Chapter 2
Le deuxième jour des vacances, ce n'est que très difficilement que j'avais ouvert les yeux. En effet, mon corps entier semblait pris de longues douleurs semblables à des courbatures, tandis que je sentais que mon front s'était épongé de transpiration pendant la nuit. Je n'avais pas besoin de chercher plus loin que mon nez qui coulait, j'avais attrapé un gros rhume. Mon corps était tremblant et même sous la grosse couverture je sentais que mes membres tremblaient. Je n'avais aucunement envie de me lever à présent, voulant simplement dormir un peu plus et reposer mon crâne qui semblait vrombir de douleur. Malheureusement, c'était sans compter sur Ron, qui lorsqu'il ouvrit les yeux, se hâta d'ouvrir les rideaux de mon lit à baldaquin pour venir me secouer vivement l'épaule. J'avais évidemment tenté de me défaire de sa prise mais il me força à sortir pour finalement se concentrer sur mon état physique.
« Oh, mais qu'est-ce qui t'arrive ? »
« Je suis malade Ron, je dois aller voir Madame Pomfresh. »
« Mais j'avais déjà prévu quelque chose pour cette matinée ! Harry, tu gâches la journée. »
« Je n'y peux rien, on est resté dans la neige toute la matinée et une partie de l'après-midi, c'était plutôt prévisible. Bref, on se rejoint dans la Grande Salle pour le petit déjeuner. »
Ron acquiesça sans réelle conviction, tandis que je m'étais changé pour la journée. J'avais enroulé mon écharpe rouge et or autour de ma gorge en feu, épongé mon front fiévreux, pour finalement me dépêcher de rejoindre l'aile médicale du château. Lorsque j'avais frappé à la porte de l'infirmerie, c'est une Madame Pomfresh en colère qui m'ouvrit et me pria de rapidement entrer. D'ailleurs, lorsqu'elle me vit renifler et tousser, elle comprit immédiatement ce qui m'amenait, et je n'avais pas eu à lui parler qu'elle me tendit un grand verre rempli d'une potion poisseuse. Je n'avais pas hésité à la prendre, faisant confiance à l'infirmière, avant qu'elle ne reprenne son gobelet en métal rouillé sur les bords. La potion avait légèrement brûlé le fond de mon estomac, mais lorsqu'elle m'indiqua la sortie j'avais compris que maintenant j'étais presque sorti d'affaire.
D'ailleurs, c'était la première fois que Madame Pomfresh ne nous forçait pas à rester à l'infirmerie pour nous reposer, mais lorsque je vis dans les couloirs qu'une bonne moitié des élèves avait attrapé un rhume je compris mieux. Elle avait dû être agacée par l'arrivée de tant d'élèves malades, et surement que c'était toujours la même chose quand la neige revenait à Poudlard. C'est à cet instant que je me mis à sourire, après tout Malfoy avait eu raison. Nous n'aurions pas dû jouer dans la neige, mais le lui dire m'avait été impossible, j'aurais préféré me faire couper la langue et crever les yeux qu'avouer que Malfoy avait plus eu raison que moi sur un sujet. C'est donc en me renfrognant que j'avais pénétré dans la Grande Salle, mon nez commençant à ne plus couler, et mon front redevenant enfin sec.
« Harry, dépêche-toi, le déjeuner est bientôt terminé ! »
« J'arrive Ron. »
Lentement, je m'étais installé à la table de ma maison, et j'avais rempli mon assiette comme il le fallait. Tout au long du repas j'avais senti que mon appétit revenait en même temps que la maladie semblait s'envoler. Ainsi, j'avais pu me remplir l'estomac comme d'habitude, et mon voisin avait toujours un appétit beau à voir. Il avait repris trois fois du Porridge, bu cinq verres de jus de citrouille ou d'orange, il avait aussi choisi d'ingurgiter cinq pancakes couverts de sirop d'érable, et cela il l'avait mangé en ma présence, alors qu'il avait commencé avant que je n'arrive. C'était toujours drôle de voir Ron se remplir la pense et je ne me lassais jamais de ses mimiques pendant un repas, il me faisait vraiment rire.
