Chapitre 1 - Green and Blue
Coucou !
Après un tout petit prologue teasant l'arrivée de ce cher Negan, voici le premier chapitre de ce tome 3 !
Un chapitre assez calme, essentiellement Loryl, histoire de planter le décor.
Musique : Slipknot - Vermilion Pt.2
***
- Tu sais, pendant un moment, j'ai vraiment cru que tu allais me laisser en plan pour aller manger chez Aaron, souris-je, perdue dans la contemplation des yeux de l'homme allongé sous mon corps dénudé.
Encore engourdie de nos récents ébats, mon menton reposant sur mes deux mains posées sur son torse, je reprenais lentement mes esprits. Ces dernières semaines ne nous avaient pas épargné. Nous avions souffert. Nous nous étions déchirés. Mais quelque part, je commençais à croire que les épreuves imposées par le karma, avaient eu pour seul et unique but de nous mener ici, dans cette chambre, dans ce lotissement auto suffisant sécurisé. Un peu comme si notre destinée avait été écrite depuis le jour où ma famille et moi avions emménagé dans ce quartier pourri, dans cette baraque vétuste, seize ans plus tôt. Finalement, peut-être que le hasard n'existait pas. Peut-être avions-nous toujours été relié par un fil rouge invisible ? Bordel ! Le père Gabriel commençait à déteindre sur moi avec sa spiritualité à la con !
- Ouais, c'était tentant, marmonna Daryl, ses bras toujours noués autour de moi.
- Je comprends, après des semaines passées à se gaver d'opossum...
Il m'interrompit de ses lèvres, m'arrachant un soupir au passage tandis que sa langue caressait la mienne avec une sensualité déroutante. Putain de merde. Dire qu'il m'avait manqué était un euphémisme. Tout chez lui m'avait fait défaut depuis qu'il avait eu la brillante idée de mettre un terme à notre relation. Que ce soit cette odeur de tabac qu'il trimballait en permanence, ses mains, ses grognements diablement sexy ou nos prises de tête...il fallait dire ce qui était. J'étais une junkie. Shootée à Daryl Dixon...délicieuse addiction soit dit-en passant.
- Rien à foutre de la bouffe, finit-il par dire en rongeant l'ongle de son pouce.
- Vraiment ? sourcillai-je, amusée.
- Ouais. Et puis j'avais oublié un truc, grogna-t-il en me faisant basculer sur le dos.
- Et c'était quoi ce truc ? soufflai-je.
- Toi.
Il me scruta longuement, rivant ses prunelles tourmentées aux miennes avant de se redresser sur un coude.
- Me refais jamais ça, murmurai-je. J'y survivrais pas.
- J'y survivrais pas non plus, dit-il après une seconde.
Mon cœur fit un bond violent dans ma poitrine. L'archer n'était pas un grand romantique...encore moins un adepte des déclarations enflammées. La jeune femme passionnée et fleur bleue que j'étais aurait pu trouver ça frustrant, mais la vérité, c'était qu'avec lui je n'avais plus besoin de guimauve, ni de tout cet enrobage sucré dont raffolait la plupart des nanas. Parce que les rares fois où il s'ouvrait à moi valaient plus que n'importe quelle démonstration dégoulinante de sentiments. Parce que c'était lui. Parce que la vie l'avait forgé ainsi.
Et parce que je l'aimais de manière inconditionnelle, il me restait une dernière mise au point à faire. Le moment était peut-être mal choisi mais, tôt ou tard, il faudrait crever l'abcès si nous voulions refermer cette page désastreuse de notre histoire.
- Je sais que...tu te reproches ce qui est arrivé avec J.C, repris-je doucement. Daryl, je veux pas que tu t'en veuilles, personne n'aurait pu prévoir ce qui allait se passer.
Il baissa les yeux une seconde avant de s'asseoir au bord du lit. Avec un soupir, il se prit la tête entre les mains, me tournant ostensiblement le dos, presque honteux.
- J'aurais dû être là.
D'un mouvement souple, je m'agenouillai derrière lui pour l'enlacer tendrement, posant ma joue sur son épaule.
- Je t'en supplie, ne te rends pas responsable de ça. Le seul à blâmer dans cette histoire c'est lui, et il est mort.
