Chapitre 20 - De la bouffe, des médocs et une foutue vache

Coucou !

Voici le chapitre 20 avec un délai plutôt raisonnable. Désolée pour le titre tout naze, je n'étais pas inspirée lol J'espère en tout cas que vous apprécierez votre lecture autant que j'ai aimé écrire ce chapitre. Il est un peu long, alors bonne lecture !

***

Tandis que nous pénétrions dans l'atmosphère bucolique de La Colline, Jesus se transforma subitement en agent immobilier, détaillant avec une certaine fierté les installations de sa communauté.

- Nous avons récupéré les matériaux d'une ancienne compagnie d'électricité pour bâtir l'enceinte, déclara-t-il tout en en désignant les barricades.

Bien que modestes, si on les comparait aux murs de tôles érigés par Reg à Alexandria, ces dernières avaient tout de même le mérite de tenir debout ce qui, outre l'aspect esthétique, restait le plus important.

- Et tous ces gens ? demanda Maggie. Comment ont-ils trouvé cet endroit ?

- Barrington House, répliqua le jeune homme en pointant la maison de style colonial du menton. Elle date de bien avant l'ère moderne, alors, j'imagine qu'ils se sont dit qu'elle tiendrait toujours debout. Ils sont tous venus d'un ancien camp de réfugiés avec leur mobile-home, et c'est comme ça que tout a commencé.

Ses doigts entrelacés aux miens, l'archer restait mutique, se contentant d'observer l'endroit à la recherche du moindre signe de danger.

- T'avais pt'être raison Casse-Noisette, marmonna-t-il finalement.

- A quel sujet ? m'enquis-je en levant les yeux vers lui.

- Ils se chient dessus, grogna-t-il, le regard rivé sur les évadés de La Petite Maison Dans La Prairie.

Je m'esclaffai à voix basse, amusée de le voir se détendre sensiblement. Il n'en était pas encore au point de se mettre à chanter La Mélodie du Bonheur, mais peu à peu, toute la tension qu'il avait accumulée depuis ma soudaine disparition, s'évaporait. Je jetai un coup d'œil à Barry qui trottinait joyeusement derrière nous, s'émerveillant du décor qui selon ses dires, lui rappelait Massacre à la tronçonneuse. Les sourcils froncés, je tentai d'assimiler une quelconque ressemblance entre ces deux univers, puis décidai de laisser tomber, préférant abandonner le poète humoriste à ses idées saugrenues.

- Suivez-moi, annonça Jesus, je vais vous présenter Gregory.

Un rire s'échappa de ma gorge, tant cette rencontre promettait d'être épique. Nous suivîmes Raiponce à l'intérieur, et fûmes accueillis par une odeur de bois, de parquet ciré et de poussière. Bien qu'impeccables, les lieux gardaient tout de même quelques stigmates de leur âge conséquent. Certaines boiseries manquaient d'éclat tandis que les tapis et rideaux vieillots apportaient une touche ringarde à la décoration déjà datée. Un vieux vase en porcelaine trônait sur une petite table en acajou parfaitement briquée, dévoilant avec une fierté non dissimulée un bouquet de fleurs fraîchement cueillies. Bizarrement, au contraire de beaucoup de mes congénères, je détestais ça. C'était comme mettre des oiseaux en cage. Peut-être aimais-je trop la liberté pour comprendre qu'on puisse s'extasier devant ces pauvres plantes déracinées de leur habitat naturel.

La double porte de ce que j'imaginais être un bureau s'ouvrit sur l'homme au costume parfaitement repassé. Et comme lors de ma première rencontre avec lui, Gregory s'avança, lèvres pincées et sourire hypocrite collés au visage.

- Je sens qu'il va m'plaire celui-là, murmura le chasseur à mon oreille.

- Je n'en doute pas une seconde, gloussai-je.

- Je vous présente Gregory, annonça Jesus non sans un certain rictus d'amusement.

- Bonjour. Bonjour à tous, déclara ce dernier comme s'il saluait une foule venue l'applaudir. Je suis Gregory et, je suis le patron ici.

Rick le détailla de la tête aux pieds, son air arrogant bien accroché à ses traits déjà durcis par un rôle de leader un peu trop envahissant.

- Rick, répliqua-t-il après quelques secondes sans se départir de son sentiment de supériorité vis-à-vis de son homologue dégarni.