Ayant terminé, je m'étais étiré, et j'avais commencé à observer la Grande Salle qui semblait aussi calme qu'un cimetière. Personne ne parlait et même les professeurs mangeaient en silence. C'est alors qu'un léger bruit d'ailes se fit entendre et par l'entrée habituelle des Hiboux, une petite dizaine de volatiles entrèrent. Je n'avais pas vu Hedwig donc je ne m'inquiétais guère, mais lorsque je vis le Grand-Duc de Malfoy aller jusqu'à la table des Serpentard, accroché à sa patte l'habituel paquet de bonbons, j'avais voulu lui lancer mon gobelet en pleine figure. Mais évidemment, je n'avais pas agi, et le hibou alla se poser sur l'épaule de son maître, qui fièrement récupéra les friandises. Comme chaque matin il en avait avalé une douceur directement sortie du sac. Je détestais voir ce sourire satisfait sur ses lèvres simplement car ses parents ne savaient passer une journée sans le gâter, et c'était là que j'avais retrouvé ma haine envers Malfoy. Lui et moi, nous étions ennemis depuis si longtemps que je ne peux même plus compter le nombre de fois que nous nous sommes disputés, si bien qu'un jour je m'étais demandé pourquoi nous continuions ainsi. Mais ce genre d'actes me rappelait que je détestais cette fouine pour ses mots, ses actes, et surtout car il pensait que tout lui était dû.
« Ah, c'était délicieux ! »
J'avais envie de répondre à Ron, mais seulement je m'étais mis en colère tout seul et donc j'avais gardé la bouche fermée, les yeux fixés sur Malfoy qui maintenant jouait son air supérieur auprès de ses seuls amis. D'ailleurs je me demandais toujours comment ces idiots de Crabbe et Goyle, pouvaient supporter sur caractère. C'est après que je me rendis compte d'une chose, ils étaient idiots et ils voulaient s'entourer de ceux qu'ils croyaient puissants et influents, et donc Malfoy semblait l'être parfait. Quoi que, je ne voyais pas en quoi il pouvait l'être autant. C'était juste un capricieux qui ne savait qu'insulter les autres, et agir lâchement pour mieux se sortir des situations trop compliquées pour lui.
« Malfoy me met les nerfs en pelote ! »
« Hier t'avais plutôt l'air de t'amuser de lui, même de le mépriser mais pas dans un mauvais sens. Tu avais l'air de vouloir t'amuser avec lui, comme si tu appréciais, au moins juste un peu cette vipère. »
« Tu dis n'importe quoi, Ron. Je n'ai jamais apprécié la présence de Malfoy, et jouer avec l'ironie en sa compagnie est juste un autre moyen de l'humilier. Il ne savait pas quoi répondre et c'était ça qui était drôle. Puis, quand on y pense, il n'a pas de quoi se vanter. Regarde-le. Ses cheveux il ne sait même pas les coiffer et il est persuadé que c'est magnifique. Et puis sa peau là ! »
« J'avoue que sa peau est vraiment horrible. On dirait presque qu'elle est transparente ! Quel vampire ! »
J'avais souris en coin, alors que face à nous, le sujet de la conversation avait quitté la Grande Salle. Il était parti en compagnie de ses gorilles, son hibou s'étant déjà envolé, prenant avec lui le sac de toile rempli de friandises. Etais-ce cette jalousie maladive qui me faisait dire toutes ces choses ? Etais-je jaloux du fait qu'il avait encore ses parents et que malgré le fait qu'ils soient des mange-morts ? Je ne le croyais pas dans un sens, mais je savais que si Hermione avait été là, elle nous dirait que nous sommes des idiots et que critiquer sur le physique est puérile. Sur ce point je suis d'accord, mais chez Malfoy, sa méchanceté se reflétait jusqu'à la surface, et je ne trouvais rien d'attirant chez lui. Il avait tout de trop clair, trop lisse, pas un seul défaut comme une cicatrice qui le rendrait moins sur de lui. Non, il avait ce physique trop impeccable qui me donnait sincèrement envie de rendre mon petit déjeuner.
