🎅20 Décembre🎅
Information: cette nouvelle se déroule en plusieurs partie
Prologue
Une jeune fille dormait. Ou plutôt, ce qui ressemblait à une jeune fille. Il faut dire qu'elle n'était pas véritablement commune. Soudain, elle sursauta et se retourna violemment, laissant s'échapper le coussin qu'elle tenait jusqu'alors serré dans ses bras. Elle était en plein rêve...
Elle courait. Courait après un ballon orange qui tambourinait contre le sol. Elle sauta. Le fit entrer dans un cercle en filets. Panier ! Autour d'elle, les vivats, les acclamations. Un sourire était dessiné sur le visage de la joueuse et elle tapa sa main contre celles de ses coéquipières. De loin, elle l'observait. Elle voyait sa joie, son excitation.
Le décor changea. Elle se retrouva alors dans un supermarché bondé de décorations de Noël. Toujours la même fille qui s'achetait une barre de céréales et une bouteille d'eau. Elle se rendit à la caisse et tandis qu'elle marchait, un garçon vint à sa rencontre. Elle l'ignora, continua son chemin. Alors il lui attrapa le bras. Agacée, elle tenta de se dégager, en vain. Un sourire moqueur se dessina sur le visage de son agresseur et alors qu'il la plaquait contre les rayons, soudainement il tomba à genou. Sans perdre de temps elle s'enfuit, laissant en plan celui qui la harcelait depuis six mois et qui plus jamais n'oserait poser la main sur elle.
La jeune rêveuse sourit. C'était elle qui en réalité était à l'origine du malaise du garçon. Elle avait protégé la fille et continuerait à le faire de son sommeil...
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Plongée dans un livre, une jeune fille remontait inconsciemment ses lunettes qui glissait le long de son nez fin. Elle paraissait absorbée par son roman et, bien que narratrice officielle de cette histoire, je ne peux vous conter tout ce qu'il se passait dans sa petite tête de surdouée. Chacune des phrases lues étaient analysées, décortiquées et enregistrées dans son esprit dans une ronde infinie.
Si l'on s'éloignait un peu, on pouvait voir ses cheveux dorés relevés en une haute queue de cheval dont s'échappait des mèches rebelles, ses longues jambes plaquées sous elle pour tenir sur un petit pouf vert.
D'un coup sec, elle referma son ouvrage et braqua son regard bleuté vers moi. Je me sentis alors brûler, tel un bonhomme de neige qu'on aurait mis devant un feu de cheminée. Mon sang bouillonna dans mes veines et ce fut là, que tout commença.
Bonjour. Je m'appelle Noé et je suis une elfe. Mais pas une simple elfe, loin de là. On peut dire que je suis plutôt voire même totalement plus incroyable que les autres elfes. Loin de moi l'idée de me vanter mais moi, je ne m'abaisse pas à emballer des jouets dans du papier cadeau criard ou encore à nourrir les rennes du père-Noël. Je possède un statut plus élevé que ces... « elfes ». Attention, je ne dis pas que leur travail est inutile (je ne veux pas me retourner avec une grève à quelque jour de Noël) je dis simplement que je suis... comment le dire avec délicatesse ? Meilleure qu'eux.
Je suis l'assistante officielle du gros bonhomme rouge ainsi que l'elfe des souhaits. Ça en jette non ?
Quoi ? Vous n'avez jamais entendu parler de moi ? Impossible ! Sans moi, Noël serait un gâchis. Une perte de temps. Il n'existerait pas !
Je suis celle qui recueille les vœux secrets des enfants. Ceux qu'ils n'osent pas formuler sur le papier de peur de paraître ridicule ou d'en demander trop à leurs parents. Je m'occupe surtout des êtres stupides qui refusent de croire à la magie du Père Noël et qui renient son existence. Et croyez-moi, il y en a beaucoup.
Revenons donc à ce jour où j'ai rencontré Aline. Aline pourrait passer comme une fille comme les autres, avec ses vêtements « à la mode » et ses cheveux décolorés dans le style surfeuse de la vague (même si elle a peur des vagues). J'avoue que la première fois que je l'ai vue, je ne pensais pas que du bien d'elle. C'est vrai quoi ! Elle ne croyait pas à Noël, refusait de poster sa liste et se moquait de son petit-frère qui choisissait ses cadeaux dans le catalogue de Jouet Club. En plus, elle ressemblait à une de ses filles trop maquillées et trop sûres d'elles qui jouent un rôle, fument et boivent juste pour paraitre « cool ». Quelles sottises ! Je préférais largement être une elfe.
