Chapitre 13 - Jesus Superstar

Le voici le voilà ! Il est enfin là !!🎉🎉 Après avoir bloqué plus de deux mois dessus j'ai enfin le plaisir de vous le poster ! J'espère qu'il sera à la hauteur de vos attentes !

Petit rappel : Aiden a tiré sur Lola et l'a abandonné dans le centre commercial. Elle a trouvé refuge dans un conduit d'aération. De son côté, Daryl est parti avec Carol et Barry pour la retrouver.

Musique : Disturbed - the sound of silence

Bonne lecture !
***

Chapitre 13 - Jesus superstar

LOLA

Bon. Être coincée dans un conduit d'aération, avec pour seule compagnie les grognements de mon fan club de l'apocalypse, n'avait rien de réjouissant. Certes. Cependant, il fallait relativiser. Si l'on mettait de côté ma cuisse éventrée, mon estomac qui, pour une raison incongrue criait famine et mon unique chaussure, les choses ne se présentaient pas si mal que ça. Après tout, bien à l'abri dans mon boyau métallique, je ne craignais pas grand chose...hormis bien entendu, l'éventualité de me vider lentement mais sûrement de mon sang. L'espace d'une seconde, je m'imaginai, agonisante dans cette carcasse de métal tandis que mon fluide vital s'échappait en un flot régulier de ma plaie béante. Il fallait se rendre à l'évidence. Les chances de me sortir de cette situation étaient minces. Très minces. J'avais beau avoir acquis une certaine expérience depuis le début de l'apocalypse, les choses n'étaient pas non plus idylliques. J'attrapai mon glock pour en vérifier le chargeur. Vide. Dieu merci il me restait toujours ma fidèle hachette. Bordel de merde ! Je me redressai subitement, me cognant le haut du crâne contre la paroi métallique au passage, quand je réalisai que mon arme de prédilection avait déserté son emplacement habituel à la ceinture de mon jean. Un soupir dépité s'échappa de mes lèvres tandis que je luttais contre l'envie irrépressible de me mettre à pleurer. Ou à rire. Étant donné les circonstances pour le moins...merdiques, le contrôle de mes émotions m'échappait.

Ahurie d'avoir égaré ma lame, je m'effondrai à nouveau sur le dos. « Me voilà bien, » songeai-je avec effarement. J'allais crever ici comme une pauvre merde, puis me transformerai en une espèce de bouffeuse de viande rabougrie qui errerait à jamais dans ce conduit d'aération avant de mourir une seconde fois faute de nourriture. D'ailleurs, les rôdeurs pouvaient-ils mourir de faim ? Je ne m'étais jamais posé la question. Secouant la tête histoire de me remettre les idées en place, j'inspirai à plein poumons. Il fallait sortir d'ici.

Après quelques secondes de réflexion, durant lesquelles je me lamentai telle une âme en peine, je tentai de me rapprocher du bord pour constater avec un soupir de désespoir que mes amis les cadavres continuaient de s'empiler contre le distributeur. Au train où allaient les choses, ils finiraient par former une montagne cadavérique qui les mènerait tout droit vers le met délicieux que j'étais. D'un coup d'œil, je repérai mon arme, piétinée quelques mètres plus bas aux côtés de ma fidèle Doc Marten. « Ok. On ne panique pas. Tu as connu pire Lolita ».

- Putain de bordel de merde ! m'époumonai-je à bout de nerfs, excitant un peu plus les rôdeurs au passage. C'est le putain de pompon de cette putain de pomponette à la con !

