18 Décembre : Sept ans plus tard
•18 décembre :
Sept ans plus tard écrit par @melanieRStories
Je remets correctement mon manteau et mon bonnet avant de sortir de la voiture. Je la verrouille et marche tranquillement vers l'entrée de la zone commerciale. Nous sommes début novembre et le froid commence à tomber sur Manchester. Ce n'est pas encore l'hiver mais la température descend déjà sous les dix degrés. Noël n'est que dans un mois et demi et pourtant, les magasins, les rues et les maisons sont déjà, pour la plupart, décorés. Je soupire en voyant la foule à l'entrée du magasin de jouet. Qui dit Noël dit promotion sur les jouets. C'est pour ça que je suis ici un peu avant huit heures du matin, un samedi alors que je pourrais profiter de mon jour de congé en restant au lit. Mais Eliott m'a demandé quelque chose de très particulier -enfin au Père Noël- cette année et ce magasin fait une promotion intéressante dessus. Alors il est hors de question que je la loupe. C'est la première enseigne à faire des soldes sur les jouets et, même s'il y en aura sans aucun doute des plus avantageuses quelques jours avant Noël, je ne préfère pas prendre le risque de ne pas l'avoir. Et c'est sûrement ce que toutes les personnes présentes se sont dit. Lorsque huit heures pile sonne, les portes s'ouvrent et les gens se précipitent à l'intérieur. Je laisse les plus pressés rentrer avant de me glisser à l'intérieur. Je soupire presque de bonheur en sentant le chauffage avant d'enlever mon bonnet. En lançant quelques coups d'œil autour de moi, je marche vers les rayons des véhicules électriques pour enfants. Je suis prêt à faire demi-tour lorsque je vois toutes les personnes dans le petit espace mais je pense à mon fils et finalement, me jette dans la foule. Je joue des coudes pour finalement arriver devant la moto qu'Eliott veut. Les boîtes étant en hauteur, je me mets sur la pointe des pieds pour les attraper. Je la touche du bout du doigt et essaie de la faire venir vers moi avant de sentir quelqu'un derrière moi et l'attraper.
"-Laissez-moi vous aider."
Je laisse tomber mes bras et regarde le futur cadeau de mon fils passer au-dessus de la tête avant de me retourner.
"-Merci."
Je récupère le jouet de bras de l'homme en face de moi avant de le regarder. En voyant son visage, je fronce les sourcils... J'ai la vague impression que je le connais... Et en voyant son expression, je comprends que lui aussi pense la même chose.
"-Louis ?" Demande-t-il.
"-Oui, c'est moi..." Je réponds encore plus confus alors qu'un sourire naît sur son visage.
"-Tu ne me reconnais pas, hein ?" Se moque-t-il gentiment. "Tu as toujours eu de mal à te souvenir des personnes que tu rencontrais. Même si j'avoue être un peu vexé."
Il se tait me permettant de l'observer un peu plus. Il a des cheveux bruns coupés courts et parfaitement coiffés, ses lèvres sont pleines, roses et sourient en coin, il fait bien dix bons centimètres de plus que moi et ses yeux... Ses yeux sont d'un magnifique vert hypnotisant. Toujours autant que la dernière fois que je l'ai vu, il y a sept ans.
"-Harry ?"
"-Je suis heureux de te revoir Louis." Sourit-il encore plus grandement.
Sans attendre -et malgré la moto entre nous-, je le serre dans mes bras. Il répond à mon geste et passe ses mains dans mon dos.
"-Ça fait si longtemps. Tu as tellement changé ! Il est loin le garçon plus petit que moi, les cheveux bouclés qui partaient dans tous les sens et avec de l'acné !" Je m'exclame alors qu'il rit. "Qu'est-ce que tu deviens ?"
Il se sépare de moi et hausse les épaules toujours avec un sourire.
"-Pas grand chose, tu sais. J'ai fini le lycée et je suis allé en fac de gestion pour faire du marketing. Je travaille maintenant chez Fashion..."
"-Fashion ?" Je le coupe, étonné. "La plus grande entreprise de mode de la région ?"
"-Oui c'est ça."
"-Je suis tellement heureux pour toi ! Tu dois être bien là-bas, toi qui as toujours été fan de mode et encore plus de ce qu'ils font. Tu y fais quoi ?"
"-C'est vrai que j'ai beaucoup de chance. Je suis responsable publicitaire, c'est moi qui m'occuper de tout le côté pub de la marque."
"-Wow ! C'est impressionnant !"
"-Et toi, qu'est-ce tu fais ? Tu es devenu professeur de français comme tu le voulais ?"
"-Non, pas vraiment. Je n'ai pas aussi bien réussi que toi. J'ai arrêté la fac après ma première année pour m'occuper de mon fils."
"-Ton fils ?"
Je pouffe avant de hocher la tête alors qu'Harry me regarde avec les yeux écarquillés. C'est vrai que c'est étonnant de ma part. Il y a sept ans, j'étais loin de vouloir fonder une famille. Je voulais à tout prix être marié, avoir une situation stable, un bon boulot... Avant d'avoir des enfants. Et pas avant mes trente ans, si possible. Aujourd'hui, je n'ai rien de tout ça mais je n'en suis pas pour autant malheureux. C'est clair que je voudrais pouvoir offrir une meilleure vie à Eliott mais je fais mon mieux et je pense m'en sortir pas trop mal malgré mes vingt-quatre ans et les fins de mois ric-rac et sans excès.
"-Que dirais-tu d'aller prendre un café pour discuter un petit peu et se retrouver ?" Me demande-t-il avant que je ne réponde à sa précédente question.
"-Je ne sais pas Harry, je dois récupérer mon fils chez ma mère avant midi et je dois rentrer à la maison pour cacher son cadeau."
"-Il est même pas neuf heures, tu as le temps. C'est juste l'histoire de quelques minutes."
Je souffle et réfléchis quelques instants alors qu'Harry commence à s'éloigner de moi tout en me regardant. J'ai toujours aimé ce côté là chez lui, il n'est jamais insistant, il demande, argumente et laisse tomber si ça ne fonctionne pas le premier coup. Et ça m'a toujours rassuré.
"-C'est pas grave, Louis, laisse tomber. J'ai été heureux de te revoir. Peut-être à une..."
"-C'est bon Harry, c'est d'accord." Je le coupe en souriant le reconnaissant bien. "Laisse-moi juste aller payer ça." Je dis en montrant la moto.
"-Je t'accompagne dans ce cas."
Et ce n'est que maintenant que je remarque le petit panier posé pas loin de lui. À l'intérieur se trouve des poupées, des jeux de société, des petites voitures... Il le prend et nous nous dirigeons l'un à côté de l'autre vers les caisses.
"-C'est pour qui ?" Je le questionne en désignant les jouets.
"-Ma sœur a eu une fille et, comme elle ne pouvait pas venir, elle m'a envoyé en mission." Rit-il.
Je lui souris alors que je pose la moto sur le tapis de la caisse. Je me souviens très bien de Gemma. C'était une fille géniale et une grande sœur très protectrice. On s'entendait super bien elle et moi, ce qui rendait Harry très heureux. Il a toujours voulu que la personne qui partageait sa vie s'entende bien avec sa famille et c'était le cas avec moi. Sa mère m'avait adopté, son père me laisser boire des bières avec lui devant un match de foot et Gemma et moi nous chamaillons très souvent. Mais si sur un point on s'entendait bien, c'était pour défendre Harry. Il n'a jamais eu de problème avec ses camarades, sauf une fois. Et cette seule fois, elle et moi, nous avons été allés voir les quatre garçons qui l'emmerdaient et suite à notre petite discussion, ils n'ont plus jamais approché Harry.
Nous nous sommes rencontrés au lycée lui et moi. Il venait d'y rentrer alors que je commençais ma deuxième année. Nous faisions tous les deux du théâtre et avons tout de suite accroché. Quelques semaines après notre rencontre, nous étions inséparables et je commençais à éprouver des sentiments pour lui. Je n'ai jamais été attiré par les garçons mais avec Harry, tout s'est fait naturellement, je ne me suis pas posé de question. Le vingt-quatre décembre de l'année de notre rencontre, à mon anniversaire, il m'a embrassé. Il pensait sans aucun doute que j'allais le repousser parce qu'à peine ses lèvres sur les miennes, il s'est éloigné et à commencer à s'excuser. Pour seule réponse, je l'ai collé à moi pour l'embrasser encore plus. Il avait quinze ans, je fêtais mes seize.
Nous sommes restés ensemble durant tout le lycée avec des hauts et des bas, bien entendu. Finalement, j'ai obtenu mon diplôme et je suis parti à l'Université de Leeds. Même si ce n'était pas loin de Manchester, nous avions tous les deux beaucoup de travail. Le temps a fait que petit à petit, nous nous sommes moins vus, moins parlé... Avant de nous séparer sans vraiment nous en rendre compte. J'ai rencontré Molly, la mère biologique d'Eliott, en janvier. Elle est tombée enceinte en mars et huit mois plus tard, Eliott est naît. Malgré son petit mois d'avance, il n'a pas eu de problème de santé même s'il a dû rester deux semaines à l'hôpital pour en être assuré. Une semaine après sa naissance, Molly emballait ses affaires et nous quittait.
J'ai quitté la fac pour l'élever, je me suis trouvé un travail dans un café dans le centre de Manchester. Je ne gagne pas des cents et des milles mais j'arrive à nous faire vivre et je sais que, si j'ai besoin de n'importe quoi, mes parents sont là. Il y a eu des moments où je pensais que je n'allais jamais y arriver, où jamais je ne réussirai à rendre mon fils heureux et fier de son père... Il y en a encore mais j'ai fait et je fais toujours de mon mieux. Six ans plus tard, je suis toujours seul avec lui et ce n'est pas plus mal. Les quelques personnes qui sont entrées dans ma vie sont reparties aussi sec après avoir appris l'existence de mon garçon. Après tout, qui voudrait élever un enfant qui n'est pas le sien à tout juste vingt-cinq ans ?
Je sors de mes pensées en entendant la caissière me saluer. Je lui souris et lui dis bonjour avant de sortir mon portefeuille.
"-Ça vous fera 89,90£, s'il vous plaît."
Je sors les quatre billets de vingt Livres Sterling que j'avais prévus et cherche la dizaine qui me manque. Mais mon cœur se serre envoyant qu'il ne me reste plus que cinq Livres et quelques. Et évidement, je n'ai pas pris ma carte bleue. Eliott peut dire adieu à son cadeau...
"-Heu... Je crois que je repasserai..."
"-Tenez."
Je relève la tête et vois Harry qui tend un billet de dix à la caissière qu'elle prend sans attendre ma réponse.
"-Harry..." Je soupire.
"-Ne dis rien, ça me fait plaisir."
Je souffle une nouvelle fois en levant les yeux au ciel alors que la caissière me donne la monnaie que je m'empresse de rendre au brun. Il paie à son tour puis nous sortons du magasin pour nous diriger vers le petit café non loin. Nous posons tous nos achats sur une chaise libre avant de nous installer. Il commande un café alors que je prends un thé et nous reprenons tout de suite notre discussion. Il me parle de sa famille dont sa nièce, Juliet, de ses amis, de son travail, des voyages qu'il a pu faire, des personnes qu'il a rencontrées. J'apprends que, contrairement à moi, il est et a toujours été attiré par les garçons mais qu'il est "désespéramment à la recherche de l'homme de sa vie". Sa plus longue relation, après moi, c'est terminé en catastrophe après un an et demi. Je ne lui demande pas de détails comprenant juste que son compagnon et sa famille ne se supportaient pas et qu'il essayait de l'éloigner d'eux. Je lui parle à mon tour de ma famille, d'Eliott, de mes amis, de mon travail, de mon envie de voyager, de rendre heureux mon fils... Finalement, lorsque onze heures sonne, je me lève, laisse la totalité de mon portefeuille sur la table et le prends dans mes bras en lui disant de nouveau que je suis heureux de l'avoir revu. Puis je pars, le sourire aux lèvres.
