Chapitre 5 - My anchor
Chapitre 5 – My anchor
DARYL
- Tu le vois vraiment pas ?!
On est tous les deux. Au bord de l'étang, installés dans l'herbe. Un étang...bordel de merde, cet endroit est vraiment improbable quand on pense à tout c'qui s'passe dehors. Elle est dans mes bras, la tête en appui sur mon épaule. Elle pointe le ciel de l'index, essayant vaguement d'me faire apercevoir...
- Mais c'est quand même dingue que tu le vois pas ! elle s'exclame. C'est pas tous les jours qu'on peut distinguer un ornithorynque en trottinette...surtout quand la nuit est presque tombée, elle ajoute pour elle-même, pensive.
Ça fait que quelques heures que j'suis rentré...et putain...elle m'a manqué. Même plus que ça. J'la serre un peu plus contre moi. J'ai besoin d'la sentir sur ma peau. D'respirer cette odeur de fraise des bois qu'elle trimballe partout avec elle. J'enfouis ma tête dans son cou pour l'embrasser. Elle me rend barge. Elle a fait de moi un putain de junkie. Mais cette addiction, c'est la meilleure de toutes les merdes auxquelles j'ai pu être accroc. J'ai cru d'venir dingue à l'extérieur. Surtout qu'on a rien trouvé. Pas de survivant. Pas de bouffe. Pas d'arme. Que dalle. Une semaine passée à crapahuter. Et à dégommer des cadavres. Pour rien.
- Non j'le vois pas, j'marmonne.
J'ai même pas essayé. Parce que même si j'la connais depuis une éternité, j'sais toujours pas où elle va chercher des trucs pareils. Son côté rêveur...j'crois qu'ça a commencé comme ça nous deux. Elle m'a ouvert les yeux sur le monde. Elle m'a appris à le voir différemment. A l'apprécier...plus ou moins. A découvrir autre chose que la violence, l'alcool et la dope.
- T'essaye même pas, elle s'esclaffe en se tournant vers moi.
Elle se met à genoux, pose ses mains sur ses cuisses et sourit. Y a quelque chose qui va pas. J'le lis dans ses yeux. Ils sont cernés. Épuisés. Paniqués ? Elle a essayé d'me le cacher toute la journée. Mais j'suis pas con. J'la connais. J'la décrypte sans qu'elle ait besoin d'ouvrir la bouche. Parce que c'est ma gonzesse. Et que c'est un livre ouvert...comme j'le suis pour elle. Enfin, j'crois.
- Tu nous imagines comment dans quelques années ? Tu crois qu'on sera toujours ensemble ?
C'est ça qui l'inquiète ? Elle croit quand même pas que j'vais refaire la connerie monumentale de la larguer ? Plutôt crever. C'est elle qui donne un sens à ma foutue vie. Depuis qu'elle a débarqué dans ce quartier de merde, du haut de ses quinze ans avec ses prunelles émeraudes, et son allure de mini rockeuse. Même si, à cette époque là, j'savais pas encore l'impact que cette gosse aurait sur moi. Sur mon existence. J'étais loin d'imaginer c'qu'elle allait faire de moi. A quel point j'allais en dev'nir dépendant.
- Sûr, je grogne. Va savoir, on aura pt'être une super baraque avec vue sur les macchabées et deux clébards qu'on appellera...Merle et Casse-Noisette.
- Putain...je savais pas que tu avais autant d'humour, elle réplique, une moue foutrement sexy collée sur ses lèvres pleines.
- Alors quoi ? Tu veux qu'on...se marie ?
Merde. Pourquoi j'ai dis ça ? J'veux pas me marier. L'mariage c'est une connerie qui sert à que dalle sinon apporter encore plus d'emmerdes. Elle me regarde, les yeux écarquillés avant d'éclater de rire.
- Non mais ça va pas ?! elle s'écrit en reprenant son souffle. Vu le désastre qu'a été celui de mes parents, j'ai aucune envie de me marier.
- Et alors ? Ça veut pas dire que ce s'rait pareil pour nous.
J'continue...qu'est-ce-qui tourne pas rond chez moi ? Elle rit de plus belle...et ça la rend...encore plus belle. J'l'aime. Comme un taré. J'sais pas depuis quand j'suis dev'nu aussi sentimental. J'l'ai pt'être toujours été ? Elle penche la tête sur le côté, passe une main dans ses cheveux et reprend à voix basse, tout en jetant un œil à Glenn et Maggie qui passent un peu plus loin, main dans la main :
- Si tu veux mon avis, le mariage ça n'apporte que des emmerdes.
