Épilogue


« Some things in life cannot be fixed. They can only be carried. »




5 mois plus tard


La discussion à table semblait animée mais je n'avais pas écouté une seule de leur parole depuis que je m'étais assise. J'entendais vaguement Judd et Jery crier, rire puis crier de plus belle. Et la voix grave de mon père plus enjouée que d'habitude. J'entendais mais je n'écoutais pas vraiment et je ne me rappelais plus de la dernière fois où j'avais réussi à me concentrer plus de cinq minutes. Je me faisais beaucoup réprimander car ça paraissait voulu. Toutefois ce n'était pas le cas... Je perdais seulement de l'intérêt pour toute chose au fur et à mesure. On m'avait dit que ça irait mieux avec le temps mais en réalité ça ne faisait qu'empirer. Tout devenait de plus en plus dur... dormir, manger, le simple fait de se lever, de sortir. Chaque bouffée d'air était une claque qui me ramenait à la réalité.

Après tout ce qu'il s'était passé, le monde me paraissait autre. Je n'arrivais pas à voir au-delà de la souffrance, la rancœur, le désespoir. Au-delà des mauvaises actions qui pouvaient exister en chacun de nous, la méchanceté, la fausseté, la lâcheté. L'injustice de devoir supporter ça. Toutes ces choses qui m'avaient été montrées depuis des années, mais qui m'éclataient au  visage à chaque seconde de ma vie. J'avais passé les premiers mois à être en colère et voyant que ça n'aidait en rien, j'avais tout intériorisé, tout retourné contre moi. Je m'étais coupée du monde, de cette agression permanente, pour me replier sur moi-même et mieux me protéger.

Mon père appelait ça fuir, j'appelai ça survivre.

- Je peux quitter la table ? quémandai-je sans lever les yeux.

J'entendis mon père rouspéter pourtant il m'y autorisa finalement. Je débarrassai, maintenant que Soa me laissait enfin l'aider, puis je me réfugiai dans ma chambre. Dedans se trouvait toutes mes affaires que mon père avait vite fait parvenir jusqu'ici et malgré ça, je ne me sentais pas à ma place. Je n'avais pas d'endroit où me sentir bien, je n'en aurais jamais.

- Joyce ? m'interpella-t-il du couloir.

Il apparut au pas de la porte, armé de son stupide mi-sourire. Une sorte de grimace qui se voulait pleine de compassion.

- Tu n'as rien dit à propos du prénom.

Je le regardai, perdue.

- Le prénom du bébé ! m'apprit-il. Tu n'écoutais pas...

Il avait murmuré cette dernière phrase pour lui-même avec dépit. Au bout de plusieurs mois, il devait commencer à en avoir l'habitude. Il reprit ensuite :

- Je m'étonnais de ne pas avoir eu de réaction de ta part, ça explique tout.

- Alors ? coupai-je court. Le prénom ?

- On a pensé à Nanténain. En malgache, ça signifie « celui que l'on a espéré », ajouta-t-il sous mon air perplexe.

- Et ça ressemble à Nathanael, dis-je aussitôt.

- Je sais. C'est pour cette raison que Soa et moi voulions ton avis.

Depuis qu'ils avaient appris qu'ils attendaient encore un garçon, ils n'avaient fait que réfléchir au prénom. Pourquoi ne choisissait-il pas un prénom en J comme il l'avait fait jusque là ? Ça m'agaçait, cependant la signification correspondait bien à leur situation... Je ne pouvais contredire leur idée.

Ce n'était même pas tant le prénom qui m'angoissait que la venue d'un nouvel enfant, un autre garçon en plus. Une naissance après un décès... Une sorte d'énième chance donnée à mon père. Au fond de moi je savais que c'était insensé de penser ainsi, que je devrais me réjouir mais ce n'était pas le cas. Et je m'en voulais d'avoir autant d'amertume, d'en devenir presque insensible. Ça me tuait juste davantage de savoir que le vide que je ressentais, moi, ne serait jamais comblé tandis que mon père lui ne cessait d'être comblé d'amour.

- C'est votre enfant, faites ce que vous voulez.