❄❄❄
"-Un cappuccino avec un cookie tout chocolat, s'il te plait."
Je dépose le papier sur lequel j'ai écrit la commande sur le bar avant de prendre le café qui attend. Je le porte jusqu'au client qui l'a demandé et passe à la table suivante. Les clients viennent de partir, je débarrasse donc et nettoie. Au même moment, la porte s'ouvre. Je m'apprête à aller accueillir le client lorsque j'entends ma collègue, Katy, le faire. Sauf que j'arrête tout ce que je fais lorsque c'est la voix d'Harry qui lui répond.
"-Bonjour." La salut-il. "En fait, je viens pour un renseignement."
"-Je vous écoute."
"-Je voulais savoir si Louis Tomlinson travaille ici."
Mais... Quoi ?
"-Oui, il est juste là. Je vais le chercher."
Je passe un coup de chiffon sur les chaises alors que je sais que Katy se trouve à côté de moi.
"-Louis, quelqu'un te demande."
"-J'y vais, laisse-moi juste finir."
Sans un mot, elle récupère mon torchon et me pousse d'un coup de hanche. Je lève les yeux au ciel en souriant pas du tout étonné de son comportement. Ça fait trois mois que je travaille avec elle et elle fait tout son possible pour ne pas faire attendre une minute le client. Tranquillement, je rejoins Harry qui me regarde en souriant. Il est habillé d'un costume avec une sacoche signe qu'il sort du travail. Un coup d'œil à ma montre me fait savoir qu'il est déjà seize heures trente passés.
"-Salut H'. Qu'est-ce que je peux faire pour toi ?"
"-Je ne vais pas te mentir, ça fait cinq jours que je fais tous les cafés de Manchester pour te trouver."
Je ris, plus nerveusement qu'autre chose avant de reporter mon attention sur Harry.
"-C'est assez bizarre." Je commente. "Pourquoi tu as fais ça ?"
"-Samedi, tu es parti sans me laisser ton numéro."
"-Je ne savais pas que tu le voulais et puis, tu pouvais me le demander plutôt que de me chercher dans tout Manchester."
Les yeux verts du garçon face à moi s'écarquillent en se rendant compte que, oui c'est ce qu'une personne normalement constituée aurait fait, surtout quand on connaît déjà la personne.
"-Heu... Ben... Je..." Bégaie-t-il.
"-Tu es toujours aussi maladroit dès qu'il s'agit d'interagir avec quelqu'un." Je me moque gentiment. "Aller viens bouclette, je vais te le donner mon numéro."
Je me dirige vers la caisse alors que le garçon derrière moi observe la pièce. Je trouve que c'est un café plutôt sympa. Il y a des canapés, des fauteuils, des tables hautes, basses et des tables "normales" pour être sûr que tout le monde trouve son compte. Les murs sont sombres mais la décoration est claire et, les guirlandes de Noël qu'on a installé donnent encore plus une bonne ambiance. Sans parler de la grande baie vitrée qui éclaire toute la pièce et qui permet à toutes les personnes présentes de regarder l'extérieur.
"-Tu sais quoi ?" Reprend Harry. "J'aime beaucoup cet endroit, je vais prendre un café et vais m'installer ici pour travailler."
"-Tu veux quelque chose avec ton café ?"
"-Ton numéro."
Je ris et lui fais signe de s'installer alors que je fais part à Joey, l'attitré aux boissons aujourd'hui, de sa commande. Je lui dépose deux minutes plus tard, son café et un morceau de papier avec mon numéro alors qu'il sort son ordinateur et l'allume.
"-Merci, je te dois combien ?"
"-Je te l'offre pour samedi dernière."
"-Louis..." Soupire-t-il.
"-Travaille bien."
Je me détourne et reprends mon travail. A dix-sept heures, mes deux collègues et moi-même allons dans les vestiaires nous changer lorsque nos remplaçants sont arrivés. Je les salue alors qu'ils sortent, préférant faire un petit détour par Harry pour lui dire au revoir. Depuis qu'il est arrivé, il n'a pas décollé son regard de son ordinateur à part pour prendre une gorgée de café.
"-Harry ?" Je l'appelle pour ne pas lui faire peur. "Je viens de te dire au revoir, ma journée est finie."
"-Tu ne veux pas de t'installer un peu avec moi pour discuter ?"
"-Ça aurait été avec plaisir mais je dois aller chercher mon fils à l'école."
Il hoche la tête et se lève pour me prendre dans ses bras. Je lui rends son étreinte avec un sourire puis me sépare de lui.
"-N'hésite pas à m'envoyer un message plutôt que de me chercher dans toute la ville."
Il rit en passant sa main dans ses cheveux, gêné, alors que je lui souris avant de lui tourner le dos pour sortir. Dès que je suis dehors, je frissonne en sentant le froid mais n'y fais pas attention et me dépêche de rejoindre ma voiture garée un peu plus loin. A l'intérieur, je me mets le chauffage et le contact avant de partir. La circulation est plutôt fluide malgré l'heure et, une dizaine de minutes plus tard, je suis devant la classe de mon fils qui sert aussi de garderie. Ce qui est bien, c'est que c'est l'enseignante d'Eliott qui s'occupe aussi de la première heure de garderie alors je peux toujours lui demander comment s'est passé la journée.
"-Bonjour Monsieur Tomlinson." Me salut-elle justement.
"-Bonjour, comment ça s'est passé aujourd'hui ?"
"-Comme toujours, il est toujours aussi curieux d'apprendre de nouvelles choses, tout en ne voulant jamais se calmer." Sourit-la maîtresse.
Je pouffe connaissant très bien mon fils. Eliott est toujours plein d'énergie voire même hyperactif, très curieux, bruyant... De ce côté, il tient de moi et pas de sa mère. J'ai été un enfant dur à tenir et il est exactement pareil. Certain jour, c'est vraiment compliqué de le gérer surtout après une longue journée de travail.
"-Papa !" S'exclame justement mon garçon en courant vers moi.
Je m'accroupis pour être à sa hauteur et le prend dans mes bras.
"-Salut bonhomme." Je ris en lui embrassant la tête. "Va chercher tes affaires, on rentre à la maison."
Aussitôt dit, aussitôt fait. Il court dans l'autre sens avant de revenir, son sac dans la main et son manteau dans l'autre. Je lui demande de s'habiller avant de sortir alors qu'il commence à me raconter sa journée. Il n'a toujours pas fini quand on arrive à la voiture et que nous partons pour rentrer. Ça c'est quelque chose qu'il tient de sa mère par contre. Une personne qui discute cinq minutes avec lui connaît, par la suite, absolument toute notre vie.
"Respire un petit peu Eli', tu es essoufflé tellement tu parles." Je le rappelle à l'ordre tendrement.
"-Mais c'était trooooooop bien papa !"
"-Je m'en doute mais parle moins vite."
"-Et toi, c'était comment ta journée ?" Me demande-t-il alors que je me gare dans le parking de notre immeuble.
"-J'ai travaillé et un ancien ami à moi est venu me voir." Je réponds alors qu'on descend de la voiture.
Il ne répond pas et court, sac sur le dos, vers la sortie. De mon côté, je ferme la voiture et le rejoins en marchant.
"-Je le connais ?" Me questionne-t-il alors qu'il appelle l'ascenseur.
"-Non, chéri."
"-Est-ce qu'il est plus gentil que Zayn ?"
Je pouffe et j'appuie sur le bouton numéro six une fois qu'il est là. Zayn, mon meilleur ami, a la fâcheuse tendance à mettre sa main sur la bouche d'Eliott pour l'empêcher de parler. Il est plutôt du genre solitaire et aime le calme alors dès qu'il voit Eliott, on a l'impression qu'il va faire une syncope. Pourtant, ça ne l'empêche pas de le garder dès que j'en ai besoin, de le couvrir de cadeau et même de passer du temps avec lui juste pour le plaisir. Même si on ne le dirait pas, ils s'aiment beaucoup tous les deux. C'est aussi pour ça que Zayn est son parrain, mais ils s'entendent plus ou moins bien selon leurs humeurs.
"-Je crois qu'on peut dire qu'il est plus gentil que Zayn, oui. Mais il ne faut pas lui dire parce que sinon il va faire la tête !"
"-Promis !" S'exclame-t-il immédiatement. "Est-ce que un jour je verra ton ami ?"
"-'Est-ce que je verrai'." Je le reprends. "Peut-être un jour, oui."
Mon téléphone vibre dans ma poche et en le sortant, je découvre un message d'Harry qui me fait lever les yeux au ciel -avec un sourire-.
"J'espère que tu es bien rentré, Louis. J'espère vraiment qu'on pourra se revoir un de ces jours. Tu es toujours aussi beau en tout cas.
H. xx"
❄❄❄
"Salut Louis, ça te dirait qu'on se retrouve aujourd'hui ? :)"
Depuis que j'ai donné mon numéro à Harry, nous avons beaucoup discuté par message et il vient presque tous les jours au café mais nous n'avons pas vraiment le temps de parler. Il m'a aussi proposé pas mal de fois qu'on se revoit en dehors mais j'étais à chaque fois dans l'obligation de refuser. Et cette fois, ne fait pas exception. Je regarde Eliott assis sur le banc dans l'entrée en train de mettre ses chaussures d'hiver pour sortir. Décembre est arrivé et les températures ont encore plus chutées mais toujours pas de neige en vue. Malgré ce froid, il y a deux semaines j'ai promis à Eliott que s'il avait une bonne note à sa dictée, je l'emmènerais au cinéma voir le nouveau dessin animé de Noël. Et il a obtenu une excellente note alors nous y allons. Je soupire et ouvre le message du bouclé pour lui répondre. Ça me serre le cœur de savoir que pour la je-ne-sais-combientième-fois, je dois encore lui refuser sa demande.
"Hey ! Je suis vraiment désolé mais j'ai promis un ciné à Eliott... :("
"-Tu es prêt papa ?" Demande mon fils, ses cheveux blonds devant les yeux.
Je ris et enlève les mèches qui lui cachent la vue.
"-Tu parles avec qui sur ton téléphone ?"
"-Tu te souviens, je t'avais parlé d'un ami ?"
"-Celui plus gentil que Zayn ?"
"-Oui, c'est ça. Eh bien c'est lui."
"-Quand est-ce que je le rencontre ?" Me questionne-t-il.
"-Tu voudrais ?"
"-Ouais, à chaque fois que tu es sur ton téléphone, tu souris. J'aimerais beaucoup le connaître pour sourire comme toi. Il doit être drôle."
Je me retrouve légèrement déboussolé après les dires d'Eliott. Je ne m'étais pas rendu compte que je souriais quand je parlais avec Harry, c'est assez déstabilisant que son fils de six ans remarque ça. Et surtout qu'il réponde ça.
"-Tu souris encore plus que moi, Eli'." Je lui souris ma main dans ses cheveux. "Pour ce qui est de mon ami, je peux lui demander s'il veut venir au cinéma avec nous, si tu veux."
"-Ouiii !" S'écrit en enlevant ma main de ses cheveux. "Demande-lui ! J'espère qu'il aime Disney !"
