Chapitre 21 - Cas de conscience
Coucou,
C'est un miracle de réussir à tenir des délais corrects😂 ! Voici le chapitre 21, qui n'a pas été simple à écrire. Beaucoup d'émotions contradictoires pour notre Lola. La fin de ce tome approche à grands pas, tout comme l'arrivée de Negan, qui s'annonce imminente !
J'espère n'avoir pas fait trop de fautes, j'ai beau relire, il en reste toujours !
Bonne lecture !
***
Chapitre 21 - Cas de conscience
LOLA
Le lendemain matin, après une nuit plus ou moins commode passée sur les routes de Virginie, je sortis du camping-car avec soulagement. Le ciel grisâtre, demeure d'un attroupement nuageux chargé de pluie, déversait sa tristesse sur Alexandria, inconscient du trouble qui, peu à peu, m'avait envahie durant le trajet du retour.
Nous allions tuer les Sauveurs...jusqu'au dernier. A bien y réfléchir, il fallait admettre que Rick n'avait pas tort. Nous avions survécu à bien pire. Le Gouverneur était l'exemple parfait de ce à quoi nous avions tenu tête. Mais dans cette lutte acharnée pour rester en vie, notre groupe avait beaucoup perdu. Andrea. Merle. Beth. Mon innocence...et pourtant. Ma famille s'en était sortie, s'était relevée et avait poursuivi son chemin. Malgré cela, depuis que nous avions quitté La Colline, ma bonne humeur avait déserté. Elle avait préféré tirer sa révérence au profit d'une anxiété sournoise. Les Sauveurs...Negan...quelque part au fond de mes entrailles, une sensation désagréable s'était installée. Et pour être tout à fait honnête, ça avait commencé bien avant cette décision de massacrer cette communauté. Etirant mes bras au-dessus de ma tête, je laissai mes articulations reprendre leur place initiale dans un craquement sonore accompagné d'un soupir d'apaisement. Très vite, mes compagnons de voyage m'imitèrent, chacun y allant de son petit commentaire concernant le confort somme toute rudimentaire de notre antique moyen de transport.
- J'ai cru qu'on n'arriverait jamais, souffla Maggie, dont les traits tirés trahissaient une fatigue démesurée.
Et comment lui en vouloir ? Entre les crevaisons, les pannes d'essence ou les problèmes de durite, notre véhicule ne nous avait rien épargné. S'ajoutait à ces aléas, des passagers en surnombre et deux fromages de brebis dont le délicat fumet s'était empressé d'imprégner nos vêtements. Combiné à un début de grossesse, c'était un miracle que l'aînée des Greene n'ait pas été victime de nausées.
- Tu devrais rentrer te reposer, lui proposa Rick en descendant du siège conducteur.
Carol choisit cet instant précis pour nous rejoindre, ses cheveux grisonnants tombant en mèches humides sur son front. Vêtue d'un pantalon clair et d'un petit pull bleu lavande dont s'échappait le col d'un chemisier fleuri, elle tenait une boîte en plastique dans les mains. Celle qui d'une seconde à l'autre était capable de vriller pour se transformer en machine à tuer avait tout de la parfaite femme au foyer...une fois encore, l'image de Suzan Mayers et de ses macaronis ratés s'imprima dans mon esprit nébuleux. Les lèvres pincées pour réprimer un fou-rire venu de nulle-part, je secouai la tête. Ce n'était pas le moment de partir dans mes délires loufoques. Non. L'heure était grave. Dramatique même. Je devais donc me montrer...sérieuse ? A quoi bon ? J'étais nulle à ce petit jeu. Avec un sourire avenant, Carol ouvrit le couvercle vert avant de nous tendre ses cookies dont l'odeur indiquait qu'ils sortaient tout juste du four.
- Châtaignes et betteraves, annonça-t-elle fièrement.
Je retins une grimace de dégoût, le souvenir de sa dernière création encore bien ancré dans mes papilles gustatives. L'alter-ego de Ripley, l'héroïne de la saga Alien, avait beaucoup de qualités. C'était une femme forte, qui derrière une apparente fragilité pouvait se montrer redoutable. Aussi, n'osant pas la contrarier, j'acceptai le biscuit qu'elle me tendait...non sans une certaine appréhension.
- Qu'est-ce-que tu attends ? Goûte-le, dit-elle.