- Ça a l'air de bien fonctionner pour eux, j'remarque.
- Je t'ai déjà parlé de mon amie Alice ? elle demande.
Ça m'rappelle vaguement quelque chose. Une fille qu'elle avait rencontré en France. Quelques années avant que cette merde d'épidémie débarque.
- Celle de Paris ?
- On était dans la même compagnie, elle acquiesce. Figure-toi que son mec l'a largué à trois mois de leur mariage, après dix ans de relation pour s'en taper une autre.
- Ce type est un connard.
- Même pire que ça, elle soupire. Tu imagines qu'il lui a dit : bonne continuation ?! Après dix ans de vie commune !
- C'est un enculé, j'marmonne en attrapant mon paquet de clopes.
- Ouais, j'espère qu'il s'est fait bouffer.
Elle s'allonge à côté de moi, ses grands yeux verts rivés sur le ciel sombre. La nuit est tombée. Les températures avec. Elle frissonne légèrement, un air rêveur collé sur ses traits.
- J'ai pas besoin d'un serment débile pour savoir que je veux faire ma vie avec toi, elle murmure en se tournant vers moi.
Moi non plus j'en ai pas besoin. Sa présence me suffit. Comme ses éclats de rire, ses soupirs et sa manie de s'paumer dans ses pensées.
- Toute façon, le mariage c'est une cause de divorce, j'souris avant d'inspirer une bouffée de tabac.
Elle se marre, comme d'habitude et se redresse sur les coudes. Tout un tas d'expressions défilent sur son visage. A voir ses sourcils froncés, elle entretient une discussion super tordue avec elle-même. Comme d'habitude. Et j'adore ça. Comme d'habitude.
- Comme les gosses, je rajoute, sans trop savoir pourquoi.
Lola se crispe. Merde. Elle veut des mômes ? Depuis quand ? On en a jamais vraiment parlé, mais...j'croyais qu'elle en voulait pas. Enfin, la fois où elle m'a dit ça...elle avait quoi ? Seize ans ? Dix-sept ? Elle était catégorique.
- T'en veux ? j'finis par demander.
- Non, elle soupire, pensive. Ça braille, ça pue, c'est chiant.
Dis comme ça, ça donne vachement envie. Tu parles d'un résumé. J'écrase ma clope. Elle se rassoit en tailleur. Triture ses doigts nerveusement. Qu'est-ce-qu'elle a bordel de merde ? Je prends son visage entre mes mains. J'cherche son regard du mien. J'la scrute. En silence. Elle se mordille la lèvre inférieure. J'déteins sur elle...et bizarrement...ça m'rend heureux. J'le suis. Plus que j'l'ai jamais été. Parce que c'est Lola. Et parce que c'est moi. Elle lève les yeux vers moi. Et m'embrasse. Tendrement. La température monte d'un cran, comme à chaque fois que nos langues se retrouvent. Elle s'écarte après quelques secondes. Perdue dans ses pensées. Encore.
- Qu'est-ce que t'as ?
- Faut que je te parle d'un truc, elle grimace.
- On devrait vous trouver une baraque rien qu'à vous pour que vous puissiez vous envoyer en l'air dans toutes les pièces ! l'interrompt Abraham. A ce rythme là, vous allez repeupler la planète vous deux !
Le militaire s'approche de nous. Le torse bombé. Fier de son intervention. Rosita se tient derrière lui, les mains sur les hanches, elle lève les yeux au ciel. Exaspérée. Toute façon, la latino tire toujours la tronche. J'sais que Lola l'apprécie. J'comprends pas vraiment pourquoi. Cette fille est une chieuse de première.
- Bordel de chiottes ! Un étang, un kiosque...il manque plus que la chorale du dimanche matin.
- Ou la fête des fleurs, déclare Lola, amusée. Ça se passe comment sur le chantier avec Tobin ?
- Cette tête de gland est un boulet de première avec une paire de couilles de la taille d'un grain de raisin, s'esclaffe le roux. Mais les autres se sortent les doigts du cul. Ils ont envie d'essayer, en tout cas.
- A cause de cet hijo de puta, Francine a failli y passer.
