14 décembre : Stars Still Shine Overhead
•14 décembre :
Ecrit par lenaaaa_glt
Stars Still Shine Overhead
Vans.
Converse.
Superstar.
Converse.
Timberland.
Stan Smith.
Vans.
Nike.
Petits pieds.
Grands pieds.
Tous pressés.
Les regarder passer donnait le tournis. Ils venaient de la gauche, de la droite, se croisaient, se bousculaient parfois. Certains piétinaient, d'autres parcouraient l'immense trottoir en seulement quelques pas. Le claquement de chaque soulier résonnait dans la rue, perçant le calme inquiétant du mois de décembre.
Louis était de ses personnes qui se donnaient des défis inutiles à longueur de temps. Vous voyez bien de quoi je parle, n'est-ce pas ? Le genre de défis du type, marcher sur la bordure du trottoir sans tomber, sauter sur les bandes blanches des passages piétons ou encore slalomer entre les piquets qui bordaient la route.
Seulement, maintenant qu'il se voyait obligé de passer ses journées assis à observer les passants qui déambulaient dans les rues, sa nouvelle passion était de compter combien de chaussures d'une telle marque passaient sous son nez en une journée. Étant un grand adepte des défis, il déterminait un nombre et une marque chaque matin, juste après avoir remercier Dieu de lui avoir permis de tenir une nuit de plus. Si, au fil de la journée le nombre était atteint, alors Louis s'obligeait à changer d'endroit, et cherchait en vain une nouvelle place à s'approprier pour quelques jours.
C'était sa manière à lui de booster son quotidien. Il remerciait son caractère optimiste qui trouvait du bon en chaque situation. Il n'était même pas sûr d'être toujours là s'il avait été du genre à baisser les bras au premier obstacle.
Une rafale de vent plus forte que les autres, l'obligea à fermer les yeux et se recroqueviller sur lui-même pour garder un minimum de chaleur. Il enfonça son bonnet sur sa tête jusqu'à ses sourcils, laissant les quelques miettes de style qui lui restaient, derrière lui. C'était de toute façon, le dernier de ses soucis. Avoir du style. Il ricana intérieurement à sa propre idiotie. Qui se souciait si un sans-abri avait du style ? Vraiment personne. Ridicule.
Il retrouva cependant un léger sourire lorsque quelques notes de "Jingle Bells" parvinrent à ses oreilles, des haut-parleurs extérieurs d'une boutique plus loin dans la rue. Cela lui fit oublier un instant qu'il manquait cruellement de gants et d'un manteau plus chaud. Il souffla sur ses doigts frigorifiés en fredonnant la chanson de Noël.
S'il omettait le froid glacial, Louis dirait que c'est de loin son jour de l'année préféré. Le 24 décembre. Il aime voir les gens heureux, même si personne ne le voit, lui il les voit tous. Le sourire aux lèvres, le visage détendu en cette période de fête. Tout le monde se réunit, au chaud pour manger des clémentines et des papillotes. Les rues sont lumineuses, emplies de cris d'enfants, d'odeurs de nourriture chaude et de guirlandes chatoyantes. Il pourrait ajouter que c'était également le jour de son anniversaire, mais cela ramenait honnêtement trop de souvenirs douloureux alors il préférait ôter cet élément de son esprit.
Il aurait souhaité pouvoir déroger de son quotidien en ce jour spécial mais il n'avait rien pour réaliser ce souhait. Il avait seulement gardé dans son sac une petite barre chocolatée qu'une jeune fille lui avait gentiment donnée trois jours auparavant. Du chocolat. Rien que le mot le faisait saliver d'envie. Il pressa de sa main gelée la petite poche avant de son unique sac à dos pour deviner la forme de la confiserie. Il la gardait précieusement pour minuit.
La nuit qui tombait très tôt, avait englouti la ville et Louis voyait les commerces commencer à baisser leur rideau de fer. Les passants se faisaient plus rares, le réveillon allait débuter et Louis n'avait pas atteint le nombre de Vans qu'il voulait atteindre aujourd'hui. Un élan de déception le traversa, son humeur chuta légèrement. Pour se redonner du courage, il chantonna doucement plusieurs chansons de Noël de son enfance. Son humeur ne tenait à pas grand chose, heureusement qu'il avait de l'imagination pour mettre un peu de piment dans ses journées.
Tant pis, il resterait ici cette nuit. De toute façon, il ne savait pas si ses jambes auraient eu la force de le soutenir le temps de dénicher un autre endroit. Son corps luttait férocement contre le froid glacial, ce qui lui retirait le peu d'énergie qu'il réussissait à gagner avec ses maigres rations de nourriture.
Louis détestait faire la manche mais il n'avait la plupart du temps pas le choix. Avec les quelques euros qu'il réunissait par jour ou semaine -et encore quand il parlait d'euro c'était optimiste- il s'achetait généralement du pain, ou des sandwichs pas chers pour combler la faim qui lui dévorait quotidiennement les entrailles.
Il avait eu la chance de manger un reste de sandwich le matin-même et même si son ventre criait famine, il avait appris à y faire abstraction. Aussi étonnant que cela puisse paraître, ce n'était pas en période de fête que les gens était le plus généreux. Ils étaient certes plus nombreux dans les rues mais dépensaient des cents et des milles dans leurs courses, ce qui faisait qu'il n'avait plus la volonté de donner le moindre centime.
C'est clair que ce n'était pas la blondasse qui était passée ce matin avec son nouvel IPhone X Max et sa pochette Chanel qui allait se pencher vers lui pour lui donner un pauvre centime. Elle lui avait lancé un regard méprisant et avait contourné Louis de deux bons mètres. Il s'était senti comme un pestiféré.
Louis s'était endurci avec toutes les épreuves qu'il avait traversées mais certaines choses l'atteignaient toujours malgré lui. Certains regards surtout parce qu'il ne pouvait pas dire que beaucoup lui adressait la parole au contraire. Cela lui faisait mal lorsque des personnes de son âge comme cette blonde par exemple le regardaient de cette façon, comme s'il n'avait pas sa place sur cette Terre. Un regarde de dégoût parce qu'il avait à leurs yeux la place d'un déchet. Il avait le même statut que cette bouteille en plastique, bloquée dans le caniveau.
Ça faisait mal parce qu'il perdait lentement mais sûrement son statut d'être humain aux yeux de ses semblables et il était totalement impuissant. Son apparence le sauvait encore parce qu'il était jeune et qu'il était plutôt propre sur lui-même donc les gens pouvait toujours se reconnaître en lui. Mais que se passerait-il quand il deviendrait comme ce vieux Steve, un sans-abri qui trainait aussi dans le quartier ? Les cheveux sales, longs, des dents manquantes, une barbe non entretenue, des habits troués... Les passants en avaient peur, mais le pauvre homme avait simplement abandonné. Il avait arrêté de se rendre aux douches communes dans les foyers pour les personnes dans le besoin, arrêté d'essayer de sembler comme eux tous, parce qu'il ne l'était pas. Il avait perdu foie en l'humanité et Louis comprenait. Bien sûr qu'il comprenait. Il lui avait parlé, ça lui avait fait du bien d'échanger avec quelqu'un d'autre pendant quelques minutes.
