Chapter 4

Ce matin-là, lorsque j'avais ouvert les yeux, je ne m'étais pas même rendu compte que nous étions déjà le jour de Noël, et pourtant tout à Poudlard l'avait laissé paraître. La Grande Salle avait été décoré par els habituels douze sapins, les plats étaient hivernaux, semblables, à une certaine mesure, à ceux du banquet de Noël, tandis que même la neige nous sifflait aux oreilles. Et pourtant, lorsque j'avais trouvé au pied de mon lit quelques emballages colorés, j'avais été étonné. Je ne m'attendais d'ailleurs pas à en recevoir autant et il était évident que les plus beaux ne venaient pas de mes chers oncle et tante. En effet, leur cadeau cette année s'était résumé à un bouton de chemise, ils avaient fait un effort cette fois car pour m'offrir cela ils avaient dû sacrifier un bouton de rechange d'une des chemises de la maison, en soi c'était un exploit. Quant au reste, il était bien plus brillant. De la part de Mrs Weasley, j'avais reçu un habituel pull tricoté, toujours de la même couleur, avec cela un énorme gâteau au chocolat. De la part de Hermione, j'avais reçu un énorme livre, traitant à comme d'habitude de Quidditch, et cela ne me dérangeait absolument pas. Mon parrain lui avait joué dans le plus sobre et m'avait offert un magnifique étui pour ma baguette, à enfiler autour de la cuisse. J'avais toujours pensé que ce genre de choses étaient bien trop réservées au Aurors pour le porter, mais je devais avouer que je trouvais la chose plutôt jolie à porter. Pourtant, je me l'étais réservé pour plus tard, le glissant précieusement dans ma valise.

Les frères jumeaux m'avaient envoyé quelques nouveaux produits de leur confection, que je n'avais pas même touché, de peur que mes doigts ne se changent en couleuvre. Tout ceci, alla rapidement sous le lit, pour mieux les éloigner juste au cas où, avant que je ne rejoigne la Grande Salle. Elle était toujours aussi lumineuse et le plafond, ce matin, montrait un ciel découvert et festif, parfois ponctué de quelques nuages paisibles. Quant à la table de Griffondor, eh bien, comme toutes les autres en fait, elles avaient disparu. Au centre de la salle avait simplement été érigée une table ronde, où toute la nourriture avait été disposée, et où se tenaient déjà tous les professeurs, et quelques élèves. Tous étaient en train de manger paisiblement, Dumbledore faisant la discussion avec le Professeur Rogue, le Professeur McGonagall, persuadant une Serdaigle de finir son assiette avant de partir pour éviter le gâchis, et enfin il y avait Malfoy.

Il occupait une place à côté de Rogue et ses cheveux gras. Et malheureusement, la seule place vide était à ses côtés. A ce constat j'avais tenté de quitter la pièce pour me remplir l'estomac du gâteau de Mrs Weasley, mais c'était sans compter sur Dumbledore qui m'avait imposé de m'asseoir à table avec eux. Je m'étais alors retrouvé à côté de Malfoy, qui comme d'habitude mangeait en silence, une main posée sur son genou droit qu'il massait doucement. Je m'étais, curieux comme je l'étais, penché pour regarder ce qu'il faisait et lorsque je le vis toucher du bout des doigts le genou que j'avais touché quelques jours avant j'avais senti un sourire grandir sur mon visage. J'étais persuadé que ma présence lui avait rappelé cet instant et le voir troublé me faisait rire.

« Vous avez mal, Monsieur Malfoy ? »

La voix grave de Rogue raisonna longtemps dans la pièce avant que Draco n'ose bouger. Tous les regards, et même le mien, étaient posés sur lui pour mieux l'observer répondre. Ce fut d'ailleurs étonnant de voir qu'il avait répondu par l'affirmative et que Rogue avait disparu de table pour aller chercher je-ne-sais-quoi. Pendant ce temps, le blond platine avait juste regardé son assiette, piochant parfois dedans alors qu'il avait l'air de s'en vouloir de montrer une facette faible de sa personnalité. Je devais avouer que j'avais dans un sens envie de jouer sur cette faiblesse, et dans l'autre j'avais envie de comprendre.