Sinon...y a une raison pour qu'ils se tapent l'incruste ces deux là ? Abe est plutôt cool, mais putain de merde, laissez-nous respirer ! Surtout qu'elle avait quelque chose à dire. D'important à voir son air crispé. Je l'observe du coin de l'œil pendant qu'elle discute. Elle va mal. Vraiment mal. Elle a beau sourire. Se marrer. Essayer d'faire comme si tout allait bien...ça prend pas.
- Deanna nous attend à l'église, annonce la latino, les bras croisés, arrogante, comme toujours.
- On est obligé d'y aller ? soupire ma gonzesse dans un bâillement. Je suis pas franchement d'humeur à l'écouter blablater.
- Réunion de crise ma belle, réplique Abraham en l'aidant à se mettre debout.
- Réunion de crise ? j'répète. Crise de quoi ? Pénurie d'gel douche ?
- J'en sais rien mon pote. On verra bien ce qu'elle a à nous dire.
***
LOLA
Avec un soupir dramatique quelque peu théâtral, j'emboîtai le pas à Rosita et Abraham, pendant que Daryl entremêlait ses doigts aux miens. Qu'est-ce-que la chef d'Alexandria pouvait avoir de si important à nous annoncer ? Une réunion de crise...au jardin d'Eden ? Quelque chose me disait que cette fameuse crise devait surtout être une grosse blague. Comment est-ce-qu'un endroit comme celui-ci, véritable oasis au milieu du désert, pouvait traverser une quelconque tragédie ? L'archer avait raison. A part une pénurie de gel douche ou de dentifrice, il n'y avait aucune raison que le lotissement auto suffisant connaisse un drame.
- Elle pourrait nous réunir ailleurs qu'à l'église, marmonnai-je, maussade.
- Tant que Gabriel nous sort pas un sermon à la con, j'm'en tape, grogna le chasseur.
- Faut lui retirer le balais qu'il a dans le cul, ça le décrispera et peut-être qu'on pourra se marrer ! lança Abraham, m'arrachant un sourire au passage.
Après quelques minutes, nous arrivâmes devant l'édifice religieux, déjà plein à en juger par le brouhaha qui s'échappait de l'intérieur. Le militaire et la latino s'y engouffrèrent, non sans pester au sujet du discours soporifique qui nous attendait. Daryl resserra sa main autour de la mienne, m'attirant à lui avant de me dévisager en silence. Il replaça une mèche de cheveux derrière mon oreille, mordillant nerveusement sa lèvre inférieure.
- Qu'est-ce qui va pas Casse-Noisette ?
Et merde. J'étais donc une si mauvaise actrice ? J'avais tenté toute la journée de faire bonne figure, d'agir comme si rien ne me contrariait...encore moins une potentielle grossesse, fruit d'un viol dégueulasse commis par un être abject au beau milieu des bois. Quelques secondes à peine avant l'arrivée du duo formé par Abe et Rosita, j'avais failli lui annoncer en grande pompe cette nouvelle pour le moins cataclysmique. Mais à présent qu'il se trouvait là, face à moi, une inquiétude non dissimulée imprimée sur ses traits crispés, le semblant de courage que j'avais eu un peu plus tôt m'abandonna subitement. Comment pouvais-je lui dire ça ? Il avait assez souffert de mon agression, allant même jusqu'à se reprocher ce qui m'était arrivé...je me voyais mal en rajouter une couche. Il ne le méritait pas. Et je l'aimais beaucoup trop pour lui infliger une chose pareille.
- Je suis juste un peu fatiguée, éludai-je avec un aplomb tout à fait bancal.
- Un peu fatiguée ? répéta-t-il. Épuisée, tu veux dire !
- C'est rien de bien méchant, ça ira mieux demain, le rassurai-je.
- T'as jamais su mentir Lola. Parle moi bordel de merde !
Je déglutis, incapable d'articuler quoique ce soit. Je ne voulais pas me confier. Pas maintenant...et pourtant...il faudrait le faire. Un jour ou l'autre. Anxieuse quant à ce qui allait suivre, j'inspirai profondément, m'interrogeant sur l'art et la manière d'aborder cette merde. Était-ce le bon moment ? Y aurait-il d'ailleurs seulement un bon moment ? Je n'en savais plus rien. Toutes mes certitudes s'étaient envolées depuis que cet énorme point d'interrogation s'était insinué dans mon esprit dérangé.