Je ris, connaissant assez Harry pour savoir que, oui, il est du genre à aimer Disney. Je reprends mon téléphone et tape un nouveau message. Heureusement, il n'a pas répondu à celui d'avant.
"Mais si tu veux, Eliott est d'accord pour que tu nous accompagnes. Si, bien sûr, tu as envie d'aller voir le dernier Disney mais surtout de le rencontrer."
Nous sortons de l'appartement, une fois que nous sommes bien habillés, et rejoignons la voiture. Ce n'est que lorsque je m'apprête à mettre le contact que je reçois la réponse de Harry.
"C'est avec plaisir :)"
"Rendez-vous au cinéma de la zone commerciale, d'ici une quinzaine de minutes alors ! :D"
"-Harry vient avec nous." Je préviens Eliott.
"-Ton ami ? Ouiii, c'est trop biiiiiien !"
Un rien rend ce garçon heureux. Nous partons donc tous les deux avec un sourire aux lèvres. Il me demande de lui parler un peu de l'homme qui va nous accompagner alors je lui explique que nous avons été amoureux avant mais que nous nous sommes séparés avant de nous retrouver il n'y a pas longtemps.
"-C'est plus ton amoureux alors ?"
"-Non."
"-C'est pas ma maman, hein ?"
Je ne lui ai jamais rien caché alors dès qu'il a commencé à se demander pourquoi les autres enfants avaient deux parents et pas lui, je lui ai expliqué le plus simplement possible.
"-Non, Harry est un garçon et ta maman était une fille."
"-Est-ce que c'est comme avec maman et qu'il t'a fait du mal ? Parce que s'il t'a fait du mal, je ne veux pas le voir, moi !"
"-Harry ne m'a jamais fait de mal." Je le rassure alors que je vois sa tête un peu paniqué dans le rétroviseur.
"-Promis ?"
"-Promis." Je répète.
"-Du coup, ça pourra être encore ton amoureux ?"
"-Je ne pense pas. Je n'ai pas le temps pour un amoureux ou une amoureuse, je dois m'occuper de toi."
"-Moi, je veux que tu ais un amoureux ou une amoureuse, je veux que tu sois heureux !"
"-Je le suis avec toi." Je lui réponds, encore une fois déstabilisé par ses paroles.
"-Mais tu n'as pas d'amoureux ou amoureuse."
Je soupire et laisse tomber sachant pertinemment qu'il est têtu. Heureusement, nous sommes arrivés alors, après que je me sois garé, je l'aide à sortir de la voiture pour rejoindre le cinéma.
"-Il est où ?" Demande le petit garçon alors que nous rentrons dans le bâtiment.
"-Il n'est pas encore là." Je lui réponds après avoir regardé rapidement autour de moi. "Viens, on va commencer à faire la queue pour acheter les places parce qu'il y a beaucoup de monde."
"-Et du pop corn ?"
"-Ce n'est pas l'heure mais pourquoi pas." Je lui souris.
Il sautille sur place avec un grand sourire avant d'attraper ma main pour me tirer vers la queue.
"-Toi, papa, tu prends les places, moi, je surveille ton copain." Déclare-t-il, les yeux rivés vers l'entrée.
"-Tu ne sais pas à quoi il ressemble." Je lui rappelle.
"-Si il a été ton amoureux, c'est forcément quelqu'un de beau."
Je pouffe en l'entendant mais le laisse faire. Il reste deux minutes en silence à scruter les gens avant que je le sente s'éloigner un peu de moi.
"-Tu es Harry ?"
Je me retourne et découvre en effet le bouclé devant Eliott. Le petit attend sa réponse en le regardant alors que l'homme l'analyse, sûrement surpris de faire face à un mini moi blond.
"-Eliott, combien de fois je t'ai déjà dis qu'il fallait dire bonjour." Je le réprimande.
"-Bonjour, tu es Harry ?"
Il ne perd pas le nord lui. En m'entendant, l'homme aux yeux verts relève le regard vers moi pour me sourire avant de s'accroupir au niveau du blond.
"-Bonjour." Lui répond-t-il. "Oui, je suis Harry et tu dois être Eliott. Je suis content de te rencontrer."
"-Moi aussi. Papa m'a dit que tu étais gentil avec lui. Donc je pense que je t'aime bien. Pour l'instant. Mais si un jour tu es méchant, je t'aimerai plus d'accord ?"
"-Je ne serai pas méchant avec ton papa mais c'est d'accord."
Il semble satisfait parce qu'il hoche la tête. Je lève les yeux au ciel en riant en même temps qu'Harry se relève. Pour le saluer, je l'attire dans un câlin auquel il répond immédiatement.
"-Je suis content que tu sois là." Je chuchote dans son oreille. "Je suis vraiment désolé pour les dernières fois."
"-Je suis content que tu ais proposé." Répond-t-il sur le même ton. "Et ne t'inquiète pas pour ça, je comprends."
Il s'apprête à commencer une conversation mais c'est sans compter sur Eliott qui se met entre nous deux et se tourne vers moi.
"-Je t'avais dit qu'il était beau." Me rappelle le petit garçon, me faisant pouffer et sourire Harry.
Sans plus faire attention à moi, mon fils commence à parler avec le nouvel arrivant. Ils sont légèrement sur le côté ce qui me permet d'avancer seul dans la file d'attente. C'est, en même temps, notre tour de prendre des places, ce que je fais avant qu'Harry ne puisse payer. J'en prends trois avec un pop corn en taille L. Ça n'a pas duré plus de cinq minutes et pourtant la conversation des garçons à mes côtés à déjà changé.
"-Moi, j'ai pas de maman." Dit Eliott. "Elle est partie quand j'étais un bébé. Du coup papa, il m'a fait grandir tout seul. Tu sais que c'est le meilleur papa au monde ?"
"-Je n'en doute pas." Lui répond tranquillement Harry.
"-Quelque fois, je me demande pourquoi ma maman est partie. Papa dit que c'est parce qu'elle ne se sentait pas capable d'avoir un bébé et qu'elle était plus amoureuse de lui."
"-C'est des choses qui arrivent. Mais tu as un super papa pour t'occuper de toi."
"-Oui, c'est vrai que c'est le meilleur papa du monde. Il m'a dit que tu as été son amoureux avant. Est-ce que c'était un bon amoureux ?"
"-Il est génial comme amoureux."
Je lève les yeux au ciel -va vraiment falloir que j'arrête de faire ça- en entendant la réponse de Harry et m'approche d'eux.
"-Bon les garçons, le film va commencer. Tiens, Eliott," je lui tends le pop corn, "tu ne le fais pas tomber et tu partages avec Harry et moi."
Il hoche la tête et pars vers la salle pendant que nous le suivons à l'arrière.
"-Désolé, il est très bavard."
"-T'excuses pas." Me rassure le bouclé. "Il te ressemble beaucoup."
"-C'est vrai."
Nous portons tous les deux le regard sur Eliott qui nous attend en parlant avec le gars de la sécurité. Je pouffe en le voyant faire et nous allons le rejoindre. Nous saluons l'homme en question pendant que je lui donne les tickets pour nous rejoignons la salle.
"-Tu me diras combien je te dois."
"-Rien du tout, H, je t'ai invité après tout."
"-Je me mets entre vous deux !" S'exclame Eliott une fois dans la salle.
Il choisit sa place et, comme il l'a demandé, Harry et moi nous mettons de chaque côté du petit garçon.
"-Par contre, je te préviens, Eli'," je le mets en garde, "tu ne parles pas pendant le film !"
"-Oui, oui."
"-Tu n'aimes toujours pas ça, les personnes qui commentent les films ?"
"-Non toujours pas !" Je ris. "Mais avec lui, c'est un peu compliqué."
"-Je sais me taire !" S'exclame le blond, outré.
"-Non, tu ne sais pas." Je me moque en ébouriffant ses cheveux.
"-Tu n'aimes toujours pas non plus te faire embrasser pendant les films ?" Murmure le bouclé, au-dessus d'Eliott pour que je sois le seul qui puisse l'entendre.
Je relève directement le regard et tombe immédiatement sur ses yeux. J'ai toujours aimé ses yeux, ils reflètent toute la douceur, l'amour, la bonté et la passion dont il est capable. Et sept ans plus tard, je retrouve toujours ça dans ses iris. Il n'avait qu'à me regarder pour que je cède à tous ses demandes, je me pliais en deux pour ses beaux yeux. Il le savait et en jouait. Et il semble s'en souvenir. Et, en plus, il a beaucoup plus confiance en lui que lorsque nous étions ensemble.
"-Seulement quand je ne connais pas le film." Je réponds sur le même ton, joueur. "Et tu devrais le savoir vu le nombre de film que tu m'as fait louper."
Un sourire insolent naît sur les lèvres de mon vis-à-vis et je le vois s'approcher de moi avant...
"-Les bandes annonces commencent !" S'écrit Eliott.
Avec un sursaut, Harry s'éloigne, les joues rouges, et porte son attention sur l'écran. Je l'observe jouer avec ces bagues signe qu'il est gêné ou mal à l'aise. Je suis heureux qu'Eliott l'ait arrêté avant qu'il m'embrasse car je ne suis pas sûr que ça soit une bonne idée. Nous venons seulement de nous retrouver et Eliott est avec nous. Je ne peux pas me permettre d'embrasser quelqu'un juste parce que j'en ai envie alors que mon fils est juste à côté -enfin en dessous dans ce cas-, ça ne serait pas très sain pour lui. Sans parler du fait que je n'ai absolument aucune raison d'embrasser Harry. Certes nous avons passés deux très belles années ensemble lorsque nous étions adolescents mais maintenant, nous sommes adultes, rien n'est plus pareil. Il paraît être le même qu'il y a sept ans malgré tout rien ne me dit que c'est vraiment le cas. J'ai un enfant sous ma responsabilité maintenant, je ne peux pas me permettre de rentrer dans une relation instable juste pour les beaux yeux verts de mon ex.
"-Woow papa ! Ce film a l'air trop cool !" S'exclame justement mon garçon me sortant de mes pensées. "On pourra aller le voir ?"
"-On verra." Je lui réponds sans pour autant prêter attention à ce qui se passe à l'écran.
"-Hein, Harry, il a l'air trop cool ?"
"-Oui, c'est vrai."
"-Je suis sûr qu'il plairait à Zayn ! Faudra qu'on aille le voir tous ensemble !"
"-Dis-moi voir, Eliott, tu ne veux pas te calmer un peu ?" Je lui demande.
"-Pardon." Dit-il sans conviction.
Pour m'amadouer, il vient se coller à moi avant de se remettre à parler deux secondes plus tard alors qu'une nouvelle bande annonce commence. Je soupire tandis qu'Harry pouffe à côté de moi. Ça promet. Comme prévu, durant toute la séance, Eliott parle et commente le film malgré mes réprimandes et pour rien arranger, Harry lui répond à chaque fois. Je suis presque soulagé lorsque le générique de fin arrive mais je crois que j'ai crié -intérieurement- victoire trop tôt car, immédiatement, mon fils commence à analyser de nouveau chaque scène du long métrage. Malgré tout, je ne peux m'empêcher de sourire en voyant les deux garçons discuter du dessin animé qu'on vient de voir. Eliott n'a jamais eu de mal à parler avec des inconnus mais je remarque bien qu'il aime beaucoup Harry en dépit de leur rencontre toute récente. Et ça ne peut pas me faire plus plaisir. Je ne sais pas encore ce qu'il va se passer entre l'homme aux yeux verts et moi néanmoins, savoir qu'ils s'entendent bien lui et mon garçon, m'enlève un poids des épaules. Nous décidions finalement de nous rhabiller pour sortir du cinéma. Alors que j'allais dire au revoir à Harry, une fois à l'extérieur, il prend la parole :
"-Venez, je vous paie un cupcake avec une boisson."
