DES PIERRES DE SUCRE EN FLEURS ET CHÂTEAUX*

Oh, ma mémoire,
Je suis en deuil,
Vides armoires
Sans que je veuille
De mon histoire
Passé le seuil !

Brasse le temps
De nos passés,
De nos présents,
Sucres filés...

Tout souvenir
Passe son heure,
Vient à brunir
Comme une erreur
Allant ternir
Notre bonheur.

Brûle l'espoir,
Enfant gâté,
Passe ses soirs,
Sucres brûlés !

Oh, mes châteaux
Grandes demeures,
Mes idéaux,
En leur grandeur
Ferment leur sceau
Brisant l'humeur.

Sur mes gâteaux,
L'eau a coulé
Tombant de haut,
Sucre mouillé.

Rêves perdus,
L'âme égarée,
Ils ont fondu,
Tous emportés ;
Leurs résidus
Se sont noyés.

Enfant lointain,
J'ai le regret
De ces matins ;
Sucres brisés.

Admirateur,
L'œil se repaît.
De sucre, fleurs
Ne fanent jamais.
Leur créateur
Ainsi les fait.

À la manœuvre,
Le pâtissier
Aime son œuvre,
Sucres tirés.

Oh, douces fleurs,
Âme enchantée,
De leur splendeur
J'ai tant aimé
Les parfumeurs
De mes pensées.

L'arbre aux fruits
S'en est allé,
Jardin détruit,
Sucres soufflés.

Moi, mon chemin
A bifurqué
Perdant latin
Le cœur brisé,
Changeant de main,
Demain manqué.

Le tisserand,
Fil, a coupé,
Brisant l'élan,
Sucre glacé.

Bâtirons-nous,
Qui tienne en place,
Château debout
En sable ou glace,
Ou bien en boue,
Qu'oubli surpasse ?

Et comme neige
En plein été
Oh, le pourrais-je
Rester sucré ?

Mon seul château
Est en papier.
Et tes gâteaux
Sont à manger.
Nos idéaux
Ont leur durée.

Sucré-salé
Ils font la paire.
L'éternité
Est éphémère.

*À mon frère Bruno, artisan pâtissier

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