- Bien, bien, ravi de vous rencontrer et ravi de vous revoir Eleanor, ajouta-t-il à mon attention.-

Lola, corrigeai-je une nouvelle fois.

- Ça se ressemble, se défendit le boss de La Colline.

- Pas vraiment, sourcilla Maggie visiblement peu charmée par cet homme pourtant charmant, sans ironie aucune bien entendue.

Gregory s'esclaffa grassement, sous les regards éberlués de mes amis qui tout comme moi, ne comprenaient pas ce qu'il fabriquait à la tête d'une communauté. Du coin de l'œil, j'observai Barry humer le parfum des fleurs dans leur vase ébréché, pendant que les deux leaders continuaient de se toiser, cherchant par la même occasion à comparer qui avait la plus grande. Agacée par cette manie constante qu'avait la gente masculine de vouloir à tout prix mesurer la taille de leurs attributs pour asseoir leur supériorité, je soupirai.

- Que diriez-vous d'aller faire un brin de toilette avant que nous discutions ? proposa finalement le dirigeant de La Colline non sans un certain mépris.

Outrée par cette demande...culottée, je levai les yeux vers Daryl pour constater à sa mâchoire crispée qu'une douche n'était pas franchement au cœur de ses priorités. D'un geste sec, il redressa son arbalète sur son épaule dans une attitude quelque peu menaçante.

- Ça ira merci, répliqua Rick avec un sourire narquois.

Greg le cinquantenaire se rapprocha du shérif, un air mesquin collé sur son visage de fouine. D'un regard il inspecta chacun d'entre nous sans se départir de ce rictus moqueur qui me donnait envie de lui en coller une.

- La propreté est une gageure ici, dit-il sur le ton de la confidence.

L'ancien flic émit un son étrange, entre le rire et l'étouffement avant de se tourner vers nous et plus particulièrement vers Michonne. D'un signe de tête, celle-ci l'apaisa. Intriguée, je ne pus m'empêcher de froncer les sourcils, m'interrogeant sur le fait que mes deux amis puissent entretenir une quelconque relation. Une vision épique s'imposa brutalement dans mon esprit tandis que je les imaginais en train de copuler. Noooon ! Impossible. C'était impossible ! Rick et Michonne...ensemble...à faire des papouilles ? Et puis quoi encore ? Gloussant bêtement, je repoussai cette image tant elle était absurde.

- Casse-Noisette, grogna Daryl en me donnant un coup de coude.

- Quoi ?

- Tu t'marres toute seule.

Tentant de reprendre un semblant de sérieux, je toussotai, feignant ainsi une quinte de toux tout sauf crédible auprès de mes compagnons qui ne purent s'empêcher de soupirer.

- Bien ! clama Gregory. Alors c'est parfait, tous à la douche !

Il tourna les talons, dans une allure théâtrale absolument ridicule, avant de s'enfermer à nouveau dans son bureau.

- Suivez-moi, indiqua Jesus en se dirigeant vers l'escalier menant au premier étage. Et...désolé pour...tout ça.

Rick lui emboîta le pas, suivi de près par Maggie. Les traits tirés par la fatigue, la jeune femme grimpa les marches tout en discutant avec le shérif. Pour une raison inconnue, ce dernier lui demanda de s'entretenir en premier avec notre hôte du jour, insistant sur le fait qu'elle devait commencer à prendre les choses en main comme l'avait souhaité Deanna de son vivant. L'aînée des Greene était certes une femme forte, mais de là à l'imaginer en négociatrice...D'un autre côté, songeai-je avec une moue, c'était peut-être pas plus mal que chacun d'entre nous prenne de nouvelles responsabilités...même si pour ma part, je n'en avais aucune envie. Avec un haussement d'épaules désinvolte, j'entamai à mon tour la montée des marches de la maison Barrington. Avec la poisse que j'avais et ma tendance à être constamment à côté de mes pompes, il était peu probable que Rick se tourne un jour vers moi pour régler un quelconque différend avec une autre communauté. Encore moins si cela impliquait des enjeux vitaux comme éviter une famine.

***

Quelques minutes plus tard, installés dans une chambre mise à disposition par Raiponce en attendant que la salle de bains ne se libère, je faisais les cent pas sous le regard tourmenté de mon archer.