Pestant et repestant sur tout et sur rien, je retirai ma veste en jean et déchirai un pan de mon débardeur pour l'enrouler autour de ma cuisse. « A la guerre comme à la guerre Lola », soupirai-je une nouvelle fois. J'observai les lieux un instant, me concentrant essentiellement sur cette foutue porte qu'Aiden avait condamné avant de me laisser pour morte. Mon estomac se contracta à l'évocation de cet enfoiré de Monroe. Comment avais-je pu me faire avoir aussi facilement ? C'était un lâche. Il l'avait toujours été. Et il avait suffit que je baisse ma garde une fraction de seconde pour qu'il prouve à nouveau qu'il n'était rien de plus qu'un connard d'opportuniste. Le connaissant, il devait déjà être en route pour Alexandria, élaborant une histoire rocambolesque sur son héroïsme et ma mort tragique. Qui y croirait ? Deanna ? Probablement. Et Daryl ? Non. Jamais. Je connaissais l'archer mieux que personne. Et force était de constater qu'il ne goberait pas un traître mot sortant de la bouche de cet abruti. Je visualisais parfaitement ses traits se tordre sous l'effet de la colère. Il en viendrait aux mains avec le pseudo instructeur de l'armée avant de foncer tête baissée pour venir me chercher. Parce qu'au fond il saurait. Il saurait que je n'étais pas morte. Au gré des années et des aléas de nos vies pathétiques, un fil rouge s'était tissé entre le chasseur et moi. Une espèce d'intuition, incompréhensible pour le commun des mortels, mais qui tout au long de nos existences n'avait fait que se renforcer. Se nourrir de nos sentiments, de nos corps, de nos séparations forcées. Nous ne formions qu'un seul et même être. Daryl faisait partie de moi. Il était ancré en moi. Tout comme je l'étais en lui. Rassérénée par cette pensée, je pris une profonde inspiration, avalant un filet de poussière au passage qui, combinée à l'odeur de putréfaction qui régnait dans le centre commercial n'était ma foi pas si désagréable. Ok. Je touchais le fond. Un sourire faiblard apparut sur mes lèvres avant de s'étirer un peu plus tandis qu'inconsciemment, je me mis à rire. Doucement, d'abord. Puis, je me laissai tomber sur les fesses, ravagée par un fou rire tout aussi incontrôlable qu'inattendu.

***

DARYL

Lola. Putain de merde. J'la sens. Quelque part. A l'intérieur de moi. Elle est là. J'le sais. Et j'sais aussi qu'elle fait tout ce qu'elle peut pour s'tirer du merdier dans lequel elle s'est encore fourrée. Bordel. Ma gonzesse est un putain d'aimant à emmerdes. Cette foutue expédition, j'la sentais mal. Et cet abruti d'Eugene qui s'est tiré. Sans s'inquiéter pour elle. Ou pour Bob. Enfin, j'ai rien contre l'infirmier. Mais à part Casse-Noisette, le reste je m'en tape dans les grandes largeurs.

J'accélère un peu plus. Le ciel se couvre. Les nuages s'amoncellent. De la pluie. Manquait plus que ça. J'pense à la horde. A cette putain de carrière. A ce semi-remorque à la con. Si l'orage s'éternise, l'engin va s'casser la gueule. Et merde. La route défile. C'est à peine si je prête attention au van qui me suit. Et je m'interroge sur Carol et Barry. De quoi est-ce-qu'ils causent ? Connaissant le poète, il doit être en train de s'extasier sur un escargot. J'soupire. Tu parles d'un bras cassé. Mais il est là. Pour elle. Contrairement à sa mère qui m'a supplié de la ramener saine et sauve. Elle a pas bougé le petit doigt pour m'accompagner. Le sang bout dans mes veines. Cette bonne femme est une énigme. Y a encore quelques semaines elle m'faisait tout un cinéma sur pourquoi elle avait dû abandonner ses gamines. Et aujourd'hui, c'est à peine si elle s'intéresse à celle qui est encore en vie. J'la comprends pas. Elle me gonfle avec ses airs de vierge effarouchée. Merde. J'la sens pas. Putain de bordel de merde ! Voilà que j'me transforme en Lola à me battre avec mes pensées tordues. Et j'souris. Comme un ado prépubère. Voilà ce qu'elle a fait de moi. Foutue gonzesse.

