17.11.24

David,
Toi qui a créé des alter egos, tu sais ce que ça fait de se complaire dans la fiction, non ? Quelle grande dame, la fiction. Je la trouve mille fois plus intéressante que la réalité. La réalité, je lui adresse mon plus élégant doigt d'honneur avant de tourner les talons.

Tu sais David, je crois qu'au fond, il y a tellement de domaines qui m'intéressent que je n'en aurais jamais assez. Mais ça ne me dérange pas vraiment que mon quotidien ne finisse pas par ressembler à tous mes rêves de grands espaces et de road trips effrénés. Ce n'est pas vraiment moi qui le vis après tout. Rappelle-toi, la barrière entre les mondes. J'aurais tant aimé être Addie Larue, si tu savais. Si un équivalent de ce que certain·es appellent le Diable existe, je l'implore de signer le même pacte avec moi.

Mais assez parlé du fantôme. Faudrait que je déconnecte. Passer du temps sur les réseaux sociaux me paraît de plus en plus futile. Je hais les gens là-bas. Les espaces commentaires me donnent envie de flinguer tout le monde, la culture du paraître me révulse et la façon dont ça a aliéné les gens de mon âge à avoir des comportements de merde me terrifie. La façon dont ça a impacté notre mode de fonctionnement en tant qu'êtres sociaux, en tant que consommateur·ices, en tant que société, c'est tellement ridicule que ça me donne envie de rire. On a créé ces outils pour se rapprocher, la vérité c'est qu'on les utilise pour s'éloigner et avoir des fonctionnements pervers. On s'y est enfermé. On a créé un outil pour éradiquer l'ennui. L'ennui. L'ennui, tu te rends compte ? C'est le signe que notre société est malade, rien de plus, rien de moins. Le signe qu'on se dirige avec toute la volonté du monde dans un broyeur d'humanité. 

Watch the world burn and collapse. It's ugly and ridiculous, but it's the only way to save it from us.

quelqu'un·e