Chapitre 6 - Where do we go from here ?

Coucou !

Merci à tous d'être arrivés jusqu'ici !
En photo, le chanteur Asaf Avidan (mon homme juste derrière Daryl 😂) qui m'a très légèrement inspiré le personnage de Nick

Bonne lecture

Chapitre 6 – Where do we go from here ?

Le jour s'était levé. Blottie contre l'archer, je m'éveillai lentement, les yeux encore gonflés d'avoir trop pleuré. Je me serrai un peu plus contre lui, désireuse de laisser sa chaleur envahir mon corps frigorifié. Il remonta la couverture sur mes épaules avant de resserrer son étreinte autour de moi, déposant ses lèvres sur ma tempe tandis que je clignais des paupières histoire de m'habituer à la clarté matinale. A en juger par la faible luminosité, il était encore tôt. Ou alors, le ciel avait revêtu son habit nuageux.

- T'as réussi à dormir ? marmonna mon compagnon.

J'acquiesçai silencieusement et laissai un sourire s'étirer sur mon visage. Avec lui à mes côtés, trouver le sommeil n'était pas un problème. Sa seule présence m'apaisait. Même en période de crise. Quand il était là, le biker ne s'introduisait plus dans mes songes. A mon grand soulagement d'ailleurs.

Green m'avait beaucoup aidé durant son absence. Grâce à lui j'avais retrouvé un semblant de sérénité, mais sans le chasseur, je me sentais...vide. Comme une coquille abandonnée sur le bord de la route. J'aimais mon indépendance. Je m'étais toujours targuée d'être quelqu'un d'autonome. Mais la vérité, c'était que cet homme abîmé par la vie faisait partie de moi. Il s'était insinué dans mes veines au fil des ans. Je le contemplai en silence, détaillant chaque parcelle de son visage. Mon repère, mon ancre...la seule raison qui faisait que je tenais encore debout malgré les épreuves. Ouais. La guimauve avait fait son retour en fanfare...Et je ne m'en plaignais pas. Avec tout ce que nous avions traversé, nous retrouver me comblait de bonheur...même si les circonstances n'avaient rien de joyeuses.

Je me perdis une seconde dans ses prunelles tourmentées pour y découvrir une expression que je ne lui connaissais pas. En plus de l'inquiétude, le chasseur semblait...effrayé. Quelque chose me disait qu'il avait pas mal cogité pendant la nuit. Par ma faute...encore une fois.

- Je...vais aller voir Hershel après ma séance avec Nick, murmurai-je. Pour lui demander...un test de grossesse.

Il hésita un instant, mordillant nerveusement sa lèvre inférieure avant de demander :

- Qu'est-ce-que tu veux faire ?

- Je...je ne veux pas d'enfant Daryl. J'en ai jamais voulu et...encore moins...comme ça, répliquai-je dans un soupir.

L'archer me dévisagea longuement, caressant ma joue de son pouce avec une tendresse non dissimulée. Plus nous avancions dans notre relation, plus je le découvrais. Bien sûr, nous nous connaissions depuis une éternité tous les deux. Mais l'homme amoureux que j'avais face à moi ne cessait de me surprendre...et je l'aimais, chaque jour un peu plus.

- On a fait l'amour ce jour là, dit-il finalement, ne quittant pas mon regard du sien. J'veux dire...c'est possible qu'il soit d'moi.

Ma gorge se serra tandis que je capturais ses lèvres avec douceur. C'était vrai...une possibilité bien plus réjouissante d'ailleurs, songeai-je. Je ne pus m'empêcher de sourire en repensant à nos retrouvailles sous la douche de la prison après ma mission commando lorsque la grippe apocalyptique nous avait frappé. Il avait découvert mon corps couvert de bleus...savoir que c'était lui qui me les avait infligé durant son inconscience, l'avait anéanti...au point qu'il avait à peine oser me toucher. Et...le Gouverneur nous avait attaqué. Beth était morte. Quant à moi...je secouai la tête, chassant les pensées déprimantes qui tentaient joyeusement de m'assaillir. Je ne voulais plus broyer du noir. La vie était devant. Encore fallait-il réussir à la regarder en face.

- Je ne suis peut-être pas enceinte, chuchotai-je. Peut-être que c'est juste...une fausse alerte ?

- Et si tu l'es ?

- Je...j'ai jamais pensé au fait de devenir mère un jour. Ça me paraît tellement...enfin...on peut pas dire que j'ai eu un modèle parental exceptionnel.