- J'suis désolé Lola.
La gorge nouée, j'embrassai sa peau brûlante et me levai pour lui faire face. Dans la pénombre de cette chambre, mes courbes nues faiblement éclairées par la luminosité distillée par les étoiles, je passai mes mains dans ses cheveux en bataille, cherchant son regard du mien.
- Ne t'excuse pas. Jamais avec moi. Encore moins à cause de ça.
- Il t'a bousillé.
- Je vais mieux, répliquai-je à voix basse.
Il me contempla silencieusement avant de m'attirer contre lui, m'enroulant de ses bras, son front contre mon ventre.
- Putain, j't'aime Lola.
- Je t'aime aussi.
Nous restâmes quelques instants immobiles, bercés par nos souffles respectifs lorsque mon estomac nous ramena à la réalité.
- Désolée, me crispai-je.
- T'as pas bouffé depuis quand ?
- J'en sais rien. Hier, je crois...j'ai été pas mal occupée aujourd'hui.
- Puisqu'on en parle, c'était quoi cette robe ? demanda-t-il de sa voix rauque en attrapant ses fringues.
Au souvenir de la tenue dont m'avait affublé la latino, un sourire s'étira progressivement sur mes lèvres. Finalement, son plan avait fonctionné...même si je doutais sincèrement que ce bout de tissu trop court et trop moulant ait été réellement à l'origine de ce succès pour le moins...torride.
- Une brillante idée de Rosita pour l'Opération Loryl, gloussai-je en me sauvant vers la salle de bain attenante.
- L'Opération Loryl ? répéta-t-il, ahuri. C'est quoi encore ces conneries ?
Je me glissai dans la cabine de douche, ignorant délibérément sa question, m'esclaffant toute seule comme l'andouille amoureuse que j'étais. Il ouvrit le panneau coulissant, me scrutant nerveusement tandis que l'odeur de la mousse citronnée imprégnait les lieux.
- L'Opération Loryl ? Casse-Noisette ?
- Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, tout le monde attendait que toi et moi on se réconcilie.
Il leva les yeux au ciel, mi agacé mi amusé par toute cette histoire qui avait pris des proportions grotesques. Comment lui en vouloir ? Lui qui détestait se retrouver au centre de l'attention avait été gâté ces derniers temps.
- Mais rassure-toi, maintenant que c'est fait on ne les intéressera plus, pouffai-je. On va retomber dans l'anonymat, ajoutai-je, faussement attristée.
- T'es conne.
- Je sais. Tu me passes une serviette ?
- Tu viens bouffer avec moi chez Aaron ? dit-il tandis que j'attrapais le drap de bain qu'il me tendait.
- Ça le dérangera pas que je m'incruste ?
- On s'en tape. T'as la dalle. Et faut qu'tu te remplumes.
L'archer n'avait pas tort. Les semaines de disette passées à errer sur les routes avaient eu raison de mes formes. Ma condition physique n'avait jamais été aussi lamentable...un drame pour la danseuse que j'étais, songeai-je en enfilant un de mes éternels jeans troués et un pull trop grand. Je démêlais brièvement mes cheveux humides, avant de passer mes Doc Martens en sautillant.
- Je suis prête ! lançai-je. Quoi ?
- T'as mis ton pull à l'envers.
***
Nous sortîmes de la maison 101, silencieuse en l'absence de ses principaux occupants. A l'extérieur, une légère brise nous accueillit, m'arrachant un frisson tandis que Daryl attrapait son paquet de cigarettes. Je me maudis silencieusement de ne pas avoir pris quelques minutes supplémentaires pour sécher mes boucles qui gouttaient dans ma nuque dénudée depuis l'amputation sauvage de ma chevelure, lorsque mon regard se posa sur l'immense demeure éclairée, dressée quelques mètres plus loin.
- Tu crois que Barry s'en sort chez Deanna ? m'inquiétai-je soudain.
Le chasseur haussa les épaules, visiblement peu anxieux quant à l'intégration du poète humoriste. De mon côté, j'avais un peu de mal à l'imaginer, évoluant dans ce genre de soirée. Avec sa bizarrerie et sa tendance à sortir des phrases improbables, le second homme de ma vie avait d'ailleurs fait forte impression auprès de mon ex belle-mère.