- On peut savoir ce qui t'arrive ? s'enquit ce dernier en posant son arbalète sur le lit avant de s'adosser à une commode d'un autre temps.

Devais-je lui parler de mes craintes ? Je n'en savais rien. Après tout, il était possible que mon esprit et mon sens aigu de l'observation aient été corrompu depuis mon coma. Avec un soupir conséquent, témoin de ma contrariété grandissante face à une situation qui me dépassait, je me laissai tomber sur le couvre-lit à fleurs délavé.

- Lola ?

Je levai les yeux vers Daryl, me tortillant, mal à l'aise. Comment allait-il réagir à cette nouvelle ? Mal, probablement...Ou alors, et c'était peut-être même plus certain, il se foutrait de ma gueule.

- Ok, me lançai-je après une dernière hésitation. Je crois que...Rick et Michonne couchent ensemble, lâchai-je d'un ton dramatique.

- Et ? répliqua-t-il les sourcils relevés dans l'attente d'un complément d'information concernant mon état proche de la crise de nerfs.

- Et c'est tout, dis-je platement.

- J'vois pas où est le problème, et puis, franchement Casse-Noisette j'en ai rien à cirer de qui couche avec qui.

- Mais...je ne sais pas si tu réalises là ! m'écriai-je en veillant tout de même à garder un volume sonore raisonnable. On parle de Rick ! Et de Michonne ! Ça ne te choque pas ?

- Je te l'ai dit, je m'en branle, marmonna-t-il avant d'allumer une cigarette.

Exaspérée par sa désinvolture, j'attrapai l'objet du délit et le jetai par la fenêtre sous ses protestations.

- T'as pas lu l'écriteau ? me justifiai-je en pointant du doigt la pancarte notifiant l'interdiction de fumer dans les chambres.

- T'es chiante, se renfrogna-t-il.

- Ecoute, Gregory est assez pénible comme ça, pas la peine de lui donner une raison supplémentaire de refuser le marché. Bon, alors ? T'en penses quoi ?

- De quoi ?

- Rick et Michonne ! m'entêtai-je.

L'archer soupira, visiblement fatigué par mon attitude qui, je devais bien l'admettre, fleurtait avec le ridicule. D'un coup d'œil, j'observai l'extérieur, plongeant mon regard dans le ciel azur en quête d'une réponse à mon tourment tout à fait justifié...ou pas.

- Michonne est ma meilleure amie.

- J'te le répète, j'vois pas où est le problème ! En plus t'es sûre de rien.

- Mais...Rick et Michonne qui s'envoient en l'air...c'est...c'est comme si Simba et Nala s'envoyaient en l'air eux aussi.

Atterré par mon argumentation proche du niveau zéro, il attrapa une nouvelle cigarette, me signifiant très clairement que je n'avais pas intérêt de reproduire mon petit numéro de jeune femme effarouchée respectueuse d'un règlement datant de bien avant l'apocalypse.

- Simba et Nala s'envoient en l'air, marmonna-t-il en inspirant une bouffée de nicotine.

- Quoi ?! N'importe quoi !

- Lola, soupira-t-il, à ton avis, pourquoi ils chantent L'amour brille sous les étoiles ?

- Bah...j'ai toujours cru que ça avait un rapport avec Timon et Pumba, me lamentai-je face mon rêve d'enfant brisé par une réalité bien trop monotone.

- T'es conne, s'esclaffa Daryl lorsque la porte s'ouvrit sur le shérif.

Les yeux écarquillés, je le détaillai en silence, me gardant bien d'émettre le moindre commentaire sur cette relation que je jugeais fort déplaisante compte tenu du fait que la samouraï était MA samouraï.

- C'est libre si vous voulez y aller, dit-il. Oh, et Lola, mauvaise nouvelle pour toi.

- Quoi ? m'écriai-je un peu plus fort que je ne l'aurais souhaité.

- Le gel douche est à la noix de coco.

***

Après avoir passé un certain temps sous le jet d'eau apaisant, tout en faisant abstraction de cette odeur nauséabonde jugée, à en croire l'emballage, tropicale et revigorante, je retrouvai les autres au rez-de-chaussée. Je descendis les dernières marches pour retrouver Nick en pleine discussion avec Jesus pendant que Rick faisait les cent pas sous le regard de Michonne. Après quelques minutes, le bureau s'ouvrit sur une Maggie au bord de la crise de nerfs.