L'espace d'une seconde, la désagréable impression de m'être retrouvée dans la peau de Blanche-Neige face à la méchante sorcière et sa pomme écarlate m'envahit. Toutefois, il fallait relativiser. Aux dernières nouvelles, Carol n'avait pas l'intention de me tuer. Encore moins devant tout le monde. Aussi, après une dernière hésitation, j'enfournai la pâtisserie...et le regrettai presqu'immédiatement. A la fois pâteux et sec, ce machin me colla aux dents tandis que je tentais délibérément de l'avaler. Bordel de merde ! Avait-elle tenté de m'étouffer ? Me jurant silencieusement de ne plus jamais jouer les cobayes, je lui adressai un sourire des plus chaleureux, déglutissant au prix d'un effort monumental sous les regards amusés de Daryl, Nick et Tara.
- Alors ? demanda la pâtissière. Tu en penses quoi ?
- C'est...rassasiant et...étonnant, éludai-je. Bon, c'est pas tout ça, mais faut qu'on décharge, hein shérif ? ajoutai-je pour changer de sujet.
- Carol, va chercher Olivia, déclara Rick. Il faut qu'on fasse un inventaire et qu'on range tout ça dans la réserve.
- J'imagine que ça s'est bien passé avec le chef de La Colline ?
- On a ce qu'il faut pour tenir un mois, acquiesça Michonne d'un air maussade.
Ouais. Un mois de bouffe...mais à quel prix ? Je me perdis à nouveau dans mes pensées, prêtant moyennement attention à Rick qui expliquait à la cinquantenaire que toutes ces victuailles auraient un coût. Comme l'avait dit Gregory, la charité n'existait plus. Et le prix à payer n'était pas franchement à mon goût. Ni à celui de mes camarades si je tenais compte de leurs sourcils froncés.
- Je veux voir tout le monde à l'église dans une heure, déclara l'ancien shérif en s'éloignant d'un bon pas.
Perplexe, Carol resta immobile quelques secondes avant de refermer sa boîte de biscuits pour prendre la direction de la maison d'Olivia. De leur côté, Daryl et Abraham commencèrent à décharger, pendant que Glenn raccompagnait Maggie chez eux.
- Tu d'vrais aller te reposer aussi, marmonna l'archer tandis que j'attrapais une caisse de pommes de terre avec l'aide d'Aaron.
- Ça va, je dormirai mieux ce soir.
Il m'offrit un haussement de sourcils suggestif, déclenchant comme toujours une vague caniculaire dans mon corps endolori. Je toussotai pour me donner un semblant de contenance, puis récupérai un carton rempli d'œufs.
- Laisse ! Je le prends, s'écria Nick en m'arrachant le colis des mains comme s'il s'agissait d'une bombe.
- On peut savoir ce qui te prend ?
- Ne te vexe pas Lanalo mais...avec tes deux mains gauches, j'ai peur que cette mission ne soit pas dans tes cordes.
Eberluée par sa réplique, je me contentai de garder la bouche ouverte pendant que les autres se marraient comme des andouilles. Bordel de merde ! Green and Blue se foutait de ma gueule...C'était bien la première fois. Agacée, je croisai les bras sur ma poitrine, un air boudeur collé au visage.
- T'as qu'à dire que je ne suis pas douée tant que tu y es !
- Tu es une danseuse exceptionnelle, d'une grâce que j'ai rarement eu le plaisir d'admirer, mais tu admettras que pour les tâches élémentaires, tu restes assez maladroite.
Un sourire en coin, il me dévisagea longuement de ses prunelles déroutantes avant de me tapoter affectueusement le dessus du crâne comme il l'aurait fait avec un chiot.
- Mais c'est pour ça que je t'aime, déclara-t-il sans aucune ambigüité.
Daryl ne releva même pas, se contentant de jeter son mégot avec nonchalance. Lui qui d'ordinaire aurait pété un plomb pour moins que ça, n'eut pas la moindre réaction...Surprise par son apathie, je soupirai, soulagée malgré tout. Son indifférence n'était rien de plus qu'une preuve de confiance envers le musicien.
- Allez viens Lola, lança Tara. On va se boire un café avant la réunion.
- Avec plaisir, répliquai-je.
Et ce qui devait arriver, arriva. Dans la précipitation, je laissai tomber un bocal de coulis de tomates sur le bitume. Comme dans un ralenti d'une intensité folle, le contenant en verre s'écrasa sur l'asphalte dans un fracas d'une discrétion à toute épreuve. Le verre s'éparpilla en fragments tranchants tandis que la sauce giclait, heureuse d'être enfin libre, aspergeant au passage mes chaussures et celles d'Abraham. Green et Daryl s'immobilisèrent. Leurs regards rivés sur ma connerie, ils ne prononcèrent pas le moindre mot. Le silence. Lourd. Pesant. Promesse du savon qu'allait me passer le rouquin. Comme à mon habitude, je dramatisais...ou pas. Entre honte et nervosité, je risquai un coup d'oeil vers le militaire. Ce dernier, torse bombé, mâchoire crispée et bras croisés, me toisait de toute sa hauteur. Histoire d'en rajouter une couche, une lueur de colère s'était installée dans ses yeux d'ordinaire rieurs. Je déglutis, en proie à un dilemme des plus dramatiques...rire ou pleurer ?