"-Harry..." Je commence.
"-Ouiiiiii !" Me coupe Eliott avant de partir dans la direction indiquée par le bouclé.
"-Aller, écoute ton fils."
Je soupire mais suis les deux garçons. Je garde un œil sur le blond qui marche devant nous, tout en restant aux côtés d'Harry.
"-Avoue que tu essaies de te le mettre dans la poche en lui achetant des sucreries."
"-C'est possible, oui." Sourit-il. "Peut-être qu'en me faisant apprécier du fils, je pourrais avoir le cœur du père."
Sans pouvoir m'en empêcher, je lâche un petit rire avant que ça ne se transforme en fou rire. Du coin de l'œil, je remarque Harry qui passe par différent stade: d'abord il est gêné, puis vexé par ma réaction avant de laisser un sourire fendre son visage faisant apparaître ses fossettes.
"-Tu as pris vachement confiance en toi ces sept dernières années." Je lui fais savoir après m'être calmé.
"-Je ne pouvais pas rester un jeune garçon innocent et timide de quinze ans toute la vie, n'est-ce pas ?"
"-J'aimais beaucoup le garçon en question, moi."
"-Tu y es quand même pour beaucoup dans ce changement. Surtout la partie sur l'innocence."
Je me remets à rire rapidement suivit du deuxième homme, cette fois, alors qu'Eliott nous regarde sans comprendre devant le magasin de cupcakes.
"-Ok, un point pour toi." Je lui dis. "Allons manger ces cupcakes avant qu'Eliott fasse une crise."
Nous rentrons dans le petit magasin et prenons nos commandes avant de nous installer à une table. Nous passons une grosse partie du reste de l'après-midi autour de cette table à discuter. Et malgré la présence d'Eliott, j'ai bien remarqué que l'homme face à moi me draguait. Entre les compliments, les regards insistants, les sous-entendus et son pied qui traînait un peu trop près des miens, il est loin d'être le plus subtil. Malgré que ça soit très flatteur, je ne sais pas quoi en penser. Nous venons à peine de nous retrouver. Nous avons déjà eu une relation ensemble, et bien que merveilleuse, elle est révolue et j'ai un enfant un charge. Je ne sais pas vraiment quel sont ces intentions, si son but est seulement de s'amuser ou s'il recherche une relation sérieuse. Je ne connais même pas ses réels sentiments à mon égard. Ne fait-il pas ça seulement avec le souvenir de notre relation passée ? A-t-il de nouveau sentiment amoureux pour moi ? Ou c'est seulement de l'affection sans qu'il ne s'en rende compte ? Je ne sais pas et ça ne préoccupe pas mal. Lorsque je sors de mes pensées, je tombe immédiatement sur ses yeux verts qui me fixent avec un immense sourire. Sourire communicatif car le même apparaît sur mon visage. Je ne peux pas dire le contraire, j'ai passé -et Eliott aussi- une excellente journée à ses côtés mais je repars avec beaucoup de question sur nous deux.
❄❄❄
Je regarde la neige tomber à travers la baie vitrée du café avec un sourire. Noël se rapproche à grand pas et elle s'est enfin décidée à se montrer. Ce n'est encore que quelques flocons mais ils ont découragés beaucoup de monde vu les rues et le café vides. Les quelques personnes qui se sont aventurés dehors ont le pas rapide, emmitouflés dans leurs gros manteaux, écharpes et bonnet. Pour moi, c'est vraiment l'esprit de Noël ce temps: les écharpes, les bonnets, les sacs de cadeaux qu'ils tiennent dans les mains... Ce qui me fait penser qu'il faudrait que je trouve un cadeau à Harry. J'en ai un pour tout le monde sauf lui. On n'a jamais dit que nous allions nous échanger des cadeaux mais j'y tiens, histoire de lui montrer que je suis heureux qu'il soit de retour dans ma vie. Mais à vrai dire, je n'ai pas la moindre idée de ce que je pourrais lui prendre. Je sors de mes pensées en voyant, justement le garçon en question, me faire un signe de l'autre côté de la vitre. Il est, lui aussi caché sous une tonne de vêtement avec un bonnet. Sans parler de son nez rouge à cause du froid. Je crois que je n'ai rien vu qu'aussi mignon depuis longtemps -sans parler d'Eliott-. Je fais signer à Katy que je m'en occupe avant de descendre du tabouret, sur lequel j'étais, pour accueillir Harry qui rentre. Il tape ses pieds sur le tapis d'entrée en enlevant son bonnet tout en me regardant.
"-Bien le bonjour monsieur, en quoi puis-je vous être utile ?" Je lui demande.
"-Je voudrais juste un macchiato." Répond-t-il. "Et un tête-à-tête avec le joli serveur."
"-Pour le macchiato, c'est bon mais par contre, pour le serveur, Joey est en congé, désolé."
"-Oh." Reprend-t-il faussement déçu. "Bon c'est pas grave, je vais me contenter du serveur passable châtain aux yeux blues qui répond au nom de Louis."
"-Passable ?" Je m'exclame choqué. "Ce Louis est carrément une bombe ! En tout cas, moi, j'essayerai bien de me le faire."
"-C'est pas faux." Sourit Harry. "Personnellement, je me le suis déjà fait. Mais c'était il y a pas mal de temps."
Je ris avant de lui faire signer d'aller s'asseoir pendant que je m'occupe de sa commande. Katy nous ayant sûrement entendu, me tend son café et, sans que je lui demande, me dit que je peux rester avec lui. Je la remercie et rejoins le bouclé qui a déjà enlevé son manteau et son écharpe.
"-Tu as de la chance que j'ai une collègue super sympa." Je lui annonce en m'asseyant en face de lui sur un fauteuil. "Alors que me vaut l'honneur de cette visite ?"
Comme si j'avais prononcée la phrase maudite, le sourire de mon vis-à-vis s'efface légèrement pour laisser place à une mine gênée.
"-En fait," hésite-t-il, "je voulais te proposer un rendez-vous avec moi..."
Je soupire. Fallait bien que ça arrive un jour.
"-Je ne pense pas que ça soit une bonne idée H..." Je souffle.
"-Pourquoi ?"
"-Nous ne sommes plus adolescents Harry, on n'est plus les mêmes..."
"-Et ça ne vaut quand même pas le coup d'essayer pour toi ?"
"-Je ne suis plus seul, j'ai un enfant. Ce n'est plus ce que je veux maintenant mais ce qui est bien pour mon fils. C'est pas anodin, je dois faire passer son bonheur avant le mien."
"-Mais tu ne sais pas encore que son bonheur dépend aussi du tien ? Il ne peut pas être pleinement heureux si tu ne l'es pas. Je ne suis pas non plus bête, Louis, je sais et j'ai compris que tu avais un fils. Mais ce n'est pas pour autant que je ne veux pas essayer de construire quelque chose avec toi. " S'arrête-t-il avant de reprendre en voyant que je m'ouvre pas la bouche. "Tu ne peux pas nier qu'on a passé deux belles années ensemble, j'en garde un très bon souvenir alors pourquoi ça ne pourrait pas être pareil maintenant ? On est juste plus vieux, plus posés, on sait ce qu'on veut de la vie et moi là, c'est toi que je veux. Et tu viens avec Eliott, je le sais et c'est ok, pour moi."
"-Ce n'est pas aussi simple."
"-Pourquoi ça ne le serait pas ?" Rétorque-t-il instantanément. "J'ai la conviction que si la vie nous a séparé de cette façon, c'est qu'il y a une raison, je suis..."
"-Le destin n'existe pas Harry." Je le coupe.
"-Je suis certain que si. Il y a forcément une raison de pourquoi on s'est séparé s'en souffrir, il y a forcément une raison que pourquoi on s'est retrouvé." Affirme-t-il avant de prendre mes mains dans les siennes. "C'est Noël, Louis, c'est la magie de Noël. Je suis certain que c'est un signe. Il y a forcément une raison du pourquoi du comment nous nous sommes retrouvés à cet exact moment, à cette période de l'année. Ça veut dire quelque chose, tu ne peux pas me faire changer d'avis. A Noël, on est censé retrouver les gens qu'on aime et bordel, Louis," poursuit-il ses yeux figés dans les miens, "je n'ai jamais aimé quelqu'un autant que je t'ai aimé toi."
Je sens mon cœur se briser et fondre de plaisir en même temps. Fondre parce que, même si je ne l'avouerai jamais, c'est pareil pour moi. Malgré mon très peu de relation sérieuse, je n'ai jamais aimé quelqu'un autant que lui. Et il se brise car ses magnifiques yeux sont remplis de larme et il n'y a rien de mieux pour m'arracher le cœur.
"-Harry..." Je souffle, les larmes aux yeux à mon tour.
Je laisse tomber ma tête qui atterrît sur nos mains liées.
"-Te revoir n'a fait que remonter tous les souvenirs et tous les sentiments que j'avais pour toi. Je ne peux pas te laisser partir loin de moi maintenant. Je ne peux pas, Louis."
"-Je veux aussi que tu restes auprès de moi mais..." Je soupire en me relevant. "Je ne pense pas être prêt pour de nouveau avoir une relation... Mes derniers essais se sont tous soldés par des échecs..."
"-Peut-être que toi et moi ça fonctionnera."
"-S'il te plaît, ne rend pas ça plus difficile..."
Il soupire et, lentement, détache ses mains des miennes.
"-Je-je vais y aller..." Déclare-t-il en fouillant dans ses poches pour sortir de quoi payer. "Garde la monnaie."
"-Harry," je me relève alors qu'il enfile son manteau, "ne m'en veux pas s'il te plaît, c'est compliqué."
"-Je suis un peu blessé mais je t'en veux pas." Avoue-t-il. "On se voit bientôt."
Délicatement, il s'approche de moi et dépose ses lèvres sur ma joue avant de s'en aller sans se retourner. Je lâche un énorme soupire avant de me laisser tomber sur le fauteuil, les mains devant les yeux. Qu'est-ce que je viens de faire, bordel ? Je sais que ça nous fait du mal à tous les deux de refuser cette invitation mais, je ne m'en sens réellement pas capable. Ça aurait été quelqu'un d'autre, j'aurai eu beaucoup plus de facilité à accepter mais là, c'est Harry. Et je ne veux pas que ça se passe mal avec lui. On a de merveilleux souvenirs ensemble et je ne veux pas qu'une nouvelle relation vienne les gâcher. Ils me sont trop importants. Et il m'est trop important pour prendre le risque de le perdre. Et oui, c'est putain d'égoïste de ma part.
"-Ça va Louis ?"
Je relève la tête et tombe sur le regard inquiet de ma collègue. Je tente un sourire avant de me relever pour nettoyer la table utilisée par le bouclé. Il est hors de question que je me laisse abattre. Je suis sûr qu'on va s'en sortir.
❄❄❄
"-Je suis désolée Louis."
"-T'inquiète pas maman, je comprends." Je soupire, téléphone à l'oreille. "Ce n'est pas de ta faute s'il neige."
"-Comment tu vas faire du coup ?"
"-Je vais me débrouiller, ne t'inquiète pas. Je vais demander à ma voisine ou à Zayn."