- Je vous suggère de rentrer chez vous immédiatement, lança Grégory avec un semblant de supériorité. Les routes ne sont pas sûres la nuit.

- Et l'accord ? s'enquit le shérif.

- Un accord ? répliqua le chef de La Colline. Il n'y a pas d'accord. On ne fait pas la charité ici. Vous avez que dalle. Rien. Nada.

- On peut vous protéger des Sauveurs, reprit l'ancien flic dont la crispation de la mâchoire n'augurait rien de bon.

Le silence s'installa un court instant, troublé uniquement par le tic-tac d'une horloge provenant du cabinet dont je distinguais vaguement l'intérieur. Dire que l'ambiance était tendue relevait de l'euphémisme. L'air était brusquement devenu irrespirable, et cela n'avait rien à voir avec la poussière qui imprégnait les lieux. Aucun accord. Merde. Comment allait-on expliquer aux habitants d'Alexandria que nous avions échoué ? Et surtout, comment allions-nous endiguer cette famine qui lentement mais sûrement tissait sa toile autour de notre communauté ? La situation était critique. Peut-être même plus qu'avant notre départ.

- Nous n'avons pas besoin de votre aide. Les Sauveurs ne nous attaquent pas tant que nous respectons notre part du marché. Cependant, je veux bien faire quelque chose pour vous, parce que je suis sympa.

Rick le dévisagea de ses yeux d'acier. Sous son calme apparent, il fulminait, las d'être pris pour un con par cet abruti de première.

- Vous proposez quoi ? demanda-t-il.

- Mildred et Eleanor peuvent rester ici pour travailler. Ce sera un atout pour nous d'avoir deux jeunes femmes aussi belles et intelligentes.

- Maggie et Lola, rectifia l'aînée des Greene avec un mépris à peine dissimulé.

Quoi ? Moi ? Bosser ici ? C'était hors de question ! Plutôt mourir déchiquetée par une pelleteuse un soir de pleine lune. Je croisai les bras avec mauvaise humeur, outrée par cette blague de mauvais goût. Et à en voir leurs mines déconfites, mes compagnons partageaient mon agacement.

- Mais rassurez-vous, elles ne travailleront pas pour rien, je serai ravi de moi-même les récompenser pour les efforts fournis.

Ok. Alors là, c'était le pompon. Abraham attrapa Daryl juste à temps, le ceinturant avec la force d'un lion tandis que Maggie tentait désespérément de calmer Glenn. La porte d'entrée choisit cet instant précis pour s'ouvrir à la volée sur un homme asiatique que je reconnus comme étant celui qui montait la garde au sommet des barricades.

- Sauvé par le gong, marmonna l'archer en se libérant de l'emprise du rouquin.

- Seigneur ! Kal ! Que se passe-t-il ?

- Ils sont rentrés ! Ils sont rentrés !

Grégory se fraya un chemin parmi nous, ignorant délibérément les regards meurtriers que lui lancèrent Rosita, Aaron et Michonne.

- Quel connard misogyne, murmura Tara.

Un à un, nous nous dirigeâmes vers la sortie, curieux de découvrir les nouveaux venus. Le soleil de ce milieu d'après-midi m'éblouit tandis que je descendais les quelques marches de la demeure coloniale. La main en visière devant les yeux, j'aperçus deux hommes et une femme sur ce qu'on pouvait appeler la place du village. Une minuscule place, pour un minuscule village, certes. Du coin de l'œil, je repérai Bertie, l'afro américaine qui avait assisté à mon réveil mouvementé ainsi que le Docteur Carson. Les activités cessèrent au moment précis où le leader de tout ce petit monde fit quelques pas, bras écartés, prêts à souhaiter la bienvenue à l'équipe de revenants.

- Ethan ! lança-t-il à l'attention d'un brun à la barbe conséquente.

Les cheveux noués en queue de cheval, ce dernier s'avança, un brin nerveux. La tension était à son comble. Une sensation désagréable s'empara de moi, surfant sur ma peau blafarde à grand renfort de frissons glacés, sans aucun rapport avec les températures hivernales.

- Où sont les autres ? Où sont Tim et Marsha ?