Les paysages défilent et se ressemblent. Ça doit faire une heure qu'on roule. J'en sais rien. J'perds la notion du temps. J'reste concentré sur elle. Parce qu'elle est tout ce qui compte. Parce qu'elle est ma nana. Ma femme. Ma foutue raison de vivre. J'remarque à peine les vitrines éventrées du patelin qu'on est en train de traverser. Les cadavres qui jonchent les rues. L'odeur de pourriture. Le désert. Tout ça, j'y prête plus attention depuis des siècles. Finalement, ce monde dans lequel on vit, est pas si mal. Parce que maintenant, elle est là. Elle est toujours là. Elle part plus à l'autre bout du monde. Elle fréquente plus d'autre gugus. Ouais. J'suis qu'un putain d'égoïste. Je l'ai toujours voulu pour moi. Je l'ai toujours désirée. J'crois qu'au fond, j'ai toujours été accroc à elle. Même quand elle était qu'une gamine.

Un coup de klaxon. J'reviens à moi et j'jette un œil par dessus mon épaule. Le van ralentit. Carol me fait signe par la fenêtre. Et là, j'vois ce fils de pute de Monroe qui court comme une gonzesse, une bande rôdeurs au cul. J'accélère. J'attrape mon glock et j'en dégomme un premier. Aiden se casse la gueule avant de grimper sur une benne à ordure. Ce trou du cul est vraiment un bon à rien. J'dérape en faisant demi tour. Je bute un deuxième bouffeur de viande, un troisième, pendant que Barry prend le relais. J'me dirige vers la planque du fils à maman.

- Grimpe, j'marmonne.

Lui sauver la peau ça m'colle la gerbe. Mais ma gonzesse est pas là. Et j'veux des réponses. Carol et le colosse se débarrassent des derniers cadavres. J'ralentis en arrivant à leur hauteur.

- Archer, permets-moi de te féliciter. Une nouvelle fois, tu as fait preuve d'un héroïsme hors norme, s'extasie le colosse.

Tu parles d'un extra-terrestre. Mais au fond, je l'aime bien. C'est un type bien. Même si c'est probablement le mec le plus barré de cette foutue apocalypse.

- Ouais euh...merci.

Mon amie toise l'autre connard du regard. Ce regard. Celui qui ferait chier n'importe quel dur à cuire dans son froc.

- Où est Lola ? elle demande avec un calme olympien.

Comment elle fait ? Tout c'que j'ai envie de faire c'est d'choper cet enculé par les couilles pour lui faire cracher le morceau. Elle le sait. C'est pour ça qu'elle a pris les devant. Cette bonne femme est pas croyable. Monroe prend tout son temps pour descendre de ma bécane. Il tremble des pieds à la tête. Mais son putain d'air arrogant lui colle toujours autant à la peau. Bordel de merde je déteste ce type.

- Merci du coup de main, il déclare avec un sourire crispé.

- Ferme ta gueule et réponds à la question, je grogne.

Il se crispe un peu plus. Il s'dandine d'un pied sur l'autre. Bordel, il est cousin avec l'autre scientifique de mes deux ou quoi ?

- Fils aîné de Deanna, je t'en conjure, indique nous sans plus tarder l'endroit où se trouve notre adorable Lola, ordonne Barry d'un ton apaisant.

- Je...je ne sais pas, il bredouille.

C'en est trop. J'le chope par le col de sa chemise, hors de moi.

- Daryl, tente de m'apaiser Carol.

- Nan, ça suffit, ce fils de pute se fout d'notre gueule. Où elle est ? j'aboie en le plaquant contre la vitrine d'un pressing.

- Lâche-moi espèce de dégénéré !

- L'dégénéré il va t'apprendre la vie, j'éructe en lui collant mon poing dans la gueule.

J'resserre ma prise. J'ai envie d'le cogner. Encore. Et encore. Cet enculé mérite que ça.

- Ici t'es plus à l'abri dans ta putain de ville de bourges. T'es sur mon territoire maintenant. Et maman sera pas là pour te sortir de la merde.