- Moi non plus, grogna-t-il.

Je me redressai sur un coude, ma tête en appui sur la paume de ma main. Qu'est-ce-qu'il essayait de me dire ? Est-ce-qu'il...voulait un enfant ? Sérieusement ? Nous n'avions jamais abordé le sujet à vrai dire. Et pourtant...force était de constater que nous y avions mis du cœur à l'ouvrage...la possibilité que je sois enceinte de lui n'était finalement pas si absurde quand on y pensait. Nos hormones avaient bien souvent pris le pas sur le reste...les murs de la prison devaient rougir au souvenir de nos ébats enfiévrés.

- Toi, tu veux quoi ? m'enquis-je.

- Ça m'est jamais v'nu à l'idée...avant...toi.

La bouche légèrement entrouverte, j'accueillis ses paroles, troublée. L'idée de fonder une famille m'avait toujours parut irresponsable compte tenu de mon incapacité à m'occuper correctement de moi. Plus encore depuis le début de l'apocalypse.

- Je...je suis une catastrophe ambulante...je sais à peine m'occuper de moi...comment est-ce-que je pourrais gérer...un gosse ? J'veux dire...je suis un aimant à emmerdes, j'enchaîne connerie sur connerie...c'est...c'est...

- Lola, m'interrompit-il, prenant mon visage entre ses mains, pas d'panique.

- Je panique pas, me crispai-je. Ok...peut-être un peu, abdiquai-je.

- Je te forcerais jamais à l'garder si t'es vraiment enceinte. Peu importe c'que tu décides, j'srais là. J'te lâcherais pas.

- Je...je ne pourrais jamais être une mère exemplaire...je suis bourrée de défauts, je suis irresponsable, complètement à côté de la plaque...sans compter que je passer mon temps à me retrouver dans des situations ingérables. Je suis tellement...merdique, lâchai-je après une seconde.

- J'voudrais que tu t'vois comme moi j'te vois, déglutit-il. Putain...j'suis nul là dedans, ajouta-t-il avec un soupir. J'suis pas un grand penseur, j'marche aux coups de sang et j'réfléchis après. Mais...j'suis sûr d'une chose, c'est qu'toi...t'es un putain d'cadeau. Et tu f'rais une mère exceptionnelle parce que...tu l'es. T'es une putain de survivante, une putain de bonne femme. C'est pas moi qui t'ai sauvé la vie quand Hana s'est suicidée Lola. C'est toi qui a sauvé la mienne.

Incapable de répondre quoique ce soit, je me contentai de le fixer, laissant mes larmes rouler paisiblement sur mes joues blafardes. Il me voyait vraiment...comme ça ? Je savais qu'il m'aimait. Il me l'avait démontré à plusieurs reprises. Cependant, je ne m'étais jamais rendue compte de l'étendue de ses sentiments pour moi.

- J'déconne pas Lola. J'ai jamais voulu être père. Mais si tu portes un môme, j'suis prêt à tenter le coup...parce que c'est toi et moi.

***

Installée autour de l'îlot central de la cuisine de la maison 101, j'avalais mon café, les yeux perdus dans le vague, encore sonnée par la discussion que nous avions eu Daryl et moi. Un sourire ému s'étira lentement sur mes lèvres lorsque je plongeais le nez dans le liquide fumant. Il voulait des enfants...avec moi. Lola. La ballerine complètement cinglée qui passait son temps à rêvasser et à se fourrer dans des situations improbables. L'espace d'un instant, j'en avais même oublié mon aversion pour ces êtres minuscules, braillards, capricieux...promesses d'un adieu aux grasses matinées. Sans compter que l'identité du père potentiel de cette hypothétique...bébé...n'avait rien de sûre. Je voulais croire qu'il s'agissait de l'archer...mais il était impossible d'exclure l'éventualité que le latino soit responsable de cette situation non désirée. Bordel de merde. Je m'emballais sans même savoir si j'étais réellement enceinte.

Comme attirée par mes tourments ô combien fascinants, ma mère choisit ce moment pour faire son apparition. Nous n'avions pas vraiment discuté depuis cette fameuse nuit où j'avais décidé de mettre ma rancœur de côté. Je n'étais pas encore à l'aise avec elle. Au fond, je n'étais même pas certaine de pouvoir l'être un jour. Malgré les liens du sang, ces seize années de séparation avaient fait leur œuvre. On ne se connaissait plus. J'avais évolué sans elle pendant tellement de temps, que la retrouver dans ma vie quotidienne restait...anormal.

