Chère Lucile,

Je ne sais pas si tu liras ça un jour. Je ne sais pas non plus si tu reçois le courrier là où tu es à présent.
Peut être qu'il y aura un gardien sympa qui voudra bien te l'apporter...
J'imagine que ça ne doit pas être le paradis là-bas.
Est-ce que tu es dans une cellule grillagée comme dans les films et les bouquins ?
Est-ce que le décors est comme celui de ta chambre à la maison ?
Ou est-ce qu'il n'y a seulement que quatre murs gris qui t'enferment toute la journée ?
Est-ce que tu manges bien à la cantine ?
J'espère que oui...
Ici, on s'ennuie à mourir... Les journées sont monotones...
En plus, Maman m'a interdit de parler de toi à la maison... À chaque fois que je prononce ton nom, sa main vient claquer sur ma joue.
Ça me rend triste tu sais ?
Savoir que tu passes tes journées dans une cellule grisâtres à te morfondre...
Je pense que je vais envoyer cette lettre en cachette. Sinon Maman ne voudra pas que je la poste.
J'aimerais tant que tu sois encore là. Que tu viennes me crier dans les oreilles comme tu le faisais avant. Que tu viennes me tresser les cheveux comme chaque soir avant de me coucher, comme avant.
Je suis fatiguée de devoir toujours taire ton nom. Fatiguée de penser à toi seulement dans ma tête, de ne pas pouvoir parler de toi avec les autres.
Tu me manques, Lucile, tu me manques. J'aimerais tellement te parler, comme autrefois... J'ai besoin de toi. Je t'aime.

Ta petite sœur,
Victoria.