Ma chère Lucile,

Tu ne m'as pas répondu mais je vais continuer à t'écrire. Juste parce que ça me fait du bien.
Hier, Maman s'est fâché avec la maman de Marie, tu sais, ma meilleure copine. Et bah, sa maman lui a dit de plus me parler parce que j'étais la sœur d'une criminelle ou un truc comme ça... Moi, j'ai pleuré et quand je l'ai dit à maman, elle devenue toute rouge. Et puis, ce soir, elles ont crié devant l'école. Quand on est revenu à la voiture, maman m'a dit que je ne devais plus parler à Marie et Marie devait pas me parler non plus... J'ai pleuré un peu parce qu'avec Marie, on est les meilleures amies du monde... Mais maman n'a rien voulue savoir.
L'autre jour, la maîtresse nous a rendue les poèmes. Pour une fois, c'est moi qui ai eu la meilleure note de la classe. La maîtresse m'a dit qu'elle avait pleuré en le lisant. Quand j'ai montré ma copie à maman, elle aussi a pleuré. Je ne sais pas ce qu'ils ont tous à faire les fontaines...
Je t'avais promis de te l'envoyer quand maîtresse me l'aurait rendu, alors je vais le mettre dans l'enveloppe, avec la lettre.
Je t'aime très fort. Tu me manques horriblement.
Ta sœur,
Victoria.

PS: La copie ne rentre pas dans l'enveloppe... Je vais te le réécrire ici.

Je pense à toi, souvent dans la nuit noire,
Lorsque je contemple les étoiles.
Pour moi, elles représentent l'espoir.
Il n'y a plus rien qui m'intéresse,
Depuis que tu t'es fait la malle,
Là où la noirceur se reflète dans l'adresse.

Souvent, dans mes cauchemars,
Il y a des hommes vêtus de noir.
Ils t'enmènent loin de moi.
Ton visage flotte dans mon esprit,
Autant le jour que durant la nuit.
Je me sens seule sans toi.

Tu me hantes.
Je glisse sur la mauvaise pente.
Je dors mal la nuit,
Les souvenirs tiraillant mon esprit.

Je t'imagines dans ta cellule,
Les murs gris qui t'enferment.
Que c'est long dix ans de prison ferme.
Un cris monte dans ma gorge.
Je hurle.
On m'a interdit l'accès au bonheur,
Dont tu étais la forge.
Ils m'ont enlevé ma sœur.