Pour en savoir plus, j'avais fait au plus vite pour manger mon repas, finissant le plus rapidement possible mon jus de citrouille. J'avais regardé Malfoy boire la potion que le Professeur lui avait tendue, et enfin je l'avais vu disparaître or de la salle, boitillant légèrement. Or, à peine avait-il passé la double porte, que je l'avais rejoint en courant, me mettant à sa hauteur. Il n'avait pas eu l'air surpris de me voir, mais j'avais parfaitement compris qu'en ma présence, et ce malgré sa douleur, il voulait paraitre digne. Or, et cela il aurait dû le comprendre, je ne voulais pas frapper un homme blessé, et donc plutôt que de commencer à l'ennuyer je lui avais proposé de l'aide.

« Si tu veux, tu peux t'appuyer sur mon épaule. »
« Pour qu'après tu ne joues avec pour mieux me rabaisser ? Merci, mais je m'en passerais volontiers. »
« Ne joue pas ta tête de mule, je n'userai jamais de cette faiblesse contre toi. Fais-moi juste confiance pour une fois. »
« Le problème, Potter, c'est que je n'ai pas confiance du tout en toi. Pas le moins du monde ! »
« Moi je te fais confiance pourtant. Si j'avais mal à la jambe, et si j'étais incapable de marcher j'accepterai ton aide si tu me l'offrais. Allez, Draco. Prends-moi le bras. »

Etonnement, il avait accepté. Il avait enroulé son bras autour de ma nuque, s'appuyant de son faible poids sur moi, pour mieux évoluer. Je l'avais alors aidé à se déplacer dans les couloirs, l'aider à utiliser le moins possible son genou blessé. Pour cela, j'avais attrapé son poignet fin d'une main, et j'avais légèrement tiré sur le bras, alors que mon autre main s'était enroulée autour de la taille. C'est à cet instant que quelque chose me marqua. Sa taille était fine, même vraiment fine, et son poids ne pesait qu'à peine sur mon épaule. Comparé à lui, Ron avait le physique d'un mammouth. Et d'ailleurs je ne savais si je devais considérer cela comme une bonne ou une mauvaise chose. Dans un sens je m'en fichais qu'il soit mince, ce n'était pas mon problème, mais j'avais l'impression que ce n'était pas normal.

Après avoir clopiné ainsi pendant près de cinq minutes, nous avions enfin atteint les cachots et Malfoy tenta immédiatement de se détacher de mes bras. Or, je l'avais maintenu en place, serrant son poignet fin d'une main, et approchant sa taille encore plus de la mienne. Je le regardais d'un air sûr de moi, alors qu'il avait la bouche ouverte dans une expression étonnée.

« Lâches moi, Potter. »
« Je te ramène jusqu'à ton dortoir, il y a des escaliers à monter alors laisse-moi faire. »
« Tu penses sincèrement que je vais te laisser entrer dans la Salle Commune de ma maison ? Que tu vas entendre le mot de passe et comment entrer ? Potter, il te manque une case. »

J'avais envie de lui hurler que j'étais déjà entré de toute manière, mais je m'étais contenté de rester là, à le tenir par la taille, regardant le mur face à moi. J'étais déterminé à entrer, lui à me laisser à l'extérieur, mais une soudaine faiblesse dans sa jambe le poussa à murmurer le code qui ouvrit une brèche dans le mur. Enfin, j'avais pu le tirer à l'intérieur de sa salle commune pour l'amener vers le centre de celle-ci. J'avais voulu l'asseoir sur le canapé, me disant au final que je n'aimais pas le moins du monde cet endroit, mais il se dirigea vers une cage d'escalier sombre. J'avais longuement soupiré lorsqu'il me força à l'aider à grimper les marches, et ce fut pire lorsque je dû laisser à entrer dans son dortoir.