- Morts, répliqua le dénommé Ethan.

Le sourire qu'affichait Gregory depuis notre arrivée s'affaissa brutalement pour céder sa place à un rictus que je ne connaissais que trop bien. Sous ses grands airs, cet enfoiré était mort de trouille. Il se tortilla quelques instants sur place, lorsque la jeune-femme prit la parole à son tour coupant court à sa démonstration de courage.

- Ils ont gardé Craig, dit-elle.

- Craig ? Mais enfin...pour quelle raison ? La livraison s'est mal passée ?

Ethan observa ses chaussures quelques instants, tandis que le troisième et dernier membre du trio expliquait d'une voix forte que le contenu de ladite livraison n'était pas suffisant.

- Ce n'est plus assez. Negan veut qu'on double le quota.

- Qu'on double...mais enfin c'est impossible ! Et que vont-ils faire de Craig ? s'écria Gregory en reprenant ses bonnes vieilles habitudes.

- Ils ont promis de l'épargner et de le ramener en vie si je te transmets leur message, déclara Ethan en s'approchant de son leader.

- Eh bien, parle ! C'est quoi ce message.

- Désolé Gregory, murmura-t-il avant de lui transpercer le ventre avec un couteau de chasse.

Eberlué, le vieil homme porta ses deux mains sur la plaie qui déjà, imbibait le tissu de sa chemise d'un fluide rouge dont l'odeur métallique se répandait dans l'air à la vitesse d'une traînée de poudre. Etouffant un cri de douleur, il s'effondra sur le sol poussiéreux. Rick et Michonne se jetèrent alors sur son agresseur pour le désarmer avant d'être pris à partie par la femme et le troisième homme dont j'ignorais les noms. En quelques secondes, le shérif se retrouva cloué au sol, malmené par Ethan qui tentait délibérément de l'étrangler. Ce fut sans compter sur Abe qui s'élança à son tour en compagnie de mon archer.

- Et maintenant ? soupira Tara devant ce spectacle dont la violence ne nous atteignait plus.

- Amenons ce connard à l'infirmerie, déclara Maggie. Barry ? Tu peux le porter ?

- Suis-je obligée de le faire Dame Maggie ? Cet être vil et rabougri vous a manqué de respect, à toi et à mon adorable Lola, clama le colosse en gardant ses énormes bras croisés sur son torse.

- Peut-être, dit-elle, mais maintenant, on a un moyen de pression.

Je reportai mon attention sur Daryl qui venait de casser le bras de l'assaillant aux cheveux courts pendant que Michonne assommait la brune avec la crosse de son sabre. De son côté, Rick égorgea Ethan avec une détermination à faire pâlir la détermination elle-même. Le sang gicla sur son visage déjà bien amoché pour finir sa course dans la terre en compagnie de son propriétaire. L'agresseur de Gregory s'étouffa, émettant des gargouillis insupportables sous les regards horrifiés de ses compatriotes. Une expression de détresse s'imprima dans ses prunelles à mesure que sa vie s'échappait par la plaie béante qu'il tentait de maintenir fermée avec sa main droite. Peu à peu, plus aucun son ne sortit de sa gorge. C'était terminé. Il avait accompli sa mission. Délivré son message à son destinataire. Fin de la transmission.

***

La nuit n'était pas encore tombée. Cependant, l'astre solaire commençait à décliner dans le ciel hivernal, se parant de nuances orangées qui flattaient agréablement mes rétines. La journée avait été mouvementée. Sanglante. La routine. Mais comme toujours, assister à ce spectacle époustouflant apaisait mes tourments. A bien y réfléchir, rares étaient les jours où la mort ne s'invitait pas. Je soupirai, abandonnant ma contemplation de l'extérieur par l'unique fenêtre avant de scruter mes compagnons. Nous étions tous entassés dans le bureau étouffant de Gregory. Qu'espérions-nous ? Qu'attendions-nous ? Je n'en savais strictement rien. Mais d'après Rick et Maggie, les événements qui s'étaient produits un peu plus tôt dans la journée, nous offraient un avantage conséquent. Toute cette histoire de Sauveurs commençait à sérieusement m'effrayer. L'inquiétude s'était pointée le jour où Daryl et moi les avions malencontreusement croisés lors de notre escapade en amoureux. S'ajoutait à cela la terreur de Nick à la simple mention de leur leader, l'embuscade de la station-service et maintenant...ça. Quelque part au fin fond de mes entrailles, la peur s'installait, me sommant de faire machine arrière. Mais qui étais-je pour décider ? A part suivre le mouvement, que pouvais-je faire ? Me transformer en une version féminine de Morgan refusant toute forme de violence ? Cette idée me sembla judicieuse...pendant un moment fugace cela dit. La violence faisait partie de notre quotidien. Vivre ou mourir...tuer ou être tué...tout le dilemme de nos existences était là.