La nuit était calme, paisible. Presque agréable. Je levai un instant les yeux sur le ciel d'encre, contemplant rêveusement l'amas d'étoiles au dessus de nos têtes. Depuis l'intérieur des murs, ce qu'il se passait dehors ne nous atteignait plus. Les râles des rôdeurs présents autour de l'enceinte étaient à peine audibles, étouffés par les plaques de tôles qui assuraient notre sécurité. Sécurité. Ce mot que nous avions oublié après avoir traversé l'enfer. Et pourtant. En repensant à Atlanta, à la ferme d'Hershel, à la prison et à tout ce que nous avions vécu, la nostalgie ne me quittait pas. Aussi étrange que ça pouvait l'être, l'extérieur me manquait.
- Comment tu t'sens ? demanda l'archer en inspirant une bouffée de tabac.
- J'en sais rien, répliquai-je. On est en sécurité et c'est génial...mais...je suis un peu paumée à l'idée de reprendre une vie à peu près normale.
Il me scruta quelques secondes, mordillant sa lèvre inférieure.
- J'me fais pas d'soucis, tu vas vite t'intégrer.
Je me tournai vers lui pour rencontrer ses prunelles tourmentées tandis qu'il portait son shoot de nicotine à ses lèvres, consciente de ce qu'il avait voulu dire en parlant d'intégration. Si moi je me sentais prisonnière de ces murs, ça devait être pire pour lui qui ne supportait pas d'être privé de sa liberté. Sans compter qu'avec son allure de biker, son attitude renfrognée et sa tendance au mutisme, la plupart des gens le regardaient de travers. Et les habitants de cette communauté n'y faisaient pas exception. Sur ce point là, l'humanité n'avait pas changé. Juger les apparences des autres restait un passe-temps autrement plus intéressant que de s'occuper de sa propre existence.
- Deanna t'a donné un travail ? m'enquis-je.
Il ne répondit rien, se contentant de souffler un filet de fumée qui s'évapora lentement dans un nuage nébuleux.
- Pour elle, j'reste le type qui a cassé la gueule de son fils, marmonna-t-il.
- Cet enfoiré n'a eu que ce qu'il méritait, déclarai-je, et je te rappelle que je ne l'ai pas épargné non plus.
Aiden Monroe. Onze ans qu'on ne s'était pas vu. J'avais vingt ans, je venais d'intégrer ma première compagnie et j'avais décidé de mettre un terme à trois ans de relation pour voler de mes propres ailes. Il était amoureux. Je ne l'étais pas...et les choses avaient dégénéré. Mon père, Aiden, Marvin, J.C, Tony...C'était à se demander si je n'avais pas un problème de magnétisme pour attirer autant de cinglés !
Je soupirai nerveusement à l'évocation de ce nouveau fantôme de mon passé. Abraham avait raison. A chaque fois qu'on débarquait quelque part, un nouveau cadavre de mon ancienne vie surgissait de nulle part. Avoir retrouvé ma mère avait été un cataclysme largement suffisant. Pourquoi fallait-il que le destin m'ait mené tout droit sur lui ?
Me tirant de ma rêverie, Daryl attrapa ma main alors que nous arrivions devant la maison d'Aaron.
- T'es vraiment sûr qu'il ne va rien dire ?
- J'en ai rien à cirer qu'il dise quelque chose. S'il veut pas qu'tu restes j'me casse aussi. Pourquoi tu t'marres ? demanda-t-il en envoyant valser son mégot.
- Tu te rends compte que c'est notre première sortie de couple ? m'esclaffai-je.
- Arrête, sourit-il, embarrassé, avant de frapper.
- On aurait peut-être dû apporter un truc, non ?
- Pourquoi on f'rait ça ?
- C'est ce qui se faisait...avant. Tu crois que c'est encore d'actualité ?
- On s'en branle des convenances Casse-Noisette, grogna-t-il alors qu'Aaron ouvrait la porte.
Un sourire radieux collé aux lèvres, le recruteur d'Alexandria d'un naturel avenant, nous détailla un instant, son regard s'attardant une seconde sur nos doigts entrelacés.