« Et si maintenant on allait faire quelque chose ? »
« Oui, c'était quoi ton idée de ce matin Ron ? »
« Eh bien, au début je voulais sortir autour de château, mais je pense qu'on devrait d'abord passer par la volière. »
« Pourquoi ? »
« Parce que j'attends une lettre de ma mère, il est possible qu'elle me rappelle à la maison pour Noël, et peut-être même que tu pourras venir au Terrier aussi ! »
Je m'étais légèrement refrogné, mais cela mon meilleur ami ne le remarqua pas. Il se contenta de se lever et de prendre la route vers la volière. Tout le long du chemin je n'avais pas parlé, je l'avais laissé s'extasier, tandis que je réfléchissais de plus en plus aux conséquences de son départ. Je ne voulais pas quitter Poudlard pour Noël, et ce même si cela signifiait rater des vacances au Terrier, et rester seul. Mais, je ne voulais pas plus embêter la famille Weasley, qui en avait déjà assez de cinq enfants encore à charge. Je ne voulais pas me rajouter et les forcer dans leur quotidien, les forçant à puiser dans leurs fonds pour me nourrir. Ainsi, lorsque Ron attrapa Pigwidgeon pour lui prendre le parchemin pour le lire, je m'étais assis dans un coin qui avait été épargné par les restes de repas et les déjections des oiseaux.
« 'Cher Ron, nous avons conscience moi et ton père, que tu aimerais rester à Poudlard. Malheureusement, ta grand-tante nous a visité pour Noël. Tu sais parfaitement que nous ne la voyons que très peu alors je veux que tu rentres au plus vite. J'ai contacté le Professeur Dumbledore et il a permis à ton père de venir te chercher et de prendre un Portoloin. Evidemment, tu diras à Harry chéri qu'il est la bienvenue et qu'on serait très heureux de le voir parmi nous !' Le reste elle parle de quelques règles à respecter quand je verrais ma grand-tante mais on s'en fiche. Tu viens aussi Harry ? »
« Je peux pas venir Ron... je vais rester. »
« Oh, et pourquoi ? »
« Eh bien, parce que... j'ai prévu de parler à Sirius.. »
La suspicion de Ron n'avait jamais été si haute, mais il décida de laisser tomber et de simplement redescendre jusqu'au dortoir pour faire ses valises. Après une petite heure, il était prêt et il se dirigea dans le hall, clopinant à cause de la valise beaucoup trop lourde. Lorsqu'il fut temps de se quitter, il me salua très brièvement, surement en colère que je refuse l'hospitalité de sa famille, et enfin il avait rejoint Hagrid qui l'attendait pour l'emmener au Portoloin le plus proche, qui était tout de même à quelques kilomètres de là. C'est donc, le géant qui porta la valise de Ron, tandis que le rouquin avait enfoncé sur son crâne un bonnet épais qui pouvait le protéger du froid. Quant à moi, je m'étais senti plus seul que jamais, m'ennuyant rien qu'à l'idée que nous étions surement juste vingt dans l'école toute entière, et que même Neville était rentré chez lui. Je savais que Noël sans mes amis allait être beaucoup plus triste, mais à vrai dire je n'avais pas envie de rencontrer la Grand-tante de Ron au vu du fait qu'il n'était pas enjoué de la revoir, et surtout je ne voulais pas embêter un peu plus la famille trop généreuse.
Traînant des pieds, j'avais traversé le hall vers la grande salle, passant face à des armures non graissées dont le bruit était affreusement dérangeant, jusqu'à ce que des bruits de pas ne se fassent entendre. Ils étaient lents, et ils me rappelaient le Professeur Rogue et sa démarche toujours trop sûre d'elle. Or, je m'étais retrouvé nez à nez avec la vipère de cette école, seul pour une fois car ses deux balourds d'amis avaient déserté. Il semblait chercher quelque chose, et lorsqu'il croisa mon regard, je vis ses yeux gris sonder mon entourage. Lorsqu'il n'aperçût pas mon meilleur ami il sourit en coin et s'approcha lentement. Sa robe, toujours trop impeccable, voletait à la manière de la cape du maître des potions, tandis que dans ses cheveux j'avais remarqué qu'une mèche n'était pas si bien coiffée et elle remontait lentement, comme si elle commençait à boucler. Cela rappelait un peu mes cheveux, enfin en moins fort tout de même.