Bref. Je m'égare.
Elle était là, sur son pouf bien moelleux et tandis que je me glissais mentalement dans son esprit, elle darda son regard sur moi. Je crus rêver mais elle continua de me fixer avec insistance. Dans le doute, je me retournai pour m'assurer que personne ne se trouvait derrière moi. Rien, pas un chat.
Un sombre constat me fit frémir. Aucun humain ne pouvait me voir. Comment remplir ma tâche si je suis visible par tous ? Il est vrai que mon physique est assez... particulier. Je ne ressemble presque pas à une humaine. Je ne tiens d'eux que leur taille et leur morphologie. Mes yeux sont d'un vert foncé, d'une teinte inimaginable pour vous et mes cheveux sont d'un noir d'ébène et se mêlent à eux des branches de houx qui en plus de ceindre mon front, pousse véritablement dans ma chevelure.
Et je précise que non, mes oreilles ne sont pas pointues. Les clichés ont la vie dure mais je peux vous assurer que nous autres, elfes du Père Noël, n'avons pas d'oreilles disproportionnées. Ce serait d'une laideur...
Elle se leva alors et se rapprocha dangereusement de moi. Ni une ni deux, je convoquai ma magie et disparus dans un nuage de paillettes argentées. Les jambes en coton, je me rattrapai de justesse à la porte de ma chambre. Tremblante et étonnée plus qu'autre chose, je décidai pourtant de classer cet événement dans le tiroir « à oublier » de ma mémoire.
Mais, assise sur mon lit, je ne pouvais cesser de penser à ce qui c'était passé. Pourquoi m'avait-elle vue ? Pourquoi elle ?
Il arrive parfois que les jeunes enfants distinguent mon ombre car ils croient en la magie. Mais elle ? Il n'y avait aucune logique, aucune raison pertinente et je m'en devais d'en parler à Noël.
Mais pourtant, je ne le fis pas. Se faire prendre par un enfant était une erreur de débutant et passible de sévères remontrances. Et moi, j'étais un employé modèle. Enfin, c'était ce que je pensais.
Comme je suis un peu bornée, un tout petit peu (mais moins que Lucinda, quelle tête de mûre celle-là) je décidai de revoir Aline. Pas de jour bien sûr mais quand je serais sûre qu'elle dormirait.
Le temps jusque-là me parut infiniment long. Mes compagnons elfiques me paraissaient encore plus bêtes et plus lents que d'habitude et je rêvais de les frapper avec un sucre d'orge... même si cela ne respectait pas vraiment l'esprit de Noël.
Quand enfin, minuit sonna à Paris je pus me pailletteriser (téléporter pour les débutants). En un éclair, je me retrouvai plongée dans l'univers de la jeune fille. En équilibre sur une chaise je contemplais cette partie de la vie d'Aline qui m'était encore inconnue. Jamais, même dans mon esprit, je n'avais soupçonné quelle personne était réellement cette fausse blonde que j'avais pris en grippe.
Des livres occupaient des bibliothèques tout le long des murs ainsi que son bureau et sa table de chevet. Des ours en peluche parsemaient son lit et une drôle de forme s'y trouvait aussi. En m'approchant, je vis alors son visage ; paisible et bien plus joli que quand elle était maquillée. Je plaçai alors ma main sur sa joue. Ce contact la fit frémir et je reçus une petite décharge électrique ; signe que ma magie n'attendait que mon signal pour se déployer. A l'aide d'un tour de passe-passe, j'eus alors le loisir de me glisser dans son songe.
Un étrange arbre de Noël se tenait là. Totalement brisé, portant sur ses branches flétries des boules et guirlandes aux couleurs passées et jonchées d'éclats de verre. L'atmosphère était lourde, désagréable et on ne pouvait y voir qu'à l'aide d'une unique source de lumière : un pauvre feu de cheminée. Lentement, je m'approchais de lui. Un pas après l'autre, avec douceur, de peur d'effrayer le subconscient d'Aline. Une fois arrivée à son niveau, il grossit. Grossit encore et encore et m'enveloppa tout entière. A l'intérieure, le froid régnait. Pas une once de chaleur, pas un soupçon de vie. Le feu était en réalité de la glace.
Sous mes pieds, craquaient de la neige. Mais à ma grande surprise, la neige était en réalité une fine poudre grise qui ressemblait à ... de la cendre. Un flocon vint alors se poser sur le bout de mon nez. En louchant un peu, j'aperçus d'étranges aiguilles. Du bout des doigts je le saisis et...