Mais Louis avait la rage de s'en sortir, il ne voulait pas baisser les bras, il était encore jeune, il voulait reprendre sa vie là où elle s'était arrêté quelques mois plus tôt. Pour ça, il fallait qu'il se montre patient, et un jour, une opportunité viendrait à lui, il y croyait. Il savait qu'une étoile, là-haut dans le ciel, veillait sur lui nuit et jour, et qu'elle lui enverrait une nouvelle chance. Bientôt.
Un bruit de porte le fit sursauter et le sortit de ses pensées. Il put voir un homme sortir de la boutique à côté de laquelle il était adossé. L'homme le regarda puis se dirigea vers lui. Louis se redressa, légèrement anxieux.
- Hum...excusez-moi jeune homme mais vous ne pouvez pas rester ici, vous êtes devant ma boutique, déclara l'homme, gêné. Il regardait de partout sauf Louis. Ce dernier soupira.
- Je ne suis pas devant, je suis au moins à trois mètres de votre devanture, de plus, si je puis me permettre, vous allez fermer dans quelques minutes, répondit Louis, blasé mais poli. L'homme, qui ne s'attendait pas à ce qu'on lui tienne tête, lui lança un regard venimeux et plissa durement la bouche.
- J'aimerais que vous partiez d'ici. Et je ne me répéterai pas trois fois, vous ne pouvez pas stationner sur la voie publique !
L'homme commençait à hausser le ton. Louis ne voulait pas s'attirer d'ennuis mais son fichu caractère le poussait à répondre.
- Et où c'est que j'ai le droit de stationner alors ? demanda sarcastiquement Louis en insistant sur le mot "stationner".
- Partout ailleurs mais pas devant chez moi ! Allez encombrer d'autres endroits, on ne veut pas de vous ici, parasite, cracha l'homme.
Louis souffla mais se leva tout de même. Il sentit ses jambes trembler lorsqu'il leur demanda de faire l'effort de le porter. Il n'avait même plus la force d'argumenter contre l'homme, il n'avait plus assez d'énergie pour cela, puis il était plutôt habitué à ce genre de situation grotesque.
- Très bien, sur ce, salua Louis.
Il fit un salut militaire et attrapant son sac, il décida sur un coup de tête de partir à droite. De toute façon il fallait juste qu'il trouve rapidement un endroit, et abrité si possible car quelques flocons commençaient à se déposer sans bruit sur le goudron noir.
Alors qu'il allait tourner au coin de la rue l'homme l'appela :
- Attends !
Louis se retourna, surpris. L'homme marchait à grandes enjambées vers lui. Arrivé à sa hauteur, il parla rapidement, essoufflé.
- Tiens prends ça. Il lui enfouit un billet dans la main. Et il y a des entrepôts abandonnés à quelques kilomètres d'ici si tu prends dans cette direction pour t'abriter. Voilà, bonne chance.
L'homme tourna directement les talons, et retourna dans sa boutique sans un regard en arrière. Louis fixa sa main, interloqué. Ce genre d'événement était tellement rare. L'homme avait sûrement eu pitié de Louis en le voyant vaciller sur ses fines jambes. Il n'avait pas eu le temps de dire merci.
Il retira immédiatement cette pensée quand il se rappela la façon dont l'homme l'avait viré. En plus, techniquement, il n'était pas devant sa boutique. Bon, l'homme avait simplement voulu se racheter une conduite. Tant mieux, Louis n'allait certainement pas cracher sur l'argent. Il était rare de s'en faire autant d'un seul coup.
Maintenant, il n'avait plus qu'à trouver un lieu abrité car la neige mouillait le sol et il devenait impossible d'y dormir. Il espérait juste que ses jambes tiennent jusque là-bas car quelques kilomètres lui paraissaient vraiment insurmontable à parcourir dans son état. De plus, les supérettes étaient toutes fermées, pas moyen de s'acheter quoi que ce soit.
Au prix d'un effort quasi surhumain, il parvint à ses dits entrepôts abandonnés. Cette partie de la ville n'était pas éclairée, et les murs étaient couverts de tags. Louis se doutait bien qu'il devait déjà y avoir des sans-abris dans ces entrepôts mais le besoin de s'asseoir quelque part prit le pas sur la peur de faire de mauvaises rencontres.
Il choisit au hasard un des entrepôts, celui qui lui parût le moins désaffecté. Il repéra la porte et entreprit de l'ouvrir. Elle bloqua, mais, puisant dans ses dernières ressources, Louis la poussa de toutes ses forces, et la porte s'ouvrit brusquement, causant un bruit monstre. Le silence qui suivit fut effrayant, Louis avait l'impression que tout le quartier allait se ramener pour découvrir ce qui se passait vue le boucan qu'il avait causé. Il se redressa tant bien que mal et découvrit une chaise renversée. Elle devait très certainement bloquée la porte.
Louis regarda aux alentours mais ne distingua que des formes noires, sûrement des anciennes machines recouvertes de draps. N'ayant pas la force de faire le tour du grand hall, il referma doucement la porte et se laissa tomber lourdement contre le mur, près d'elle. Il prit de lourdes inspirations en laissant sa tête reposée contre le mur. Il était si épuisé qu'il n'avait même plus la force d'assurer sa propre sécurité en vérifiant les alentours. Il sentit sa tête tourner et des points blancs dansèrent sous ses paupières. Il n'avait clairement pas la force pour ce genre d'effort.
En soupirant de défaite, Louis entreprit de sortir sa barre chocolatée pour se requinquer quelque peu car il se sentait sur le point de s'évanouir et ce n'était vraiment pas le moment. Il avait peur de ne plus jamais se réveiller pour être honnête.
Tant pis, il n'aurait pas son petit bout de bonheur pour Noël à minuit mais il en allait de sa survie alors il grignota chaque millimètre de la friandise avec délectation. Ses papilles se régalaient et son estomac en voulait toujours plus. Malheureusement elle fut terminée bien trop vite et Louis se retrouva de nouveau à fixer le noir.
Se sentant légèrement mieux, il prit plus le temps d'observer les alentours mais ne découvrit rien de particulier. Son champ de vision était de toute façon très réduit. Il décida de faire abstraction de la chaise qui barrait précédemment l'entrée et se recroquevilla sur lui-même en serrant son sac contre son torse. Il ne faisait guère plus chaud dans l'entrepôt mais c'était déjà mieux que dehors où le vent glacial ne faisait que prendre de l'ampleur.
- Joyeux anniversaire Louis, se chuchota t-il à lui-même en fermant les yeux.
••
Louis se réveilla en sursaut, transis de froid. Mais ce ne fut pas le froid qui l'alerta. Un objet glacial et tranchant appuyait contre sa gorge tandis qu'un corps lourd le bloquait complément contre le mur. Son souffle s'accéléra crescendo pendant qu'il sortait des limbes du sommeil. Il perçut un souffle chaud contre son oreille qui lui envoya des frissons d'horreur dans la colonne vertébrale. Il ne bougea pas d'un poil. Les effluves d'une odeur masculine vinrent titiller ses narines.
- Écoute-moi bien, toi. Tu vas dégager rapidement parce que t'as rien à faire ici. Ici c'est chez moi et j'hésiterais pas une seconde à aller jusqu'au bout, tu comprends bien ? Il illustra ses paroles en appuyant fort la lame contre la peau fine du cou de Louis. Ce dernier ne respirait plus, des larmes de terreur coulaient silencieusement sur ses joues. Y'a pas de loi ici, c'est moi qui les fait okay ? T'as de la chance que je sois dans un bon jour, j'ai pas envie de voir du sang aujourd'hui. Louis laissa échapper contre son gré, une plainte pathétique lorsque le couteau -il supposait- entailla sa gorge. Aller, casse-toi.