Il était simple. En fait, comme le nôtre sauf que les lits étaient aux couleurs des Serpentards. Mais évidemment, j'avais su deviner lequel de tous ces lits était celui de Malfoy. C'était celui avec la commode couverte de produits et de soins pour la peau, enfin des dizaines de potions étaient installées sur la même commode, et évidemment le bas du lit était couvert de cadeaux par milliers. Il avait été gâté comme je ne l'avais jamais été en toute une vie, bien que certaines choses déballées avaient l'air ennuyeuses à souhait. Il y avait énormément de choses en rapport avec la confection de potions et c'était bien trop peu intéressant pour moi, après tout je détestais ce cours et son professeur.

« Voilà, je vais te laisser maintenant Malfoy. »
« Ouais, tu ferais mieux de ne pas rester là, sinon Rogue ne va pas aimer cela. »
« Pourquoi rien n'est décoré ici ? »

Je ne m'étais pas retenu de faire la remarque, maintenant que j'avais vu que rien ne rappelait Noël dans la pièce. Elle était toujours sombre, et même le dortoir n'était pas aussi chaleureux que le mien. Peut-être était-ce parce qu'ils étaient dans les cachots, mais même la blancheur de la neige n'apportait pas de lumière. Cet endroit donnait quelque peu froid dans le dos et je n'avais pas envie de laisser qui que ce soit seul ici, j'avais l'impression de le laisser en cage.

« On décore quand il y a plus d'élèves à rester pendant les vacances, je suis seul alors c'est inutile »
« c'est triste ici... »

J'avais regardé Malfoy un instant sans qu'il ne s'en rende compte, et étrangement il avait partiellement acquiescé. Mais cela ne dura qu'un court instant, pour que juste après il ne reprenne son masque de fierté. Pourtant, j'avais l'impression qu'il était en danger, qu'il était faible dans un endroit si grand, et surtout vraiment seul. Je me sentais un peu comme cela quand je n'avais personne à qui parler, et c'est là que j'avais décidé de mettre mon égo de côté. Bien évidemment ce n'était pas aisé, et il m'avait fallu faire un effort immense, mais je pouvais bien faire cela pour lui. Enfin, je faisais aussi cela pour moi, car j'en avais assez d'être seul à Noël et que cela me rappelait de très mauvais souvenirs avec mon oncle et ma tante.

« Je peux rester ? »
« Si c'est triste, pourquoi rester ? »
« Car hum... c'est Noël, tout le monde doit s'amuser à Noël, même nous... »
« Tu veux dire que parce que tu es trop seul pour Noël, tu veux le passer avec moi ? »
« Tu ne vas pas me dire que tu es bien accompagné non plus... »

Le blond soupira longuement avant de se décaler et de me laisser un peu de place dans le lit. Je m'y étais installé, les jambes croisées en tailleurs mais le silence avait duré longtemps. Nous étions restés assis, l'un à côté de l'autre sans parler, nous écoutions juste nos respirations, jusqu'à ce que l'ennui ne prenne le dessus. Je m'étais alors retourné vers l'autre blond qui avait l'air de mourir d'ennui et j'avais soupiré.

« On pourrait faire une partie d'échec ? »
« Tu es prêt à perdre ? »

J'avais souris alors que son masque de défi avait à nouveau grandit sur son visage. J'aimais mettre au défi Malfoy et cette fois cela m'avait longuement fait sourire. Il m'indiqua alors un emplacement ou j'avais trouvé un plateau de jeu. Par elles-mêmes, les pièces s'alignèrent sur les cases, juste après que je les avais déposées sur la plaque en pierre taillées, à même le matelas. Dès lors, Malfoy attrapa les pions blancs et commença à jouer. Je n'étais pas certain de gagner, après tout je n'avais jamais su battre Ron, et sans lui j'aurais perdu la vie en première année. Mais au moins je m'occupais et le silence n'était pas aussi pesant que lorsque j'étais seul dans mon dortoir. J'étais même à l'aise et je devais avouer que le jeu était sympathique.