- Il y a encore du café ? demanda-t-elle en désignant le bol que je tenais à quelques centimètres de mon visage.

- Oui, Carol en a refait avant de partir en excursion, répliquai-je.

- En excursion ? sourcilla ma génitrice en attrapant la cafetière.

- Elle est partie chercher des glands...pour faire des cookies au jus de betterave, grimaçai-je.

- Gland et jus de betterave ? Intéressant comme mélange, remarqua ma mère en s'installant face à moi, un mug débordant de caféine dans les mains.

C'était amusant de constater que nous avions la même addiction. Hormis notre manie d'observer le ciel, nous n'avions pas énormément de choses en commun...à condition d'oublier nos prunelles émeraudes. Ceci étant dit, à part des caractéristiques physiques, nous ne partagions rien. Et la plupart du temps, nous n'avions pas grand chose à nous dire. Je soupirai, reportant mon attention sur mon bol.

- Comment se passent tes cours de danse ? tenta-t-elle de s'intéresser.

- Ça va, souris-je, je suis un peu rouillée mais...Enid et Jessie ne s'en plaignent pas trop.

- Je ne pense pas qu'elles s'en rendent compte, dit-elle avec un regard chargé de tendresse. Quoique tu en dises, je suis sûre que tu restes une fabuleuse danseuse.

- La dernière fois que tu m'as vu danser j'avais quatorze ans. J'ai évolué depuis, cinglai-je.

Elle se crispa sensiblement tandis que je me levais pour rincer mon bol dans l'évier. Je le posai sur l'égouttoir et me retournai vers elle avec un soupir.

- Excuse-moi, je ne voulais pas être désagréable.

- Ne t'excuse pas Lola, dit-elle. Je...pourrais peut-être venir te voir un jour ? Si tu es d'accord bien entendu, je ne veux surtout pas te forcer la main.

- Oh, répliquai-je, abasourdie par sa demande. Euh...bah oui, si tu as envie, tu es la bienvenue. Aujourd'hui j'ai pas d'élèves mais...Demain après-midi ?

Elle acquiesça d'un signe de tête, un sourire aux lèvres lorsque Barry nous rejoignit. D'humeur joyeuse, le colosse me serra dans ses bras, ignorant totalement ma mère avec qui le courant ne passait définitivement pas. C'était étonnant quand on savait que le catcheur était la bonté et la gentillesse incarnée. Ou alors était-ce moi qui vivait définitivement dans le monde des Bisounours ? Toujours était-il que le poète humoriste avait détesté ma génitrice à l'instant même où il avait posé les yeux sur elle au Terminus.

- Adorable Lola, puis-je t'escorter jusqu'à l'endroit fabuleux où cet être fascinant prénommé Nick et toi laissez libre court à vos pulsions artistiques ?

- Qui laisse libre court à quoi ? demanda Michonne, qui venait de faire son apparition en compagnie de Tara.

Je m'esclaffai, imitée par ma mère avant de saluer mes amies. L'afro américaine attrapa un paquet de corn-flakes entamé et s'installa autour de l'îlot central, plongeant la main dans la boîte en carton.

- Vous avez prévu quelque chose pour ce soir ? s'enquit la petite brune en ouvrant le frigo pour en sortir une carafe de citronnade.

- Pour la soirée de Deanna ? répliqua la samouraï entre deux bouchées de céréales.

- On doit faire un cadeau ou un truc du genre ? sourcilla Tara.

- Un cadeau ? Pour Aiden ? grimaçai-je. A part un guide pour survivre à l'apocalypse sans passer pour un con, je n'ai pensé à rien d'autre.

- Tu as vraiment fréquenté ce garçon ? m'interrogea ma mère avant de plonger le nez dans son mug.

- On peut oublier un instant que j'étais jeune et influençable ? pouffai-je.

- Je préfère te savoir avec quelqu'un comme Daryl, répondit-elle.

Je l'observai, les sourcils froncés, ahurie par sa remarque. Elle essayait de faire de son mieux, je le savais...mais, elle en faisait trop. Je n'avais pas besoin qu'elle dise amen à toutes mes décisions, ni qu'elle approuve mes relations...même si pour une fois, j'étais entièrement d'accord avec elle.