L'homme au corps robuste se dégagea d'un seul coup, laissant le corps de Louis tanguer en avant. Ce dernier apporta sa main à sa gorge pour constater qu'elle était couverte de sang. Il prit de bruyantes inspirations en pleurant sans aucun contrôle. Pris de panique, il se releva en attrapant son sac. Seulement, un vertige le prit, conséquence de son manque cruel de force. Les jambes tremblantes, il s'appuya contre le mur, et sans savoir comment il put faire, se retrouva dehors devant l'entrepôt en quelques pas.
L'instinct de survie ayant à mon avis joué son rôle, Louis s'écroula dans la neige dès qu'il fut à trois mètres devant le porte. Il sanglota pathétiquement, le visage contre la substance froide. Son sang pulsait fort dans ses veines et son cœur battait encore à tout rompre. Il avait clairement eu la peur de sa vie, il avait cru qu'aujourd'hui serait le dernier jour de sa misérable vie et qu'il allait mourir d'une mort affreuse. Ses pleurs incontrôlés permettaient d'évacuer la terreur de la situation.
Il continua à pleurer doucement pendant un laps de temps qu'il serait incapable de définir. Lorsque son corps fut seulement parcouru par des hoquets, il se redressa tant bien que mal, assis au milieu de l'étendue blanche. Il découvrit la neige imbibée de sang devant lui, ce qui lui fit instantanément porter la main à son cou. Il avait arrêté de saigner ce qui signifiait que la blessure était légère malgré qu'elle soit douloureuse.
Sonné par ce qu'il venait juste d'arriver, Louis se traîna difficilement contre le mur extérieur de l'entrepôt, clairement épuisé. C'était vraiment malheureux, que même les gens les plus démunis se battent entre eux au lieu de s'aider.
Louis pria simplement pour que l'homme ne ressorte pas vérifier qu'il était parti parce qu'actuellement, son corps de répondait plus de rien. Il soupira en ramenant ses jambes contre son torse, et en louchant sur les flocons qui se déposaient dans sa frange. Il commençait déjà à être trempé.
Ce ne fut que de longues minutes plus tard, qu'une fenêtre s'alluma. Il devait être aux alentours de vingt heures. En effet, lorsque Louis releva la tête, de petites fenêtres, parfois cassées, toutes presque opaques, de l'étage s'étaient illuminées. Après quelques secondes de réflexion, Louis en vint à une unique conclusion. L'homme au couteau. Il possédait l'électricité, ou du moins quelque chose pour s'éclairer.
Il l'envia beaucoup, mais était toujours effrayé à l'idée qu'il sorte et le tue. S'il mourrait, personne ne s'en soucierait. Il pensait même qu'on ne retrouverait jamais son corps. Quelle horreur.
Il sursauta lorsqu'une voix grave retentit, la même qui lui avait parlé à l'oreille quelques instants plus tôt. Mais de loin.
« Isn't she lovely,
Isn't she wonderful,
Isn't she precious,
Less than one minute old...»
Ahuri, Louis écouta religieusement la célèbre chanson de Stevie Wonder être magnifiquement interprétée par cet inconnu. Il sentait la voix grave pénétrer sa poitrine et diffuser sa chaleur dans l'ensemble de son corps. La douceur de son timbre de voix contrastait avec le ton agressif qu'il avait employé en agressant Louis. Ce dernier ferma les yeux, en fredonnant à son tour quelque parole de la chanson.
« I never thought through love we'd be,
Making one as lovely as she,
But isn't she lovely made from love. »
Lorsqu'il rouvrit les yeux, il tomba immédiatement sur deux prunelles vertes sombres, face à lui. Il eut un mouvement de recul si grand qu'il se retrouva allongé dans la neige.
- Attendez ! Attendez, ne me faites pas de mal s'il vous plaît, supplia t-il en joignant ses deux mains frigorifiées. Je vais m'en aller, je pars, haleta t-il, terrorisé, en tentant de se lever.
L'inconnu ne dit rien. Louis se demanda s'il ne se délectait pas de voir les derniers mouvements de panique de sa proie avant de l'abattre. Il essaya de mettre le plus de distance possible entre eux. Malheureusement ses pas étaient trop peu assurés, ses genoux vacillants le portaient difficilement alors que sa main tentait de le maintenir debout en prenant appui contre le mur.
- Attends.
Louis fit volte face, le cœur battant. L'inconnu se rapprocha de lui. Louis sursauta en tendant une main tremblante devant lui.
- Non, non, s'il vous plaît..., plaida t-il, la gorge serrée.
- Shh..., souffla l'inconnu en attrapant sa main glacée et en l'abaissant.
Elle était tellement froide que Louis ne sentit même pas si la main de l'homme était chaude. Il releva la tête et croisa de nouveau son regard émeraude. De longues boucles foncés en pagaille encadraient son visage et son regard perçant le scrutait de haut en bas.
- D'où est-ce que tu viens ? demanda l'homme méfiant. Il observa les alentours sur le qui-vive, sa main droite serrait quelque chose dans sa poche. Louis devina immédiatement ce que c'était.
- De... Louis ne savait même pas quoi répondre. Devait-il parler de sa ville d'enfance ? Ou du lieu qu'il occupait juste avant de venir ici ? Hum...de Doncaster, murmura t-il.
- Putain te fous pas de ma gueule ! cingla l'inconnu. T'es un des leurs c'est ça ?! Tu crois que tu vas pouvoir rentrer tranquillement chez moi en jouant la carte du malheureux ?!
- Quoi ? s'exclama Louis, ahuri. Je ne comprends pas ce que vous dîtes, souffla t-il, complément perdu. Je suis resté pendant quelques jours sur la grande rue près de la boutique de souvenirs. On m'a conseillé de venir par ici pour passer la nuit abrité. Il serra son sac contre lui, en fixant toujours la main de l'inconnu qui s'agitait dans son poche.
- Et pourquoi je te croirais ? dit sèchement l'homme. Louis, épuisé, commença à s'agacer.
- Je n'ai pas besoin que vous me croyiez, de toute façon je comptais m'en aller trouver de la place ailleurs. Il soupira faiblement en tournant le dos à l'homme et reprit sa marche hésitante en comptant s'écrouler de fatigue lorsqu'il tournerait à l'angle. Un dernier effort, c'est tout ce qu'il pourrait s'imposer.
Alors qu'il avait presque atteint son but, l'homme l'interpela encore une fois.
- Attends, c'est bon. Tu peux venir.
Louis se retourna et dévisagea l'inconnu. Il semblait contrarié comme si quelqu'un l'avait obligé à prendre cette décision. La fierté et la peur de Louis aurait refusé tout net mais son corps lui criait qu'il atteignait sa limite critique alors, à la vitesse d'un escargot, il revint vers l'homme qui poussa la porte pour le laisser entrer.
- Merci, prononça t-il poliment même si cela lui écorchait la gorge de remercier un homme qui l'avait presque tué et qui comptait peut-être encore le faire.
- Ouais ouais, méfie-toi, au moindre geste suspect... menaça-t-il en refermant la porte.
Dans le noir, Louis l'entendit placer la chaise devant la porte. Il était quelque peu effrayé mais honnêtement si l'homme ne l'avait pas encore tué, il y avait peu de chance qu'il le fasse.