Sachant que je suis pressé, elle finit par raccrocher en me disant qu'elle appellera plus tard. Je la salue et m'empresse de sortir de mon appartement pour aller toquer chez la voisine. Aujourd'hui, nous sommes dimanche 23 décembre et, à mon grand malheur, il a neigé toute la nuit. Tellement que ma mère ne peut pas se déplacer pour me garder Eliott pendant que je vais au travail comme tous les dimanches. Elle n'habite pas à Manchester même ce qui fait qu'elle doit prendre la voiture et, évidement, les routes sont bloquées. Je soupire et retourne chez moi après avoir attendu cinq minutes devant chez ma voisine. Je saisis mon téléphone et appelle Zayn. Malgré l'heure matinale, il répond.
"-Je t'en supplie dis-moi que tu es sur Manchester." Je lui demande immédiatement.
Je sais qu'il devait rentrer chez sa famille pour les fêtes mais son départ n'était prévu que pour demain. Seulement, je connais assez Zayn pour savoir que, sur un coup de tête, il peut être parti plus tôt.
"-Salut Louis," je peux le voir lever les yeux au ciel d'ici, "non, je suis déjà dans ma famille. Avec le temps, je n'ai pas voulu prendre le risque de partir aujourd'hui. Et j'ai eu raison. Qu'est-ce qu'il t'arrive ?"
"-Ma mère ne peut pas venir garder Eliott." Je dis simplement.
"-Merde, désolé Lou'. Ça aurait été avec plaisir."
"-Oui je sais, ne t'inquiète pas, ce n'est pas grave, je vais prendre ma journée." Je soupire.
Ça me saoule vraiment de prendre mon dimanche car c'est ma journée ma plus longue et, vu que c'est dimanche justement, elle est payée double...
"-Vraiment, désolé."
"-C'est bon, il n'y a pas mort d'homme, Z'. Profite bien de ta famille, à la prochaine."
Je raccroche et m'apprête à appeler mon supérieur lorsque je reçois un message d'Harry. Depuis notre entrevu, si je puis dire, au café, l'ambiance est assez bizarre -par ma faute, je sais- mais il essaie de faire comme si de rien n'était. On continue nos longs discutions par message, je l'ai vu de temps en temps au café...
"Je vais essayer de passer au café aujourd'hui, c'est le temps parfait pour un chocolat près de votre faux feu de cheminée. Bon courage pour ta journée de travail !"
Je pouffe à la lecture de son message. Depuis que je lui ai dit que le propriétaire avait installé une réplique de feu de cheminée sur un des murs du café, il ne fait que s'en moquer.
"Profite bien de ce magnifique feu ! Pour ce qui est du courage, je prends mais pour m'occuper d'Eliott."
Il ne lui faut que quelques secondes pour répondre.
"Tu ne travailles pas ?"
"Je devais mais j'ai personne pour garder Eliott."
"Je peux te le garder moi."
Je reste quelques secondes à fixer le message. Je sais très bien qu'il pourrait gérer, il adore les enfants, il doit aussi souvent s'occuper de sa nièce.
"Je ne veux pas te déranger."
"Louis... Si je te le propose, c'est que ça me dérange pas *visualise-moi en train de lever les yeux* J'ai du travail à faire alors si ça te dérange pas, viens le déposer chez moi, j'ai tout ce qu'il faut pour lui."
"Ok... Merci Harry, vraiment. Je le réveille, le fais manger, le prépare et arrive. Envoie-moi ton adresse s'il te plaît."
Je laisse mon téléphone pour aller dans la chambre de mon fils qui dort encore. Je grimace en voyant l'heure sur son réveil. J'ai encore de la marge mais avec un détour par chez Harry et avec la neige sur la route, y a de très forte chance que j'arrive en retard.
"-Eliott, réveille-toi chaton." Je chuchote, en caressant ses cheveux. "Je dois t'emmener chez Harry."
"-Pourquoi ?" Demande-t-il encore endormi.
"-Mamie ne peut pas venir."
Je dépose un baiser sur son front avant de me redresser pour aller dans son armoire. Je sors des affaires chaudes avant d'aller dans la cuisine. Je m'autorise un regard à mon téléphone et j'aurai presque envie d'embrasser Harry sur le champ, s'il était devant moi, en lisant son message.
"Réveille-le juste et prends des affaires, je m'occuperai de l'habiller, le faire manger et tout ce qu'il faut. J'habite juste en face de la galerie d'art, étage numéro quinze, appartement 159."
Il va me faire gagner de précieuses minutes et en plus de ça, je ne passe pas loin de chez lui pour aller travailler. J'enfile mon manteau, mon bonnet et mets mes chaussures avant de prendre les affaires d'Eliott pour aller dans sa chambre. Je soupire de désespoir en le voyant se rendormir dans le lit avant de m'approcher de lui.
"-Eliott, ne te rendors pas. Je sais qu'il est tôt mais enfile ton manteau au moins. Je suis sûr que Harry te laissera dormir chez lui."
Tant bien que mal, je réussis à le maintenir assez éveillé pour lui faire enfiler son manteau. Je le prends dans mes bras, mets dans son sac d'école ses vêtements et ses chaussures -sous oublier le doudou- et sors de la chambre. J'attrape mes clés de voiture et de l'appartement en passant et pars. Une quinzaine de minute plus tard, je suis devant chez Harry et je suis sûr que ma bonne étoile est avec moi car je trouve directement une place pour me garer. Je coupe le moteur et attrape le sac de mon bébé avant d'ouvrir sa porte pour le porter. Je sonne à l'interphone et, heureusement, le bouclé répond immédiatement en ouvrant la porte. Je rejoins l'ascenseur et appuie sur le bouton portant le numéro quinze... Vu l'extérieur du bâtiment, le hall et l'ascenseur, Harry ne doit clairement pas être dans le besoin. Je sors de mes pensées en entendant les portes s'ouvrir et un léger sourire se dessine lentement sur mon vissage en voyant Harry nous attendre, adossé à sa porte. Je m'approche de lui en le saluant et il s'empresse de me venir en aide en attrapant le sac qu'il pose juste derrière lui avant de me prendre Eliott des bras.
"-Merci beaucoup, Harry." Je soupire. "Je te revaudrai ça."
"-C'est normal Lou'. Va travailler maintenant, je m'occupe de lui."
Je lui souris et embrasse la joue de mon fils puis aussi celle de mon sauveur du jour avant de repartir en sens inverse.
❄❄❄
Je sors de la bijouterie, heureux d'avoir trouvé un cadeau pour Harry. Après le service qu'il m'a rendu aujourd'hui, je ne pouvais pas ne pas lui acheter de cadeau de Noël. J'avoue avoir dépensé un peu plus que ce que j'aurai souhaité mais, je suis sûr que ça va lui plaire au moins. Je referme correctement mon manteau en voyant la neige tomber de nouveau. Je grimace en sachant que ça risque de beaucoup plus glisser sur la route maintenant, parce que, en plus, dimanche oblige, ils n'ont pas déneigés ni salés les routes. En marchant tranquillement pour ne pas tomber, je rejoins ma voiture et pars doucement vers chez ma nounou du jour. Je fais bien attention à ne pas rouler vite pour éviter les accidents et ne freine pas trop fort non plus. J'arrive près de vingt minutes plus tard et me gare à la même place que ce matin. Je prends soin de cacher le sac de la bijouterie dans la boîte à gant -c'est pas un quartier mal famé mais on ne sait jamais- et sors. Je sonne à l'interphone et après quelques sonneries, le propriétaire répond qu'il m'ouvre. Je m'empresse de rentrer à l'intérieur du bâtiment et de prendre l'ascenseur. Lorsque j'arrive au bon étage, cette fois, le bouclé ne m'attend pas à la porte. Ce qui me fait penser, comment se faisait-il qu'il était déjà lever à sept heures du matin un dimanche ? Je me promets de lui poser la question alors que je toque à sa porte d'entrée. La porte s'ouvre sur un Harry souriant qu'il me fait rentrer sans attendre.
"-Comment ça s'est passé ? Il n'a pas été trop chiant ?"
"-Après tout ce que tu m'as dis sur lui, je m'attendais à un vrai monstre. Mais en fait, ça a été. A peine j'avais fermé la porte sur toi que je suis allé le coucher dans ma chambre pendant que je travaillais dans le bureau. Il s'est levé vers neuf heures trente, il était un peu grognon mais il s'est vite calmé après son petit déjeuner. Ensuite, à part manger, on a joué presque toute la journée et je te dis, il était calme."
"-Calme ? J'ai dû mal à y croire !"
"-C'est pourtant le cas." Hausse-t-il les épaules.
Il me fait signe de le suivre dans l'appartement alors je me dépêche d'enlever mes chaussures pour le faire. Et je tombe presque à la renverse quand je vois Eliott qui joue au milieu du salon, calmement, sans courir, sans hurler, sans lancer les jouets à travers la pièce.
"-Mais..." Je commence. "Qu'est-ce que tu lui a fait ? Tu l'as drogué ? Mon Dieu Harry ! Tu lui as fait fumer un joint !"Je chuchote-crie pour ne pas me faire entendre de mon fils.
"-Je n'ai rien fait, je te dis." Rit le bouclé. "Eliott," l'appelle-t-il, "regarde qui est arrivé."
Il relève la tête vers nous avant de se lever en criant un "papa" qui me fait sourire. Je me baisse et le prends dans mes bras.
"-Ça va ?" Je lui demande en embrassant ses cheveux. "Tu as été gentil avec Harry ?"
"-Oui. Lui aussi, il a été gentil," répond-t-il nous faisant rire, "on a fait plein de truc ensemble, c'était génial."
"-Tant mieux alors." Je me sépare de lui avant de me relever. "Va ranger et prépare-toi on ne va pas embêter Harry plus que ça."
Sans un mot de plus, il retourne près de ses jouets et les saisis pour aller vers ce que je pense être les chambres.
"-Merci beaucoup Harry." Je répète en me tournant vers l'homme.
"-Ça me fait plaisir, Lou'. Mais tu es sûr que c'est une bonne idée de rentrer ?"
"-On ne va pas te déranger plus, H'."
Sans me répondre, il me tourne pour que je sois face à une fenêtre et je suis obligé de lâcher quelques jurons en voyant ce qu'il se passe dehors. Il neige, beaucoup plus que lorsque je suis sorti du travail et, vu la température, je suis certain que la rouge est une vraie patinoire.
"-Je ne peux pas vous laisser repartir, c'est beaucoup trop dangereux." Annonce-t-il en me piquant mes clés de voiture sans que je m'y attende. "Vous restez ici tant que le temps ne s'est pas amélioré."
"-On va passer la semaine ici alors." Je soupire.
Il hausse les épaules, comme si ce que je disais lui importait peu et viens m'enlever mon manteau, mon écharpe et mon bonnet pour aller les ranger.
"-Fais comme chez toi, Louis." Déclare-t-il alors qu'il s'éloigne. "Je vais prévenir Eliott que vous restez ici. Et probablement que vous restez dormir."
Comme il me l'a dit, je fais comme chez moi et pars faire le tour de l'appartement. Je commence par le salon. Il est très grand et décoré simplement avec plein de photos de sa famille et ses amis. Je reconnais même sur certaines Liam et Niall, ses meilleurs amis quand on était ensemble. Ils ont tous les deux biens changés. Dans un coin de la pièce, il y a un petit sapin de Noël, sûrement la seule décoration qui rappelle la saison. A côté du salon, se trouve une cuisine ouverte très fonctionnelle sans rien de particulier si ce n'est sa taille qui doit faire deux fois la mienne. Il y a un bar et une table pour six personnes. Lorsque j'arrive dans le couloir, je croise Harry qui rit en comprenant ce que je fais. Je lui lance un regard faussement innocent auquel il sourit et reprends ma visite, suivit par le propriétaire. La première porte que j'ouvre se trouve être son bureau qui est aussi sa bibliothèque. La seule chose à dire c'est qu'il possède une collection incroyable de bouquins.