- Le jeune Monroe n'aura jamais l'aura, ni la force sauvage de notre adorable archer, intervint Barry de son ton monocorde.

Encore moins son magnétisme, sa droiture et sa capacité à me rendre dingue rien qu'en ouvrant la bouche, songeai-je rêveusement.

- Ça c'est certain, approuva Michonne. Je ne sais pas trop quoi penser de ce type.

- C'est un sale con, déclara Tara en se versant un verre de citronnade avant de s'asseoir à son tour. Ce cinglé a voulu attacher un rôdeur pour le punir d'avoir tué ses potes.

- C'est d'un ridicule, soupira ma mère.

- Ces gens sont vraiment à côté de la plaque, ajouta la samouraï.

Après quelques minutes de discussion au cours desquelles le discours de Deanna sur les plans de courges revint sur le tapis, je m'éclipsai avec le poète humoriste. Le ciel, chargé de nuages sombres, nous toisait de sa teinte grisâtre. L'atmosphère humide me fit frissonner tandis que nous avancions dans les rues d'Alexandria.

- L'Adorable Lola semble troublée.

Je me tournai vers le colosse qui me contemplait du coin de l'œil, une inquiétude sincère se peignant sur son visage d'ordinaire mono expressif.

- Je vais bien, souris-je dans l'espoir d'apaiser son anxiété. J'ai juste un peu de mal à me faire à la vie ici.

- Il est normal d'éprouver un sentiment contradictoire quant à ce havre de paix. Cependant, les tourments traversés récemment ne doivent pas t'empêcher de trouver ta place parmi ces charmants habitants.

- En parlant de charmants habitants, sourcillai-je, alors ? Olivia et toi ?

Le poète humoriste toussota légèrement, gêné semblait-il, que j'aborde ce sujet.

- Nous nous courtisons, répondit-il simplement avant de s'immobiliser devant le studio de danse. Te voilà arrivée à destination Adorable Lola.

- Je suis heureuse pour toi Barry, répliquai-je en plaquant une bise sur sa joue.

- Pas autant que moi de voir que l'archer et toi êtes réconciliés. Vous êtes ma famille. Tous les deux, dit-il de son éternel ton monocorde. A présent, si tu veux bien m'excuser, je m'en vais retrouver ma dulcinée.

Je m'esclaffai joyeusement en le regardant s'éloigner lorsque Aiden arriva, son pote Nicholas sur les talons. Génial. Il ne manquait plus qu'eux, me rembrunis-je en redressant mon sac sur mon épaule.

- Lola ! lança le fils Monroe avec son sourire supérieur.

- Elle a pas l'air ravie de nous voir, ricana Bouclettes.

- Qu'est-ce-que vous voulez ? marmonnai-je, les bras croisés sur ma poitrine dans une attitude proche de l'arrogance empruntée à Rosita

- Tu viens ce soir ? A mon anniversaire ?

Sérieusement ? Ce mec avait quel âge ? Douze ans ? Bordel de merde...je n'avais aucune envie d'aller à cette soirée débile.

- Je pense pas, non, rétorquai-je.

- Ma mère insiste pour que tu sois là, dit-il en s'approchant de moi. Toi, ton groupe de sauvages et le redneck que tu te tapes, ajouta-t-il en prenant mon menton entre le pouce et l'index. J'ai toujours su qu'il y avait un truc pas clair entre vous.

- Lâche-moi, crachai-je.

- Lanalo ? s'enquit Nick en sortant du garage. Tout va bien ?

Aiden recula d'un pas, tandis que Nicholas restait planté comme un con, visiblement très amusé par ce qui se passait. Ces deux abrutis s'étaient vraiment bien trouvés. Pas un pour rattraper l'autre.

- Bien sûr que ça va, s'esclaffa mon ex. Pourquoi ça n'irait pas ? On ne faisait que discuter, hein Lola ?

- Tu devrais partir Aiden, lança Green dont les prunelles étonnantes exprimaient un mépris que je n'avais encore jamais vu.

- Qu'est-ce-que t'as le bizarre ? Tu veux te la faire ? C'est un bon coup, tu devrais tenter ta chance, elle préfère les types tordus de toute façon.

Le musicien secoua la tête, exaspéré par la tournure que prenait cette discussion fort déplaisante. Puis, sans prévenir, il écrasa son poing dans la figure du pseudo instructeur de l'armée qui s'écroula lamentablement dans l'herbe.