- J'ai pas fait exprès, débitai-je d'une petite voix.
Puis, après une demie seconde de réflexion, je me mis à courir comme une dératée en direction de la maison 101, les abdominaux ravagés par fou-rire d'anthologie.
- Tu perds rien pour attendre Lola !
***
DARYL
La réunion a duré des plombes. Rick et Jesus ont parlé. Longtemps. Trop longtemps. Et tout, l'monde a approuvé la décision d'mon frangin. Tout l'monde, sauf Morgan. Pas étonnant. Monsieur chaque vie est précieuse n'est pas franchement en faveur d'un massacre comme celui qu'on prévoit d'faire. Quelque part, j'le comprends. Mais là, c'est plus qu'une question de temps avant que ces connards de Sauveurs débarquent à Alexandria. Autant buter le problème dans l'œuf avant qu'ça nous explose à la gueule. J'me tourne vers Lola. Elle est affalée sur le banc. L'regard hagard. Elle est ailleurs. Comme d'hab.
- Casse-Noisette.
Un bâillement. Puis deux. Ses paupières papillonnent. Elle reprend contact avec la réalité.
- J'ai loupé quelque chose ? elle demande, l'air complètement largué.
J'lève les yeux au plafond. Ouais. Ma gonzesse est un boulet doublé d'une catastrophe ambulante.
- A part Morgan qui n'approuve pas le plan de Rick, rien de nouveau, chuchote Aaron dans notre dos.
- Ça me rassure, j'avais peur que le shérif nous fasse le coup de l'interro surprise demain matin.
Elle se marre. Toute seule. Et cette fois...c'est moi qui suis paumé. J'cherche pas à comprendre. J'ai abandonné depuis longtemps. Toute façon, quand elle est à l'ouest comme ça, y a rien à en tirer.
Rick s'approche de nous pendant que les autres commencent à sortir de l'église. C'est le calme absolu. Pas d'rébellion. Pas de désaccord. Pas d'effusion d'joie non plus. Ils acceptent l'inévitable. Rien de plus.
- Réunion à la maison ce soir, il déclare. Andy va nous détailler leurs installations pour qu'on puisse se préparer au mieux.
J'croise l'regard de Nick avant qu'il quitte cette foutue église. Un signe de tête. Un sourire. Je l'apprécie. De plus en plus.
- Ce serait bien que l'bellâtre se pointe aussi. Il a été avec eux pendant un moment, il pourra nous en apprendre plus.
- Parfait, réplique mon frangin. Plus on aura d'informations, mieux ce sera pour régler ce problème.
- On parle de tuer des gens quand même...c'est pas comme si on devait juste changer une ampoule, murmure Lola.
J'plante mes yeux dans les siens. J'sens bien qu'il y a quelque chose qui la turlupine depuis qu'on est rentré. Elle est encore plus à côté d'ses pompes que d'habitude. Elle s'tortille sur sa chaise. On dirait un foutu asticot.
- Un problème Lola ?
Elle s'ratatine sous l'regard glacial de Rick. Elle toussote. Se ronge les ongles. Et finit par soupirer.
- Je ne veux pas passer pour le pendant féminin de Ghandi, mais...t'es sûr que c'est la meilleure solution ? La violence engendre la violence et j'ai peur que les choses ne dégénèrent, elle débite à toute allure.
Nous y voilà. Le couplet sur l'humanité et tout l'tralala. J'sais qu'elle a pas complètement tort. L'refrain sur la violence, j'le connais par cœur. Depuis que j'suis gosse. Ça n'apporte rien de bon. Y a rien d'nouveau. Mais j'sais pas. Ces Sauveurs, j'les sens pas. J'ai l'impression que la menace est différente de celle du boucher d'Woodbury...alors j'emmerde l'humanité. C'est eux. Ou nous.
- Tu n'es pas obligée d'y prendre part Lola. Je ne te force pas à venir avec nous. Mais tôt ou tard, ils finiront par nous trouver.
- Encore plus maintenant qu'Aiden est dans la nature, j'grogne.
- Vous croyez qu'il s'est joint à eux ? elle demande.