« Ton seul ami t'as abandonné ? A croire que personne ne veut rester près de toi, le balafré. »
« Je pourrais te retourner le compliment Malfoy. »
Le blond se tourna sur lui-même, regardant à ses côtés pour réaliser qu'ils avaient encore disparu et enfin il soupira, creusant le dos pour tout de même bomber le torse. Son attitude ne reflétait absolument pas ses habitudes et je me demandais pourquoi même il était encore là. Il ne restait jamais pour Noël et là, il avait décidé de rester pour s'ennuyer ferme avec les autres élèves. Je trouvais le choix drôlement étrange, tout en sachant qu'il aurait très bien pu retourner chez lui, auprès de ses parents, et très loin des professeurs qu'il considérait comme une grande partie comme des incapables. Mais il était là, face à moi, son visage habituellement exprimant son mépris de l'humanité, maintenant tordu par un autre sentiment. Il avait l'air plutôt désespéré. Mais évidemment, il n'exprima pas ses sentiments, remis juste ses cheveux en place et recommença son manège.
« Ils sont partis chez eux, mais je les ai renvoyés. Je n'ai pas besoin qu'ils restent ici avec moi, je ne supportais plus leurs idioties. »
« Oh, alors tu es resté pour rien. »
« Non, j'en parlerai à mon père et il me fera rentrer au Manoir. »
« Eh bien, alors j'espère que tu t'y amuseras. »
Je grinçais des dents le plus imperceptiblement possible, tandis que lui s'était remis à bomber le torse, comme s'il voulait toujours mettre en avant l'écusson de sa maison, comme s'il était fier d'avoir un serpent épinglé à la poitrine. Je m'étais d'ailleurs toujours demandé pourquoi il voulait tant être Serpentard au vu du passé de cette école. Mais, lorsque j'avais appris pour ses parents étant des Mange-mort j'avais mieux compris sa démarche, et honnêtement cela m'avait encore plus dégoûté de sa personnalité. Je ne voyais pas en quoi il détestait autant les Moldus, et je ne comprenais pas non plus pourquoi on les considérait en général comme une autre espèce. Certes, leur avouer notre existence était dangereux autant pour eux que pour nous, mais j'étais persuadé que nous devions les protéger plus que les haïr. Pour Malfoy, le constat était différent, et qui n'était pas à son goût ne méritait pas son attention.
« Je suis sûr de m'amuser, vois-tu, j'ai encore ma famille moi, Potter. »
« J'ai l'impression que tu as de moins en moins d'inspiration au niveau de tes insultes, c'en est presque triste. Toujours m'attaquer sur mes parents rend la chose redondante et cela ne me fait plus aussi mal qu'avant. Je pense juste que tu devrais parfois penser à l'impact de tes mots. Tu sais, si tu avais aussi perdu tes parents, tu comprendrais que ce que tu dis est irrespectueux. »
Je ne savais d'où je sortais toute cette répartie, tandis que face à moi, le blond platine avait l'air offusqué, mais au fond je voyais qu'il réfléchissait. Je me sentais fier de l'avoir fait un peu plus penser à ce qu'il disait, et dans un autre j'étais fier de savoir contenir ma haine, et pour une fois agir comme quelqu'un de responsable. Foncer la tête baissée était toujours ce qui m'avait fait défaut, et maintenant que j'avais commencé à goûter à la joie de ne plus être l'idiot de service qui se prend toujours les retenues à la place des autres, je comptais continuer un peu. J'en avais assez que Rogue trouve un moyen de me faire regretter mes paroles, et ce sans arrêt, pour mieux épargner son élève favori, et je savais que si je ne cherchais pas à être virulent, j'allais m'en sortir plus facilement. Et au moins, je n'aurais rien à me reprocher.