Or, lorsque la partie prit fin, c'est-à-dire en fin de matinée, lui comme moi nous ennuyions déjà ferme. Il avait, évidemment largement célébré sa victoire contre moi, tandis que j'avais préféré regarder par la fenêtre la neige qui n'avait cessé de tomber. Elle avait partiellement recouvert la fenêtre, empêchant la lumière d'entrer plus donnant au dortoir une sorte d'ambiance tamisée. J'avais voulu ajouter à cela un peu de musique à vrai dire, alors j'avais quitté la chambre sans un mot, étonnant quelque peu Malfoy, mais rapidement après j'étais de retour dans le dortoir ce qui le fit grogner de colère. En effet, il avait dû comprendre que j'avais retenu le mot de passe et je devais avouer que si j'avais été lui j'aurais également été en colère. Or, j'avais juste apporté mon tourne-disque, qui fonctionnait étrangement car normalement à Poudlard les objets moldus ne devaient pas fonctionner. Je soupçonnais Hagrid de l'avoir énormément enchanté, ou alors celui qui lui a donné avait dû le faire avant.

J'avais posé sur la commode, dans un des rares emplacements vides, et j'avais fait tourner le disque. Etrangement, la musique qui en ressorti n'était pas celle que l'on avait entendu la veille, mais un chant doux de Noël qui fit froncer les sourcils à Malfoy. Il s'était penché par-dessus l'objet, le regardant comme s'il s'agissait d'une chose étrange, de la sorcellerie, tant il ne connaissait rien du monde Moldu. Cela me fit rire un peu alors que je m'étais assis sur un des lits à côté de celui de Malfoy. J'avais commencé à triturer mes doigts, murmurant les chants avant qu'une voix ne brise le chant. Elle n'était plus aussi hautaine que d'habitude, elle était presque douce même.

« Peux-tu ne jamais parler de ma douleur à la jambe ? »

Sa tête était dirigée vers le sol alors qu'il massait doucement son genou. Je ne savais pas ce qui avait bien pu lui arriver mais sa douleur m'avait fait mal au cœur et je m'étais lentement tourné vers lui. J'avais tenté de faire un sourire rassurant, lui montrant mes dents, alors qu'il s'était mis à tordre ses doigts nerveusement. Ce genre d'actions le rendait plus accessible, voire même agréable à vivre, mais je n'appréciais toujours pas sa manière d'être et non plus de passer du temps souvent avec lui.

« Je ne vois pas pourquoi j'en parlerais, ce serait mesquin de ma part. »
« Nous ne ressentons aucun attachement l'un à l'autre et je sais que tu pourrais user de cette faiblesse face aux autres. »
« Je pourrais, mais je ne suis pas du genre à mettre à mal quelqu'un déjà à terre. »
« Je ne suis pas à terre espèce de stupide balafré ! »
« Tu es quand même blessé et attaquer quelqu'un de déjà mal en point ne fait pas parti de ma personnalité. »
« Tu ne comprendras décidément rien. Il faut toujours que l'on t'explique tout et c'en devient agaçant à la longue. »
« Tu me dis de ne pas parler de ta blessure et après tu me dis que je suis un idiot. J'adore ta technique pour me persuader. »
« Potter. Je ne me mettrais jamais à genoux face à toi, et ce même si tu risques de me discréditer aux yeux de tous. »
« Et après je suis l'idiot dans l'histoire. Tu as trop de fierté et c'est encore plus agaçant que ma manie à ne pas tout comprendre du premier coup. De plus, que dois-je comprendre ? tu es blessé au genoux, Rogue est au courant, tu ne veux pas que les élèves ne sachent, et tu as bu une potion. »

Je le vis avaler doucement sa salive alors qu'il attendait à ce que j'en vienne à une conclusion. Mais jamais je n'avais entendu parler de tels symptômes et j'avais l'impression qu'il avait juste une douleur et que Rogue lui avait donné quelque chose contre la douleur. C'était n'importe quoi, et attendre de moi que je trouve ce qui clochait avec si peu d'indices. Il m'énervait. Et en plus, je savais que si je voulais connaître la vérité j'allais devoir en parler à Hermione, elle ferait surement des recherches à la bibliothèque.