- On ne sait pas Lola. Mais on doit se tenir prêt quoiqu'il arrive. Et on ne peut négliger aucune éventualité.
- Et l'éventualité qu'ils ne nous attaquent pas si on leur fout la paix, tu y as pensé Shérif ?
- Avec des « si » on pourrait refaire le monde. On a passé un marché, que TU as négocié avec Gregory, alors je suis désolé, mais sur ce coup-là, c'est soit tu acceptes...
- Soit, je dois m'en aller, c'est ça ? elle s'écrit, abasourdie.
Ok temps mort ! C'est quoi ce bordel ? Putain Rick qu'est-ce-qui t'prend ?!
- C'est pas ce qu'il voulait dire, j'balance. Elle est d'accord, laisse-lui juste du temps pour encaisser.
- Je n'ai jamais dit que j'étais d'accord ! elle gueule en se levant. Mais apparemment, on ne me laisse pas le choix.
Elle se casse. Sans s'retourner. Sans un mot. Et j'reste là. Comme un con. Ahuri par la tournure des événements.
- T'étais obligé d'lui balancer un ultimatum ? j'marmonne. J'croyais qu'on était censé prendre les décisions ensemble et avoir droit à la parole ? Elle t'a juste donné son point de vue.
Le shérif répond rien. Il est vexé. J'le vois bien. Il attend notre soutien. Et ma gonzesse...ma gonzesse reste fidèle à ses foutues convictions. C'est pt'être son plus gros défaut. Mais c'est c'qui fait d'elle la femme qu'elle est devenue. Une survivante doublée d'un Bisounours. Tu parles d'un cadeau !
- Faut que j'prenne l'air, j'grogne en m'éloignant.
Bordel de merde. J'sors de l'église. La pluie tombe encore. Parfait. Au moins, la météo est en accord avec l'atmosphère pesante. J'porte une cigarette à mes lèvres. Enfin. Après quatre heures le cul vissé sur ce foutu banc, ça fait du bien.
***
LOLA
Comme une furie sous acides, je remontai la rue principale tout en ruminant. Un ultimatum. Un putain d'ultimatum ! Rick se foutait de moi. Ce n'était pas possible autrement. Dire que mon être tout entier avait passé ces dernières années à lui vouer une admiration sans faille... et il suffisait d'un désaccord pour envisager de me foutre dehors ?! Moi ! Lola la ballerine frapadingue qui revenait tout juste d'entre les morts...Atterrée, je soufflai comme un minotaure prêt à en découdre lorsque je déboulais devant la maison 101. Un regard vers la bâtisse. Un simple regard, et ma gorge se noua. J'avais l'impression de nager en plein cauchemar. Les requins blancs et les méduses en moins. Après avoir rageusement shooté dans un caillou, je grimpai les quelques marches quatre à quatre, ignorant délibérément Carl, Enid et la petite dure à cuire. Parler à qui que ce soit était pour l'heure au-dessus de mes forces. En ouvrant la porte d'entrée, une odeur de café m'accueillit, suivi des regards intrigués de Michonne et Abraham.
- Tout va bien Lo ? s'enquit mon amie à la peau d'ébène tandis que je prenais la direction du premier étage en fulminant.
Une fois dans ma chambre, je tournai quelques instants sur place, puis, attrapai un vieux sac à dos. Après avoir ouvert la commode dans laquelle tenait ma garde-robe post apocalyptique, je récupérai mes affaires pour les fourrer dans mon bagage avant d'envoyer une paire de chaussettes récalcitrantes s'écraser contre un mur. Elle retomba mollement sur la moquette dans un bruit mat parfaitement ridicule, m'arrachant un semblant de sourire au passage, lorsque la samouraï posa une main réconfortante sur mon épaule.
- Quoi ? maugréai-je.
- Qu'est-ce-que tu fabriques ? demanda-t-elle en observant, sourcils froncés, mon sac plein à craquer.
- Ce que je fabrique ? répétai-je. Comme tu le vois, repris-je en me dirigeant vers la salle de bain, je fais mes valises.
J'avais conscience de passer pour une gamine capricieuse. Cependant, ça m'était complètement égal tant la colère me dévorait les entrailles. Depuis quand n'avions-nous plus droit à la parole ? Depuis quand Rick avait-il décidé de se transformer en dictateur ?
- Mais enfin, qu'est-ce-qui s'est passé ? Tu t'es encore disputée avec Daryl ?
