A CELLE ÉTEINTE AVANT LE SOIR*
Ô, mon aînée, ma sœur,
Qu'on me pardonne ou pas,
Je sens couler mes pleurs
Punis de leur éclat.
Tombent les feuilles à terre,
Le saule pleure son trépas.
Les saisons crient misère,
Et souvenirs de leurs joies.
Et que tu ne le veuilles
Ça ne changera pas
Que je porte le deuil
Des espoirs d'au-delà.
Jette le printemps par terre,
La fleur s'éteint à l'effroi.
Pétales sont tombés hier,
Osant fruit à son endroit.
Plus de trente ans déjà
Font un si long recueil
Que peu à peu mes pas
Ont dépassé ton seuil.
L'été porte l'épi,
Mais fruit à son éclat
Se fane à son dépit ;
Mûr ne deviendra pas.
Blasphème, j'ai vécu
Bien plus longtemps que toi ;
Aurais-je volé ton dû
Qu'autant il déroba ?
L'automne assombrit ciel,
Chutent déjà les feuilles.
L'abeille ne porte plus miel,
C'est l'ambre qu'elle recueille.
Mes mots dédiés pour toi
Sont sans destinataire,
Ils s'égrainent sans voix
Parcourant leur désert.
L'hiver fait vent glacial.
Il est bien rude et froid.
Il murmure infernal
La plainte de tes joies.
Ô, mon aînée, ma sœur,
Qu'on me pardonne ou pas,
Je sens couler mes pleurs ;
Des fleurs font leur éclat.
*À ma sœur Denise.
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