Il sursauta lorsqu'il sentit une main agripper son bras et le tirer dans le fond de l'entrepôt. Ses membres faibles et frigorifiés suivaient difficilement.
- Où allons nous ? demanda Louis, tentant d'instaurer un dialogue.
L'homme accéléra le pas, manquant de le faire tomber. Il ne se sentit pas très bien.
- Attendez, je- moins vite s'il vous plaît...
Louis l'entendit grogner alors qu'il n'en écouta pas un mot. Heureusement, ils s'arrêtèrent net quelques mètres plus loin, face à un escalier. Louis se souvint soudainement des fenêtres éclairées qu'il avait vues à l'étage. L'inconnu monta rapidement alors que Louis grimpait la première marche. Ses muscles protestèrent violemment, alors il s'appuya pitoyablement contre le mur.
- Qu'est ce que tu fiches ?! Dépêche-toi ! siffla l'homme aux cheveux sombres, en se tenant dans l'encadrement éclairé de la porte.
- Je-je crois que je n'arriverais pas à monter, déclara honteusement Louis en regardant désespérément les nombreuses marches qui le séparaient du haut. Il voyait déjà de petites étoiles danser narquoisement devant sa rétine.
- Putain, jura l'homme en redescendant rapidement jusqu'à sa hauteur.
De façon rapide et sans hésitation, il attrapa Louis par la taille et le souleva sans problème des marches. Affreusement gêné, Louis agrippa ses épaules. Il s'attendait à ce que l'homme le porte comme un sac à patate ou sur son dos mais pas comme s'il portait un enfant. De toute façon il ne pouvait pas protester, il se sentait déjà mieux lorsqu'il n'avait plus à se soutenir. De plus, il sentait le corps chaud de l'inconnu pressé contre lui, ce qui avait, contre toute attente, quelque chose de rassurant. Ses bouclettes chocolats chatouillaient sa joue tout doucement.
Lorsqu'ils furent en haut, l'homme ne le reposa pas tout de suite et prit le temps de fermer la porte à clef. Ainsi Louis eut un bref aperçu de la pièce éclairée. Sans prévenir, il fut reposer brutalement sur le sol et il sentit ses jambes se dérober sous son poids. Il poussa un cri très peu viril et tenta de s'accrocher à la veste de l'inconnu. Celui-ci réagit vite et le retint de justesse pour ne pas qu'il s'écrase au sol.
Affreusement embarrassé, Louis se remit sur pieds précipitamment en s'écartant.
- Tu n'as vraiment pas l'air en forme, fit remarquer l'homme.
Lorsque Louis releva la tête, il le vit en train de froncer les sourcils en le dévisageant.
- Viens t'asseoir, on dirait que tu vas t'écrouler d'une minute à l'autre, marmonna t-il en lui tournant le dos.
Ce fut seulement à ce moment-là que Louis put enfin découvrir réellement la pièce. Elle était spacieuse et dégagée des habituels vieux meubles et matériaux qui encombraient les entrepôts.
Le toit cassé par endroit laissait passer la fumée épaisse du feu qui était conduite dans un enchevêtrement de tuyaux de récupération. Il crépitait joyeusement dans un coin de la pièce, entouré de poufs et de vieux tapis. Non loin du feu reposait également un matelas à même le sol, recouvert par des couvertures hideuses qui avaient l'air chaudes. Louis s'imagina enfouit sous elles et faillit en pleurer d'envie.
Il découvrit dans un autre coin de la pièce, une pile de casseroles et quelques pots et sachets que Louis supposait être de la nourriture. Un immense paravent cachait le fond de l'habitation, si on pouvait l'appeler comme telle.
Ce qui le choqua le plus dans cette immense pièce, étaient les dizaines de guirlandes lumineuses et colorées qui serpentaient le long des murs, cachant les carreaux cassés. Elles donnaient à la pièce une allure féerique et, pour lui qui vivait dans la rue depuis un certain temps, voir ce spectacle lui mit les larmes aux yeux. Cela lui rappelait un temps qu'il préférait maintenant oublier et même faire comme s'il n'avait jamais exister.
Un raclement de gorge le sortit de sa contemplation. Il tourna la tête vers l'homme qui se trouvait près des poufs, à l'attendre.
Louis le rejoignit et observa les poufs comme s'ils étaient les huitièmes merveilles du monde.
- Assieds-toi, ordonna l'homme.
Louis obéit immédiatement et se laissa tomber lourdement sur l'objet moelleux. Il soupira de contentement, totalement épuisé. Ses joues frigorifiées commençaient doucement à sentir la chaleur ambiante de la pièce, qui était largement supérieure à celle de dehors. Il sentait son visage chauffer lentement.
- Enlève tes vêtements, demanda encore l'inconnu.
Louis le regarda, surpris par sa demande. Un vent de panique commença à le submerger.
- Je- pourquoi est-ce que je ferais ça ? questionna t-il trop rapidement.
- Pour survivre.
- Pardon ?!
L'homme voulait-il qu'il lui donne son corps pour avoir la possibilité de rester ici ? Il préférait encore mourir de froid dehors. Puis, il se souvint soudainement de la porte fermé à clef. Il se leva brusquement, et vit la pièce tanguer sous ses yeux.
- Je veux sortir ! Ouvrez-moi la porte s'il vous plaît, plaida t-il paniqué.
L'homme le regarda, semblant insensible à sa panique.
- Rassieds-toi bon sang ! grogna t-il. Et enlève tes vêtements, ils trempent mon pouf ! En plus, tu es complément frigorifié, tu ne risques pas de te réchauffer avec ton jean imbibé d'eau.
Louis se rassit immédiatement, gêné de s'être imaginé ce genre de choses. Il murmura un "pardon" misérable et se sentit ridicule d'avoir simplement pu penser qu'un homme voudrait de lui comme ça. Ses doigts glacés tâtonnèrent difficilement pour ôter la fermeture éclair de son blouson. Il l'enleva et sentit l'air chaud frappé ses bras en passant à travers les mailles de son vieux pull. Il soupira de bien-être. Il retira rapidement son jean, et se retrouva en pull et en caleçon devant cet inconnu. Ses bras entourèrent ses jambes maigres et il détourna les yeux, honteux.
- Tiens, mets ça, dit-il en lui tendant des vêtements usés mais secs.
Il les enfila rapidement et se cala confortablement dans le pouf, en soufflant sur ses mains glacées.
- Merci, murmura t-il à l'homme en le fixant pour montrer qu'il était sincère.
- Pas besoin, répondit l'autre, en tournant sa tête vers le feu.
Louis observa à son tour le feu, et une douce chaleur prit place dans son ventre à la vue des magnifiques flammes qui léchaient le bois et s'étiraient vers le haut dans une danse voluptueuse. Il se sentait un peu secoué par tout ce qui arrivait en à peine quelques heures. Noël s'annonçait mouvementé cette année. D'abord il se faisait agressé au couteau, ensuite il était invité par ce même agresseur à partager un repas de Noël.
Sa curiosité, qu'il trouvait légitime à cet instant, le poussa à détourner les yeux vers l'homme. Il voyait les flammes danser dans ses prunelles vertes et le spectacle était magnifiquement triste. Il n'avait plus l'air sur la défensive et ses traits du visage s'étaient détendus, lui donnant un air légèrement juvénile qui surprit Louis. Il ne devait pas être plus âgé que lui, mais les horreurs qu'il devinait au fond de ses iris le faisaient paraître inaccessible. Il l'observa mordiller sa lèvre inférieure sèche. Elle était vraiment rouge... Il n'eut pas le temps de rêver plus longtemps car l'homme aux boucles se leva pour remettre du bois dans le feu.