Daryl ? Parlons-en de Daryl ! Cette andouille avait à peine pris ma défense, arguant que j'étais d'accord avec le fait d'aller massacrer ces gens. Non. Non et non. Je n'étais pas d'accord. Le meurtre et moi n'avions jamais été de grands complices. Même à l'époque où j'avais étripé cet enfoiré de Joe dans les bois.
Ma brosse à dents, un tube de dentifrice et une bouteille de shampoing dans les mains, je me laissai tomber sur le lit pour essayer de faire rentrer mes derniers effets dans mon paquetage.
- Il se trouve que je ne suis pas en accord avec le shérif. Il m'a donc proposé de quitter les lieux si sa décision ne me convenait pas.
- Et tu lui obéis ? sourcilla-t-elle. Ça ne te ressemble pas.
Je ne répondis rien, me contentant de m'acharner sur cette saleté de fermeture éclair qui refusait de bouger. A croire que le monde entier s'était ligué contre moi. Envisageant pendant une demie seconde d'aller voir Morgan pour lui proposer un road trip empreint de sérénité, je soupirai de façon théâtrale avant d'abdiquer face à l'entêtement de mon sac à vouloir à tout prix rester ouvert.
- Tu vois, reprit Michonne, même lui ne veut pas partir.
- J'ai toujours soutenu Rick. Toujours. Même quand ces choix ne me plaisaient pas. Et là, il me lance un ultimatum. Je suis désolée, mais je n'ai pas envie de vivre dans un endroit où personne n'a droit à la parole.
- T'es dure Lo. Tu sais que Rick fait son maximum pour que nous soyons tous en sécurité.
Peu surprise par sa réponse, je levai les yeux au ciel, laissant un sourire un brin cynique s'étirer sur mes lèves gercées.
- Tu prends sa défense. Evidemment.
- Lola ! me réprimanda-t-elle.
- Quoi ? Je sais très bien ce qui se passe entre vous deux. Je ne suis pas aveugle.
- Ça se voit tant que ça ?
- Vous ne faites pas franchement dans la discrétion, rétorquai-je avec un haussement d'épaules frôlant l'insolence.
Gênée, elle s'installa à mes côtés pour prendre mes mains dans les siennes. Son regard sombre plongé dans le mien, mon amie tenta vainement d'apaiser ma colère, prétextant tout comme Rick que cette décision était la meilleure pour le futur de notre communauté.
- On parle de tuer des gens dans leur sommeil, murmurai-je. Je ne pourrai jamais plus me regarder dans une glace après ça !
- Je comprends que ça te pose un cas de conscience. Mais Lola, si on ne le fait pas, on va tous mourir de faim.
- Dans leur sommeil Michonne ! C'est pas comme si on était en guerre...ça c'est...j'ai même pas les mots tellement ça me révolte !
- Ça ne t'a pas trop révoltée quand tu as passé le marché avec Gregory, déclara-t-elle froidement.
Je m'esclaffai, d'un rire ironique. Blessée. Voire même, blasée. Si même ma sœur de cœur s'y mettait, que me restait-il ? Daryl ? Je n'étais même plus certaine que l'archer prenne mon parti. Bordel de merde ! Je n'aurais jamais dû passer cet accord avec l'autre débile de La Colline. Pourquoi n'avais-je pas gambergé un peu plus ? Ma vie entière avait été rythmée par des décisions mûrement réfléchies...et là...un simple coup de pression...j'avais l'impression d'avoir été manipulée.
- Je te rappelle qu'on ne m'a pas vraiment laissé le choix. C'est à peine si j'ai eu le temps de réfléchir aux conséquences.
- Et tu veux quoi Lola ? s'exclama la samouraï. Qu'on attende bien sagement que ces types arrivent ici pour imposer leur dictature comme ils le font à La Colline ? Sois raisonnable deux secondes !
- On vit déjà en dictature.
- Tu vas trop loin, soupira mon amie. C'est ton droit de ne pas être d'accord avec toutes les décisions que doit prendre Rick, mais n'exagère pas non plus.
- Il se passe quoi ? demanda Abraham, appuyé contre le chambranle de la porte.
- Essaye de faire entendre raison à cette tête de mule, soupira Michonne, moi je n'arrive à rien.
Elle se leva sans un bruit, avant de s'éclipser laissant le champ libre au militaire, dont les rangers gardaient encore les séquelles de leur rencontre avec un pot de sauce tomate.
- Si tu te casses à cause de ce que tu as fait à mes pompes, laisse-moi te dire que c'est un peu disproportionné.
Un sourire m'échappa tandis que le rouquin se laissait tomber sur la moquette, le dos en appui contre le lit.