« Je ne te comprends plus, Potter. »
« Comment ça ? »
« Tu parles comme si tu étais sur le point de mourir, pas que ce fait me déplairait, mais tu me déprime rien qu'à te voir ! »
« Tu devrais murir un peu, Malfoy. Peut-être que tu comprendras. »
« Alors tu vas me dire que tu as muri en une nuit ? Moi je pense que tu te fais des idées sur toi-même, tu te donnes une fausse conduite alors qu'au fond tu boue. »
Il n'avait pas tort mais je ne voulais absolument pas le montrer et j'avais forcé un sourire. J'vais senti mes yeux se plisser dans le sourire, alors que face à moi, le serpent n'était pas satisfait de mon changement de comportement. Mais, j'étais épuisé, et je savais que maintenant j'allais devoir grandir. Je savais ce qui m'attendais au bout du compte, et agir comme un gamin puéril était idiot. Je devais, au moins, respecter la mémoire de mes parents, et ce n'était pas en étant mauvais avec des idiots que j'allais les rendre fiers. Je ne savais pas si je les avais attristés par mon comportement, mais ce que je savais, c'est que le nom de ma famille méritait mieux que l'image que je lui donnais. Je savais que je devais garder la tête haute, la poitrine bombée et surtout, je devais me concentrer sur l'avenir et ce qui me plaisait, pas sur les crapauds comme Malfoy.
« Je ne suis pas en colère, enfin je ne le crois pas. Je sais que tu as une opinion très négative à propos de moi, mais sache que je ne veux plus me battre. »
« Alors tu laisses tomber ? »
« Oui, quel que soit la bataille, le prix à la fin, je m'en fiche. Je ne veux plus perdre mon temps avec toi, Malfoy. Et puis, si tu as une vie si palpitante, je ne vois pas pourquoi tu tentes sans arrêt de faire de ma vie un enfer. Ce qui est triste, c'est que la seule chose que tu réussis à faire, c'est me rendre indifférent à tes actes. »
Malfoy se mis à sourire en coin, tout en nouant ses bras autour de sa poitrine. Il se taisait, me regardait droit dans les yeux alors que je descellais parfaitement l'amusement dans ses yeux. il allait tenter quelque chose de nouveau et j'avais peur que cela ne me mette encore plus hors de moi qu'à l'instant. En effet, j'avais beau me persuader que cela ne me faisait rien, je sentais mon cœur battre plus vite et j'allais surement bientôt exploser. Se donner l'air, se persuader, d'être quelqu'un de sensé, était plus simple que l'être vraiment, et j'avais un mal fou à maintenant contenir mes sentiments. Je tentais de me persuader que si j'agissais mal, je ferai du mal au peu de famille qui me restait, mais pourtant son regard fier commençait à me taper sur le système.
« Tu es jaloux. »
« Jaloux ?! Moi ?! »
« Oui, jaloux. Tu ne supportes pas le fait que j'ai plus de choses que toi. Que moi j'ai encore des parents, une famille avec qui fêter Noël, alors que toi tu as juste une famille de sorciers de bas étage qui veulent bien t'accueillir. De plus, je me demande s'ils peuvent encore payer les frais de l'école, et leur fils qui ne leur fait que des ennuis par ta faute. Tu tu tu. Quelle tristesse. »
« La ferme, Malfoy. »
« En plus, je pourrais mettre ma main à couper que la petite rouquine, la sœur débile de la famille, est folle de toi. C'en est même triste à quel point elle tente de t'avoir alors que toi tu ne penses qu'à une chose. Ton Quidditch et ton balai. »
Je n'avais pas pu contenir le tic nerveux qui avait animé ma lèvre alors que je le voyais commencer à rire. Je ne comprenais pas pourquoi il avait soudainement attaqué Ginny, mais mon sang ne fit qu'un tour et je m'entendis répondre sans même poser un filtre sur mes paroles.