Une goutte de mon sang salit le sol cendré. Mon sang vert, mon sang d'elfe, mon sang magique. Celui qui fait de moi qui je suis.
C'est là qu'elle m'apparut. Des larmes plein les yeux, les cheveux en bataille et le corps tremblant, plus sous l'effet de la peur que du froid. Elle me dévisagea. Encore. Dans son regard, je lisais de l'effroi, de l'inquiétude et une pointe de curiosité.
Elle continua d'avancer vers moi mais cette fois, je ne me dérobai pas. Elle avait la réponse à ma question et j'étais persuadée d'avoir la réponse à la sienne.
Pourquoi me voyait-elle ? Pourquoi ses rêves de Noël étaient tous si affreux ? Comment pouvait-on à ce point souffrir de l'existence des fêtes de fin d'année ?
Elle saisit ma main et me demanda d'une voix si douce, si faible que j'eus peur qu'elle se brisât :
« C'est toi ?
Je suppose que je suis moi, lui répondis-je sans vraiment comprendre
-C'est toi, la drôle de fille de la librairie. Celle qui s'est évaporée.
-Oui, je plaide coupable. Dis-je en riant, tentant de réchauffer cette atmosphère aussi glaciale que l'endroit où j'avais atterri.
-Je t'avais déjà vue avant. Je le sais mais je ne peux pas m'en rappeler. Dès que je pense à toi, j'ai l'impression qu'un voilage tombe sur mes pensées et que je ne peux que tourner en rond.
-Comment est-ce possible que tu m'es déjà vue ? Aucun humain ne peut me voir ni sentir ma présence. Je n'existe pas pour eux et encore moins pour ceux qui ne croient pas en l'esprit de Noël.
-C'est vrai que moi et Noël, ce n'est pas une grande histoire d'amour, murmura la jeune fille, je n'apprécie pas cette stupide fête qui vante les mérites d'offrir un cadeau à des enfants pourris gâtés.
-Comment ça ? Noël est tout simplement le meilleur moment de l'année et faire plaisir aux autres n'est pas une perte de temps ou un acte commercial à but lucratif ! Le seul objectif est de faire sourire ces enfants « pourris gâtés » comme tu le dis si bien, qui ont bien besoin de joie ! Je suis l'elfe des souhaits. Je sais absolument tout sur chaque personne respirant, aimant et espérant. Je sais que certains enfants ont des choses à se reprocher. Je sais pertinemment que le monde n'est pas tout rose avec des petites licornes scintillantes mais moi, j'apporte le bonheur aux autres. Je les rends heureux. Que fais-tu toi ? Tu dégoûtes ton frère de Noël ? Tu prives des innocents d'un cadeau parce que tu juges que cette fête est sans intérêt ?
-Laisse-moi te dire une chose, petite. Si tu détestes à ce point Noël, c'est parce que tu es pétrifiée. Pétrifiée de peur à l'idée de te dire que tu es différente. Terrifiée de te rendre compte que ce jour-là, tu arrives à lire dans le cœur des gens.
-Non ! Ce n'est pas vrai ! C'est absolument faux, tu mens ! Je ne suis pas comme toi. Je ne suis pas un... Monstre. » Elle me cracha cette insulte au visage, me laissant pantoise. "
Je n'étais pas un monstre. J'étais une jeune fille de son âge qui elle aussi avait des facultés particulières et qui avait été recueillie par le Père Noël. Elle se voilait la face et m'ignorait délibérément chaque année. Mais son pouvoir avait grandi et si je ne l'aidais pas, elle pouvait à tout moment se briser, telle une boule tombant su sapin, sans mauvais jeu de mot.
Je sortis alors de son rêve et la réveilla d'une tape sur la tête. En se relevant, elle se saisit de son libre de chevet et le brandit comme un glaive. Je ne pu m'empêcher de sourire devant cet excès de bravoure. Son subconscient et elle étaient diamétralement opposés et j'avais ici affaire à la jeune fille forte qui portait un masque de guerrière en permanence.
« Je sais, lui dis-je. Je sais la vérité. Je sais qui tu es et pourquoi tu es comme ça. Si tu acceptes de me faire confiance, je pourrais tout t'expliquer. Il te suffit d'y croire »
Sans attendre sa réponse, je la pailleterisai avec moi.
Ecrit par @sushis_sans_soucis
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