- Ouais...désolée pour ça, dis-je. Tu me connais, j'ai...
- Toujours la tête dans le cul jusqu'au rectum.
Je me marrai pour de bon cette fois, outrée par sa remarque d'une poésie sans nom. Cet homme avait un don pour détendre les atmosphères les plus tendues. Michonne avait peut-être raison finalement...peut-être que...bordel ! J'étais paumée au beau milieu d'un brouillard d'émotions toutes plus contradictoires les unes que les autres.
- Bon, alors, raconte. C'est quoi l'embrouille.
- Rick n'accepte pas que je ne sois pas du même avis que lui pour la tuerie du siècle.
Le militaire se tut quelques instants. Il réfléchissait. Ce qui, aussi étonnant que ça pouvait l'être, lui donnait un air presque sérieux.
- Ouais. C'est moche, déclara-t-il après une minute.
- Attends...t'as rien trouvé de mieux à dire ?
- Non. Désolé Lola, je ne suis pas doué pour les grandes déclarations. Mais tu sais quoi. Garde tes convictions. Rick, tu l'emmerdes. Et s'il te fait chier, chies lui dessus à ton tour.
- On n'est pas loin de virer scatophiles à ce niveau-là, m'esclaffai-je à nouveau.
Abe et moi n'étions pas à proprement parlé de grands amis. On s'appréciait. Mutuellement. Mais nous avions nos vies et depuis notre arrivée à Alexandria, rares avaient été nos contacts. Pourtant, je l'adorais. Entre son langage fleuri, son assurance et son allure, le sergent Ford ne laissait personne indifférent.
- J'ai fait des choses moches Lola. Des choses dont je ne suis pas très fier.
- Comme nous tous, soupirai-je, surprise par la tournure que prenait cette discussion.
- Reste. C'est tout ce que je te demande. Et pour demain soir...je ne sais pas comment justifier ça. Parfois, la vie nous fait faire des choses qu'on n'a pas envie de faire. Mais on les fait. Parce que c'est comme ça. Et que ce monde n'est rien plus qu'un beau tas de merde. Pour ce qui est du shérif de mes couilles, t'inquiète qu'il va rappliquer la queue entre les jambes pour s'excuser.
- J'en demande pas tant. Tout ce que je veux, c'est qu'il comprenne mon point de vue. Et qu'il accepte qu'on ne peut pas toujours être en accord avec ses décisions. Alors, oui je sais qu'il a beaucoup de responsabilités...mais...je voulais juste que pour une fois, il entende mon point de vue.
Abraham se remit debout avant de se tourner vers moi avec un regard chargé de bienveillance. Un sourire chaleureux s'installa sur son visage tandis qu'il bombait le torse.
- Il l'a entendu. C'est juste qu'il est au pied du mur. Si on ne trouve pas un moyen pour nourrir tous ces branleurs, ça va se retourner contre lui. En réalité, je ne pense pas que ça l'enchante plus que toi d'aller massacrer ces connards dans leur sommeil.
- On n'a pas le choix, c'est ça ? demandai-je, bizarrement apaisée.
- Le mieux, c'est que tu restes ici à te mater un film en te goinfrant de popcorn pendant qu'on s'en occupe.
- Je te rappelle qu'on frôle la famine !
- On s'en tape, t'as besoin de te remplumer sinon Daryl va finir par te déboiter pour de bon !
L'archer choisi cet instant précis pour faire son apparition...en compagnie d'un Rick pour qui la contemplation de ses santiags semblait être une distraction tout à fait honorable.
- Bon je vous laisse, j'ai un truc à dire à Rosita.
Tandis que je m'interrogeais vaguement sur ce fameux truc, le chasseur s'approcha pour déposer un baiser sur ma tempe avant de reporter son attention sur mon sac.
- Tu vas quelque part ?
- Ça ne dépend pas de moi, dis-je en braquant mes iris sur le shérif.
Ce dernier releva les yeux, un air désolé collé au visage. Les mains sur les hanches, dans une attitude qu'il maîtrisait parfaitement, il me dévisagea avec une intensité dont lui seul connaissait le secret. Fait chier. Je ne voulais pas me prendre la tête avec lui. C'était mon ami. Depuis le début. Et même si je préférais un monde peuplé de licornes à la robe soyeuse, je savais pertinemment que la réalité était toute autre. Foutu cas de conscience ! La tension qui régnait dans la pièce était palpable. Presque étouffante. Qui de nous deux allait craquer le premier ? Je l'ignorais. Cependant, l'entêtement et moi entretenions une relation fusionnelle depuis toujours. Aussi, je préférai rester mutique de peur d'enterrer un peu plus notre amitié.