- Comment va Gregory ? demanda Rick lorsque Jesus nous rejoignit.

- Il a mal, mais il va bien. Ethan n'a touché aucun organe vital.

- S'passe quoi avec les Sauveurs ? marmonna Daryl.

Jesus soupira. A en juger par sa mine déconfite, le problème était pire que tout ce que nous avions imaginé. Il planta son regard dans celui du chasseur avant de reprendre :

- On leur fourni la moitié de nos ressources. Récoltes, médicaments, ce qu'on trouve en ravitaillement.

- Et vous acceptez ça ? sourcilla Maggie, quelque peu surprise par cet accord.

Un silence pesant s'installa. Raiponce n'eut pas besoin d'en dire plus. Ce qui s'était produit n'était pas très difficile à comprendre.

- Combien ? demanda Nick qui ne connaissait que trop bien Negan et ses hommes.

- Un, répliqua le jeune homme dont l'expression du regard témoignait d'une détresse abyssale. Rory. Il avait seize ans. Ils l'ont battu à mort histoire qu'on comprenne bien les règles du jeu.

Rick s'approcha de la fenêtre pour observer la paisible communauté. Les traits tirés, notre leader semblait à cran. Et comment pouvait-on lui en vouloir. Après le désaccord qui l'avait opposé à Gregory, il s'était une nouvelle fois douché à l'hémoglobine, ce qui, il fallait bien l'admettre, devait commencer à peser lourd sur sa conscience. Après quelques instants marqués par un mutisme à toute épreuve, il nous regarda un à un, une expression entre l'arrogance et le respect accrochés sur son visage, puis, se tourna vers le ninja de l'apocalypse.

- On ne va pas se contenter de vous protéger. On va tuer ces connards jusqu'au dernier.

Ah ? Première nouvelle...moi qui pensais qu'il en avait sa claque des tueries...je m'étais bien plantée...preuve que mon sens de l'observation était à chier. Je levai les yeux vers mes compagnons pour constater qu'aucun d'eux, Barry y compris, n'étaient surpris par cette décision. Je me tassai un peu plus dans mon siège, ramenant les genoux contre ma poitrine pour y poser mon menton.

- Tu ne connais pas Negan, répliqua Jesus.

- Et toi, tu ne nous connais pas. On s'est débarrassé de problèmes bien plus conséquents.

- Que les choses soient claires, déclara mon archer, m'arrachant au passage un sursaut de surprise. On va buter cet enfoiré de Negan, on va buter ses hommes, mais en échange, on veut d'la bouffe, des médocs et une foutue vache.

- Qu'est-ce-que tu veux faire d'une vache ? demandai-je, ahurie.

Les regards se tournèrent vers moi, accompagnés de sourires amusés. Ok. Visiblement, j'avais encore sorti une bourde. Je me ratatinai dans mon siège, me contentant d'observer Rick et Jesus discuter.

- Les livraisons s'effectuent ici, annonça Raiponce en déroulant une carte sur le bureau. Une fois par semaine. On leur apporte la moitié de tout ce qu'on possède : médicaments, récoltes, munitions.

- Bien, donc c'est là-bas qu'on va mettre un terme à tout ça. Je crois qu'il est temps d'avoir une nouvelle discussion avec Gregory, annonça l'ancien flic.

- Il ne veut parler qu'à Lola, indiqua celui qui m'avait sauvé lors de mon escapade désastreuse au centre commercial.

- MOI ?! m'écriai-je en écarquillant les yeux. Mais pourquoi moi ?

- Je crois qu'il t'aime bien.

- C'est bien ma veine, me lamentai-je en me levant.

Rick s'approcha de moi, un sourire navré aux lèvres.