- Daryl ! Ça me fait plaisir que tu sois venu. Et tu as amené Lola ! s'enthousiasma notre hôte. Eric va être ravi de faire ta connaissance, il n'arrête pas de me bassiner avec toi.
- Moi ? Pourquoi ? Qu'est-ce-que j'ai fait ? paniquai-je.
- Il adore la danse classique, répliqua-t-il sur le ton de la confidence. Mais ne restez pas là, entrez !
Une fois à l'intérieur, nous fûmes accueillis par une délicieuse odeur de sauce tomate qui s'amusa à titiller mes papilles gustatives. Bordel de merde. Après des semaines à se nourrir de ce que Mère Nature voulait bien nous offrir, retrouver une alimentation normale s'apparentait à un cadeau du ciel. Aaron nous fit signe de le suivre jusqu'au salon, luxueux, comme tous les logements d'Alexandria. J'avais encore du mal à croire qu'un tel endroit existait. C'était totalement déroutant...encore plus pour Daryl qui toute sa vie n'avait connu que la misère et les taudis.
- Ils sont là ! lança le jeune homme brun à l'attention de son compagnon, debout devant les fourneaux de l'immense cuisine ouverte.
Inconsciemment ou pas, l'archer resserra sa main autour de la mienne, mal à l'aise. Il se tourna vers moi, mordillant nerveusement sa lèvre inférieure tandis que le petit ami de notre hôte nous rejoignait.
- Eric, voici Daryl et Lola.
Crispée, je lui offris un sourire de convenance pendant que l'archer restait plongé dans le mutisme.
- Ravi de vous rencontrer, sourit le dénommé Eric.
Le silence s'installa. Pesant. Étouffant. Voire même carrément...oppressant. J'envisageai de prendre mes jambes à mon cou, lorsque Aaron nous proposa de nous installer à table.
- Eric a fait des spaghettis bolognaise, dit-il, vous aimez ça ?
***
- Alors Lola, parle-moi un peu de toi, s'enquit Eric en observant d'un œil amusé, Daryl se goinfrer de pâtes.
Visiblement, je n'étais pas la seule à avoir fait une overdose d'opossum et d'écureuil.
- Euh...je sais pas, qu'est-ce-que tu voudrais savoir ? demandai-je.
- Aaron m'a dit que tu faisais de la danse classique ? C'était ton métier ?
Un brin mélancolique, j'acquiesçai silencieusement, repensant à ma carrière de ballerine, aux nombreux ballets et autres scènes auxquelles j'avais dédié la majeure partie de mon existence.
- Et tu as commencé à danser à quel âge ?
- Je crois que...je savais danser avant de marcher, répliquai-je.
- C'est fascinant...j'ai toujours été attiré par le ballet, c'est un monde...fascinant, répéta-t-il avec un sourire timide.
- C'est vrai que c'est un monde à part, approuvai-je. Quand on est danseur, c'est un mode de vie, c'est plus qu'une passion. C'est dévorant...c'est ce qui fait que tu es toi.
Je croisai le regard de l'archer, rassasié à en juger par son assiette vide. Lui qui m'avait accompagné, de près ou de loin, durant toutes ces années où j'avais dédié mon corps et mon être au ballet, faisait partie de ces rares personnes à comprendre mon dévouement à cet art hors du commun.
- Tu as déjà rencontré Green and Blue ? s'enquit Aaron.
- Green and Blue ?
- Le musicien dont je t'ai parlé quand on s'est rencontré. Il s'appelle Nick, mais on l'a surnommé comme ça à cause de ses yeux.
- Il a les yeux vairons ?
- Il est tout à fait charmant, soupira Eric, subitement de mauvaise humeur, en se levant pour débarrasser les plats.
- Il ne l'aime pas, chuchota notre hôte alors que son compagnon s'éloignait en direction de la cuisine. Tu verras Lola, cet homme est un artiste. Un vrai. Vous devriez bien vous entendre.
- Ouais, bon, c'est quoi qu'tu voulais m'montrer ? l'interrompit l'archer.
- Ah oui, par ici, c'est dans le garage. Tu viens avec nous ? proposa Aaron.
- Je vais aider Eric avec la vaisselle, répondis-je en souriant.