- Tu devrais aller faire soigner ça, déclara Nick en le toisant de toute sa hauteur. Faudrait pas que tu aies la gueule abîmée pour la soirée de ta mère, ajouta-t-il en m'attrapant par la main. Viens Lana, on va bosser.

Je le suivis, réprimant un fou rire à la vue du fils Monroe crachant un filet de sang dans l'herbe pendant que Bouclettes l'aidait à se relever. Green and Blue referma derrière nous avant de s'installer au piano comme si de rien n'était. Il m'observa de longues secondes, ses yeux fascinants me détaillant des pieds à la tête à la recherche d'une tare quelconque.

- Merci, déclarai-je en laissant tomber mon sac sur le parquet. Cet abruti commence à me taper sur les nerfs.

- Tant que maman chérie dira amen à toutes ses idioties, ce connard continuera de parader comme s'il était le maître d'Alexandria. Pourquoi est-ce-qu'il en a après toi ? demanda-t-il alors que je retirais mon pull pour dévoiler un débardeur noir.

- Longue histoire, soupirai-je en attrapant mes pointes dans le fond de mon sac. Je suis sortie avec lui au lycée. Ça a duré trois ans et...son ego n'a pas apprécié que je mette un terme à notre relation.

Green réprima un bâillement, se frotta un instant les paupières puis fit craquer son cou tatoué, attendant que je poursuive. Devant mon mutisme, il reprit de sa voix éraillée :

- Qu'est-ce-qu'il t'a fait ?

- Ce que font la plupart des mecs quand ils n'obtiennent pas ce qu'ils veulent, grimaçai-je. Daryl est arrivé juste à temps pour lui casser la figure et après ça, les Monroe ont quitté la Géorgie.

Il ne répondit rien, se contentant de me fixer de ses iris bleus verts pendant que je m'installais à la barre pour m'échauffer. Le musicien entama le thème de l'Oiseau de feu, s'enfermant paisiblement dans ce monde qui n'appartenait qu'à lui. J'adorais le regarder jouer. Il passait d'une expression à une autre, les yeux fermés, souriant par intermittence, comme habité par les notes mélodieuses qui s'échappaient de l'instrument.

J'attrapai mon talon dans ma paume et étirai ma jambe tout en ignorant les protestations douloureuses de mon corps encore endormi. Enchaînant les postures, je repensai à Daryl. A ses paroles. Et à l'apaisement qu'elles m'avaient procuré. Il me considérait comme un cadeau...mais la vérité, c'était que ce putain de cadeau, c'était lui. Je ne voulais pas d'enfant, ça n'avait pas changé. Cependant, je commençais à envisager les choses différemment. Porter l'enfant de l'archer...en songeant à cette éventualité, un sourire s'étira lentement sur mes lèvres tandis que je me dressais sur mes pointes. Je m'élançai finalement, me laissant porter par la musique, oubliant mes tourments, mes doutes et mes peurs pour me concentrer sur le bonheur que je ressentais en cet instant. Pirouettes, arabesques, attitudes, fouettés...les mouvements envahirent mes muscles, mes sens, mon être tout entier, reprenant enfin leurs droits, leur place...dans ma vie. Les secondes s'égrenèrent à mesure que j'évoluais, libérée de mes entraves, de J.C, de toute cette merde qu'avait été mon existence au cours de ces mois désastreux. Parce que Daryl avait raison. J'étais une survivante. Et tout comme lui, je l'avais été bien avant l'apocalypse.

- Tu es...belle, murmura Nick lorsque la variation arriva à son terme.

A bout de souffle, ahurie par sa remarque, je me tournai vers le musicien qui me fixait, d'un air mélancolique.

- C'est la première fois que je te vois vraiment danser, reprit-il. C'était...stupéfiant. Tu es stupéfiante, ajouta-t-il.

- Merci, souris-je, heureuse d'avoir enfin dépassé mon blocage.

Il se leva lentement et s'avança vers moi pour me serrer chaleureusement dans ses bras. Hébétée, je restai immobile une seconde avant de lui rendre son étreinte.

- C'est moi qui dois te remercier d'avoir accepté de mettre ton art au service du mien Lanalo. C'est un honneur de travailler avec toi.

- N'exagère pas, gloussai-je en m'écartant. T'es un musicien incroyable Green.

- Je suis heureux que tu aies retrouvé ta paix intérieure, dit-il en se laissant tomber sur le sol avec nonchalance.