- Si tu me tues, ma mère te foutra dehors. Toi, et tes connards de potes.

- Dame Deanna est un sacré bout de femme, intervient Barry. Mais ne sous estime pas la colère d'un cœur épris d'un amour aussi pur que celui de notre archer.

Pourquoi faut toujours qu'il en fasse des caisses ?!

- Et puis, il ajoute en s'rapprochant, j'ai mangé ma mère. C'était une femme imposante, terrifiante. Mais, lorsque je me suis délecté de sa chair encore chaude, elle ne ressemblait plus qu'à une bavette...sans la sauce à l'échalotte, il rajoute d'un ton plat.

J'aperçois Carol qui tressaute, les lèvres pincées. Probablement pour ne pas éclater de rire.

- Tu...mais bordel vous êtes tous cinglés ! réplique l'autre, les yeux écarquillés.

Le colosse me pousse brutalement. Ses yeux sombres n'ont plus rien de bienveillants. J'y vois de la haine. La même que ce jour là. Ce jour où on l'a retrouvé dans les bois. Seule. Terrifiée. Brisée. Sa grosse main s'referme autour du cou du fils Monroe. Il le soulève de terre. Comme un putain de sac poubelle.

- Parle fils aîné de Deanna.

L'autre se pisse dessus. Littéralement. Carol croise les bras. Elle ne dit rien. Elle observe. La situation a l'air de l'amuser.

- Elle...Y a eu une explosion. Nicholas et Bob sont morts.

Il s'étouffe à moitié. Son teint vire au bleu. Et la panique, elle envahit son regard. Parfait. Qu'il se chie dessus.

- Repose-le Barry, soupire la cinquantenaire.

- Pourquoi ?

- Tu vois bien qu'il a du mal à respirer.

- On s'en cogne, j'réplique. Cet enculé peut bien crever. Rien à foutre.

- On ne sera pas plus avancé pour retrouver Lola.

Barry se tourne vers moi. Quoi ? Il attend ma bénédiction ? Je fulmine. Mais j'abdique. D'un signe de tête. Le colosse s'exécute pendant que l'autre s'écroule sur le sol. Il tousse. Il crache. Il lutte pour retrouver son souffle.

- On s'est retrouvé coincé, il reprend. Les rôdeurs...ils nous ont encerclés...Et tout est allé très vite...elle s'est fait mordre et...

- Connerie ! j'aboie en me jetant sur lui.

Il se débat sous les coups. Ses os craquent. Il se tord de douleur. Lola. Mordue ? Putain de connerie. J'en crois pas un mot. Non. Je refuse. J'peux pas y croire. Elle peut pas crever. Pas comme ça putain ! Non. Non. Non. Ma repsiration s'accélère. Je pète un câble. Mes sens me lâchent. Ma vision se brouille. Tout ce que je vois c'est elle. Non. Putain non.

- Daryl !

J'entends plus rien. Je vois plus rien. J'suis dominé par la colère. Par la rage. Par cette envie démesurée de buter cet enculé. Il pleut à torrent maintenant. L'eau ruisselle sur l'asphalte. Elle se teinte de rouge à mesure que je le cogne. Encore. Et encore.

- Daryl ! Tu vas le tuer !

- Rien à foutre ! je hurle.

J'sens à peine les deux bras de Barry qui me tirent en arrière. J'suis plus là. J'suis plus rien. Rien. Le néant. Le vide. Total. Sourd. Brutal. Lourd. Abyssal.

- Calme toi Archer. Cet homme ment. J'en suis intimement convaincu. L'adorable Lola est bien plus débrouillarde que ça. Elle est là quelque part. Et elle t'attend.

Mon rythme cardiaque ralentit. Lentement. J'aperçois Carol qui relève l'autre trou du cul. Il avait déjà une sale gueule avec la raclée que j'lui ai collé à sa soirée d'anniversaire. Mais là, il est amoché. Sacrément même. Son p'tit air suffisant à déserté son visage. Il ressemble plus à rien. Et d'le voir comme ça...ça m'plaît.

