Chapitre 12 - Game over
Un chapitre un peu court, mais important pour la mise en place de la suite des événements 😊
Bon, à l'allure où j'avance va y avoir douze tomes à cette fic😂
J'espère que ce tout petit chapitre vous plaira !
Musique : Clutch - the regulator
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Chapitre 12 – Game over
DARYL
Le portail d'Alexandria s'ouvre. On a pas ouvert la bouche depuis qu'on a quitté cette foutue carrière. Une horde. Une putain de horde. Comme si on avait besoin de ça. Putain de karma à la con. Quand j'pense qu'on s'est barré de la Géorgie pour laisser les emmerdes derrière nous...on peut dire que c'est réussi. Rick pénètre dans l'enceinte sans un regard pour le deuxième rejeton Monroe qui referme derrière nous. J'arrive pas à m'souvenir de son nom. Comme celui de la plupart des gens d'ici. J'peux pas m'attacher à eux. J'veux bien recruter du monde. Leur trouver à bouffer. Les défendre s'il le faut. J'ai rien contre eux. Mais si j'dois choisir entre donner ma vie pour mes potes ou pour eux, le choix s'ra vite fait. Ma famille passera toujours avant.
J'les regarde. Avec leurs airs terrorisés, on dirait des gosses. Ils sont largués. Complètement largués. J'ai d'la peine pour eux. Si on les lâchait dans la nature, ils f'raient pas long feu. Et j'sais pas pourquoi, mais ça m'tord les entrailles. Finalement, j'réalise que je m'inquiète pour eux. Pourquoi ? Ils font pas partie de ma famille. C'est pas des amis non plus. Des connaissances, et encore...c'est à peine si certains m'adressent la parole. Alors pourquoi j'me fais du mouron pour ces connards ? Parfois j'ai l'impression que Lola déteint sur moi. J'étais pas vraiment du genre à m'poser des questions, ou à penser au sens du monde ou de la vie en général. Mais que j'le veuille ou non, sa façon de voir les choses commence à s'imprimer en moi. Quelle merde. V'là que j'deviens sentimental.
J'redescends sur Terre quand mon frangin coupe le moteur, et sort du tas de ferrailles. J'soupire. Va falloir qu'on s'bouge le cul avant que le semi-remorque se casse la gueule. Si les rôdeurs arrivent à s'barrer, ils se dirigeront droit sur nous. Ce patelin et les mauviettes qui y vivent seront décimés. Et faudra qu'on s'trouve un autre endroit où crécher. A condition qu'on s'en sorte vivant.
- Daryl ! hurle Dolorès quand j'sors de la bagnole pour fumer une clope.
Putain. J'avais complètement zappé la présence de la mère de ma gonzesse. Elle a l'air paniqué. Barry et Michonne sont avec elle. Ils ont pas l'air mieux. Merde. Il s'passe quoi ? J'repère le van avec lequel Lola et les autres sont partis en expédition. Et j'réalise qu'elle est pas là. Elle est où bordel de merde ?! J'vois Eugene tranquillement installé devant l'infirmerie. J'balance mon mégot, et j'me précipite vers la baraque sans prêter la moindre attention au trio qui vient dans ma direction. Il s'est passé un truc. J'passe devant le pseudo sauveur de l'humanité sans un regard. J'entends Dolorès et les deux autres qui m'courent après. Je m'arrête pas pour autant. J'veux voir ma gonzesse. Faut que j'la vois. Là. Maintenant. C'est pas négociable. J'ai pas le temps de m'attarder pour leur causer. J'déboule dans l'infirmerie. Hershel et une bonne femme blonde à lunettes sont au chevet de Tara. J'remarque à peine son bandage autour du crâne. J'remarque à peine qu'elle est inconsciente. J'remarque à peine qu'elle a l'air mal en point. Tout ce que j'remarque, c'est que Casse-Noisette est pas là.
- Où est Lola ? j'grogne à l'attention du vieux.
La binoclarde s'approche de moi avec un geste d'apaisement. J'veux pas lui parler. J'la connais pas.
- Hershel, où est Lola ?
- Daryl, c'est ça ?
- C'est pas à toi qu'je parle. Où est Lola !
J'commence à perdre patience. Et le mutisme du vieux me tape sur le système. Michonne et Barry rentrent à leur tour, en compagnie de l'autre scientifique à deux balles. Qu'est-ce-qu'il a à s'dandiner d'un pied sur l'autre ?