« Je te défend d'en parler à qui que ce soit, Potter. Sinon je t'arracherai les yeux à mains nues. »
« Je ne te croyais pas capable de te salir les doigts avec mon sang, Malfoy. »
« C'est vrai. Je ferai les choses plus proprement et crois moi je réussirais là où Tu-Sais-Qui a échoué. »

Bizarrement cette fois il m'avait mal. L'attaque de ma famille avait toujours été mon pire cauchemar, qui d'ailleurs remontait à la surface chaque fois que je croisais un Détraqueur ou que je faisais un rêve trop poussé. J'avais alors arrêté la musique qui était le dernier apport de bonnes ondes, pour le récupérer et quitter le dortoir. J'avais lentement descendu les escaliers, entendant dans mon dos des grognement colériques, mais je les avais ignorés. J'avais juste rangé le tourne disque et pris mon gros gâteau au chocolat. Puis, j'avais pris la direction de la cabane d'Hagrid. Lorsqu'il me vit sur son terrain il ouvrit immédiatement et me laissa m'engouffrer dans le salon chauffé par un feu de cheminée, alors que quelques flocons m'avaient suivi à l'intérieur, s'étalant dans mes cheveux et sur mes épaules.

Mon ami m'avait immédiatement offert un immense bol de thé auquel il ajouta un nuage de lait, puis il y ajouta un peu de miel. J'aurais pu m'y noyer mais cela ne comptait pas car à cet emplacement je me sentais bien. Hagrid était d'une bonne compagnie et j'aimais rester près de lui juste pour discuter d'idioties, de Noël chez les Moldus et de mes immondes oncles et tante.

« Dudley fait maintenant la taille d'un cochon adulte. Il est rose comme une truie et même si ma tante l'a mis sous un régime drastique il ne perd par un gramme. »
« Ta famille est plus horrible que la mienne, Harry. »
« Le tienne était aimante Hagrid et ce n'est pas car ta mère était une géante que tu dois renier que tu étais heureux. Et puis tu vivais bien avec ton père. Cela n'a juste pas assez duré. »
« Oui, j'remercie d'ailleurs Dumbledore pour ce qu'il a fait. Un homme bien ce Dumbledore. »

J'avais acquiescé alors que je mourrais d'envie de parler d'une chose : Malfoy. Je savais que mon ami ne le portait pas dans son cœur depuis l'évènement de l'hippogriffe Buck mais il en savait surement plus que moi sur les indices étranges que Malfoy m'avaient donné sans le vouloir. Je savais qu'il ne voulait pas que je partage l'information, mais je savais pertinemment que Hagrid ne serait jamais méchant et n'en parlerait à personne. Surement même qu'il était au courant car après tout il s'agissait d'un de ses élèves. Après, il pourrait même m'expliquer et faire quelques recherches en ma compagnie. Pourquoi ne pas espérer ?

« Hagrid ? Je peux te parler d'une chose ? » avais-je hasardé en déposant ma tasse sur la table
« J't'écoute, Harry. »
« Aujourd'hui, Malfoy a tenu son genou à une main disant qu'il avait très mal. Alors le professeur Rogue est allé lui chercher une potion qu'il a bue à table. Ensuite je l'ai raccompagné dans son dortoir car il avait beaucoup de mal à se déplacer. Tu sais ce qui a bien pu lui arriver ? »

Soudainement, Hagrid se redressa, renversant sa propre tasse sur le sol de la cabane, venant grincer des dents alors que son molosse s'était mis à aboyer face à son drôle de comportement. Il avait commencé à faire les cent pas dans la petite pièce qui constituait le salon, tout en repoussant son chien qui lui mordait la jambe pour le faire arrêter.

« Hagrid, j'ai dit une bêtise ? »
« C'est arrivé très tôt, trop tôt... »
« Mais quoi Hagrid ? »
« Harry, reste ici, je vais voir... Dumbledore. »

Sans même avoir à répondre, j'avais été abandonné chez Hagrid, attendant patiemment qu'il revienne. J'avais d'ailleurs eu le temps de manger la moitié du gâteau avant qu'il ne revienne. D'ailleurs, il était revenu couvert de neige, les manches de son manteau congelées, alors que son chien qui écumait comme jamais. Ils avaient l'air d'avoir tout deux fait d'énormes efforts, pour preuve, le front de mon ami était couvert de transpiration et ses mains étaient couverte de neige qui avait rougit sa peau. Je ne comprenais pas ce qu'il se passait mais il avait ramené avec lui une pelle si grosse qu'elle devait bien faire ma taille. Je ne savais pas ce qui s'était passé et je n'avais même pas eu le droit de questionner Hagrid car à peine avais-je ouvert la bouche qu'il commença à me pointer du doigt en tremblant.