- J'suis désolé mon pote, il bredouille.

- C'est des conneries, je grogne. J'vais la chercher, j'ajoute en me dégageant de l'emprise du poète.

La cinquantenaire acquiesce. Elle fait signe à Barry de s'occuper du fils Monroe et s'approche de moi. Elle me sert dans ses bras. A part Casse-Noisette, j'laisse personne être aussi proche de moi. Mais avec Carol c'est différent.

- Je ne sais pas comment on va expliquer ça à Deanna, mais je trouverais quelque chose, elle murmure. Retrouve Lola. Et dis lui qu'elle doit absolument goûter mes derniers cookies.

J'souris malgré moi. Ma respiration a retrouvé son rythme normal. J'la remercie. En silence. Parce que c'est comme ça entre nous. Et j'remonte sur ma bécane. J'lance un dernier regard reconnaissant à mes potes. Le moteur gronde quand j'démarre en trombe. Et j'pense à elle. « J'arrive Casse-Noisette ».

***

LOLA

Mon sens de l'orientation était à chier. Ce n'était pas un scoop. Merle s'était d'ailleurs chargé de me le rappeler lorsque Daryl, et moi avions fait équipe avec lui après notre fuite de Woodbury. Avec un sourire empreint de nostalgie, je songeai quelques instants à mon frère d'adoption, m'interrogeant sur ce qu'il serait devenu si le Gouverneur n'avait pas fait son œuvre. A n'en pas douter, il aurait fini par s'intégrer au sein de notre groupe...enfin, intégrer était un bien grand mot. Je l'imaginais plutôt balancer des vannes à tout le monde, réussissant même à exaspérer le Père Gabriel qui, ces dernières semaines, s'apparentait à une version post apocalyptique d'un Bisounours. Bizarrement, moi qui avait toujours fuit ce qui avait un lien avec la religion, j'éprouvais désormais une certaine tendresse envers cet homme d'église qui mettait tout en œuvre pour se repentir. Rick l'avait vu aussi. Le prêtre changeait au fil des jours. Malgré des débuts difficiles, il avait finalement trouvé sa place au sein de notre communauté. Mais encore une fois, je me perdais dans mes pensées au lieu de me concentrer sur mon labyrinthe de métal.

Je tournais en rond depuis plus d'une heure lorsque je décidai de faire une pause...histoire de me remettre les idées en place. Toute ma vie n'avait été qu'une suite de catastrophes. Et cet après-midi n'en était que la suite logique.

- C'est pas nouveau Lola chérie, t'es un boulet ambulant.

Je sursautai, fronçant les sourcils tandis que Merle se tenait assis face à moi, son sourire goguenard collé aux lèvres.

- Bah alors la bouffeuse radis, t'as perdu ta langue ? Me dis pas que c'est mon frangin qui te l'a bouffé ?

Devant mon absence de réponse, il s'esclaffa un peu plus, sa voix rocailleuse résonnant en écho sur les parois métalliques.

- Je pensais qu'il te bouffait autre chose...mais bon, c'est pas mes affaires.

- Ferme ta gueule, m'écriai-je, hésitant entre rire et pleurer.

- Tu tiens vraiment à ce que je la ferme ? Avoue que ma compagnie t'a manqué.

- Ta poésie surtout, grommelai-je, consciente que je parlais probablement toute seule.