- Vous allez m'répondre bordel de merde ?! Où est ma foutue gonzesse ?
La samouraï pose une main qui s'veut apaisante sur mon avant-bras. J'la rembarre. J'veux pas d'accolades. J'veux des putains de réponses. C'est trop demander ? Il s'passe quoi bordel de merde ? Pourquoi ils tirent tous ces gueules d'enterrement ? Le sang me monte à la tête. J'chope le mulet par le col de sa chemise et j'le plaque contre le mur le plus proche. C'est à peine si cette mauviette ose lever les yeux sur moi.
- Daryl, calme-toi, tente une nouvelle fois l'afro américaine.
- Vous devriez vous asseoir Daryl, ajoute le fermier qui ouvre enfin la bouche.
- J'me calmerai quand vous m'aurez répondu !
L'mulet panique de plus en plus. Il essaye de s'tortiller mais ma poigne est trop forte. J'regarde les jointures blanchies de mes mains, et j'serre un peu plus fort.
- Où elle est ? j'répète une dernière fois en détachant chaque syllabe.
- Je ne sais pas, se lamente alors le scientifique. Il y a eu une explosion, une partie du bâtiment s'est effondré avant que Lola et Aiden n'arrivent jusqu'à nous et...et...et...
- T'es en train d'me dire que tu t'es tiré sans elle ?
- Tara était blessée et...et...et...
J'le lâche. Il s'effondre comme une merde sur le sol. Ce type me fait pitié. C'est un putain d'miracle qu'il soit encore en vie. J'essaye de réfléchir calmement. J'y arrive pas. J'peux pas. Avant même de m'en rendre compte j'suis déjà sur ma bécane. J'me souviens même pas être sorti de l'infirmerie. Carol m'rejoint. Avec Rick, Barry et la mère de Casse-Noisettes.
- Qu'est-ce-que vous foutez ? j'marmonne en mettant le contact.
- Si Lola et Aiden sont blessés tu vas avoir du mal à les transporter en moto, remarque mon amie.
Elle est pleine de bon sens. Comme d'habitude. Mais j'compte pas ramener l'autre tâche.
- J'me moque de l'autre trou du cul. C'est ma gonzesse que j'vais chercher.
- Carol a raison, me sort mon pote. Que tu ramènes uniquement Lola ou pas, si elle est mal en point le van sera plus adapté.
Putain. J'ai la gerbe. Elle peut pas être mal en point. C'est une foutue survivante. Une guerrière. Et pourtant. Quand j'repense à ce que ce monde lui a fait, un filet de bile remonte dans ma gorge. C'est pas les rôdeurs qui m'inquiètent.
- Archer, permets-moi de te prêter mes bras, mes jambes ainsi que mon soutien dans ta quête pour retrouver notre Adorable Lola. Ainsi tu pourras tout de même chevaucher cette monture de métal qui te sied tant.
Il était là. Avec moi. La fois où j'ai pas été assez rapide. La fois où elle s'est retrouvée seule aux mains d'un monstre. Et voilà qu'le scénario s'reproduit. Avec cet enculé de Monroe.
- Je viens aussi, ajoute Carol.
- C'est...
- Non négociable, elle m'interrompt en se dirigeant vers le véhicule en compagnie du poète à deux balles.
Je fulmine. Et en même temps, j'suis reconnaissant. J'le sais d'avance, le colosse va m'prendre la tête à s'extasier sur la couleur des nuages, ou sur une famille de papillons. J'soupire en redressant mon arbalète sur mon épaule. Pas de temps à perdre.
- Daryl, je vous en supplie, ramenez-moi ma fille, sanglote Dolorès.
J'acquiesce. Sans un regard pour elle.
***
LOLA
- Ok, la sortie est là, chuchotai-je en me plaquant contre le mur de béton. Ils sont trois. Je prends les deux de gauche.