- Je ne veux pas que tu partes Lola, finit-il par dire. Je me suis un peu emballé tout à l'heure et...
- C'est bon, maugréai-je. Laisse tomber. De toute façon, quoique tu dises, on n'arrivera pas à tomber d'accord. J'ai mes convictions, tu as les tiennes.
- Autant les respecter mutuellement, qu'en dis-tu ?
Mentionner le respect quand on parlait d'un génocide me sembla déplacé. Toutefois, je ne répliquai rien. Nous étions suffisamment tendus. Inutile de jeter un peu plus d'huile sur le feu.
- On se retrouve en bas dans deux heures ça vous va ?
- Je...vais passer mon tour. M'en veut pas shérif, j'ai pas la tête à planifier tout ça.
Je jetai un regard timide vers Daryl pour constater qu'il mordillait sa lèvre inférieure nerveusement. Cautionnait-il tout ça ? Allait-il participer ? C'était une évidence. Sans sa présence, il y avait de grandes chances pour que ce plan déjà merdique à la base tourne à la catastrophe.
- Pas de souci Lola, fais comme tu le sens.
Le ton était cordial. Froid. A la limite de l'ère glaciaire. Néanmoins, les choses ne dégénérèrent pas plus. Avec un sourire crispé, il tourna les talons avant de s'éclipser à son tour. Les yeux baissés je sursautai lorsque Daryl me serra dans ses bras. Je m'abandonnai à son étreinte, laissant ma tête reposer contre son épaule tandis qu'il soupirait.
- J'suis désolé, marmonna-t-il dans mon cou.
Je me retournai pour lui faire face et découvris une lueur de tristesse dans son regard tourmenté. Il n'était pas difficile de comprendre la raison de ses excuses.
- Tu es libre de faire tes propres choix, chuchotai-je. Même si je n'approuve pas.
- Je sais. Et j'approuve pas non plus. Mais la vérité Casse-Noisette, c'est que j'ai la trouille.
- Alors pourquoi tu y vas ? m'écriai-je.
- Ces types finiront par débarquer ici...autant en finir avant qu'ça arrive.
Je me crispai, complètement paumée par une situation pour le moins merdique. Nous avions tous fait des choses moches, pris des décisions discutables. Moi la première. Nous avions survécu...et pourtant, une fois encore, le monde menaçait de nous exploser à la gueule. J'en avais ma claque de cette apocalypse ! De ces choix absurdes qu'elle nous imposait !
- Promets-moi que quoiqu'il arrive, tu resteras ici, me supplia-t-il.
- Je...Daryl...je...
- Je t'en supplie. Promets-le moi.
- Ok, acquiesçai-je d'un signe de tête. Je te le promets.
***
DARYL
J'mate Andy pendant qu'il dessine un plan. D'après lui, c'est là qu'vivent Negan et ses hommes. Nick toussote. Il hésite à prendre la parole, j'le vois bien.
- Un problème ? demande Rick.
- Ça, ce n'est pas leur planque, il déclare avec un soupir las.
- C'est là-bas que je fais toutes les livraisons, réplique le mec de La Colline.
Le shérif l'invite à poursuivre. Il ignore la mise en garde de Green. Ça me plaît pas. Et à lui non plus. Depuis quand mon frangin est-il devenu aussi buté ?
- Tu d'vrais écouter ce qu'il a à dire, j'finis par intervenir pendant que l'autre blablate sans discontinuer sur les installations.
Mon pote me fusille du regard. Mais il demande à Nick de s'expliquer. Et comme j'le craignais, cet endroit n'est qu'un avant-poste.
- Ils sont combien ? demande Rick.
- Difficile à dire. A l'époque où je vivais avec eux, Negan recrutait pas mal et...on était déjà une centaine.
- Une centaine ? Merde. J'déglutis. J'sais pas dans quoi on est en train d'se fourrer, mais ça pue.
- On fait quoi ? j'grogne.
L'shérif commence à faire les cent pas. Il réfléchit. Son silence est pesant. Bordel de merde. Je m'interroge. Pt'être que Ghandi a pas tort finalement. Pt'être qu'on devrait...rester en retrait. J'sais que ça nous ressemble pas, mais...
- On ne change rien, déclare Rick. On attaque l'avant-poste demain soir.
L'bellâtre blanchit à vue d'œil. Il s'décompose littéralement. Mais il s'dégonfle pas.
- Rick, si je peux me permettre, tu n'as aucune idée de...
- J'ai dit, on suit le plan.