- Je voulais te dire que...c'est vraiment magnifique ici. L'homme ricana.
- On fait avec ce qu'on a.
- Et bien, c'est ça qui est magnifique. C'est toi qui est magnifique, pensa t-il. Je pense que les choses simples sont les plus magnifiques.
Il secoua la tête, faisant voltiger ses boucles et se leva pour revenir les mains pleines.
- Aujourd'hui c'est repas exceptionnel, sourit-il doucement. Son sourire était putain de magnifique. Louis le trouva renversant. Il sentit son coeur s'emballer.
- Tu n'as pas peur que je te vole quelque chose ? L'inconnu se tourna vers lui, et ils se fixèrent. Louis eut un violent frisson, pas de froid.
- Non, je ne crois pas. Tu ne sembles pas des leurs, soupira t-il.
- De qui tu parles quand tu dis « des leurs » ?
- Le gang du quartier.
- Que veulent-ils ? questionna Louis. Il avait peur de se faire remballer avec ses questions, mais l'homme n'en fit rien.
- Me voler mon espace. La dernière fois que j'ai laissé entrer quelqu'un, je me suis fait tabasser jusqu'à l'inconscience. Il m'a volé de la nourriture et des choses auxquelles je tenais beaucoup.
Lorsqu'il prononça cette dernière phrase, Louis vit énormément de colère et de tristesse transparaître dans ses iris.
- Mais qui sont-ils ? demanda t-il, horrifié que des personnes de ce genre puissent exister.
- Des sans-abris comme nous, mais ils se sont alliés. Ils n'ont aucun honneur et préfèrent voler des gens comme eux que des riches dans les rues. Ils obligent les femmes dans leur gang à se prostituer pour rapporter de l'argent. Tu comprends qu'il était hors de question que j'aille avec eux.
- Évidemment oui. C'est bizarre, je n'en avais jamais entendu parler, se fit-il la réflexion.
- C'est normal, tu n'es jamais venu par ici, sinon je me souviendrais de toi, déclara l'homme bouclé en souriant.
- Pourquoi ça ?
Il ne répondit pas mais lui envoya un regard brûlant qui le fit rougir jusqu'à la racine des cheveux. Ce fut seulement à ce moment-là qu'il fit attention au corps du bouclé. Il l'observa avec intérêt alors qu'il s'occupait du repas, sur le feu.
Il remplissait très bien ses vêtements contrairement à Louis qui se qualifiait lui-même de tas d'os. Il semblait donc manger à sa faim. Ses biceps se gonflaient sous son pull lorsqu'il pliait le bras, et ses cuisses paraissaient puissantes. Louis rougit furieusement et fixa le sol face à ses pensées intempestives. Que lui prenait-il ? Ce n'était définitivement pas le moment, l'endroit et la personne.
Le silence s'était installé pendant qu'une douce odeur commença à flotter dans l'air. L'estomac de Louis grogna furieusement. De la viande.
- Comment as-tu obtenu ça ? demanda Louis, ahuri.
- J'ai des contacts, expliqua l'homme, mystérieusement en lui lançant un sourire en coin. Louis n'insista pas.
- Je pourrais savoir ton prénom au moins ?
- Harry.
- Moi c'est Louis. Merci de m'accueillir ce soir, se sentit-il obligé de dire.
- Y'a pas de quoi. J'en ai marre d'être seul, déclara Harry en fixant ses mains qui travaillait pour préparer le repas. Cette phrase serra le cœur de Louis. Ce Harry semblait franc et honnête.
- Moi aussi. Ça faisait bien trop longtemps que je n'avais pas échangé plus de trois mots avec quelqu'un, ça fait du bien, dit Louis en regardant mélancoliquement le plafond.
- Je ne me sentais pas de passer Noël tout seul, avoua le bouclé en levant le regard sur Louis. Ce dernier y vit toutes les fêlures qu'il n'avait pas vues avant. Harry paraissait moins intouchable qu'il y a quelques minutes. Le regard qu'il lui lançait semblait vouloir signifier quelque chose.
Le bouclé, se sentant sûrement mal-à-l'aise de s'être mis à nu sans réfléchir, se leva soudainement et se dirigea vers un coin de la pièce où il trafiqua quelque chose. Quelques secondes plus tard, une musique grésillante et faible retentit, une musique de Noël. Lorsque Harry se décala, Louis vit le vieux poste de musique, calé sur une chaise en bois vacillante. Un sourire timide prit place sur ses lèvres.
- Je crois que ce Noël va être vraiment parfait, avoua Louis en souriant à son semblable. Il se sentait vraiment apaisé ici.
- Pff arrête de te foutre de moi, pouffa t-il en retournant à sa préparation. J'ai failli te tuer il y a seulement quelques minutes. Ne fais pas confiance aux gens trop rapidement Louis. Son prénom roula sur sa langue comme si de l'or liquide coulait agréablement sur sa peau et le fit se tortiller honteusement.
- Non vraiment, je ne plaisante pas Harry, assura Louis. C'est vraiment parfait ici, je ne pense pas que j'aurais tenu une nuit de plus dehors honnêtement, déclara t-il.
Harry perdit son sourire à la fin de sa phrase.
- Ça se voit que tu ne manges pas à ta faim, fit-il remarquer en scannant le corps bien trop amaigri de Louis.
- Tu y arrives toi ?
- Plutôt oui. Je fais des réserves, et j'arrive toujours à me débrouiller, je pense que je suis chanceux aussi d'avoir pu m'installer ici et trouver tout ça.
Louis hocha la tête. En réalité, il était vraiment impressionné par tout ce que Harry avait réalisé.
- Comment tu en es arrivé là...? osa Louis. La question lui brûlait les lèvres depuis un certain temps.
- Non. S'il te plaît, ne parlons pas de ça. Pas aujourd'hui. Peut-être dans quelques jours. Le cœur de Louis se mit à battre plus vite à ces mots. Voulaient-ils dire que Harry comptait garder Louis avec lui ?
- D'accord, je comprends. Il hocha la tête pour appuyer ses propos.
Il était bien placé pour savoir que parfois, parler du passé n'était pas une bonne chose et qu'il fallait laisser les fantômes du passé au passé pour réussir à avancer. Il était curieux de savoir évidemment mais il savait aussi que si le bouclé lui avait demandé son histoire à lui, il n'aurait pas pu la raconter comme on raconte une histoire à des enfants. C'était bien trop dramatique et ça n'avait vraiment pas sa place le soir de Noël.
Harry installa la viande à griller au dessus du feu et l'odeur suffit à ramener la faim de Louis sur le devant de la scène. Il avait l'habitude de l'oublier parce qu'il ne pourrait pas s'en sortir sinon. Cette faim là, la vraie faim. Celle que la plupart des gens ne connaissent pas. Elle dévorait ses entrailles, tellement douloureusement. Il ne pensait plus qu'à ça. Il pouvait même se mettre à pleurer tellement c'était un supplice de la regarder cuire lentement.
- Pense à autre chose. Il tourna sa tête vers Harry qui le regardait. Je sais quelle sensation ça fait, mais ce n'est pas encore cuit désolé.