- Pas maintenant, murmurai-je.
- Quand ?
- Daryl, Lola, intervint Rick depuis la porte de l'église. On attend plus que vous.
- Plus tard, chuchotai-je à l'attention du chasseur avant de suivre le shérif.
Nerveuse, j'aperçus Nick en pleine discussion avec Hershel. Installés sur l'un des bancs, près d'une fenêtre, les deux hommes semblaient entretenir une conversation palpitante au sujet de...l'hétérochromie ? Pourquoi pas après tout...les yeux vairons étaient un sujet de bavardage comme un autre, loin de moi l'idée de juger leur échange pour le moins improbable. Je repérai Barry en compagnie d'Olivia plusieurs rangs devant, ainsi que ma mère, Carol, Enid et le fils Grimes, Judith gazouillant joyeusement sur les genoux de l'adolescent.
- Lanalo ! lança Green, m'invitant à le rejoindre.
- J'arrive !
Je jetai un œil vers Daryl qui se tenait adossé contre le mur du fond, les bras croisés sur son torse tandis que Rick lui parlait à voix basse. Le regard de l'archer se mêla au mien avec une intensité folle. Mon cœur fit un bond dans ma poitrine lorsque je le vis esquisser un semblant de sourire. Avec lui, je n'avais besoin de rien d'autre. Un simple sourire, aussi timide était-il suffisait à me rendre heureuse. Parce que c'était nous. Daryl et Lola. Deux êtres abîmés qui avaient trouvé un sens à leurs vies merdiques grâce à l'autre. Il me détailla encore quelques secondes avant de reporter son attention sur le shérif. Avec un soupir songeur, je m'approchai du musicien et me laissai tomber à ses côtés.
- Comment allez-vous Lola ? demanda le patriarche.
- Bien, mentis-je ouvertement. Et vous ? J'ai l'impression que ça fait une éternité que je ne vous ai pas vu, ajoutai-je avec un sourire.
- Je prends mes marques, comme nous tous ici. Cette communauté est une bénédiction.
Une bénédiction ? Probablement. En ce qui me concernait, mon intégration se...passait. Ni bien, ni mal. Elle se passait juste. Mes amis me manquaient. Je n'avais pas vu Tara depuis des jours, sans compter que Barry passait désormais le plus clair de son temps avec Olivia...se passait-il quelque chose entre eux ? Jessica Fletcher s'éveilla subitement, observant telle une inquisitrice de l'amour le colosse et la jeune femme.
- Vous travaillez avec Pete, c'est ça ? m'enquis-je.
- Au dispensaire, oui, acquiesça le vieil homme.
Je réfléchis une seconde, m'interrogeant sur la possibilité de demander un test au patriarche. J'avais confiance en lui. Depuis toujours. En revanche, il était hors de question que je parle de ma potentielle grossesse au mari de Jessie. Un frisson de dégoût me parcourut l'échine à l'évocation de cet homme. Il me révulsait. Littéralement.
- Tu te plais ici Lana ? bâilla Green, interrompant mon flot de pensées.
- Pourquoi tu me demandes ça ?
- J'en sais rien, répliqua-t-il avec un haussement d'épaules.
Je pouffai silencieusement, toujours autant atterrée par le musicien et sa façon bien à lui de faire la conversation. Je ne pouvais pas vraiment dire que je me plaisais à Alexandria. Encore moins lorsque mes yeux se posèrent sur la famille Monroe au grand complet. Assis au premier rang, Spencer et Aiden plaisantaient, pendant que leurs parents se mettaient visiblement d'accord sur le sujet de la réunion. Ok. Si même Deanna ne savait pas de quoi nous parler, tout ceci promettait d'être particulièrement barbant, soupirai-je en me tassant un peu plus sur le banc.
- Tu as retrouvé ton Daryl ?
Rivant ses prunelles fascinantes aux miennes, le musicien m'adressa un sourire mélancolique auquel je répondis par un hochement de tête silencieux. Il lança un regard dans la direction de l'archer, toujours en grande discussion avec Rick avant de reporter son attention sur moi. Me dévisageant longuement, il fronça les sourcils dans une moue que je ne lui connaissait pas.
- Quoi ? demandai-je, intriguée par son expression.
- Rien, soupira-t-il de façon tout à fait théâtrale.
