Longtemps déjà, le dessein de ce rêve me hante ; terreur il fut pour moi dans mes jours de jeunesses et l'angoisse qui me mangeait le ventre.

Une voix lointaine faisait écho à mes oreilles, elle provenait du fond de cette substance verte dans laquelle je pataugeais :

« Vous êtes sur la planète Aquerouge, planète aqueuse de la constellation de Memoria où vous allez constamment perdre la mémoire. Dans le but de la retrouver, il faut à nouveau parvenir à la source mère qui vous a donné naissance. »

Ces quelques mots prononcés suffirent à faire régner le chaos au sein du banc, les poissons rouges alertés par ce discours insensé, s'exclamaient tous dans un brouhaha étourdissant : « cet endroit est monstrueux, nous venons à peine que l'on veuille déjà nous malmener ! Et puis d'abord comment voulez-vous que l'on trouve le courant initial si la surface qui s'étend à perte de vue est la même ! C'est tout vert ! Tout vert ! »

La douce voix tentait tant bien que mal de nous calmer : « Il n'y a pas mort de poisson voyons, voyez la planète est toute petite ! Elle tient dans un verre d'eau et on y fait vite le tour ! Ce faisant, il suffit d'être assez malin et prendre le risque de perdre la tête ou... plutôt la mémoire. »

J'ignorais alors à ce moment précis, que ces paroles à chaque tour seraient pour moi comme une réminiscence. Était-ce une malédiction jetée à notre naissance ?

Dans un premier temps, j'essayais de réaliser ce que je venais d'entendre, ébahi et impuissant. Mais sous mon œil perdu une chose lumineuse scintillait, les autres poissons semblaient préoccupés par la même chose : « Il nous faut trois jours pour en faire le tour et après ce laps de temps, nous perdons la mémoire. Bordel c'est effrayant... » Le cadran de la petite chaine doré autour de ma tête affichait 72 tandis que mon cœur tambourait à sang.