- Et après ? Tu sais que ces types vont être sacrément en rogne, j'marmonne.
- Alors on répliquera.
J'dis rien. A quoi bon de toute façon ? Il changera pas d'avis. C'est peine perdue. Il tient trop à ce marché à la con. A la vie qu'on a ici. J'lui en veut pas. Quelque part, j'le comprends. Mais cette décision...elle va nous transformer.
***
Le ciel est sombre. Pas d'étoiles. Pas de lune. Que dalle. Ça n'augure rien de bon. Mais on est une équipe. On doit être soudé. Même si j'sais qu'on fonce tête baissée dans un truc qui va finir par nous exploser à la gueule. Mais qu'est-ce-que j'peux faire ? Rick écoute personne à part lui-même en ce moment. J'ai pas eu les couilles de ma gonzesse. J'ai pas réussi à lui dire d'aller se faire foutre avec ses décisions à la con. J'ai préféré fermer ma gueule. Parce qu'au fond...j'suis qu'un putain de suiveur.
J'veux pas que Lola subisse tout ça. Elle a assez morflé. J'me laisse tomber sur les marches devant notre baraque. J'réfléchis. Fait chier. J'suis largué. J'dois l'éloigner d'ici le temps qu'les choses se tassent. Ou que quelqu'un arrive à faire entendre raison à mon frangin. Nick me rejoint. Ses traits sont tirés. Marqués par l'inquiétude. Ouais. Pas besoin d'être un génie pour savoir qu'on est dans la merde.
- J'veux que tu m'rendes un service.
Il m'regarde avec ses yeux bizarres. J'sais que j'vais regretter ce que j'vais dire. Mais j'ai pas d'autre idée pour la protéger. Si effectivement c'est qu'un avant-poste qu'on attaque demain soir, alors une guerre va éclater. Et j'veux pas qu'elle soit là quand ce s'ra le cas.
- Laisse-moi deviner, tu veux que j'embarque Lanalo loin d'ici.
J'acquiesce. En silence. J'suis brisé. On s'retrouve à peine et déjà...j'secoue la tête. C'est pas l'moment de sombrer. Elle doit rester ma priorité.
- Suis-moi, j'marmonne en prenant la direction de l'armurerie.
On avance. En silence. Avec pour seule compagnie la fumée de ma cigarette qui s'consume lentement. J'ai mal. Rien à voir avec la balafre que l'vieux a recousu y a deux jours. J'ai mal...d'elle. Parce qu'encore une fois on va me l'enlever. La différence c'est que cette fois-ci...c'est moi qui l'éloigne. J'ai toujours été qu'un foutu égoïste. Je l'ai toujours voulu pour moi. Parce que je l'aime à en crever. Mais là...putain faut que j'arrête de penser. Nick soupire. Je l'imite. Journée de merde. On arrive devant le bâtiment. J'fracture l'entrée. Les convenances, j'en ai plus rien à branler. On pénètre à l'intérieur et j'récupère une carte de la région.
- Où ça ? il demande simplement.
J'repère un coin. Loin de tout. Isolé. On dirait une île ou un truc comme ça.
- Ici, j'déclare en pointant l'endroit du doigt.
- Je pars demain soir, il répond en fourrant la carte dans sa poche. Il reste plus qu'à la convaincre.
- T'y arriveras pas. Elle est têtue.
J'lève les yeux au ciel. Déchiré par c'que j'vais lui dire. Mais j'veux qu'ma gonzesse vive. Qu'elle ait une foutue chance. Tant pis si ça doit me tuer.
- Elle tient pas l'alcool. Fais-la boire jusqu'à ce qu'elle s'écroule. Et ensuite tu l'embarques.
Green reste muet. Et il m'sert dans ses bras. J'me laisse faire. Pourquoi j'me laisse faire ? J'tapote son dos. Mon geste est maladroit. Ridicule.
- Tu peux compter sur moi, il finit par dire. Je ferai tout ce que je peux pour la protéger.
J'le remercie en silence. On a pas besoin de beaucoup parler pour s'comprendre. On l'aime. C'est tout. Chacun à notre façon. J'le regarde pendant qu'il s'éloigne. Il s'retourne. On échange un regard. Il est chargé de confiance. Et il prend le large. La tête levée vers le ciel. Je l'imite. J'me perds dans sa contemplation. Parce que dans quelques heures...c'est tout ce qu'il nous restera à partager.
A suivre...
Voilà voilà ! Le décompte est lancé ! Les choses sérieuses commencent héhéhé !
Le prochain chapitre arrivera milieu ou fin de semaine prochaine !
A très vite !
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