« Tu n'es qu'une vipère, Malfoy. Tu as le don de me dégoûter, tout en toi pue trop la perfection et ça me rend dingue. Ça m'énerve quand tu parles comme ça, et j'ai envie de te faire sauter tes dents trop droites. De plus, tu me fais pitié. Tu as beau critiquer Ginny, au moins quelqu'un tient à moi. Toi tu es juste seul, et tes amis sont là simplement par intérêt. Puis, tu vas pas me dire que tu aimes la présence de tes deux gorilles. Tu fais juste pitié quand on creuse ta personnalité de sale serpent. »
Il voulut me répondre mais je l'avais quitté pour mieux grimper les étages vers la bibliothèque. J'étais fou de rage et je devais avouer que j'y avais été fort. C'est alors, que je me rendis compte que mes propos étaient idiots, non réfléchis et qu'il devait bien en rire maintenant. D'ailleurs, s'il existait dans cette bibliothèque un livre contre l'idiotie, et qui enseignait la répartie je l'aurais emprunté de suite. Mais, je n'avais fait que m'installer à une vieille table au fond de la pièce, prenant au hasard un livre parlant des bezoars et à vrai dire je me fichais des mots sur la page. J'entendais surtout les pas légers dans la pièce, le rire agaçant de Malfoy, et surtout la neige qui frappait avec force sur les vitres. Je me retenais de lui hurler dessus, alors que le blond s'était placé dans le rayonnage juste à mes côtés, pour mieux m'agacer.
Le pire fut même lorsqu'il prit place à mes côtés, un livre en main ainsi qu'une plume couleur neige, qu'il faisait tourner juste sous son nez en trompette. Il fixait avec intérêt la couverture en cuir de mon livre, alors qu'un sourire moqueur était toujours imprimé sur sa bouche trop sombre pour sa peau. D'ailleurs, je ne comprenais pas comment ses lèvres pouvaient être si rouges, à croire qu'il utilisait aussi du maquillage.
« Quoi, Malfoy ? »
« Depuis quand les bezoars c'est assez intéressant pour toi ? »
« Et depuis quand tu t'intéresses aux créatures fantastiques ? C'est un livre de première année. »
Le blond regarda la couverture de son livre, réalisant qu'il avait surement pris trop au hasard le livre, et le posa couverture contre le bois de la table, pour mieux me dévisager. A de nombreuses reprises -précisément trois- il avait regardé ma cicatrice, si bien qu'au bout d'un instant, j'avais posé mes mèches de cheveux dessus. Mon acte le fit ricaner, de ce rire toujours détestable, alors qu'enfin il s'était mis à travailler. Il avait pris un morceau de parchemin et il écrivait je ne sais quoi, ses jambes battant sous notre table. Parfois j'avais senti le bout de son pied frôler le mien et des frissons désagréables parcouraient ma jambe. Je l'avais donc ramenée vers moi, m'éloignant presque avec la chaise, tandis que l'autre continuait à se concentrer sur son récit.
Il n'avait pas parlé, pas du tout même, juste étudié. Il s'était levé quelques fois et j'avais cru qu'il allait disparaître, mais il revenait avec des livres aussi lourds que possibles, et il les feuilletait lentement. Il écrivait sur son parchemin parfois, remplissant des rouleaux entiers, alors que sa plume grattait le papier dans un son presque reposant. Je m'étais, à un moment, surpris à laisser mon livre pour regarder son écriture, mais rapidement je m'étais rendu compte que je ne voulais en aucun cas connaître quoi que ce soit à son sujet et j'avais choisi un nouveau livre. J'aurais pu partir, quitter la table, c'est vrai, mais par fierté j'étais resté. J'avais pris un livre sur les créatures magiques pour m'occuper et je devais avouer que j'avais apprécié la lecture. Le son de la plume n'avait pas été dérangeant et au final je n'avais plus autant été dégouté par els jambes trop agitées de l'autre élève.
Il m'était devenu indifférent et je savais que comme il était trop fier pour travailler seul, il s'était à la table d'un autre pour ne pas avoir l'air de quelqu'un sans amis. Je m'étais d'ailleurs demandé s'il était heureux dans ses amitiés, s'il ne souffrait pas de son éloignement avec les autres, et donc j'avais tenté de voir sur son visage autre chose que de la haine. J'avais lentement baissé mon livre de mon regard, me concentrant sur le profil qu'il me montrait alors qu'il était tourné vers sa copie mise de travers pour écrire. En faisant ainsi, il rendait son écriture plus penchée, et je devais avouer que c'était joli à lire. Mais cela ne me permettait que de voir son visage de côté, son nez se plissant chaque fois qu'il réfléchissait, ses lèvres avancées lorsqu'il attrapait entre celles-ci le bout de la plume pour continuer sa réflexion.
