Regrets

Bonsoir, Monsieur,

Je l'ai appris il y a de cela un mois. Et je veux vous rejoindre. Je veux le revoir.

Il s'appelait Maxime. Des cheveux brun foncé, des yeux bleus où je me perdais. Il n'était pas bien grand, pas bien fort. Toujours la tête dans ses livres, celui-là. Je l'ai tué.

Son père l'avait renié. Son frère l'évitait. C'est de ma faute.

On l'a retrouvé recroquevillé dans la salle de bain, les poignets ouverts. Il y avait une lettre.

Il vous parlait, dedans. Et il s'excusait. Mais c'est à moi de le faire. J'ai eu tort.

Un beau jour, il est venu chez moi avec son sourire timide, les mains dans les poches. Il était tout gêné et m'a demandé de l'écouter jusqu'au bout.

J'ai observé chacun de ses gestes, j'ai écouté chacun de ses mots. J'ai tout gravé dans ma mémoire.

J'ai ouvert la bouche pour lui répondre, décidé, à mon tour, de le lui avouer.

Tant de regards à la dérobé, tant de sourires échangés, tant de plaisanteries sur de petits papiers envoyés au travers des salles, tant de repas partagés... Mais tout est parti en fumée dès qu'Élisa est arrivée.

Elle n'a jamais aimé Maxime, ça je le sais. Elle nous a vu discuter, proche l'un de l'autre. Elle s'est avancée avec son air supérieur, avant de balancé un "T'es pd maitenant, Nathan ?". Et il est parti, rapidement, sans mots, l'air blessé.

Je suis tellement idiot d'avoir pris peur... Élisa a commencé à l'emmerder. Je ne disais rien. Alan a continué à sa suite, hargneux. J'ai lancé quelques plaisanteries. Je ne voulais pas qu'ils commencent à me harceler. Alex avait décidé de lui voler ses vêtements dans les vestiaires, de lui piquer ses affaires en cours et de le frapper lors des pauses. J'évitais de me retrouver seul avec mon amant.

Pardon, Maxime. Tout est de ma faute. Excuse-moi. J'aurais dû te dire "moi aussi" ou "je t'aime", j'aurais dû dire à Élisa de dégager. J'aurais dû frapper Alex. J'aurais dû engueuler Alan. J'aurais dû le protéger. Mais j'ai fait l'inverse.

Je suis tellement désolé...

J'ai arrêté de manger. J'ai arrêté de sourire. J'ai arrêté de vivre. Je leur ai dit adieu. Je pleure encore. Je ne parle plus.

Papa m'a dit que ce n'était pas ma faute si ce "pd" était mort. Que c'était même bien pour la société. Que je devais même m'en féliciter.

Mais je ne vais pas mieux.

On m'a donné des antidépresseurs.
Aujourd'hui je suis encore plus triste que d'habitude. Je vais en avaler plein.

Adieu, monde sans sens, adieu, monde sans compassion. Adieu, monde intolérant.

Veuillez agréer mes salutations les plus distinguées.

Un con amoureux

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