Green and Blue ? Ce personnage m'intriguait. J'avais toujours été fasciné par les artistes, par les musiciens. Comme les danseurs, ils vivaient dans une bulle, un monde qu'eux seuls semblaient comprendre. L'espace d'une seconde, je m'imaginai travailler avec une copie post apocalyptique de David Bowie, avant de secouer la tête pour revenir sur Terre. Je récupérai les dernières reliques du festin que nous avions partagé avec les garçons et me dirigeai à mon tour vers la cuisine. Occupé à nettoyer les assiettes, Eric semblait maussade. Visiblement, ce fameux Nick ne lui inspirait aucune allégresse. J'attrapai un torchon et commençai à essuyer la vaisselle, mes prunelles dévisageant le ciel nocturne par la fenêtre entrouverte.
- Tu commences demain ? finit par demander le jeune homme.
- Ouais, enfin, je vais surtout prendre mes marques, me remettre dans le bain, et me dérouiller, m'esclaffai-je en récupérant un verre sur l'égouttoir. Ça fait des lustres que je n'ai pas dansé.
La gorge brutalement nouée, je me revis, dans la grange d'Hershel, chaussée de mes pointes rouges, exécutant le solo de Victoria comme une enragée à la mort de Dale. Dale...que penserait-il de nous aujourd'hui ? Les choses avaient tellement changé depuis cette époque. Finalement, il nous avait quitté avant de rencontrer la véritable horreur. Quelque part, dans son malheur, il avait eu de la chance, songeai-je tristement.
- Ce...Nick, ou peu importe comment vous l'appelez, il est sympa ?
- C'est un musicien formidable, surdoué même si tu veux mon avis, mais disons qu'il vit un peu dans son monde. C'est un personnage assez déroutant.
On voit que tu ne connais pas Barry, pouffai-je silencieusement.
- Euhhh Lola, je crois que ce verre est sec.
- Ah...oui, désolée, j'ai tendance à être souvent dans la lune, gloussai-je en reposant le verre que j'essuyais depuis cinq bonnes minutes.
- Alors, tu n'as pas de souci à te faire avec Nick, vous vous entendrez bien, sourit-il.
***
Le lendemain matin, après une douche et un petit déjeuner composé d'un bol de porridge froid, mon sac de danse sur une épaule, je retrouvai Daryl installé sous le porche de la maison 101. Les traits crispés, une cigarette aux lèvres, il bricolait son arbalète sous l'œil attentif de Barry.
- Adorable Lola, heureux de constater que la nuit a été bénéfique pour ton teint de porcelaine. Ta splendide aura illumine de sa douceur cette journée qui s'annonce être particulièrement ensoleillée.
- Merci Barry, souris-je en m'installant à ses côtés, un mug de café entre les mains. C'était bien chez Deanna ?
- Les gens de cette communauté sont charmants. J'ai fait la connaissance d'un musicien à la sensibilité fascinante.
- Ça doit être Nick, répliquai-je.
- Celui-là même. Un être hors du commun à n'en pas douter. Maintenant chers amis, si vous voulez bien m'excuser, je dois aller travailler.
Le colosse s'éloigna en chantonnant joyeusement pendant que je me laissais tomber aux côtés de l'archer. Plongé dans un mutisme apaisant, il posa son arbalète contre la balustrade avant d'écraser son mégot.
- Tu crois qu'ils lui ont donné quoi comme travail ? m'enquis-je en observant le poète humoriste s'éclipser.
Daryl répondit par un haussement d'épaules, peu intéressé par les nouvelles fonctions du colosse.
- Bien dormi ? demanda-t-il.
- Super, et toi ?
Il acquiesça silencieusement, le regard rivé sur la rue, encore déserte à cette heure matinale. Plongeant le nez dans mon shoot de caféine, j'étendis mes jambes devant moi avec un soupir nerveux.
- T'as la trouille ?
- Ouais, me crispai-je. Mais, ça va aller, faut juste que je me remette dans le bain. Et toi ? Tu pars quand ?
- Faut que j'répare la bécane d'abord. D'ici deux jours j'pense.
La veille au soir, pendant que je discutais avec Eric, Aaron avait proposé à l'archer de devenir le deuxième recruteur d'Alexandria. Lui-même ayant été confronté au jugement et au regard des autres, il avait parfaitement cerné la personnalité du chasseur, peu à l'aise entre les murs de la ville.