Perturbée par cet échange improbable, je fermai les yeux quelques instants. Bon. J'étais cinglée. C'était une certitude. Mais entretenir une conversation avec un mort...En définitive, il devenait évident que je perdais la boule. Mon esprit dérangé se gangrenait de plus en plus. Sûrement un effet secondaire de la malnutrition. Ou des coups que j'avais pris sur la tronche depuis le début de l'apocalypse. Après quelques secondes au cours desquelles je passais en revue de nombreuses hypothèses concernant ma santé mentale, j'entrouvris les paupières pour découvrir que le frère aîné de Daryl avait disparu, me laissant seule avec moi-même. Encore. Une boule douloureuse se forma lentement dans ma gorge tandis que mon barrage lacrymal cédait peu à peu, laissant ses perles salées s'écouler en silence sur mes joues. Outre la douleur physique causée par cet enfoiré d'Aiden, c'était mon être tout entier qui souffrait. D'une douleur sourde, empreinte d'une colère noire. J'allais crever. Purement. Simplement. Et dans la solitude la plus totale. La lucidité avec laquelle je faisais face à cette situation me surprenait. Tout autant qu'elle m'effrayait. Pas de panique. Pas de hurlements désespérés. Rien. Si ce n'était une parfaite conscience de ce qui allait arriver. D'abord, il y aurait le sang. Sans surprise, celui-ci n'avait cessé de s'échapper de ma cuisse. Il suffisait d'observer mon bandage de fortune imbibé pour s'en rendre compte. Puis il y aurait la déshydratation. La faim. Une agonie qui s'étirerait. Encore et encore. Les choses se présentaient mal. Je le savais. Sinon...pour quelle raison avais-je pensé au Père Gabriel ?! Après tout, à part quelques banalités, nous avions très peu échangé depuis qu'il nous avait rejoint. Voyais-je en lui un signe de ma mort prochaine et ainsi de ma rencontre avec le créateur ? « Tu es ridicule Lolita », me sermonnai-je. Avec une grimace, j'essayai de m'asseoir, me tortillant aussi aisément qu'un poulpe obèse dans une boîte à chaussures pour polly pocket. Fais chier, me crispai-je en étendant mes jambes autant que possible. Après quelques minutes d'une lutte acharnée pour trouver une position plus ou moins confortable, je dénouai mon bandage inondé d'hémoglobine. La plaie n'était pas belle à voir. J'observai l'impact, rond, d'une symétrie quasi parfaite autour duquel ma peau, rougeoyante et luisante avait commencé à se boursoufler. Je passai mes doigts derrière ma cuisse, cherchant la même blessure, preuve que la balle aurait traversé. En vain. Ce putain de morceau de métal était tellement ancré dans ma chair que je pouvais presque le sentir palpiter à travers mon épiderme brûlant. « Et maintenant ? », m'interrogeai-je silencieusement en essuyant la sueur de mon front d'un revers de la main. Je ne m'attardai pas sur la température élevée que je ressenti à ce simple contact. La fièvre avait commencé son travail depuis un moment. J'en étais consciente. Ma plaie s'infectait au fil des heures. Et à part retirer la balle de ma cuisse je n'avais pas d'alternatives. Cependant, en l'état actuel des choses, sans matériel adapté, hormis me mutiler un peu plus, je n'arriverais à rien.

Daryl. Se doutait-il qu'il m'était encore arrivé des bricoles ? Comment le pourrait-il, soupirai-je en me tassant un peu plus contre le conduit, Bordel de merde. Il me fallait une solution. Là. Maintenant. Tout de suite !

- Je t'en supplie Daryl...viens me chercher, suppliai-je à voix basse

- Il te cherche, murmura la voix de Beth.

Étouffant un cri de surprise, je me plaquai contre la paroi métallique alors que devant mes yeux écarquillés, la jeune Greene me regardait tendrement. Je la détaillai en silence, m'arrêtant sur son cou gracile orphelin de l'entaille causée par le Gouverneur. Le teint plus pâle que d'ordinaire, ses iris bleus me fixaient.

- Comment t'es arrivée là ? soufflai-je.

- Je suis avec Lori, répliqua-t-elle comme si c'était la chose la plus naturelle au monde, on te cherchait.

- Pourquoi ça ? demandai-je en fronçant les sourcils.

- Il faut que tu sortes d'ici, répondit la grande brune en apparaissant subitement.