Louis plongea dans ses yeux émeraude quelques secondes. Cela suffit pour que ses futures paroles soient totalement sincères :
- Je te fais confiance tu sais. Ils se fixaient encore intensément.
- Tu ne devrais pas.
- Si. Il y a quelque chose qui m'y incite mais je ne saurais pas l'identifier. Même si tu m'as entaillé la gorge, je n'arrive pas à te voir comme quelqu'un de dangereux. La tension présente entre eux s'intensifia et devint lourde.
- Je suis incapable de tuer quelqu'un, avoua Harry, humble.
- Tant mieux, les autres créent déjà bien trop de violence, je pense que tu es plus humain qu'eux tous. Harry pouffa dédaigneusement.
- Humain ? Ça ne veut plus rien dire ça... Ça fait bien trop longtemps que je n'ai pas vu quelqu'un faire preuve "d'humanité". Tout ce qui m'entoure n'est que violence aujourd'hui, et pourtant toutes ces personnes sont humaines. Pour moi c'est ça l'humanité maintenant, c'est les êtres humains soumis à leurs plus bas instincts, et pas tous ces faux-culs qui font semblant de soutenir des "grandes causes" pour bien se faire voir. Il crachait ces mots avec violence tout en ne lâchant pas du regard les yeux de Louis. Ce dernier comprit qu'il s'était engagé sur un terrain miné.
- Ce n'était peut-être pas le mot approprié alors, tu sembles juste plus lucide et-
- Je comprends ce que tu veux dire, et je pense qu'on est deux dans le même cas. Les autres, qui vivent comme nous, ont abandonné, ils se sont laissé aller à leur colère alors que nous, on est plus résigné à vivre comme ça. On ne plonge pas dans l'alcool ou la drogue pour essayer d'oublier notre sort et honnêtement...je ne sais pas ce qui y'a de mieux. Pouvoir oublier quelques instants en te détruisant la santé ou être toujours pleinement conscient de ta foutue situation ?
Louis ne savait pas s'il voyait vraiment les choses sous cet angle là. Il ne se voyait pas comme résigné, juste impuissant. Impuissant face à sa situation. La seule chose qu'il voulait à tout prix garder, était sa part d'humain civilisé.
En tout cas, une chose le marquait dans le discours de Harry. C'était les termes "les autres" et "nous". Cela lui avait provoqué un agréable picotement dans le ventre lorsqu'ils avaient été prononcés. Harry semblait lui faire confiance puisqu'il le considérait comme lui, comme si en quelques minutes, il avait pu analyser qui Louis était vraiment à l'intérieur.
- Quel âge tu as ? questionna Harry de sa voix rauque. Louis fut surpris qu'il prenne la parole en premier mais sourit en le regardant.
- J'ai vingt-trois ans aujourd'hui ! s'exclama t-il.
- Aujourd'hui ? dit Harry en fronçant les sourcils.
- Oui...enfin seulement si on est toujours le vingt-quatre décembre.
- Hum... Harry alla prendre un objet près de son lit que Louis identifia comme une montre. Son regard ne put s'empêcher de tomber plus bas qu'il n'aurait dû sur le corps de Harry. Il est actuellement vingt-deux heures trente, donc oui. Il revint s'asseoir. Je ne pense pas que je puisse te souhaiter un "joyeux" anniversaire parce que ce serait hypocrite de qualifier cette situation de "joyeuse". Mais je pense que je peux te souhaiter de réussir cette nouvelle année qui s'offre à toi, parce que tu es encore jeune, tu as le temps de te relever.
- Pas toi ? demanda Louis, dans l'incompréhension.
- J'ai vingt-et-un ans.
- Ah ! Bah toi aussi tu as le temps ! Harry soupira en mordillant nerveusement sa lèvre inférieure. Qu'est-ce qui y'a ?
- En fait..., commença t-il. Non c'est bête de te raconter ma vie comme ça, alors qu'on se connait à peine.
- Mais si vas-y, à qui pourras-tu la raconter autrement ? Et puis, ça m'intéresse !
- Humm...ouais d'accord, en fait je crois que je suis effrayé à l'idée de ne jamais me sentir bien, en paix avec moi-même, en retrouvant la vie normale. Je ne sais pas si, après tout ce que j'ai vécu ici, tout cet enfer -et je ne me plains pas, je sais que il y a bien pire-, si je pourrais réussir à vivre normalement de nouveau. Harry évitait son regard, signe qu'il se sentait mal-à-l'aise d'exposer ses craintes. Louis voulut le prendre dans ses bras, s'il avait eu la force de se lever.
- Bien sûr que tu vas pouvoir ! Tu ne seras plus le même qu'avant c'est tout. Tu seras conscient de beaucoup plus de choses et tu ne vivras plus de la façon dont tu le faisais avant, mais tu vas y arriver, il faut toujours garder espoir tu sais ! Moi c'est comme ça que je tiens, répondit Louis en faisant passer toute sa sincérité.
- Tu es plus fort que moi, dans ta tête, je crois, répliqua obstinément Harry en tripotant ses doigts.
- C'est faux, complètement faux. J'ai eu envie de mourir. Plusieurs fois même. J'ai déjà réfléchi à la façon dont je voudrais mourir, pour arrêter de souffrir inutilement jour après jour. Mais à chaque fois, je me réveillais le lendemain, je voyais le soleil orangé se lever, ou je croisais le sourire d'une personne qui m'offrait gentiment un bout de son déjeuner. Je me disais "okay, Louis un ange veille sur toi, un jour tu t'en sortiras" et c'est grâce à ça que je suis encore là aujourd'hui...
Louis finit sa tirade essoufflé, le cœur battant légèrement plus vite. Il espérait avoir rassuré Harry sur certains points, surtout maintenant qu'il savait que ce dernier était plus jeune que lui.
- Un ange ? osa Harry en lui lançant un regard en coin.
- Hum...ouais enfin...ma mère, elle-elle veille sur moi de là-haut, je pense, souffla t-il rapidement parce que c'était toujours putain de douloureux.
- Oh..., je pense que c'est le cas, elle devait être formidable.
- Elle l'était, elle l'est toujours en un sens, dans ma tête, sourit tristement Louis face à ses souvenirs.
Harry acquiesça en le regardant d'une façon douce et bienveillante, comme s'il comprenait. Et peut-être qu'il comprenait vraiment, Louis ne savait pas grand chose de sa vie. Il espéra secrètement que cela changerait dans les heures à venir. Ou les jours à venir, pourquoi pas ?
Dans tous les cas, Louis remerciait Harry silencieusement pour ne pas avoir sorti la phrase surfaite "je suis désolé". Pourquoi les gens s'obligeaient à dire ça ? Ce n'était pas de leur faute ! C'était juste une phrase de circonstance qui n'avait plus aucun sens, que tout le monde retenait et utilisait à n'en plus finir. Louis la détestait. Et cela lui confirma un peu plus que Harry n'était pas ce genre de personne et cela piquait sa curiosité.
- Bon, et bien je crois que c'est près, marmonna Harry en retirant la casserole du support ainsi que la viande.
Il disposa le tout dans deux assiettes usées et en tendit une à Louis qui se demandait si le moment était vraiment réel. Lorsque Harry se rassit près de lui, il leva une fourchette tremblante à sa bouche et laissa la bouchée venir titiller ses papilles et la nourriture fondre doucement. Il mâcha lentement et avala. Un sourire qu'il savait énorme prit toute la place sur son visage. Lorsqu'il releva la tête, il vit Harry en train de l'observer les yeux brillants et rougit.
