32~Jalousie
Une fois la fille repartit, je rassemblais mes affaires en disant aurevoir à Amber au moment où Thomas venait me chercher.
Installée dans la voiture alors qu'il me raccompagnait je bâillais. La soirée s'était finie assez tard hier soir et j'étais encore très fatiguée.
- Tu as couché avec lui ?
- Pardon ?
Je tournais la tête vers Thomas en mettant une main devant mes yeux pour me protéger du soleil sans comprendre où il venait en venir. Ses mains étaient serrées sur le volant, faisant blanchir ses jointures.
- Est-ce que tu as couché avec lui hier soir ?
Je rigolais sans répondre.
- Pourquoi ça te poserais un problème ?
Il me jeta un regard agacé.
- Réponds à ma question Jen.
Je poussais un glapissement offusqué.
- Toi réponds à la mienne ! Je ne te dois rien à ce que je sache. Tu n'es que mon ami Thomas. Rien de plus.
- Alors nous n'avons pas couché ensemble pas plus tard qu'avant-hier ? répliqua-t-il avec animosité, les mâchoires serrées.
Je soupirais.
- Ça n'a rien à voir Thomas et tu le sais parfaitement. Avant-hier soir était une erreur.
Je sortis de la voiture alors qu'il se garait et rentrais brusquement dans l'appartement avant de frapper dans un mur.
Putain de bordel de merde !
Depuis quand je perds le contrôle de mes émotions comme ça ? Nous n'aurions jamais dû coucher ensemble et ça ne se reproduira pas, première chose. Deuxième chose, il faut absolument que j'arrête de tourner autour du pot avec Antoine et qu'on passe directement à autre chose, cette mission stagne et ça m'insupporte. Troisième chose, il faut absolument que je me reprenne. Même en faisant fit de Thomas, Antoine me fait ressentir des choses que je ne devrais pas ressentir, et ça ce n'est pas bon du tout.
Je pris ma tête entre mes mains et m'emparais d'une bouteille de bière avant d'aller m'enfermer dans ma chambre. Je n'avais aucune envie de croiser mon coéquipier pour le moment.
J'avais besoin de solitude. Et de silence.
Une tonne de silence.
Omniscient.
Thomas s'assit sur le canapé et but une énorme gorgée de vodka, directement au goulot de la bouteille. C'était une erreur. Bordel, cette fille allait le rendre fou.
Il l'aimait, ça, il en était certain. Mais il ne l'avait jamais dit à personne. A l'agence, aimer, que ce soit un agent ou une cible, c'était proscrit et synonyme de retraite anticipée. Donc, si il l'avait dit, on l'aurait séparé à jamais de Jennifer.
Elle était tellement belle, intelligent, il la regardait évoluer depuis des années. Il pensait vraiment qu'elle partageait ses sentiments. Il faut croire qu'il s'était trompé. Cela n'avait rien de surprenant. Enfin, si, un peu.
Dans le monde secret de l'espionnage auquel ils appartenaient, Jennifer était une véritable légende, la plus douée, et médaillée de nombreuses fois pour des missions impossibles.
Mais parfois, elle lui semblait étrange. Comme...absente. Comme si elle n'avait pas de sentiments. Il avait vu cette impression disparaître au fur et à mesure du temps mais elle persistait. Certaines de ses décisions, qu'un grand-chef aurait longuement hésité à prendre compte tenu de dommage collatéraux, Jennifer, elle, donnait l'ordre directement. On lui donnait une mission, elle l'effectuait en éliminant sans pitié tous ceux qui se trouvaient sur son chemin.
Quelque part, les agents étaient tout aussi criminels que les malfrats qu'ils traquaient. Mais ça, tout le monde avait l'air de s'en foutre.
Thomas avait depuis longtemps cet espoir qu'il puisse un jour partir et fonder une famille avec Jennifer, mais...
Elle avait changé. Elle n'était plus la fille qui avait quitté l'agence pleine d'enthousiasme, trois mois plus tôt.
Elle était plus froide, plus sensible, sur les nerfs. Cette mission la mettait à fleur de peau, il le sentait, et en avait déjà fait part au boss.
Elle avait besoin de vacances.
On frappa lourdement à la porte d'entrée et Thomas soupira avant d'aller ouvrir.
- Tien, tien... Monsieur le richissime Cavallo...Qu'est-ce que vous foutez là ?
Le milliardaire rajusta son impeccable costume en désignant le salon.
- Je viens voir mademoiselle Walles. Je peux entrer ?
- Elle n'est pas là. Elle est sortie. Mais je vous en prie.
Thomas ne mentait pas. Il y a quelques minutes, sa coéquipière était sortie déterminée, en tenue de sport. Elle ne reviendrait probablement pas avant quelques heures. Le PDG des entreprises Cavallo prit place sur le canapé, comme si l'endroit lui appartenait.
Il se servit un verre avec la bouteille de vodka sous les yeux scandalisés de l'agent qui se contint pour ne pas le remettre à sa place et prendre le risque de faire foirer la mission. Politesse, Thomas, politesse...
- Vous êtes le colocataire de Jennifer ?
- Son...
Thomas hésita longuement, avant de se souvenir de sa discussion avec Jennifer. Et de toute manière, rendre Cavallo jaloux ne pouvait qu'être positif.
- ...petit ami.