- Green, tu mens aussi mal que moi, m'esclaffai-je.
- J'aime les gens amoureux, dit-il rêveusement, ça m'inspire.
- Ça t'inspire quoi ? sourcillai-je en étouffant un nouveau bâillement.
- Plus tard. La grande prêtresse va prendre la parole, se renfrogna-t-il.
Amusée, je détaillai un instant les traits délicats de Blue. Faussement concentré, dans une attitude nonchalante parfaitement maîtrisée, le musicien leva les yeux au ciel lorsque la leader d'Alexandria ouvrit la bouche. Plus les jours passaient, plus j'apprenais à le connaître, et plus j'appréciais cet homme. Aussi intrigant que fascinant, je voyais en lui un ami. Un véritable ami. C'était étonnant en sachant qu'on ne se connaissait que depuis quelques jours, mais les morts revenaient à la vie pour dévorer les vivants alors, plus grand chose ne me paraissait aberrant dans ce monde en ruines. Daryl me rejoignit, s'installant à mes côtés avant de pencher la tête en direction de mon voisin.
- C'est qui le bellâtre ? marmonna-t-il.
- C'est Nick, répliquai-je.
Le chasseur le toisa du coin de l'œil, mordillant compulsivement sa lèvre inférieure. A en juger par la crispation qui barrait son front, mon nouvel ami ne lui plaisait pas. Ce dernier bâilla longuement, étendant ses jambes devant lui avant croiser les prunelles bleues de l'archer. Les deux hommes s'observèrent en silence, semblant se juger ou s'apprivoiser. Perdue entre ces deux bombes de testostérone, je tentai de me concentrer sur le discours alambiqué de Deanna.
- L'extension d'Alexandria doit rester au cœur de nos préoccupations actuelles, dit-elle d'une voix forte. J'ai bon espoir pour que d'ici quelques mois...
Insipide. Inintéressant. Rasoir. Je reportai mon attention sur Daryl qui m'adressa un regard noir. Merde. Qu'est-ce-que j'avais fait encore ?
- Qu'est-ce-qu'il y a ? murmurai-je.
- Tu fais confiance à c'guignol ?
Je me tournai vers Nick, occupé à contempler le plafond tandis qu'Hershel s'assoupissait à mesure que Deanna avançait dans son monologue.
- Pourquoi tu me demandes ça ?
- Tu passes tes journées avec lui. J'veux pas qu'il t'emmerde, grogna le chasseur en rongeant l'ongle de son pouce.
- Il m'a dit que j'étais pas son genre, chuchotai-je.
- Et tu l'crois ?
- Je crois que j'ai pas ce qu'il faut entre les jambes pour l'intéresser, gloussai-je à voix basse. Toi en revanche...
- T'es conne.
- Je sais. Maintenant, tais-toi, j'essaye d'écouter.
- En ce qui concerne les parcelles de courges...
Absolument passionnant. Perdue dans mes pensées, je me laissai dériver, m'attardant sur chacun de mes compagnons. Bob et Sasha, installés près de Glenn et Maggie n'avaient pas l'air plus passionnés que moi par les courges, courgettes, et autre cucurbitacées auxquels mon ex belle-mère semblait particulièrement tenir. Quant à Eugene, à en juger par son air béat, les lacets de ses chaussures le fascinaient. Assise près de Michonne et d'une jeune femme blonde à lunettes, Tara observait tout ce petit monde à la dérobée avant de m'adresser un petit sourire compatissant.
- On s'emmerde, articula-t-elle silencieusement.
Je retins un fou rire, essayant vaguement de garder mon sérieux tant l'ambiance dans l'église était pesante. Même Gabriel s'ennuyait. Un sourire crispé aux lèvres, le prêtre tentait de faire bonne figure. En vain. En fin de compte, c'était plutôt rassurant de voir que je n'étais pas la seule élève dissipée de l'assemblée. Seuls les habitants d'Alexandria étaient captivés par le discours de Deanna. Comme de bons petits soldats, Jessie, Pete, Tobin et les autres, écoutaient sagement, hochant la tête par intermittence, y allant même de leurs petits commentaires pleins de sagesse d'une naïveté effarante. Ces gens ne vivaient pas dans le même monde que nous. Ils avaient vraiment loupé le train de l'apocalypse lorsque celui-ci avait déboulé vitesse grand V.
