15 ans plus tard...

Tullia s'arrêta, essoufflée. Voilà plusieurs heures qu'elle marchait sur ce qui avait été autrefois une magnifique cité, sa cité, et qui n'était plus qu'une plaine immense. Sous les plantes, sous la cendre, se terraient les décombres de milliers de vies. Plus loin, la silhouette menaçante du Vésuve semblait se moquer d'elle. Elle regarda autour d'elle, tâchant d'imaginer l'ombre de sa ville natale sur cette terre qu'elle ne reconnaissait pas, en vain.

Avisant un tout jeune olivier, elle sourit tristement et s'en approcha.

- Ces terres ne sont pas mortes, murmura-t-elle en posant sa main sur son écorce. Et bientôt, c'est une ville qui y renaîtra. Une nouvelle Pompéi.

Elle s'agenouilla et déposa au pied de l'arbre une plaque de marbre gravée.

- La pierre aussi peut traverser le temps, et ce même sans ton aide Théo. J'espère que tu recevras ce message.

Elle se releva et s'éloigna, sans se retourner.

Théo faisait la vaisselle dans son appartement. Il écoutait vaguement les informations du soir à la télévision, mais s'arrêta en entendant le nom de Pompéi. Il s'essuya rapidement les mains, s'assit dans le canapé et augmenta le son.

«...d'après les archéologues qui ont pu l'examiner, cette plaque aurait été déposée entre 10 et 20 ans après la célèbre éruption du Vésuve qui a détruit la ville. Il y est gravé en latin "Je suis en vie. Merci." suivi de la lettre T, vraisemblablement l'initiale de l'auteur de ce message. Cette plaque a probablement été déposée par l'un des rares survivants de la catastrophe qui a frappé la ville. Selon les experts, ce message remercierait soit les dieux, soit les victimes de l'éruption. En effet... »

Le jeune homme baissa le son en souriant. Lui savait très bien de qui provenait ce message, et à qui il s'adressait. Les années avaient passé mais il ne l'avait jamais oubliée. Tullia. Son amie du passé.

Il était sûr désormais qu'elle avait survécu.