- Mange doucement quand même, et ne te force pas à finir, il y en a trop je pense, lui conseilla le bouclé en souriant en coin.
- Tu rigoles ?! Je vais tour finir ! C'est délicieux, merci beaucoup ! s'exclama Louis.
Et en effet, c'était une mauvaise idée. Il dévora son assiette en peu de temps, n'en laissant pas une miette. Il ne parla pas de tout le repas, trop occuper à remplir son ventre, resté vide bien trop longtemps. Ce fut lorsqu'il but son verre d'eau que son estomac commença à protester par le biais d'une violente crampe. Cela le fit se tordre sur le pouf, le visage crispé.
Une longue plainte s'échappa involontairement de sa bouche lorsque la douleur ne disparut pas. Au contraire son estomac commença à se tordre dans tous les sens, lui donnant envie de vomir. La douleur était à peine tolérable, il n'était même pas capable de hurler.
- Louis ?! Putain, je t'avais dit qu'il ne fallait pas tout manger !
Il sentit une main agrippée son épaule pour tenter de le redresser mais il était tellement crispé, recroquevillé sur lui-même qu'il ne bougea pas.
- Louis, ne vomit pas s'il te plaît, retiens-toi ça va passer, c'est juste ton estomac, il est trop petit pour tout ce que tu as mis en une fois à l'intérieur. Sa main caressa la nuque de Louis avec douceur.
Louis n'avait même pas le loisir d'apprécier le contact. Un sanglot sec s'échappa de sa gorge alors que quelques larmes s'échappaient de la barrière que formaient ses paupières crispées.
- Putain, jura Harry. Attends, laisse-moi essayer de t'aider. Harry tenta de déplier son corps mais c'était peine perdu.
Après un grognement de la part de Harry, il sentit son corps flotter dans l'air, puis être reposé sur une surface molle. En boule, et sanglotant en tenant fermement son ventre, Louis sentit une main chaude s'insérer sous son pull. Par la force, Harry dégagea ses bras et déplia légèrement ses jambes pour atteindre son torse. Dans la douleur, Louis ne comprit pas vraiment ce qui se passait. Il savait seulement qu'il souffrait le martyr et qu'il voulait que ça cesse.
Deux grandes mains chaudes effleurèrent ses côtes saillantes et échouèrent au dessus de son estomac. Lorsqu'elles appuyèrent fermement, Louis coupa sa respiration pour s'empêcher de hurler.
- Stop, stop, supplia t-il en agrippant les poignets de Harry.
- C'est le seul moyen si tu veux que ça se calme Love.
Harry reprit son massage sur l'estomac gonflé et douloureux de Louis. Il y consacra de longues minutes, le temps que la prise de Louis sur ses poignets se desserre. Il observa le visage de Louis qui se décrispait lentement alors que la douleur s'estompait légèrement.
Louis ouvrit les yeux lorsqu'il ne ressentit plus qu'un léger tiraillement. Il tenait les bras de Harry qui s'activaient pour le détendre. Il réalisa qu'il était allongé en découvrant les petites étoiles scintillantes collées au plafond. Les flammes s'étaient calmées et il ne restait plus que des braises qui diffusaient une chaleur suffisante autour d'elles.
- Désolé de ne pas t'avoir écouté, soupira faiblement Louis en regardant Harry, honteusement. Celui-ci, releva le regard vers lui en continuant son massage qui ressemblait plus à des caresses maintenant.
- Non, ne t'excuse pas, tu semblais tellement affamé que je ne pouvais décemment pas t'enlever l'assiette. J'aurais dû plus te prévenir, je ne pensais pas que ce serait si violent.
Ses yeux brillaient à la lumière de toutes les guirlandes de Noël qui scintillaient de part et d'autre de la pièce depuis que le feu s'était étouffé. Louis le trouva magnifique. Ses mains chaudes parcouraient tranquillement son ventre maigre, y laissant une traînée de frisson, maintenant que Louis en était pleinement conscient.
- Merci, chuchota Louis comme si le fait qu'il faisait sombre l'obligeait à parler plus bas.
Harry continua de former des arabesques avec ses doigts sur la peau réchauffée de son torse tout en le fixant.
- Je suis heureux que tu sois là avec moi, que tu sois resté après ce que je t'ai fait. D'ailleurs, pardon pour ça, murmura à son tour Harry en baissant la tête. Je ne suis vraiment pas violent normalement mais j'ai dû...endurcir mon caractère.
- T'inquiète pas, je comprends que tu aies dû faire ça, avec tout ce qui se passe par ici, tu dois te protéger.
- Je crois que l'ange qui veille sur moi là-haut est venu directement toquer à ma porte, souffla Harry en souriant, les pommettes rosies.
Louis pouffa en rougissant. Il découvrait une autre facette de Harry. Une, plus intime, qui lui plaisait énormément.
Harry retira la main de son pull, au plus grand regret de Louis qui eut froid immédiatement.
- Viens, installe-toi, l'invita Harry en soulevant les couvertures de son lit. Enfin...sauf si tu préfères dormir ailleurs mais il n'y pas beaucoup de choix, grimaça t-il en s'enfonçant dans le lit après avoir quitté son pantalon.
Louis soupira de bien-être à la proposition, il se sentait épuisé, comme il ne dormait pas beaucoup et il rêvait de ce moment depuis qu'il était entré ici. Il ôta également son bas pour être plus à l'aise et eut honte de ses jambes. Elles étaient maigres comme des cure-dents, les os de ses genoux ressortaient et des veines bleues parcouraient ses cuisses. Il se glissa dans les couvertures en soupirant sans regarder Harry et les remonta jusqu'à son menton en fixant le plafond étoilé.
- Tout va bien ? demanda Harry, tourné sur le côté pour le regarder.
- Oui, ça fait une éternité que je n'avais pas été dans un lit. Harry fredonna en réponse.
Louis sentit sa gorge se nouer. Il fixait les guirlandes et le plafond, le vieux poste jouant en fond des musiques de Noël grésillantes. Le nœud remonta dans sa gorge et l'empêcha de respirer, jusqu'à qu'il se mette à pleurer. Silencieusement. Des larmes roulaient sur ses tempes et s'échouaient sur l'oreiller sans bruit. Il sentait Harry le regarder mais il ne pouvait pas s'arrêter. Il sentit la main de Harry agripper la sienne et son pouce la caressa doucement.
- C'est normal Louis, laisse tout sortir, tu en as besoin je crois, chuchota t-il.
Alors Louis le fit et laissa quelques pleurs étranglés sortirent de sa gorge. Puis ce fut tout. Il essuya ses larmes, respira un grand coup et tourna sa tête vers l'homme aux yeux verts.
Parfois, il avait besoin de craquer, parce que c'était dur, qu'il se sentait encore comme un bébé de vingt-trois ans qui subissait la vie. Il ne pouvait se le permettre dans la rue parce que ça le rendait trop vulnérable. Or, avec Harry, il se sentait en confiance, bien. Bien comme il ne l'avait plus été depuis si longtemps. Il ne savait même pas s'il s'était déjà senti aussi bien un jour, là, enterré sous les couvertures, avec des guirlandes scintillantes et le corps brûlant de Harry à quelques centimètres du sien. Ses os gelés se réchauffaient et sa peau fourmillait agréablement alors que leurs deux mains étaient entrelacées.