Le milliardaire resserra sa prise sur le verre de vodka et bu une longue gorgée, sans toutefois ajouter quelque chose.
- Et vous ?
- Je suis Antoine Cavallo.
- Oh, ça je le sais, mais aux yeux de Jen je veux dire. Elle ne m'a jamais parlé de vous.
Thomas savait que ce qu'il faisait était tout sauf professionnel et pourrait porter désavantage à Jennifer dans sa mission, mais il ne pouvait s'en empêcher : la jalousie lui tordait les tripes.
Le séduisant PDG lui fit un sourire narquois.
- Vu comme je l'ai baisé hier soir, je suppose que je suis l'amant.
Thomas vit rouge et se leva d'un coup et du prendre sur lui pour se contenir un minimum.
- Vous avez sans doute couché avec elle une fois, mais c'est moi qui lui est pris sa virginité, c'est avec moi qu'elle restera, car c'est moi qu'elle aime. Je lui pardonne d'avoir succombé au charme d'un mec aussi sexy qu'il n'en est débile.
L'atmosphère était glauque, et les paroles prononcées par Thomas d'autant plus.
Antoine se leva à son tour et le regarda avec un petit sourire.
- Vous voyez mon cher, je côtoie Jen depuis qu'elle est arrivée à New-York. Elle ne m'a jamais parlé de vous jusqu'alors. Vous-même vous ne croyez pas en vos paroles. Elle ne vous aime pas comme vous l'aimez et vous le savez. Et vous savez également que je ne suis pas aussi stupide que vous aimeriez le croire, car pour arriver à mon niveau il faut énormément d'intelligence. De plus, vous n'êtes qu'un petit étudiant en histoire quantique, matière des plus inintéressantes et je suis prêt à parier que la seule fois où vous avez couché avec Jennifer c'était le jour de votre arrivée et qu'elle vous a dit, je cite « c'était une énorme erreur, tu n'es qu'un ami à mes yeux ».
Thomas blêmit.
- Comment savez vous cela ?
- Et bien, voyez-vous, je ne suis pas qu'un milliardaire. Je porte également le symbole de la mafia Piratando sur ma peau. J'en suis le parrain. Alors, mon cher, je serais vous, j'abandonnerais tout de suite. Vous n'avez aucune chance. Jennifer est à moi.
- Je ne suis à personne.
Les deux hommes se tournèrent d'un même mouvement vers la jeune fille, trempée de sueur et les yeux luisant de colère.
Thomas arborait un sourire satisfait, certain d'obtenir les faveurs de Jennifer après cela alors qu'Antoine faisait un pas vers elle.
- Jennifer...
Elle les pointa du doigt d'un regard froid.
- Ça s'asseoit sur le canapé, ça ferme sa gueule et pas plus tard que maintenant !
Les deux hommes obtempérèrent immédiatement alors que Jennifer les considérait avec agacement.
- Premièrement je vais remettre les choses au clair. Je n'ai pas couché avec toi, Antoine, et ça n'arrivera jamais. J'ai couché une fois avec toi, Thomas, mais c'était une erreur et je ne ressens aucun sentiment pour toi. Deuxièmement, Antoine, je ne sais pas ce que tu as en tête ou pour quelle raison tu veux m'avoir, mais les déclarations de possessivité qui n'ont nul lieu d'être je déteste ça. Quant à Thomas, tu m'as extrêmement déçu. Je te pensais plus mature que faire croire que je suis ta petite amie alors que tu sais bien qu'il n'en est rien.
Antoine laissa échapper un rire et l'espionne se tourna immédiatement vers lui.
- Ravale ton sarcasme et tes moqueries puériles car tu ne vaux pas mieux, à prétendre que tu couches avec moi. Je ne sais pas où sont passés vos couilles alors que vous vous disputez dans MON salon pour une fille qui ne vous aime et ne vous veux ni l'un, ni l'autre, à mentir pour trouver un peu de virilité que vous n'avez sans doute jamais eu, mais elles ont dû partir très loin. Je ne sors, ne veux, ne couche, n'aime aucun de vous deux, alors que ce soit bien clair, je ne veux plus JAMAIS, JAMAIS, voir ce sujet de discussion sur vos lèvres.
Les deux hochèrent la tête et Jennifer se redressa un peu.
- Ensuite, Cavallo, tu vas dégager de MON appartement, je ne veux plus te voir. Thomas, tu vas gentiment le suivre jusqu'à la sortie et tu vas te prendre un hôtel en attendant de te prendre ton propre appartement, quant à moi je vais partir deux semaines en vacances bien méritées, et je ne veux AUCUN coups de fils. Vous m'avez lourdement fait chier, maintenant barrez-vous et laissez-moi tranquille !
Thomas entrouvrit les lèvres, à la fois choqué du vocabulaire de son amie, et à la fois pour protester contre ses décisions mais son regard noir comme la nuit l'en empêcha.
A contrecœur et la queue entre les jambes, les deux hommes sortirent de l'appartement, et Jennifer claqua bruyamment la porte.
Ah, les hommes....
Jennifer porta son téléphone satellite à son oreille, bien décidé à les avoir ses vacances. Mais à l'agence en réhabilitation. Il était hors de question qu'elle continue à ressentir des émotions qui la perturbait, elle et la mission.
Il étaitgrand temps qu'elle redevienne l'arme sans-cœur qu'elle avait toujours été.
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