Malheureusement, lorsqu'il releva le regard pour aller chercher une information dans un livre, ses yeux gris s'étaient plantés dans les miens, et j'avais dû m'enfoncer dans ma lecture. Fort heureusement, il ne commenta rien et recommença à écrire lentement. Or vient, enfin, le moment où il avait terminé, et il referma son livre lentement. Il avait entassé les œuvres avant de se lever, le tout dans les bras pour les ramener. Pendant ce temps, j'avais osé lire une partie de sa composition, et j'avais pu comprendre qu'il faisait le devoir de potions pour la rentrée, devoir que j'étais persuadé de rater.
Lorsqu'il revint j'étais affalé sur ma chaise, espérant que j'allais pouvoir trouver le courage de le faire, tandis que lui avait juste roulé les nombreuses pages. Il n'avait rien dit au moment de son départ, et lorsque je l'avais retrouvé au repas, il était tout aussi silencieux. Enfin, il était seul, tout comme moi, et s'il s'était mis à parler j'aurais été inquiet. Mais, il semblait profondément ennuyé, voire même désespéré d'être là. Alors, voulant faire à mon tour à un effet, j'avais pris mon assiette et mes couverts, et je m'étais assis devant lui. Il m'avait regardé étrangement, lorsqu'il me vit à la table de sa maison, mais il n'avait pas commenté. Il avait juste repris son repas, et moi le mien.
Nous étions ensemble mais seuls pourtant, et donc c'était comme si j'étais encore à ma table et lui à la sienne. Mais au moi je lui rendais la pareille pour ne pas m'avoir laissé seul à lire des livres qui ne m'intéressaient pas du tout. D'ailleurs, je ne comprenais toujours pas Hermione qui adorait la chose.
« Potter. Je m'en vais. J'ai fini. »
« Pas moi. »
« Et alors ? »
Il se releva lentement et disparu hors de la Grande salle. J'avais soufflé, espérant qu'il m'aurait attendu, mais non, j'avais été seul toute l'après-midi. J'avais tenté de trouver Nick quasi-sans-tête mais même lui avait disparu et je m'étais retrouvé à tourner dans toute l'école pour voir si je pouvais passer le temps ainsi. Mais au final j'avais juste perdu mon temps devant le feu dans la salle commune, à jouer avec les braises. Au repas, je n'avais pas osé le rejoindre, et lui m'avait regardé pendant presque tout le temps avant de se déplacer et se mettre face à moi. Lorsqu'il l'avait fait d'ailleurs j'avais failli m'étouffer avec mon verre d'eau. Mais, lorsqu'il recommença à agiter ses jambes sous la table j'avais soupiré, et glissé ma main sous la table. J'avais pris mon courage à deux mains, et j'avais attrapé son genou pour qu'il arrête. Presqu'immédiatement, il remonta son regard vers moi et son visage était décomposé. J'avais presque lu une expression de douleur dans ses yeux, mais il rejeta juste ma main et stoppa le mouvement de sa jambe.
Juste après j'avais récupéré ma main, et des fourmis avaient commencer à parcourir ma paume, comme si ma peau brûlait de dégoût de l'avoir touché. Mais, lui, il descendit sa main jusqu'à son genou et le massa, surement lui aussi dégoûté par mon contact.
« J'ai fini. »
« Bravo, Potter tu sais manger. »
J'avais soufflé sur mes mèches pour montrer mon exaspération, mais je ne m'étais pourtant pas levé. Je voulais lui montrer que moi, j'allais l'attendre jusqu'à ce qu'il termine. Même que je l'avais vu baisser les yeux pour accélérer la cadence. Ainsi, après une minute à peine il avait terminé son dessert, d'ailleurs il avait repris deux parts de fraisiers, j'avais supposé donc ce fruit comme son préféré, et enfin il se leva. Sans parler nous avions quitté côte à côte la Grande Salle et lorsqu'il dû prendre une direction différente de la mienne il le fit sans un son. Enfin si, je l'avais entendu soupirer, et lorsqu'il partit, ses talons claquaient sur la pierre au sol. A mon tour j'avais soupiré, et enfin, j'avais rejoint mon lit.
Ces vacances s'annonçaient drôles.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top