses quatre-vingt seize années, un siècle s'éteint. Mais d'elle ont germé tant de graines et mûrit tant de fruits qu'il pourrait peut-être en naître pour mille ans.

A regret, nous ne sommes que trente ici, ce mercredi. Mais nous le sommes au nom de tous, descendants et amis, et nous savons que nous ne sommes pas seuls. Tous, ici ou ailleurs aujourd'hui, nous qui sommes son héritage vivant, c'est fiers ensemble que nous nous tenons debout pour exprimer notre respect et lui offrir l'hommage que nous lui devons avec la joie d'être unis par elle, et la fierté de lui rendre la sienne, gagnée au prix de sa souffrance mais aussi de son amour.

Maman, nous sommes les héritiers de ton histoire. Et de ton héritage, aucune part n'est à diviser, car toutes s'additionnent. Tu as sublimé l'expérience de ta souffrance et de la misère pour nous donner dignité et honneur qui font aujourd'hui notre identité.

Adieu maman. Tu as enfin gagné la paix. Tu l'as bien méritée. Repose. Sereine. Et maintenant que tu vas retrouver Papa, serre-le bien fort dans tes bras. Je sais que tu lui as manqué et qu'il n'a jamais cessé de t'aimer, autant que tu lui es restée fidèle. L'un à l'autre, vous êtes à jamais liés. Il est l'heure heureuse pour vous de vous retrouver.

Et, en derniers mots, je veux te le dire aussi cher que mon cœur bat toujours : je t'aime, maman ! Nous tous, nous t'aimons.

*Maman et ma Sœur Claudine / 1951

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top