"-En fait, je voulais te demander," je commence, "qu'est-ce que tu faisais debout à cet heure ce matin ?"
J'ouvre la porte suivante. Des toilettes, pas intéressant. Je referme la porte et passe à celle juste à côté qui se révèle être une salle de bain avec double vasque, bain, douche italienne... Il se met vraiment bien le petit.
"-Je me lève tous les dimanches matins à six heures pour aller faire un jogging."
"-Même avec ce temps ?"
"-Oui. Il faut juste bien se couvrir et prendre des bons chemins pour pas glisser mais ça se fait bien". Explique-t-il.
"-Excuse-moi monsieur le sportif."
Il rit et alors que j'ouvre la porte de ce qui semble être la chambre d'ami. A l'intérieur, je trouve Eliott qui joue tranquillement entouré d'une bonne vingtaine de jouet en tout genre. Je lui souris lorsqu'il nous regarde et passe à la pièce suivante.
"-Il ne te reste plus que ma chambre. Je te laisse la découvrir, je vais faire à manger."
Avec le ton qu'il a utilisé, je m'attends à trouver pas mal de chose intéressante alors, je me précipite vers la clenche et ouvre pour tomber sur... Absolument rien d'intéressant. C'est une chambre tout ce qu'il y a de plus banale, dans les tons gris. Un grand lit se trouve au milieu de la pièce -avec dessus le pyjama de mon fils- de chaque côté des tables de chevet. Dans un coin de la pièce, il y a un fauteuil qui semble vraiment confortable, une pièce qui doit être un dressing et une autre ouverture donnant sur une salle de bain. Seulement, j'ose entrer lorsque je tombe sur un pêle-mêle d'une bonne centaine de photo sur un mur, le recouvrant presque entièrement. Je souris lorsque je vois des photos de lui enfant, d'autres avec ses parents et/ou sa sœur à toutes les époques, des photos de Niall et Liam quand ils étaient adolescents ou d'autres plus récente. Sur certaines, je vois une petite fille que je devine être sa nièce car elle ressemble comme deux gouttes d'eau à Gemma. Et au milieu de tout ça, je me vois. Je vois quelques photos que nous avons prises lorsque nous étions ensemble. Nous en train de nous embrasser, moi endormi, nous deux devant une salle de concert, s'enlaçant sur la plage, s'embrassant dans une fête foraine... Je suis prêt à lâcher une larme lorsque je vois une photo du jour de ma remise de diplôme. Il a sa tête dans mon cou alors que je tiens fièrement le bout de papier devant moi avec un grand sourire. Je crois que c'est la dernière photo que nous avons faite ensemble et elle est là, au milieu de toutes les photos. J'enlève la punaise qui la tient pour la voir de plus près car... Oui c'est bien ce dont je me rappelais. Il s'agit en fait d'un polaroid avec, sur la partie blanche, mon écriture.
"Pour toujours dans mon cœur ♥. -L".
Délicatement, je raccroche la photo exactement comme elle l'était et sors de la chambre. Je ne vais pas dire que ça ne me fait rien parce que ce n'est pas vrai. Loin de là. Je crois que je ne sais juste pas comment réagir à ça. Comme si de rien n'était, je rejoins la cuisine et lui demande s'il a besoin de mon aide. Je m'attelle donc à l'épluchage et à la découpe des légumes alors qu'il commence une conversation quelconque et que je réponds le plus naturellement possible. Comme si mon cœur et mon cerveau n'étaient pas complètement retournés.
❄❄❄
"-Eliott est endormi, c'est bon."
Je m'assieds sur le canapé aux côtés d'Harry qui me donne une tasse de thé. Je le remercie avant de boire une petite gorgée et me tourne vers lui.
"-A quelle heure on doit partir demain ?"
"-Quand vous voulez, je n'ai rien de prévu demain. Je ne travaille pas et je dois juste aller chez mes parents le vingt-cinq à midi. Et vous ?"
"-C'est pareil." Je hausse les épaules. "On fête mon anniversaire et Noël le vingt-cinq à midi jusqu'au soir."
Alors qu'il allait dire quelque chose, mon téléphone sonne. Il me fait signer de répondre avec un sourire que je lui rends avant d'aller sur le balcon, sans oublier de prendre une cigarette. J'allume mon tube de nicotine avant de répondre à ma mère, accoudé à la rambarde de sécurité.
"-Maman ?"
"-Je te dérange pas ? Eliott est couché ?"
"-Oui, ne t'inquiète pas." Je lui réponds alors que je frissonne -très mauvaise idée d'aller dehors juste avec un sweat, mon jean et des chaussettes alors qu'il neige-.
"-Vous venez toujours après-demain, malgré la neige ?"
"-Bien sûr ! Ils déneigeront sûrement demain matin ou dans l'après-midi."
"-Je suis encore désolée pour ce matin, Lou'."
Alors qu'elle me réexplique une nouvelle fois qu'elle n'a pas pu venir à cause la neige, j'entends la baie vitrée s'ouvrir derrière moi. Mes chaussures sont posées à mes pieds -que je m'empresse d'enfiler avant de perdre de perdre un orteil ou deux-, un plaid est déplié sur mes épaules et un bonnet se retrouve sur ma tête. Notre hôte place aussi à côté de moi un verre pour mon mégot. Je remercie avec d'un sourire et il s'en va, avec un clin d'œil, pour me laisse seul.
"-Du coup, qu'est-ce que tu as fait ?"
"-J'ai demandé à Zayn mais il n'est pas là alors un ami m'a proposé de le garder."
"-Un ami ? Tu donnes ton fils à un inconnu ?"
Je ris car je reconnais très bien ma mère, elle part tout de suite dans les extrêmes.
"-Ce n'est pas un inconnu, maman. Tu le connais même."
"-C'est qui alors ?"
"-Mmm..." Je fais semblant de réfléchir.
"-Louis !"
Je pouffe une nouvelle fois alors que ma mère est outrée que j'ose la faire attendre.
"-Tu te souviens de Harry ?"
"-Harry ?" Elle réfléchit. "Harry Styles ? Ton copain au lycée ?"
"-C'est ça."
"-Mais..."
Je lui raconte rapidement nos retrouvailles alors qu'elle semble très heureuse d'avoir des nouvelles de mon ex. Je finis par lui raconter que je suis toujours chez lui car il refuse de nous laisser partir avec cette neige.
"-C'était un gentil garçon et il a l'air de l'autre toujours autant !" Acquiesce-t-elle. "Est-ce qu'il est toujours aussi mignon ?"
Je me tourne pour regarder l'intérieur de l'appartement. L'homme duquel on parle est sur son canapé, tasse de thé en main et télé allumée.
"-Non." Je réponds. "Il est carrément sexy maintenant."
Cette fois, c'est elle qui rigole. Je reprends ma place initiale, face à la ville, alors qu'elle recommence à parler.
"-Vous allez remettre le couvert ?"
Cette fois, j'explose complètement de rire. Elle n'a jamais fait dans la dentelle, elle a toujours dit ce qu'elle pense sans passer par quatre chemins.
"-Quoi ?" Demande-t-elle. "Je l'aimais beaucoup ce garçon et, soit dit en passant, tu n'as jamais été aussi heureux que quand tu étais avec lui. Même Molly ne lui arrivait pas à la cheville."
"-Ce n'est pas vraiment le moment de me lancer dans une relation."
"-Pas le moment ? Et ça sera quand le moment ? Quand Eliott aura dix-huit ans ? Ça fait six ans que tu n'as pas eu de vraie relation, Louis. Je crois que le moment est passé. Et depuis longtemps."
"-Maman." Je soupire. "Je n'ai pas envie de parler de ça."
"-Moi j'en ai envie. Si ce n'est pas avec Harry, il faudra bien que tu te trouves quelqu'un."
"-Je suis bien juste avec Eliott."
Je la laisse commencer un long discours sur le pourquoi c'est bien d'avoir quelqu'un sur qui compter, quelqu'un à aimer, quelqu'un pour faire sa vie.
"-Il l'a proposé." Je murmure finalement, faisant immédiatement taire mon interlocutrice. "Il a proposé qu'on aille à un rendez-vous. Mais j'ai peur." J'avoue finalement. "On a passé une adolescence merveilleuse lui et moi. On s'entend toujours aussi bien mais si ça ne fonctionnait encore une fois pas ? On a grandi, on a changé. Alors qu'est-ce qu'il se passera si on ne s'endentait plus une fois de nouveau en couple ? Je te promets, il est tellement merveilleux. Lui parler pendant tout le mois qui vient de passer, ça m'a permis de me rendre compte qu'il m'avait manqué toutes ces années. C'est comme si, le revoir ça avait créé une micro douleur dans mon cœur à cause de la rupture correcte qu'on a jamais eu. Je ne veux pas le perdre. Pas une nouvelle fois."
"-Qu'est-ce qui te dit que tu vas le perdre ? Qu'est-ce qui te dit que votre couple sera un échec ? Peut-être que si vous venez à rompre, vous serez quand même toujours amis. Peut-être que c'est l'amour de ta vie. Qu'est-ce que tu en sais ? Qu'est-ce que ça te coûte d'essayer ? Le jour où tu vas le voir partir avec quelqu'un d'autre, tu vas le regretter. Essaie, Louis. Peut-être que vous passez que quelques beaux mois ou peut-être que le reste de vos vies sera merveilleux. Tente le coup. Dans tous les cas, tu peux le perdre. Alors autant le perdre, si ça arrivait, après avoir été les plus heureux."
"-Et Eliott dans tout ça ?"
"-Il est assez grand pour comprendre. En plus, tu avais l'air de me dire qu'ils s'entendaient bien tous les deux alors qu'est-ce que tu attends ?"
"-Mais..."
"-Qu'est-ce que tu attends Louis ?" Me coupe-t-elle. "Qu'on te pousse ? Je le fais avec plaisir. Que le bonheur te passe sous le nez parce que tu n'as pas le cran d'essayer ? Tu n'as pas l'air d'avoir besoin de quelqu'un pour ça."
Je soupire et me retourne vers Harry. Il est toujours dans le canapé, en train de rire à une émission stupide qui passe toujours aux alentours des fêtes de fin d'année. Il est aussi enroulé dans un plaid, sa tasse maintenant finie sur la table basse. Je remonte celui qu'il m'a donné, mets ma cigarette terminée dans le verre que je pose sur la petite table présente sur le balcon. Je soupire discrètement. Je ne veux pas le perdre, il est devenu beaucoup trop important.
"-Je te laisse maman, il m'attend."
"-Réfléchis-y." Se résigne-t-elle.
"-Oui. Passe le bonjour à tout le monde. Bonne soirée."
"-Bonne soirée toi aussi chéri."
Je raccroche et rentre -en prenant le verre avec moi. Je m'excuse auprès de mon ex qui me fait signe que ce n'est rien. Je passe rapidement par l'entrée pour enlever mon bonnet et mes chaussures et me réinstalle au côté de l'homme en prenant ma tasse maintenant froide.
"-Tu veux que j'aille réchauffer ton thé ?" Me questionne-t-il.
"-Non, c'est bon. Qu'est-ce que tu regardes ?"