J'attrapai une serviette, épongeai la sueur accumulée sur mon front et mes bras avant de m'installer à ses côtés avec un soupir d'aise.

- Je peux te poser une question ?

- Si tu le demandes, c'est que tu comptes la poser, répliqua-t-il, blasé.

- C'est qui Lana ?

Le musicien s'allongea, les mains croisées sur son ventre, fixant les spots au dessus de nous comme s'ils pouvaient lui apporter une quelconque réponse.

- Mon poisson rouge, murmura-t-il, les yeux perdus dans le vague.

Son poisson rouge ? Les sourcils froncés, je détaillai son visage triste, la gorge soudain nouée en réalisant qu'il s'agissait du surnom qu'il donnait à cette mystérieuse Lana. Qui était-elle ? Le regard emplit d'une profonde tristesse, Green tourna la tête vers moi, des larmes perlant au coin de ses paupières.

- Tu devrais y aller Lola, dit-il avec un petit sourire.

- Je suis désolée, me crispai-je, je ne voulais pas te faire de peine.

- Ne t'inquiète pas pour moi. Pour l'instant, tout ce qui importe, c'est que tu aies réussi à dépasser ton blocage. On se voit ce soir, à la fiesta du siècle.

Je plaquai une bise sur sa joue, et me levai pour rassembler mes affaires. Après avoir enfilé mes Doc Martens, je passai mon pull au dessus de mon débardeur humide de transpiration, rêvant d'une douche brûlante, puis m'éclipsai, laissant le musicien toujours étendu sur le parquet.

D'un pas vif, remontant mon sac sur mon épaule, je me dirigeai vers l'infirmerie. Lorsque nous avions débarqué à Alexandria, Deanna avait insisté pour qu'un emploi nous soit attribué. Les chiens, chats, perruches et autres animaux domestiques se faisant particulièrement rares depuis que les rôdeurs erraient comme des âmes en peine, les capacités de vétérinaire d'Hershel n'avaient pas eu grande utilité aux yeux de cette chère Madame Monroe. Le patriarche avait donc été affecté au dispensaire pour seconder Pete, le chirurgien alcoolique, pervers et violent. Je déboulai devant la façade immaculée, le cœur battant à tout rompre dans ma poitrine, priant silencieusement pour ne pas tomber sur le médecin. Je me voyais mal lui expliquer les raisons de ma venue. Après avoir grimpé les quelques marches, je posai mon sac sous le porche et frappai. A mon grand soulagement, le vieil homme ouvrit, un sourire avenant camouflé derrière sa barbe blanche.

- Lola, en quoi puis-je vous aider ? demanda-t-il en m'invitant à entrer.

- Pete est là ? m'enquis-je à voix basse.

- Le Docteur Anderson n'est pas encore arrivé, répondit-il en refermant derrière nous.

Je le suivis à l'intérieur, triturant mes doigts nerveusement. Mon regard vagabonda un instant sur les lieux, lumineux et spacieux. Une table d'examen, un monitoring, des armoires pleines à craquer de médicaments, à n'en pas douter, Alexandria ne manquait de rien sur le plan médical.

- Que se passe-t-il ?

- Je..., hésitai-je, j'aurais besoin d'un...test de grossesse.

Le patriarche me dévisagea, ses prunelles perçantes s'attardant une seconde sur mon ventre comme si celui-ci avait soudainement enflé à l'évocation de ce mot.

- Vous avez beaucoup de retard ? m'interrogea-t-il en attrapant un trousseau de clés posé sur un guéridon.

- Je ne sais pas exactement...trois semaines, peut-être quatre.

Hershel ouvrit l'une des armoire vitrée pour en ressortir une boîte blanche et rose...je me questionnai vaguement sur le besoin des anciens pro du marketing d'associer systématiquement la grossesse à cette couleur. Pourquoi pas le bleu ? Ou...le vert pomme ?

- Attendez demain matin au réveil, conseilla-t-il en me tendant l'emballage.

- Et...si c'est positif ? me crispai-je.

- Et bien, ce sera une merveilleuse nouvelle pour Daryl et vous, sourit-il.

- Une merveilleuse nouvelle, répétai-je dans un murmure, les yeux baissés sur l'objet que je tenais entre mes mains tremblantes.

A suivre...

Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?

On avance doucement mais sûrement 🙈

Le prochain sera centré sur l'anniversaire d'Aiden...ça promet d'être assez comique 😁

A très vite pour la suite ! ❤❤

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