Les traits crispés par la nervosité, Aiden se contenta de me répondre par un signe de tête. Depuis que nous avions quitté l'entrepôt, il n'avait pas ouvert la bouche, respectant à la lettre mes doléances quant à son silence. Et Dieu merci, il s'y tenait. Tout au long de notre périple à travers le dédale de couloirs interminables du centre commercial, il avait même réussi à se débarrasser de quelques rôdeurs sans trop d'encombres. Ce type avait beau être un abruti de première, je devais reconnaître, à mon grand étonnement, que je n'étais pas mécontente de sa présence. La solitude, je la gérais plutôt bien. Mais il connaissait les lieux, et, mon sens de l'orientation étant ce qu'il était, son aide s'était avérer précieuse...ouais, c'était étrange de l'admettre. Les yeux rivés sur le tourniquet de verre situé à seulement quelques mètres de nous, j'inspirai profondément, ahurie par mes propres songes. Si tout se passait comme prévu, dans quelques minutes la liberté nous ouvrirait enfin les bras.
- Je peux te demander un truc avant qu'on y aille ? finit-il par demander.
- Et depuis quand tu me demandes la permission ? raillai-je à voix basse.
- Depuis que tu t'es transformée en dictateur.
Il voulait quoi avec son air de chien battu ? Me faire culpabiliser de l'avoir fait dégringoler de son piédestal ? Les paroles que j'avais prononcées avaient été dures, j'en avais bien conscience. Cependant, je ne les regrettais pas. Un de mes amis était mort à cause de ses conneries de petit chef autoritaire, nous avions faillit y laisser nos vies également, quant à Tara et Eugene, j'ignorais totalement ce qui leur était arrivé. Alors non. Aiden Monroe ne me ferait pas culpabiliser parce que son ego démesuré en avait pris un coup.
- Qu'est-ce-que tu veux savoir ? soupirai-je.
- Quand tu te fais sauter par ton connard de redneck, il t'arrive de penser à moi ?
Incapable de répondre quoique ce soit, je me contentai de lever les yeux au ciel avant de finalement lui coller mon poing dans la figure. Il éclata d'un rire sonore, attirant immédiatement l'attention des trois rôdeurs qui nous séparaient de la sortie.
- Tu sais Lola, reprit-il d'une voix forte, je t'ai vraiment aimé à une période de ma vie.
- Ferme la ! m'écriai-je à voix basse avant de m'élancer vers un premier cadavre qui semblait ravi de se trémousser dans son plus simple appareil.
Tentant vainement d'ignorer cette vision peu orthodoxe, j'abattis mon arme dans son crâne, m'aspergeant au passage de matière grise en décomposition. Tous les sens en alerte, je parvins à éviter de justesse la mâchoire d'une employée de bureau qui avait connu des jours meilleurs tandis que de son côté, Aiden se débarrassait non sans difficulté d'un troisième assaillant. Sans un regard en arrière, le pseudo instructeur de l'armée se précipita vers la sortie en glissant dans une mare de matière organique putride.
- Aiden ! criai-je à son attention pendant que d'autres morts vivants rappliquaient.
Attirés par le vacarme, et mon fumet délicieusement frais, subtil mélange de crasse et de sang séché, ces derniers, dont le nombre m'affolait sérieusement, avançaient dans un concert de grognements affamés. Le cœur battant à tout rompre, je déchiquetai un nouveau cerveau avant de rejoindre le fils Monroe. Les traits désormais déformés par un rictus victorieux, il pointa le viseur de son fusil d'assaut sur moi. Il n'allait quand même pas oser ? Quand j'avais mentionné le fait qu'il devait avoir une fâcheuse tendance à tirer dans les jambes de ses camarades pour sauver sa peau, je n'avais pas envisagé une seule seconde que cet être lâche pourrait en être capable. Me flagellant mentalement de lui avoir donné de telles idées, j'essayai de me faufiler dans l'ouverture tout en priant pour que le verre soit pare balle.
- Arrête tes conneries ! m'écriai-je, tentant une nouvelle fois de faire tourner le tourniquet qu'il bloquait délibérément.
- Je t'ai aimé Lola, vraiment. Mais aujourd'hui, tu ne représentes plus rien pour moi, sourit-il pendant que les rôdeurs affluaient de toutes parts.
Il pressa la détente, m'arrachant un hoquet de stupeur alors qu'une douleur déchirante se répandait sournoisement dans ma cuisse droite. Horrifiée, je m'écroulai sur le sol en vinyle.
- Je t'avais dit qu'un accident était vite arrivé, soupira-t-il en secouant la tête d'un air faussement désolé.
- Personne ne te croira, soufflai-je.