Il hausse les épaules comme simple réponse et me propose de regarder un film. Nous choisissons un film que nous n'avons pas vu tous les deux et nous installons confortablement, chacun avec notre plaid. Après seulement quelques minutes, il se rapproche de moi et commence à parler de ce qu'il se passe à l'écran.
"-Harry..." Je grogne. "Je regarde."
"-Je n'aime pas."
"-Ça a même pas commencé !" Je ricane.
Je sais très bien, qu'à ce moment même, il fait une moue qui se veut attendrissante mais je ne détourne pas mon regard de l'écran. Il essaie plusieurs fois de me parler mais à chaque fois, je l'arrête ce qui le fait souffler et moi sourire -je l'avoue-.
"-Je t'en supplie Louis..." Couine-t-il presque. "Parle-moi."
"-Tu es vraiment un enfant quand tu t'y mets, H'." Je lui réponds sans pour autant le regarder. "J'ai l'impression d'avoir Eliott à côté de moi. En parlant de ça, on devrait faire un test de paternité. C'est peut être toi le père vu comment même vous vous ressemblez." Je me moque.
Il pousse un immense soupire et se laisse tomber contre moi puis glisser sur mes jambes.
"-Tu es vraiment un ami en carton." Finit-il par dire.
Malgré tout, il ne bouge pas de sur mes jambes et regarde le film comme ça, allongé sur moi. Je ne lui dis rien beaucoup trop heureux de pouvoir regarder sans avoir à parler. Finalement, le générique de fin arrive et c'est seulement à ce moment qu'il se relève.
"-Tu as bien aimé ?"
"-Ça va." Je hausse les épaules. "C'est pas horrible à regarder mais c'est pas non plus un chef-d'œuvre. Et toi ?"
"-Pareil."
Je fronce les sourcils en le voyant jouer avec ses bagues. Il veut me dire quelque chose mais il n'ose pas. Il a, en plus, le regard fuyant, ça n'annonce pas vraiment quelque chose de bon.
"-Qu'est-ce que tu veux me dire ?" Je l'encourage doucement.
"-Tu ne t'en es pas rendu compte, hein ?"
"-De quoi ? S'il te plaît, H', ne fais pas durer le suspense..."
"-Tu m'as caressé les cheveux pendant tout le film."
En effet, je ne m'en étais pas rendu compte et lorsque je remarque l'état des cheveux de mon vis-à-vis, il n'y pas de doute sur la véracité de ce qu'il annonce. Je me sens légèrement gêné parce que je ne sais pas vraiment comment réagir.
"-Je suis désolé." Je soupire.
"-Pourquoi tu dis ça ? C'est n'est pas la peine, c'est rien." Ne comprend-il pas. "Ça ne m'a pas dérangé."
"-Ce n'est pas sympa de ma part." Je m'explique. "Je ne peux pas avoir ce genre d'attention pour toi alors que, quelques jours plus tôt, je ne voulais pas d'un rendez-vous avec toi. Ça ne se fait pas."
Il hoche la tête me montrant qu'il a compris alors qu'un silence, légèrement lourd ne nous le cachons pas, s'installe. Cependant, ça me permet de réfléchir à ce que ma mère m'a dit, à peser le pour et le contre. Toutefois, je n'ai pas vraiment le temps de me perdre dans mes pensées car Harry m'appelle, une main sur ma cuisse recouverte du plaid. Je l'interroge du regard mais il n'ouvre pas la bouche, préférant garder ses yeux dans les miens. Sa main remonte pour se retrouver dans ma nuque lui permettant d'approcher mon visage du sien qui s'avance aussi.
"-Harry..." Je chuchote pour le stopper mais je ne fais rien pour le faire moi-même.
"-Laisse-moi juste t'embrasser une fois." S'oppose-t-il alors que nos lèvres ne sont plus qu'à quelques centimètres.
"-Je ne pourrais pas te demander d'arrêter."
"-Est-ce que c'est vraiment un problème ?"
Il fait en sortant que nos lèvres se frôlent, que nos souffles s'échangent, que je ne puisse plus réfléchir correctement, que je ne puisse pas lui résister. Et bordel que ça m'énerve parce qu'il y arrive. Il me connaît toujours aussi bien, il me fait toujours autant tourner la tête. Même après sept ans. Et je me hais de ne pas savoir lui résister. Sans aucune délicatesse, je plaque nos lèvres ensemble.
"-Je te déteste." Je lui précise quand même, bouche contre bouche, alors qu'il sourit.
Je lui demande l'accès à sa bouche qu'il m'accorde sans attendre. Mon cœur pourrait s'arrêter de battre lorsque nos langues se rejoignent. J'ai l'impression de revivre mon adolescence à la différence que sans aucun doute, nous avons pris de l'expérience tous les deux. Il passe ses mains dans mes cheveux alors que je pose les miennes sur ses hanches pour le tirer à moi. Notre baiser est brouillon, désordonné comme mes pensées. Nos langues se cherchent, jouent, dansent, se retrouvent alors que nos mains redécouvre le corps de l'autre qui a grandi et mûri. Nous sommes à bout de souffle mais je ne veux pas pour autant le quitter alors, je descends mes baisers dans son cou.
"-Bordel mais comment tu t'es mis dans ce truc ?" Je peste alors que j'essaie d'enlever son plaid après avoir enlevé le mien.
Il pouffe mais ne m'aide pas pour autant, préférant caresser mes joues avec ses pouces en se moquant de moi. J'arrive finalement à le dépatouiller de sa couverture ce qui me permet de le tirer à moi pour qu'il s'installe sur mes cuisses, face à moi.
"-Tu es plus lourd qu'avant." Je lui fais remarquer.
"-Sachant que j'ai gagné vingt bons centimètres, je trouve ça assez normal." Sourit-il en coin. "Par contre, ce n'est pas ton-"
"-Tu sais quoi ? Tais-toi avant que je sois contrarié." Je le coupe en unissant de nouveau nos bouches.
Je le sens encore sourire contre mes lèvres alors, pour me venger, je lui pince la hanche. Tout ce qu'il trouve à faire, c'est rire en séparant nos lèvres pour me regarder. Son regard se fait beaucoup plus sérieux, moins joueur, alors que je l'observe inspecter chaque partie de mon visage.
"-Je ne sais pas ce que ça veut dire pour toi mais sache que je suis très heureux de t'avoir de nouveau dans ma vie."
"-Je suis perdu, Harry." Je soupire. "Je suis aussi très heureux de t'avoir retrouvé mais je ne sais pas si je suis prêt à entamer une relation sérieuse avec toi."
"-Je comprend." Murmure-t-il, ses yeux verts ancrés dans les miens. "Profitons simplement du moment."
Comme simple réponse, je hoche la tête et il reconnecte nos lèvres ensemble.
❄❄❄
J'émerge doucement de mon sommeil. Sans mentir, je crois que ça fait longtemps que je n'ai pas passé une aussi bonne nuit. Et le corps chaud et nu d'Harry que je tiens dans mes bras n'y est pas pour rien. Je regarde rapidement l'heure sur mon téléphone et, voyant qu'il est huit heures, je décide de sortir du lit. Eliott ne devrait pas tarder à se lever et, bien évidement, je ne préfère pas qu'il nous voit. Éclairé par la lumière de mon téléphone, je vais dans le dressing du bouclé, lui pique des vêtements avant d'aller me doucher. On va partir du principe que ça ne va pas le déranger. Une fois que je suis prêt, je mets mes chaussures, mon manteau et attrape mes clés de voiture. Il me semble qu'il y a une petite boulangerie française à deux pas de chez Harry alors je vais voir si je peux avoir quelque chose à manger ce matin et j'en profiterai pour prendre son cadeau de Noël dans la voiture. Je suis heureux de constater que le magasin est ouvert et, qu'en plus, seulement deux personnes sont présentes. J'achète du pain et des croissants et repars en sens inverse. La neige s'est enfin arrêtée de tomber mais pourtant les déneigeuses ne sont pas encore passées, laissant ainsi une bonne couche sur les routes. Au niveau de ma voiture, je récupère le cadeau dans ma boîte à gant et me dépêche de remonter pour préparer le petit déjeuner avant que les deux garçons se réveillent. Je fouille dans tous les tiroirs pour trouver ce dont j'ai besoin en croisant les doigts pour que Harry ne m'en veuille pas. Alors que je suis en train de mettre la table, j'entends du bruit et un grand sourire se dessine sur mon visage en voyant Eliott rentrer dans le salon.
"-Salut, petit monstre." Je lui souris.
Il vient vers moi en me tendant un bras, l'autre tenant son doudou contre son visage. Je le prends contre moi et l'embrasse.
"-Joyeux anniversaire, papa." Me souhaite-t-il en mettant sa tête dans mon cou.
"-Merci mon amour." Je lui réponds en déposant un nouveau baiser sur sa joue. "On attend Harry pour manger ou on mange tout de suite ?"
"-On attend."
"-Va regarder la télé en attendant, si tu veux."
Il hoche la tête et va prendre place sur le canapé en allumant l'écran. Il a déjà l'air de se sentir comme lui dis donc -un peu comme moi, c'est vrai-. Je pouffe à cette pensée et reprends mon activité en attendant que le propriétaire des lieux se réveille. Je suis en train de faire des œufs brouillés lorsque quelqu'un se colle contre moi, les bras entourant mon ventre.
"-Joyeux anniversaire, Lou'." Susurre-t-il dans mon oreille avant d'embrasser ma joue.
"-Merci," je lui réponds en souriant. "Tu as bien dormi ?"
"-Super !" S'exclame-t-il en se séparant de moi. "Et toi ?"
"-Parfaitement. Va t'asseoir, j'ai fait le petit déjeuner. Eliott !" Je l'appelle alors que je le vois concentrer sur la télé. "Harry est réveillé, viens manger."
Le petit blond se déconnecte de l'écran et se lève en courant pour dire bonjour à Harry et s'installer à ses côtés pour manger. Je dépose les œufs brouillés dans une assiette au milieu de la table, et m'assieds avec eux. Je sors le pain et les viennoiseries et, en les voyant, les yeux bleus de mon fils s'illuminent. Je ris et lui tends un croissant qu'il commence immédiatement à manger. Pendant tout le repas, nous discutons et rigolons, enfin c'est surtout Eliott qui discute. Ce petit déjeuner me permet de constater qu'Harry s'occupe vraiment bien de mon fils. Il lui dit de s'asseoir correctement quand il commence à s'agiter sur sa chaise, de faire attention quand il mange, il lui essuie la bouche... Il est très calme, doux, attentif avec lui. Je note aussi, qu'en effet, le blond est beaucoup plus calme que quand il est avec moi ou même ma mère. Et je ne comprends pas pourquoi, j'avoue. J'ai beau me montrer aussi patient que l'homme aux yeux verts, mon fils m'en fera toujours voir de toutes les couleurs. Ce qui me rassure, c'est qu'il est comme ça qu'avec Harry alors je n'ai pas besoin de rejeter la faute sur moi en me disant que je suis le pire père au monde. J'observe les deux garçons face à moi, le plus petit est en train de raconter un de ses rêves au plus grand qui l'écoute très attentivement. Je ne vais pas mentir ça me fait plaisir de les voir tous les deux comme ça et ça donne encore plus de poids au conseil de ma mère...
"-Bon, Eli', tu vas aller t'habiller et rassembler tes affaires, on va bientôt partir." Je lui demande alors qu'il a fini de manger.
Immédiatement, deux paires d'yeux se braquent sur moi.