- Tu crois au miracle de Noël ? souffla Harry en le fixant intensément.
- Je ne sais pas...
- Et bien moi j'y crois, dit Harry en resserrant sa prise sur sa main. Je crois que...je suis heureux là juste maintenant.
Et en plongeant dans les orbes de Harry, Louis eut envie de dire "moi aussi". Mais c'était tôt, trop tôt, peut-être plus tard, demain ou dans trois jours. Peu importe. Cette histoire était un peu folle.
- Des fois je me dis que mon rêve serait de pouvoir m'acheter tranquillement un café dans un bar et le siroter en sifflotant sans me dire que je n'aurais plus assez d'argent pour me nourrir le reste de la journée, mais après je réfléchis et en fait, c'est nul comme rêve, murmura le bouclé.
- Alors tu as réfléchi à d'autres rêves ?
- Mmh, oui, mais ils sont très récents alors j'ai peur qu'en les formulant, ils ne se réalisent jamais.
- Oh, d'accord, c'est pas grave, répondit Louis.
- J'aimerais...hum... Il se racla la gorge et Louis, surpris, se montra attentif. Partager mon quotidien avec une personne, dans ma galère, que cette personne me comprenne, qu'elle s'intéresse à moi et que je m'intéresse à elle, qu'elle me protège et que je fasse de même... Qu'on soit soudés et que rien je puisse nous ébranler... Sa voix craqua légèrement quand il dit : Vivre l'instant présent comme si peu de personne le font, faire l'amour à n'importe quelles heures de la journée, et...vivre tout simplement. Sa voix s'éteignait au fur et à mesure de sa tirade. Le désespoir transparaissait sur son visage sculpté à la main. Louis avait la gorge serrée, parce qu'il ressentait tout ça et qu'il avait l'étrange impression d'être concerné par ses paroles. Le coeur battant, il réussit à répondre :
- Harry, je te promets que tu réaliseras toutes ces choses, dans moins de temps que tu ne le penses.
Il s'approcha de telle sorte que leurs jambes se touchent et qu'ils sentent le souffle de l'autre sur leur visage.
Harry passa un bras par dessus son corps et le rapprocha encore.
- Je crois que mon ventre remue quand je te touche, ça veut dire quelque chose ça ? murmura Louis en admirant de près le visage de Harry.
- Je crois que ça veut dire que la magie de Noël à opéré, chuchota à son tour Harry en frottant son nez contre celui de Louis. Tu veux savoir un truc un peu fou ? pouffa t-il doucement.
- Oui ?
- Je crois que je vais t'embrasser.
Le cœur de Louis se mit à battre encore plus fort qu'il ne le faisait déjà. Il n'eut même pas le temps de paniquer qu'il vit les petites étoiles qui brillaient dans les yeux de Harry se rapprochées pour finir par être recouvertes par ses paupières qui se fermaient tandis qu'un doux contact s'établissait entre leurs lippes.
C'était doux. C'était chaud. C'était bon. Incroyable.
Leurs bouches se caressaient, se décollaient, se mouvaient doucement, dans la chaleur de la pièce. Louis se sentait renaître à travers les baisers de Harry. Son esprit trouvant enfin une réelle cause pour laquelle se battre, pour s'en sortir, parce qu'à deux, on est plus fort.
- J'ai si peur, chuchota Harry entre deux baisers, à quelques millimètres de la bouche de Louis.
- Pense juste à l'instant présent... Il l'embrassa encore. Quoi qu'il arrive, profite de maintenant, de cette minute, de cet instant, parce qu'on ne sait pas ce qu'il adviendra de demain. Il agrippa les joues de Harry en coupe et fit frotter leur nez. C'est tellement tôt, tout ça mais s'il arrive quelque chose demain ou après-demain, je ne veux jamais regretter de ne pas avoir fait ce que je voulais vraiment.
Ils entremêlèrent leurs membres, collés l'un à l'autre, dans la chaleur des couvertures et l'intimité de la pièce à l'allure féerique. Leur peau, toutes deux vierges de contact depuis tellement longtemps se collèrent et diffusèrent des ondes de chaleur dans leur corps, réchauffant leur deux âmes si seules et tristes depuis trop longtemps. Après d'autres contacts langoureux et humides entre leur deux bouche, Louis, dans un élan de détermination, s'exprima enfin :
- Putain, Harry je te promets que tu auras tout ce dont tu rêves, et qu'on va putain de s'en sortir si tu veux de moi ! Je te promets qu'un jour, je te botterais les fesses pour que tu ailles faire les courses parce que j'aurais pas envie, qu'on sortira promener notre chien le soir, et qu'on décorera notre maison à Noël qu'avec tes guirlandes... Il prit une inspiration tremblante dans le cou de Harry, alors qu'il sentait les mains de ce dernier agripper fermement son dos et ses larmes rouler dans son cou. La seule chose que je ne peux pas te promettre, c'est d'avoir une vie normale, parce que notre vie ne sera jamais normale, elle sera toujours incroyable, parce que tu l'es, incroyable je veux dire... Et puis, les gens normaux ça craint, je n'ai pas envie qu'on soit normaux, on sera nous, et c'est déjà pas mal...
Il sentit Harry murmurer une litanie de "merci" contre la peau de son cou qu'il ne méritait pas parce qu'il n'avait strictement rien fait, il s'était juste contenté d'être là, d'écouter, de consoler, d'aimer ?
Et c'était sûrement trop tôt pour faire ce genre de promesse, mais qui s'en souciait ? Il était sans arrêt trop tôt pour ci, trop tard pour ça, mais qu'en était-il de l'instant présent ? C'était là que se trouvait le bonheur. Maintenant.
- Merci d'être toi, d'être venu à moi... Il l'entendit renifler. Tu es le meilleur cadeau de Noël qui me soit jamais arrivé...
Et peut-être qu'ils continuèrent à s'embrasser sans s'arrêter durant de longues heures. Peut-être qu'ils firent l'amour dans l'intimité des couvertures. Peut-être qu'ils se chuchotèrent des mots forts, mais déjà tellement ressentis. Peut-être que Louis resta le lendemain, et le surlendemain, et les jours d'après. Peut-être qu'ils s'unirent pour devenir plus fort que tout, à deux.
Peut-être...
Parce que Noël, ce n'est pas simplement des cadeaux, Noël ce n'est pas de l'argent, un sapin. Noël ce n'est pas qu'un repas et des papillotes.
Noël ce n'est rien de tous ces faits superficiels, c'est bien plus. C'est un moment d'amour, un moment de bonheur. On entend les rires, la joie. On réalise qu'on compte toujours pour quelqu'un, que l'on n'est jamais seul.
Parfois même, de magnifiques âmes se rencontrent et ne forment plus qu'un.
Du moins, c'est ce qu'il s'était passé cette année-là, dans un petit entrepôt abandonné de la ville de Londres.
Petit mot de la fin :
Je viens juste de le recevoir donc je ne peux pas ne donner mon avis :/ mais il est arrivé a temps quand même :) Donc c'est cool 👍🏻 je vais le lire tout de suite 😁😁
Merci d'avoir partagé ton histoire avec nous
Update: Après Lectures OH MON DIEU IL EST GENIAL MERCIII UN DE MES PRÉFÉRÉ JUSQUE ICI QUEL PLUME QUEL IDÉE 😍😍)
❤️
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Je compte sur vous ♥️
J-11 before Christmas 🎄
A demain:)
XxxL
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