- J'aime bien Aaron, dis-je après une seconde.
- Pourquoi tu m'dis ça ?
- Il ne nous connaît pas, mais il a tout de suite compris que tu avais besoin de liberté. Et puis, il a une bonne tête.
- Entre ça et la compote, t'as vraiment de drôles d'arguments Casse-Noisette.
- Je te l'ai dit, je suis nulle en argumentation, m'esclaffai-je. Encore plus quand je ne suis pas réveillée.
- Pourquoi tu t'es levée alors ?
Les yeux baissés sur mon mug de café, je me crispai sensiblement en songeant aux cauchemars qui m'assaillaient dès que je me retrouvais seule.
- J'en sais rien, mentis-je avant de me lever. Je vais passer au studio histoire de prendre mes marques, on se voit plus tard ?
- Sûr, grogna-t-il en se mettant debout à son tour.
Il m'attira contre lui avant de prendre mon visage entre ses mains.
- Sois pas nerveuse.
- Je vais essayer.
- T'as fait ça toute ta vie. J'suis même pas sûr qu'ils se rendent compte de la chance qu'ils ont de t'avoir.
Daryl avait raison. J'avais su danser dès mon plus jeune âge, ça faisait partie de moi, de ce que j'étais. Pourtant, retrouver cette partie de ma vie d'avant me terrorisait. Mon corps était épuisé, mes muscles douloureux, mes articulations fracassées...sans parler de mon dos. Le médecin avait donné son accord, certes, mais je restais anxieuse malgré tout. Serais-je encore capable d'enchaîner les figures ? Et d'enseigner ?! Qui voudrais d'une prof en miettes ? Putain de merde...la chasse aux rôdeurs me manquait presque.
- Compte tenu de mon esprit ravagé je ne suis pas sûre que ce soit une chance pour eux, m'esclaffai-je.
- Dis pas d'conneries, marmonna-t-il avant de poser ses lèvres sur mon front.
- Bricole bien, répliquai-je. Et je compte sur toi pour m'emmener en balade quand la moto sera réparée.
- Tu veux faire quoi ? Un Pique-nique au milieu des écureuils ?
- Tu te souviens de ça ? m'exclamai-je, abasourdie à l'évocation de ce souvenir qui remontait à près de quinze ans.
- Comment j'aurais pu oublier. Tu m'avais pris la tête avec tes lubies sur le mariage.
- J'avais seize ans ! pouffai-je en m'éloignant.
Légèrement angoissée, je me dirigeai d'un bon pas vers le garage d'une des luxueuses habitations, transformé en salle de danse pour une obscure raison. Je ne comprenais toujours pas l'intérêt de prendre des cours de contemporain ou de classique alors que les cadavres erraient autour de nous. Mais Deanna semblait penser qu'entretenir l'illusion d'une vie normale était la meilleure solution pour survivre à l'apocalypse...idée défendable, certes, mais tout de même utopique quand on avait vécu dehors depuis le début de l'épidémie. Ceci étant dit, Rick nous avait demandé de faire un effort d'intégration. Je n'avais aucune envie de contrarier le shérif. Il était beaucoup trop effrayant dans ces cas là. Et puis, si nous devions réellement vivre ici, il n'avait pas tort. Il fallait se réadapter. Réapprendre à vivre au sein d'une communauté.
- Lola ? lança une voix dans mon dos, m'arrachant de force à ma rêverie.
Et merde. Je soupirai, fermant les yeux une seconde avant de me retourner pour faire face à l'homme qui se tenait derrière moi.
- Quand maman m'a dit que tu étais là, je n'y croyais pas, déclara l'homme en avançant vers moi.
Je reculai, nerveuse, soudainement oppressée. Redressant mon sac sur mon épaule, je le toisai silencieusement, ne sachant quoi lui dire après toutes ces années. Les mêmes cheveux bruns, les même prunelles sombres, le même air de supériorité. Assurément, il n'avait pas changé.
- Salut Aiden.
A suivre...
Voilà pour ce premier chapitre où il ne se passe pas grand chose lol Mais un peu de calme ça ne fait pas de mal non ?
A bientôt pour la suite ! ❤
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