"-Mais non, papa ! On est bien là avec Harry !"
"-On ne va pas l'embêter plus longtemps, c'est déjà très gentil de sa part de t'avoir gardé puis de nous avoir accueillis."
"-Tu sais bien que vous pouvez rester là autant de temps que vous le souhaitez, vous êtes les bienvenus. Ça me fait plaisir. Et en plus, les routes ne sont pas encore déneigées !"
"-A ce rythme on va passer tout le réveillon avec toi !" Je m'exclame.
"-Ce n'est pas dérangeant, je n'attend personne. Et puis, c'est toujours mieux de passer le réveillon avec quelqu'un plutôt que seul." Il hausse les épaules.
"-Tu joues avec mes sentiments, là, Styles."
"-Est-ce que ça fonctionne ?" Sourit-il en coin.
Je lève les yeux au ciel mais ne répond pas préférant me lever pour commencer à ranger. Mais je crois que j'oublie un peu trop vite Eliott.
"-Papa, on ne peut pas laisser Harry tout seul aujourd'hui... On doit laisser personne tout seul à Noël." Boude-t-il faussement pour m'attendrir.
"-Déjà, ce n'est pas encore Noël et je pense que mamie t'a laissé regarder trop de film de Noël."
"-C'est pareil ! Aller, on peut rester avec Harry, s'il te plaîîîîîîîîîît."
Je porte mon regard sur notre hôte. Il me regarde déjà et fait aussi une moue qui veut m'attendrir. Il a la lèvre inférieure retroussée et me regarde avec ses yeux de chiens battus.
"-Ça serait vraiment abuser H'..." Je soupire.
"-J'ai vraiment envie de vous restiez là." Répond-t-il sans attendre.
Après un nouveau soupir, je leur accorde finalement ce qu'ils veulent. Ils réagissent tout de suite et viennent vers moi. Eliott me prend dans ses bras alors que le plus vieux embrasse discrètement ma joue.
❄❄❄
Je profite du fait qu'Eliott joue tranquillement dans la chambre d'ami pour offrir son cadeau à Harry. Il m'attend justement sur le canapé, encore une fois, enroulé dans un plaid. Je m'assieds en face de lui et lui tends mon cadeau quand il se tourne vers moi.
"-Joyeux Noël." Je lui souris. "Je te le donne là mais si tu veux l'ouvrir demain, tu fais comme tu veux."
"-Merci Lou'. Mais il ne fallait pas."
"-C'est trop tard maintenant, c'est acheté."
Il pouffe en secouant la tête et ouvre le paquet. Je suis heureux de voir ses yeux s'illuminer lorsqu'il découvre le bracelet en argent qui se trouve dans la boîte.
"-Il est magnifique Lou'. Merci."
Il se penche vers moi et me prend dans ses bras pendant quelques secondes. Lorsqu'il se sépare de moi, il met tend son poignet avec le bracelet et je m'empresse de lui attacher. Toujours en souriant, il se lève pour courir -c'est bien le mot- dans le couloir. Il revient seulement deux minutes plus tard avec trois cadeaux dans les mains.
"-Moi aussi, j'ai pensé à vous." Déclare-t-il en se remettant face à moi. "Je ne sais pas si Eliott croit toujours au Père Noël mais le plus gros est pour lui."
"-Il y croit toujours, je lui donnerai demain." Je lui souris.
"-Celui-là est pour ton anniversaire."
Il me tend un paquet assez mou qui me fait immédiatement penser à un vêtement. Avec un sourire qui ne veut pas quitter mes lèvres, je prends le paquet et l'ouvre en le déchirant. Sous le papier, je trouve le maillot collector de l'équipe de Manchester United pour les cinquante ans du premier titre européen de l'équipe.
"-J'espère que tu ne l'as pas ou que tu ne vas pas l'avoir." Me confie le bouclé.
"-Non, ce n'est pas prévu. Ma mère est plutôt passée aux cadeaux pratiques maintenant." Je ris. "Merci beaucoup."
"-J'ai bien fait alors."
Il semble rassuré ce qui me fait rire. Comme si je pouvais être déçu devant un maillot de mon équipe de football favorite.
"-Et celui-là, c'est pour Noël."
"-Harry-" Je commence en attrapant l'enveloppe qu'il me tend.
"-Tais-toi et ouvre." Il me coupe.
Délicatement, j'ouvre l'enveloppe et en sort... Quatre billets pour aller voir Manchester au printemps, quatre places en catégorie bronze.
"-Harry !" Je m'exclame avant de lui redonner les billets. "Mais tu es malade ma parole ! Une place vaut cent livres ! C'est hors de question que j'accepte ça !"
"-On ne refuse pas un cadeau, Louis." Me rappelle-t-il avant de me redonner les billets. "Et je te rassure, je ne les ai pas payés ce prix. Mon entreprise fait très souvent des prix sur les places des matchs de Manchester et là c'était une offre pour quatre places."
"-Je suis sûr que c'était quand même cher." Je soupire. "De quoi j'ai l'air moi avec mon pauvre cadeau."
"-Tu as quel âge Louis pour comparer les cadeaux qu'on se fait l'un à l'autre ?" Il se moque. "Moi, je l'adore ton cadeau."
Je relève les yeux vers Harry et l'observe en train de regarder son bracelet avec un grand sourire.
"-Tu viendrais avec moi au match ?" Je lui demande.
Il relève les yeux vers moi et m'observe.
"-Tu sais bien, je ne suis pas trop foot. Je pensais que tu voudrais y aller avec Zayn et d'autres amis."
"-Je n'ai pas vraiment d'autre amis à part Zayn." Je hausse les épaules. "Il y a quatre places alors je voulais y aller avec Zayn, Eliott, qui adore le foot, et toi."
"-Dans ce cas, c'est avec plaisir."
Il sourit et, bordel, j'ai envie de l'embrasser. Il est tellement beau à ce moment précis, il l'est toujours de tout façon. Ses cheveux sont décoiffés, faisant apparaître quelques petites boucles. La lumière extérieure se reflète dans ses yeux, les rendant presque dorés et brillants. Son sourire, petit à petit, fait place à un air préoccupé. Ses sourcils se froncent alors qu'il avance une de ses mains pour la poser sur mon bras.
"-Ça va Louis ?"
Dans ses yeux, je peux voir toute la douceur, toute l'attention et tout l'amour qu'il a à donner et que j'ai déjà connu. Je sais, au fond, qu'il est toujours le même que lors de notre adolescence : bienveillant, doux, généreux, altruiste, calme, romantique, maladroit et terriblement niais. Et ses qualités, ses défauts -quasi-inexistants soyons clairs- et son comportement font renaître mes sentiments d'il y a tant d'années. Ils sont revenus d'un seul coup. Inattendus, violents mais ils sont tellement bons.
"-Oui." Je réponds simplement.
Je comprends là, maintenant, tout de suite, que je ne peux pas le laisser m'échapper. Je ne peux pas ne pas essayer. Je ne sais pas comment ni pourquoi c'est arrivé d'un seul coup, ni ce qui m'a fait changer d'avis mais je le sais. Au fond de moi, je sens qu'il ne peut pas être de retour dans ma vie au hasard. Je suis en train de reconnaître que sa connerie de destin est peut-être vraie. Je pouffe en pensant à ça, ce qui me vaut un regard encore plus confus de mon vis-à-vis.
"-Louis ?"
Lorsque nous étions ensemble, j'aurai pu jurer à n'importe qui qu'il était l'amour de ma vie. Peut-être que c'est vraiment le cas. Au fond, qu'est-ce que j'ai à perdre ? Même Eliott, il n'y a même pas deux semaines, voulait que je trouve quelqu'un. Doucement, je m'approche du bouclé et attrape ses mains entre les miennes.
"-Haz'."
Il est surpris de l'utilisation de son surnom. Il n'est pas sorti de ma bouche depuis que nous nous sommes retrouvés, ça doit le retourner un peu. Voire beaucoup.
"-Qu'est-ce qu'il y a ? J'avoue que tu me fais un peu peur."
Je ris. Je suis certain qu'il s'imagine des milliers de scénarios tous plus horribles les uns que les autres.
"-Tu es tellement beau." Je lui confie, en apportant mes mains sur ses joues qui chauffent de gêne. "Tu as pourtant réussi."
"-Réussi ? A quoi ?"
On dirait que je suis dans une sorte de second état. Complètement à côté de la plaque, à me reprendre tous mes sentiments pour lui dans la gueule. Et il continue de me regarder avec ses yeux de biche perdu.
"-À faire tomber mes barrières. À rouvrir mon cœur après tant d'années. Harry, je suis désolé d'avoir refusé. Cette fois-ci, c'est moi qui te demande. Voudrais-tu un rendez-vous avec moi ?"
On dirait vraiment que je suis complètement défoncé. Je n'ai jamais été très romantique mais là, clairement, je peux sortir mes plus beaux vers s'il me le demande. Je peux me mettre à genoux pour ses yeux. Mais pour l'instant, tout ce que ses yeux font s'est s'écarquiller. Il commence à bégayer des phrases incompréhensibles qui me font rire. Sans qu'il ne s'y attende, je dépose mes lèvres sur les siennes pour un baiser très furtif. Mais, une fois nos lèvres séparées, il plaque de nouveau nos bouches ensemble. Cependant, pour un échange plus long et plus intense. Mes mains passent directement dans ses cheveux pour les décoiffer encore plus alors que les siennes sont dans mon cou. Nos langues se rejoignent et c'est un moment de pur bonheur qui déclenche des milliers de frissons sur mon corps. Ce n'est pas le même baiser qu'hier soir, celui-là est beaucoup plus... Passionné, je dirais.
"-Qu'est-ce qui t'as fait changer d'avis ?" Me demande-t-il alors que l'on reprend notre souffle.
"-Ça ne répond pas à la question mais, pour te répondre, je ne sais pas. Un peu tout. La discussion que j'ai eu avec ma mère hier, peut-être ce qu'il s'est passé entre nous hier soir, la façon dont tu t'occupes d'Eliott. Ou tout simplement toi, tes grands yeux magnifiques, ta bouches aux mille et un péchés," il rit, gêné de mon trop plein de compliment non habituel, "ton sourire, tes attentions..."
"-Oui."
"-Tu fais jamais les choses dans l'ordre, toi..." Je grogne avant de le serrer dans mes bras pour l'embrasser une nouvelle fois.
Il rit dans le baiser, ce qui provoque immédiatement le mien. Alors je me sépare de ses lèvres et le regarde. Il a le plus grand sourire que je n'ai jamais vu sur son visage depuis qu'on s'est croisés dans ce magasin de jouet. Ses yeux pétillent et il a les pommettes rouges. Une véritable œuvre d'art.
"-Tu t'en rends compte qu'il y a exactement neuf ans, on s'embrassait pour la première fois ?" Se remémore-t-il.
"-Tes conneries de destin et de magie de Noël sont peut-être vraies finalement."
"-Je suis certain que c'est vrai !"
Sans me retenir, j'explose de rire, ce qui me vaut une petite frappe sur l'épaule. Pour me faire pardonner, je me penche et dépose mes lèvres sur sa joue.
"-Joyeux Noël, Haz'."
"-Je pouvais pas rêver mieux comme Noël !" S'exclame-t-il, un nouveau sourire au visage. "Joyeux Noël à toi aussi, Lou'."
Le petit mot de la fin :
Long et de qualité, j'ai adoré
Tant de love Larry ☘️👕
Merciiiiiiiiiii d'avoir partagé ta plume avec nous 🥰
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A demain:)
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