« J'aim'rai qu'tu oublies c'te histoire Harry. Malfoy, a ses problèmes et toi les tiens. Il ne veut pas qu'j'en parle. Et Dumbledore non plus. Passe à autr'chose. »

J'avais soupiré pour acquiescer et enfin j'avais quitté la cabane de mon ami. J'avais laissé là le gâteau de la mère de mon meilleur ami pour mieux rejoindre le bord du lac gelé. Le calmar géant n'était pas visible, surement enfoncée dans le fond vaseux pour se réchauffer tandis que la surface était gelée. C'est alors que des bruits de froissement dans mon dos se firent entendre, j'avais alors sorti ma baguette de ma robe et je l'avais dirigée dans la direction du bruit. Quelques flocons tombaient sur mes cils, me gênant car je voulais regarder ce que je faisais mais c'est alors que tout disparu. Le bruit se stoppa et seuls les bruits de mes pas dans la neige se faisaient entendre. En effet, je n'avais pas pu resister et j'avais commencé à reculer pour avoir une plus grande vue sur les buissons couverts de neige, mais le problème était qu'ils étaient si épais qu'un monstre d'une tonne aurait pu s'y cache sans que je ne le voie. C'est alors, qu'au hasard, j'avais lancé un Stupefix, qui ricocha contre un tronc et qui frisa mes mèches de cheveux.

J'avais immédiatement commencé à paniquer et j'avais quitté l'emplacement, de peur qu'un animal ne me traque. Mais après avoir pris une longue inspiration, j'avais décidé de m'avancer vers le buisson et retourner les feuilles. Là, je n'y vis rien, juste une neige piétinée par ce que je dirais un animal, comme un canidé. Les traces rappelaient celles de mon parrain lorsqu'il devenait un animagus. D'ailleurs le gros chien noir laissait toujours une trace que je savais reconnaître car l'un des coussinets était abimé. Et là, la trace spéciale n'y était pas et j'avais pensé qu'il s'agissait un animal qui avait quitté la forêt pour venir m'observer sans penser me faire du mal.

J'avais observé longtemps la neige creusée par les traces, mais lorsque le froid commença à me geler les entrailles, j'avais repris place dans le château. J'avais rejoint mon dortoir, je m'y étais un peu reposé, avant de faire un peu de mes devoirs, après tout je n'étais pas en avance. J'avais d'ailleurs presque tout fini, seul mon devoir de potions restait irrémédiablement vide. C'est alors que j'avais pensé à Malfoy, et je pouvais alors échanger mon silence contre son aide. je savais que ce n'était pas quelque chose d'acceptable, c'était même mesquin, mais je voulais en finir avec les devoirs de potion qui recevaient toujours une note catastrophique. Et j'étais sûr que si le Professeur pouvait mettre des notes négatives il le ferait pour moi.

Or, j'avais voulu aller voir Malfoy après diner ce soir-là mais il n'était pas venu. Il n'avait pas même pointé le bout d'une de ses mèches blanches ou de son nez en trompette pour abandonner le repas. J'avais presque eu envie d'aller le chercher dans son dortoir mais je n'avais pas osé. J'avais immédiatement pensé que sa blessure le faisait trop souffrir pour qu'il remonte parmi nous alors j'avais abandonné l'idée. J'avais juste repris place dans mon propre lit, soufflant la dernière bougie, avant de fermer les rideaux de mon lit à baldaquin. Je m'étais ainsi isolé, écoutant le vent qui sifflait derrière la fenêtre la plus proche, le tout en pensant à Malfoy. J'avais envie de savoir ce qui avait si inquiété Hagrid, pourquoi cela l'avait poussé à aller voir le directeur et surtout pourquoi il avait creusé. C'était si intriguant, que je m'étais placé à la fenêtre, les pieds nus sur la pierre froide, les mains sur la vitre. Je fixais les horizons à la recherche d'un quelque chose qui pourrait m'aider, jusqu'à ce que je trouve un énorme trou bientôt rempli de neige. La poudreuse avait recouvert le fond terreux mais quelque chose semblait agiter la neige. Des petits jets de flocons s'élevaient au ciel comme si quelqu'un s'amusait à la retourner jusqu'à ce qu'une jolie boule ronde ne s'en échappe pour aller s'écraser contre un arbre.