- Bien, à présent, venons-en à ce qui nous intéresse aujourd'hui.
- Ah, murmura Nick, blasé. Réveille-moi quand ce sera fini, Lanalo, ajouta-t-il en fermant les yeux.
- Comme vous le savez tous, ou presque, dit-elle en nous désignant avec un large sourire, demain soir j'organise comme tous les ans, l'anniversaire de mon fils, Aiden.
Nicholas et Spencer applaudirent bruyamment, déclenchant mon hilarité trop longtemps contenue. C'était donc pour ça la réunion de crise ? L'anniversaire de son abruti de fils ? Bordel de merde...tout ça ne pouvait être qu'une vaste plaisanterie.
- Je compte sur votre présence à tous pour cet événement particulier.
- Particulier, particulier...c'est vite dit, maugréa Nick, les paupières toujours closes. Ce cher fils à papa va pouvoir parader comme un paon.
Daryl grommela dans sa barbe, avant d'entrelacer ses doigts aux miens. Je posai ma tête sur son épaule, étouffant un nouveau bâillement. Le manque de sommeil commençait à réellement se faire sentir. Et combiné à mon inquiétude, le cocktail devenait fort déplaisant.
- Bordel ces gens sont complètement à côté de la plaque, marmonna l'archer en m'embrassant sur la tempe.
- Ils n'ont pas changé, murmurai-je.
***
Après une douche apaisante, j'enfilai un large pull blanc ainsi que mon mini short noir et retrouvai Daryl dans notre chambre. Perdu dans ses pensées, allongé sur le lit, un bras replié sous sa tête, l'archer rongeait l'ongle de son pouce. Il leva les yeux sur moi, me dévisageant en silence tandis que je m'approchais de lui. Était-ce le bon moment ? Après tout, je n'étais sûre de rien. J'avais du retard, certes, mais ça m'était déjà arrivé. Sauf qu'à cette époque là, je dansais douze heures par jour. Aujourd'hui...à part avoir crapahuté en territoire rôdeurs pendant des semaines, même si je ne m'étais pas ménagée, on ne pouvait pas non plus dire que mon corps avait été mis à rude épreuve. La marche intensive, la malnutrition, la déshydratation, la fatigue...c'était forcément ça. Mais j'avais beau essayer de me convaincre, le doute persistait, s'insinuant vicieusement dans mes veines.
- T'es décidée à m'parler ? demanda-t-il en se redressant.
Je baissai le regard, dévisageant avec une passion dévorante fort déplacée les tâches sur la moquette grise. Je ne voulais pas l'inquiéter pour rien...et mon attitude ne faisait qu'aggraver les choses. Bordel de merde ! Pourquoi fallait-il toujours que tout se complique ?! Ma vie était tellement plus simple avant cette foutue apocalypse. A part apprendre des pas de deux et des solos, travailler sans relâche, prendre l'avion, dormir à l'hôtel, rentrer chez moi et repartir, je n'avais rien d'autre à penser. Je croyais avoir laissé les drames derrière moi lorsque je m'étais envolée pour Sydney l'année de mes vingt et un ans. Si seulement j'avais su...
Avec un soupir empreint de nervosité, je m'installai à ses côtés, l'estomac noué. Il n'y avait pas trente six mille façons d'aborder le sujet.
- J'ai du retard, lâchai-je après une seconde intense de réflexion.
Les sourcils froncés, l'archer riva ses prunelles aux miennes, choqué à en juger l'expression de son regard, par ma révélation.
- J'ai...fait un vague calcul, ajoutai-je la gorge serrée, et...ça coïnciderait avec...
- Ce connard de J.C, termina-t-il de sa voix rauque.
J'acquiesçai d'un signe de tête, refoulant difficilement une vague de larmes imminente.
- Je suis désolée, soufflai-je. Je ne suis sûre de rien mais...
Le chasseur me serra dans ses bras avec violence tandis que je m'effondrais en pleurs contre lui. Je m'agrippai à sa chemise, m'accrochant à lui de toutes mes forces. Cet homme abîmé que j'aimais par dessus tout était mon seul repère...mon ancre dans ce putain de monde.
A suivre...
Encore un chapitre calme !! Profitons-en 😂
Qu'en avez-vous pensé ? 🙈
Je vous dis à très vite, je l'espère, pour la suite ! ❤❤
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