- Bien sûr que si, répliqua-t-il. Nous avons été encerclé, tu m'as aidé à fuir...mais tu ne t'en es pas sortie. Un accident tragique.
- Je te jure que si je sors d'ici, je...
- Tu quoi ? s'esclaffa-t-il en désignant la horde de cadavres putréfiés qui avançait dans ma direction. A ta place, je chercherais une autre sortie au lieu de perdre du temps en promesses que tu ne pourras jamais tenir...
Sur un éclat de rire qui me glaça l'échine, Aiden bloqua définitivement la porte avant de se sauver en courant.
- Aiden ! Espèce de merde ! hurlai-je dans une grimace de douleur.
Sous le choc, anesthésiée par la douleur qui se propageait dans mes membres inférieurs, je pressai mes mains sur la plaie sanguinolente, observant d'un regard éteint l'impact de la balle qui avait traversé la vitre. Ce petit cercle, parfaitement rond dont se détachaient quelques sillons qui s'amusaient à courir lentement sur la paroi en verre me toisait, me martelant en silence que la partie était finie. GAME OVER. J'allais crever ici, comme une pauvre merde, déchiquetée dans un concert de hurlements, de grognements et de borborygmes humides tandis que les morts vivants se régaleraient de mes entrailles encore chaudes. Ouais. Le moral était au beau fixe. Putain de merde ! C'était hors de question. Ça ne pouvait pas se terminer. Pas comme ça. Pas avant d'avoir revu Daryl. Pas avant de m'effondrer en larmes dans ses bras en lui murmurant tout bas à quel point je l'aimais. J'étais une survivante. Une putain de survivante. J'avais traversé pire. « Ok...ok...réfléchis Lolita...Réfléchis ! » , me sermonnai-je violemment. Essuyant rageusement mon visage maculé de larmes, je puisai dans l'adrénaline qui se déversait dans mes veines pour me remettre debout. Au prix d'un effort incommensurable, j'y parvins juste à temps pour planter la lame de ma hachette dans un crâne dégarni. « Synchronisation parfaite », me félicitai-je avec amertume. « Concentre-toi...concentre-toi ! ». Les secondes passaient à allure folle, et avec elles, le nombres de morts vivants affluant de tous côtés ne cessait d'augmenter. Ils étaient à présent une grosse trentaine à se réjouir du festin que cet enfoiré leur avait offert. Affolée, l'esprit fonctionnant à toute allure, je dégommai un nouveau rôdeur avant de poser les yeux sur une bouche d'aération située au dessus d'un distributeur de barres chocolatées éventré. Rassemblant mes forces, la guerrière que j'étais devenue, se traîna dans sa direction, mettant de côté les pulsations douloureuses qui s'échappaient d'un corps bien trop meurtri par l'apocalypse. Tentant d'ignorer les grognements affamés qui résonnaient à quelques centimètres de mes oreilles, je me hissai dans un hurlement de rage au dessus de l'appareil métallique, ignorant les nouvelles égratignures et contusions imposées à ma chair blafarde. Les doigts pourris de mes putrides assaillants ripèrent le long de mes Doc Martens. L'un deux s'agrippa au cuir élimé, allant même jusqu'à m'arracher ma rangers. D'un coup de pied je le repoussai, et, dans un dernier effort, je me libérai de son emprise, abandonnant ma pompe au passage. Les battements de mon cœur explosèrent littéralement dans ma poitrine alors qu'enfin j'atteignais mon salut. La gorge en feu, le corps en miettes, j'arrachai la grille de fer, ignorant mes mains en sang, pour la balancer sur la horde de corps en décomposition agglutinée autour du fournisseur orphelin de sucreries. Ce dernier tanguait dangereusement, malmené par la multitude de rôdeurs qui se pressait contre lui. Tentant de garder un semblant d'équilibre, je me glissai non sans mal dans l'étroit conduit avant de m'effondrer à bout de souffle, les yeux fermés, abasourdie de m'en être sortie sans trop d'accroc. Après quelques minutes passées à rêvasser, je repris peu à peu conscience de la réalité. « Me voilà coincée toute seule, dans un conduit d'aération, avec une cuisse en charpie, et une bande de groupies cannibales qui rêvent de me dévorer», songeai-je avec un froncement de sourcils désabusé. Ouais. La routine.
A suivre...
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