Apparemment quelqu'un était tombé dedans et j'avais commencé à paniquer, et si cette personne faisait cela pour attirer l'attention car elle était tombée dans le trou qu'Hagrid avait creusé et que maintenant elle était en danger ? Immédiatement j'avais enfilé ma cape d'invisibilité après avoir mis ma robe d'hiver et je m'étais dépêché vers la cour. La grosse dame avait râlé lorsqu'elle me senti la repousser en pleine nuit, mais tant elle somnolait elle n'y avait pas fait attention, et elle avait juste posé son visage entre ses mains. Je pu alors courir jusqu'à la cour avec ma baguette illuminée par un Lumos Maxima, le souffle court sous cette cape si oppressante. Mais enfin, j'avais pu rejoindre le trou creusé, le vent sifflant contre mes oreilles les gelant fortement, alors que ma cape se soulevait régulièrement, révélant mes pieds enfoncés dans la neige.

Fort heureusement, j'avais réussi à rejoindre le trou duquel s'échappait encore quelques boules de neiges au hasard. J'avais même eu la malchance d'en prendre une dans les pieds et la sensation gelée qui s'était infiltrée dans mes souliers m'avait fait gémir alors qu'un long frisson me parcourait. Mais je pu enfin déposer mon regard dans le trou et là, rien ne m'apparut. Il y avait de la neige retournée, fondue à certains endroits même, alors que les traces de pas que j'avais trouvé dans la neige plus tôt étaient les mêmes. C'était comme si un canidé était là, d'ailleurs la neige était encore retournée comme si une créature creusait sous la neige, mais j'étais incapable de la voir. J'avais alors retiré la capuche de ma cape pour mieux voir et je me senti idiot de ne pas voir quoi que ce soit. J'avais évidemment voulu en savoir plus, alors j'avais sauté dans la fosse et du bout des mains j'avais cherché comme un aveugle.

J'entendais qu'une chose me fuyait là-dessous, tout en m'encerclant et cela commença sincèrement à me faire peur. J'avais alors tendu les bras au ciel, tentant d'attraper les bords de la fosse, mais mes mains gelées n'agrippaient pas la terre dure et tranchante comme du verre. Je retombais alors systématiquement dans le fond de la fosse, pestant à frissonnant fortement. J'avais bien dû tomber cinq fois lorsque je décidai d'abandonner, mes mains enfoncées dans la neige retournée. C'est alors qu'un souffle chaud commença à caresser mon oreille et j'avais soudainement été tendu à l'extrême. En effet, une petite chose avait grimpé le long de ma cape pour venir sur mon épaule, commençant à sentir mon oreille. Puis, j'y senti le passage d'une minuscule langue chaude qui me donna un long frisson que je ne connaissais pas. C'était agréable, voire tendre et j'avais voulu toucher ce qui faisait cela, j'avais alors posé ma main sur mon épaule, mais la seule chose que j'avais senti c'était ma chair dessous, par même un petit animal.

« Je perds la tête. »

C'est sur ces mots que j'avais tenté de me réchauffer à l'aide de ma baguette, claquant des dents, frictionnant mes mains et mes pieds. Je n'avais plus beaucoup de temps avant de commencer à entrer en hypothermie et lorsque j'avais cru que tout était fini quelque chose s'enroula autour de mon corps. La sensation était chaude, elle me un peu de sa propre chaleur, me laissant passer mes doigts dans sa fourrure épaisse. Or, j'avais beau regarder où je posais mes mains, je ne voyais rien à part le fond de la fosse et surtout ma main posée dans le vide. Cette créature invisible pourtant était là, je la sentais, elle me tenait chaud. Et surement que sans elle je n'aurais pas survécu à une nuit aussi froide.  

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