- Je compte sur toi pour te montrer persuasive, dit-il simplement.

- Avec cette de nœud ça va être compliqué.

- J'ai confiance en tes talents de négociatrice.

Je pouffai discrètement, me remémorant les pensées que j'avais eu un peu plus tôt dans la journée concernant ceux de Maggie. Puis, avec un soupir quelque peu exagéré, je suivis Jesus jusqu'à la chambre du leader de La Colline.

***

- Entrez, lança la voix faiblarde de Gregory.

Je m'exécutai avant de refermer la porte derrière moi. Je fus accueillie par une clarté étouffée par les rideaux tirés et une odeur de désinfectant. Détaillant la pièce quelques instants, je reportai mon attention sur l'homme dégarni étendu dans son grand lit à baldaquin. Les draps blancs échappés d'un couvre lit en velours rouge remontaient jusqu'à sa taille, me laissant tout le loisir de découvrir son abdomen protégé par un gros pansement.

- Pardonnez la pénombre Lola. Les antibiotiques que je prends sont photo-sensibilisant.

Lola ? Tiens, il avait retenu mon prénom. J'avançai jusqu'au pied du lit pour me tenir face à lui. Du haut de mon mètre soixante, je voulais quoi ? L'impressionner ? Compte tenu de son état, ce n'était pas franchement nécessaire, mais ça m'amusait.

- Vous avez mal ? demandai-je plus par politesse que par un quelconque intérêt pour sa petite personne.

- Je souffre le martyr, répondit-il. J'ai l'impression que mes organes se sont fait déchirer de l'intérieur et qu'ils ne demandent qu'à sortir de mon corps.

« Ce serait peut-être pas une mauvaise idée », songeai-je avec une forme d'amusement un brin sadique.

- Alors, repris-je en m'appuyant contre le montant du lit, apparemment, ce qui n'était pas un problème tout à l'heure, en est un à présent.

- De quoi parlez-vous ?

- Les Sauveurs. On dirait que, malgré tous vos efforts et votre...bonne volonté, ils veulent quand même votre mort. Ennuyeux, n'est-ce-pas ?

Je me félicitai intérieurement, plutôt fière de mon petit numéro de dure à cuire.

- Et que proposez-vous Lola ?

- Eh bien, poursuivis-je tout en faisant mine de réfléchir, j'imagine qu'on doit pouvoir vous débarrasser de ce petit embarras.

- Vous feriez ça ? s'exclama-t-il, soudain très intéressé par mes paroles.

Gardant le silence quelques instants, la pseudo négociatrice qui sommeillait en moi commença à faire quelques allers et venues dans la pièce, allant même jusqu'à jeter un œil à l'extérieur avant de me retourner vers cet homme que j'exécrais.

- Rien n'est gratuit Gregory. Comme vous l'avez si bien dit tout à l'heure, la charité n'a plus vraiment de place dans ce monde.

Il se tut un instant, me permettant ainsi à continuer de faire grimper la tension en m'installant à son chevet. Je passai une main sur le bandage qui protégeait la plaie fraîchement recousue et plantai mon regard dans le sien.

- J'imagine que c'est très douloureux.

- Vous n'avez pas idée.

- Alors, je vous laisse le loisir d'imaginer la douleur qu'on doit ressentir en se faisant dévorer vivant.

- Ces...choses, ne rentrent pas ici, déclara-t-il, outré par mes dires.

- Mais...je ne parle pas des rôdeurs. Le colosse qui attend sagement derrière cette porte est l'un de mes meilleurs amis. Il m'a sauvé la vie de très nombreuses fois, et, c'est un homme charmant lorsqu'on ne le contrarie pas.

Je me levai à nouveau, et recommençai à faire les cent pas. Mon esprit dérangé commençait à comprendre pourquoi Rick aimait tant ça. C'était un plaisir incommensurable d'imposer ce suspense aux autres. Encore plus lorsqu'il s'agissait d'un enfoiré de premier ordre.

- Cela étant, il n'a pas hésité à dévorer sa mère. Vous pensez donc bien, qu'en ce qui vous concerne, il n'aura aucune hésitation si vous ne respectez pas votre part du marché.

- Et ce marché, quel est-il ? déglutit-il, un soupçon d'horreur figé dans ses prunelles.

