Chapitre 5 - Girls talk boys


Je ne réponds pas, trop surprise de le voir là. Lui, il approche juste, rendant la situation des plus bizarre. J'ai le souffle coupé quand je vois son visage. Son œil est tout gonflé, mais il garde ce sourire sur le visage. J'en viens à me demander ce qui lui est arrivé, mais je me tais, gênée de devoir prendre la parole.

« Je t'ai vu t'éclipser tout à l'heure, et puis disons que l'ambiance devenait trop lourde pour moi. » Il marque sa phrase par un petit haussement d'épaules avant de s'accouder aux bords du toit, regardant comme moi, une vingtaine de minutes plus tôt, la ville éveillée.

Détailler ses tenues est devenu une habitude. Une habitude qui me gêne, si par malheur il finissait par me remarquer. Aujourd'hui, il a opté pour quelque chose de simple. Un pantalon beige, une chemise de la même couleur avec un tee-shirt blanc, et une paire de timberland. J'en viens à amèrement regretter le cocard qui se forme sur son œil, faisant sur l'harmonie de sa silhouette, tâche.

-Tu m'as entendu chanter alors ? Dis-je, gênée de le couper dans sa contemplation.

Il ne répond pas, sûrement dans ses pensées. J'étais prête à reposer la question, mais le voir, aussi obnubilé par le paysage me fait pensé à quelque chose. Ce jour là, dans la cour du collège, il avait l'air si intense, si bloqué dans sa contemplation du vide, et du néant. L'intensité du rien, du jamais. Pendant longtemps j'ai penser qu'il s'intéressait juste au discours du directeur, mais j'y ai repensé. Ce jour-là, il n'y avait que lui, pour lui. Moi, les autres, aucun intérêt. Il était sûrement en train de réfléchir à une nouvelle composition, quelque chose qui lui aurait pris tout son temps dans les semaines à venir. Moi, je me mets à sourire. Je souris à mes erreurs, à ma découverte, et à toutes celles que je ferais sur ce personnage qu'est Ethan Grimaldi. Bel italien aux yeux verts. Et lui, il reste indéniablement obnubilé par le berceau du rock qui s'étend devant lui.

Tout à coup je repense à ce qu'il a dit sur mon interprétation d'Hallelujah. Je me demande bien ce qu'il en a pensé. Ces questions sans intérêt qui prennent part de mon esprit, tandis que je note que je change sur ma partition cette petite erreur. Le bruit de feuille froissée a sûrement dû attirer son attention. Il s'approche de moi, accroupit prés de ma guitare, quand une de mes tablatures s'envole. Il la rattrape, me la tend et me fait un de ces plus beaux sourires. Pas de ceux hypocrites, loin de là, non plutôt les sourires qu'on aime recevoir dans la vie de tous les jours. De ceux qui te font sentir immédiatement mieux.

« -Hotel California, hein. Tu sais la jouer ?

-Pas vraiment, le pont me donne du fil à retordre. Je soupire, repensant au multitude de fausses notes faites dans ma chambre, tandis que mon frère se préparait à commettre un meurtre.

-Je pourrais peut-être t'aider. Ça te dis de la jouer ? »

Et pour seule réponse, je lui souris, grandement.

« -C'est quoi ton histoire ? Dit-il, le regard toujours dirigé  vers la ville.

M'enseignez ce pont qui me donnait tant de fil à retordre à dû lui prendre une dizaine de minutes, ce qui m'a plutôt surprise. Puis on a fini par parler de musique. Nos guitares préférées. Qui est le meilleur entre Sting et Mick Jagger. Et note avis sur le dernier album de Nirvana. C'étais génial. Parler de musique avec d'autre que Lucas, un peu trop porté Métal.

Sa question m'étonna, mais, passer cette dernière heure avec lui m'avait appris au moins une chose : il était toujours très sérieux dans ses questions, et ça même si elle était posée avec un rire.

-Hum, et bien je suis née le 27 Avril, et...

-Pas cette histoire, il pouffe. Ton histoire avec la musique.

Je le regarde encore plus étonnée et finis par arquer un sourcil.

-C'est-à-dire ?

-Comment tout a commencé et où tu veux aller comme ça. Rétorqua-t-il très sérieusement.

-Hum, ouais, je suppose que je pourrais te la raconter. Il me sourit, comme impatient que je lui fasse part de cette histoire.

Alors je lui raconte comment j'ai commencé le solfège sous ordres de mes parents à l'âge de six ans, et comment ils m'en ont enlevée assez rapidement sous pression de mes crises de colère. Et puis il y a eu le Piano à queue de la tante Monique, et ma forte envie d'en jouer. Alors j'ai repris le solfège, et appris au même âge à en jouer. Puis est-venue la guitare, dont je suis autodidacte depuis mes douze ans.

-Et le chant alors ?

-C'est venu comme ça, dis-je, je ne sais pas quand en fait. J'ai juste commencé à prendre des cours particuliers il y a deux ans.

Et comme moi, une trentaine de minutes plutôt, il m'offre un sourire pour seule réponse.

-Et toi ? Je demande.

-C'est un peu trop compliqué. Il marque une pause avant de se tourner vers moi. Quand on se connaîtra mieux. Il accentue sa phrase d'un joli sourire, et moi je ne pense qu'au fait qu'il veuille qu'on se connaisse mieux.

On reste silencieux pendant une dizaine de secondes. Ma tête me crie de continuer comme ça, mais j'en suis incapable. Je déteste les blancs, et ma réputation de grande gueule vient sûrement en partie de là.

J'aimerais lui demander comment il s'est fait cette blessure. Les raisons plus détaillées de sa rupture, ou des choses plus débile comme sa date de naissance ou sa couleur préférées. Pourtant, je ne peux m'empêcher de penser à quel point je le trouve beau, tout en l'admirant sans relâche. Une mèche de cheveux lui tombe devant les yeux, et je suis obligée de contenir une envie irrépressible de l'en débarrasser. D'ici, on peut voir ses petites tâches de rousseur et ses longs cils noir.

« Oh Ethan comme j'aime être avec toi. » Dis-je à haute voix sans m'en rendre compte.

Le rouge monte bien vite à mes joues, quand enfin je comprends ce que je viens de dire. Je baisse la tête, mais pas assez pour ne pas voir le petit sourire qu'il m'adresse, dévoilant de jolie fossette.

«- Je rêve ou t'étais entrain de me mâter. Murmure t'il à quelques centimètres de mon visage.

Et là, je ne peux m'empêcher de rougir encore plus, tournant mon corps tout entier de l'autre coté.

-Pas du tout. Je bégaye. Tu n'es pas irrésistible non plus.

-Hum...Si tu le dis. Il répond. »

Je reste dos à lui quelques secondes bien trop gênée pour me retourner. Pourtant je finis par le faire, au ralentis, espérant que le feu de mes joues deviennent moins conséquent. Sauf que je ne m'attendais à le voir là, a à peine quelques centimétre de mon visage.

Peut être que c'était moi qui le fixait il y a quelques minutes, mais maintenant, ce n'est plus le cas. C'est à son tour. Il regarde mes yeux et sourit, puis mon nez et rit, gentiment, et finit par ma bouche où il se mord la lévre, rendant mes joues encore plus rouges.

Dans un acte auquel je n'étais pas préparée, il pose ses deux mains sur mes hanches et me rapproche un peu plus avant de murmurer :

« Tu vois Barbara, c'est ça mon genre. » Et de déposer le plus doux des baisers sur mes lévres.

Moi, Barbara, 14 ans. Je viens d'avoir mon tout premier baiser.

Version non-corrigés

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