Merde. Mais putain de merde ! D'abord Merle et maintenant...Qu'est-ce-qui m'arrivait ?! Je délirais complètement...foutue fièvre ! « Ok Lola Ok...respire calmement...c'est pas le moment de partir en vrille ». Je détaillai un instant l'ex femme du shérif avec un pincement au cœur. J'avais très peu pensé à l'épouse Grimes depuis son décès. Force était de constater que les derniers instants de notre cohabitation ne nous avaient pas rapprochées. Au contraire. Mais malgré tout, et pour une raison que je ne comprenais pas, j'étais heureuse de la voir.

- Suis-nous, ajouta-t-elle, on a trouvé une sortie.

Abandonnant mon bandage derrière moi, je me remis à quatre pattes, et recommençai à ramper, les pupilles rivées sur la queue de cheval blonde qui avançait devant moi. Sauvée par des fantômes...bordel de merde. C'était officiel. Lola Collins avait perdu la boule. Je m'esclaffai bêtement, tandis que mes amies tournaient à droite avant de s'immobiliser au dessus d'une grille. La jeune Beth se retourna avec un sourire plein de tendresse.

- Ici, tu seras en sécurité, déclara-t-elle en indiquant la pièce qui se dessinait à travers les croisillons métalliques.

- Il ne devrait plus tarder à présent, ajouta Lori.

- Qui ça ? Daryl ?

- Evidemment, soupira-t-elle.

Je jetai un coup d'oeil plus bas pour distinguer un bureau, des étagères et un petit canapé. Pas de rôdeurs en vue. Ce qui, je devais bien l'admettre, était une excellente nouvelle. Je reportai mon attention sur les deux jeunes femmes, pour découvrir que tout comme Merle, elles avaient disparu.

- Quelle journée, murmurai-je la gorge serrée.

Après quelques secondes au cours desquelles je m'arrachai des lambeaux de peau tout en luttant pour soulever la grille rouillée qui devait peser deux ânes morts, j'inspectai un peu plus en détails mon oasis au milieu du centre commercial. Mes yeux se posèrent instantanément sur une bonbonne d'eau chargée du précieux liquide. Sans réfléchir plus longtemps, je me glissai avec une grimace dans l'ouverture pour me laisser tomber quelques mètres plus bas. C'était sans compter sur mes jambes qui, engourdies par la douleur et la position peu orthodoxe adoptée depuis que je m'étais retrouvée dans ce foutu conduit, refusèrent de me porter et se dérobèrent sous mon poids.

- Fais chier, marmonnai-je en me redressant péniblement.

La ballerine avait définitivement perdu sa grâce. Incapable de me remettre debout tant l'engourdissement de mes membres inférieurs était puissant, je rampai jusqu'au distributeur d'eau, et me jetai sur lui comme une enragée, ouvrant le robinet sans prendre la peine d'attraper un gobelet. Je bus directement au goulot, à grandes gorgées, assoiffée, terrifiée, mais surtout épuisée. Une fois rassasiée, je laissai le liquide s'écouler sur mon visage, apaisant ma soif et cette fièvre atroce qui ne faisait que croître lorsque la porte du bureau s'ouvrit à la volée. Réprimant un sursaut, mon barrage lacrymal se rompit pour de bon lorsque mes yeux rencontrèrent ceux de mon visiteur. Enfin, il était là. Ici, devant moi, à seulement quelques mètres. Laborieusement, je m'accrochai à la bonbonne, essayant de me remettre debout tandis que mon archer se précipitait dans ma direction.

- Daryl, soufflai-je en le serrant contre moi, inspirant à pleins poumons cette odeur de tabac qu'il trimballait partout avec lui.

Sauf qu'hormis le cuir, je ne distinguais rien d'autre...avait-il arrêté de fumer ? Et depuis quand avait-il les cheveux aussi longs et aussi soyeux...

- Euh non...moi c'est Paul. Paul Rovia. Mais tu peux m'appeler Jesus.

- Jesus...c'est quoi ce délire ? balbutiai-je avant de sombrer.

A suivre...

Voilà pour ce chapitre de reprise !
Qu'en avez-vous pensé ? Daryl va-t-il retrouver Lola ?!
A bientôt !

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top