- On s'occupe de votre problème de Sauveurs, on vous débarrasse de Negan et en contrepartie on veut la moitié de vos ressources. Récoltes, nourriture, médicaments. La moitié. Ni plus, ni moins.

- Et qu'est-ce-que je gagne moi dans tout ça ?! C'est déjà ce que me prend Negan ! Pourquoi traiterais-je avec vous plutôt qu'avec lui ?

- On vous laisse la vie sauve, et, contrairement à lui, on ne vous demandera jamais plus. C'est à prendre ou à laisser. A vous de voir, ajoutai-je en haussant les épaules dans une attitude tout à fait nonchalante.

Il réfléchit quelques instants, toussotant à intervalles réguliers avant d'abdiquer bon gré mal gré.

- Bien. Nous avons un accord. Autre chose ?

- Puisque que c'est si gentiment proposé oui. On prendra une de vos vaches.

- Pourquoi faire ?

- A part du lait et du fromage vous voulez qu'on en fasse quoi, soupirai-je comme si la question que j'avais moi-même posée un peu plus tôt tenait de l'idiotie. Et une dernière chose, j'aimerai que vous arrangiez une entrevue avec le Docteur Carson pour mon amie Maggie.

***

Lorsque nous reprîmes enfin la route, la nuit était quasiment tombée. Chargé de nombreuses victuailles, le camping-car respirait d'une humeur bonne enfant à laquelle la photo de l'échographie du bébé et Glenn et Maggie n'était pas étrangère. Le cliché circulait de main en main, provoquant chez chacun un sourire ému proche de la béatitude. Seul Abraham semblait ne pas se réjouir du bonheur du couple Rhee. Il observa l'image, les sourcils froncés avant de la rendre au jeune homme coréen.

- Dis-moi, quand t'as trempé ton biscuit, t'avais l'intention de faire une charlotte ?

Je m'esclaffai silencieusement, amusée par cette métaphore pleine de subtilité.

- Oui et non.

- Si tu veux mon avis, il faut une sacrée paire de couilles pour faire ça.

Glenn ne répondit rien, se contentant de se perdre dans les yeux de sa femme. Affalée contre mon chasseur, je les contemplai, m'interrogeant sur la maternité. Les choses avaient toujours été claires pour la ballerine un peu barrée que j'étais. Même avant ce bordel. Et pourtant, un changement s'opérait en moi. Quelque part, sans le vouloir, un sentiment inconnu s'était en insinué dans mes entrailles. J'ignorai ce que l'avenir me réservait, cependant, sentir un enfant grandir à l'intérieur de moi commençait à sérieusement me titiller les neurones.

- A quoi tu penses Casse-Noisette ? murmura Daryl à mon oreille.

- Rien, répliquai-je à voix basse. Mon esprit me joue des tours, ajoutai-je avant de me caler un peu plus contre lui.

Il déposa un baiser sur mon front, tandis que Rick et Jesus discutaient à l'avant. Le justicier à la chevelure de rêve avait pris la décision de nous accompagner histoire de nous épauler dans notre quête d'éradication des Sauveurs. Je reportai mon attention sur le jeune homme brun qui s'occupait des livraisons avec ces derniers. Son nom m'échappait, mais ce dont j'étais certaine, c'était que le shérif ne lui avait pas laissé le choix. Il avait imposé sa présence pour régler cette affaire. Le bras en écharpe depuis que le chasseur le lui avait brisé, il regardait le paysage défiler par la fenêtre. L'inquiétude marquait ses traits plutôt avenants. Et comment lui en vouloir ? Il se retrouvait embarqué malgré lui dans quelque chose qui nous dépassait tous. Je fermai les yeux, cherchant derrière mes paupières closes un semblant de paix intérieure...En vain. Ce qui nous attendait, me terrifiait. Peut-être étais-je devenue trop méfiante. Mais après tout ce que nous avions vécu depuis le début de l'épidémie, je savais pertinemment que rien n'était simple dans ce monde dévasté. Je soupirai mollement, bercée par la conduite du shérif avant de sombrer imperceptiblement dans un sommeil qui promettait d'être tourmenté.

A suivre...

Voilà voilà ! J'espère que ce chapitre vous aura plu ? Il annonce pas mal de choses et les prochains chapitres risquent d'être très mouvementés !

A très bientôt !

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