Mon père parût immédiatement agacé par ma remarque. Il avança dans ma chambre, poussé par un élan de colère.

- C'est aussi ton frère, Joyce, pourquoi tu n'es pas ca-

- Non. Mon frère est mort, je te rappelle.

- Arrête ça tout de suite ! hurla-t-il. Tu crois que je ne le sais pas ? Que je ne commence pas chaque journée en me disant que j'ai perdu mon fils ? Que je ne dois pas lutter contre cette culpabilité qui me ronge un peu plus ? Y'a pas une seule seconde qui passe sans que je ne regrette mon comportement et si je pouvais revenir en arrière, y'a tellement de choses que je ferais différemment. On ne peut pas, d'accord ? C'est arrivé et on doit vivre avec !

Ses mots me heurtèrent avec force. Des poignards enfoncés en plein cœur. Je perdis tous mes moyens, ne retenant plus aucune émotion. Je baissai la tête afin de cacher mes pleurs. Je détestais me montrer aussi faible face à lui alors que je m'étais persuadée de ne plus l'être. Toutefois, ses mots étaient douloureux car emplis de vérité.

- Comment tu veux vivre après ça ? m'écriai-je à mon tour.

- Je ne sais pas comment ! J'essaye encore de le savoir mais il faut essayer pour ça.

Je secouai la tête en même temps qu'une chaleur colérique m'envahissait. J'avais tant de choses à lui crier, pourtant aucuns mots ne me venaient. J'étais fatiguée, lasse, même plus capable d'exprimer mes sentiments. Je murmurai alors :

- C'est facile pour toi.

- Tu ne peux pas m'en vouloir d'essayer de faire face, gronda-t-il, j'ai une famille à gérer et je ne veux surtout pas reproduire les mêmes erreurs en me laissant couler. Ne pense pas que c'est facile de devoir sourire devant mes enfants, de faire semblant, mais je fais des efforts.

J'inspirai profondément, chassai les sanglots qui secouaient mon corps et tentai de me reprendre. Il était capable de faire des efforts néanmoins je ne l'étais pas. On m'avait de multiples fois répété que lorsqu'on voulait, on pouvait, mais lorsqu'il était question de tristesse profonde, la volonté n'y pouvait rien. Tout était dans ma tête et j'étais la première à vouloir y échapper. Depuis des années. Je ne désirais que ça, sans y parvenir pour autant. J'avais cette noirceur au fond de moi ; elle n'avait fait que grandir puis avait fini par se répandre dans tout mon corps. Et je m'éteignais petit à petit...

Le pire dans tout ça était que j'étais incapable d'appeler à l'aide. Encore une fois, ce n'était pas en rapport avec ma volonté. Il y avait des fois où j'aimerais me débarrasser de ce poison qui m'envahissait mais ma tête me disait alors toute autre chose... Que je n'en valais pas la peine. Que partager mon malheur était égoïste. Que je ne le méritais pas. Que j'étais seule face à tout ça et que rien ni personne ne pourrait me sauver. Il y avait ce conflit qui se déroulait en moi et j'étais perdue sous ce torrent de contradictions.

Je me demandais si c'était ce que Nathan avait également ressenti.

Si d'autres personnes dans le monde s'étaient déjà sentis aussi démunis.

Et je me demandais si ce genre de cœurs brisés pouvaient, un jour, être réellement réparés.


***


Mes yeux ne pouvaient se détourner du message reçu une demi-heure plus tôt. C'était la première fois que j'avais des nouvelles de ma mère depuis que j'étais partie et ça ne venait même pas d'elle, mais de ma tante. Le message m'expliquait brièvement que ma mère prenait soin d'elle-même et qu'elle avait encore besoin de temps avant de revenir vers moi. Malgré ma déception, je commençais à réaliser que c'était la meilleure chose à faire. De toute manière, j'avais arrêté d'attendre quoique ce soit d'elle.

Je jetai mon portable sur mon matelas et sortis de ma chambre par la baie vitrée. J'avais besoin d'air, besoin de respirer. Je ne voulais plus penser, ni à ma mère, ni à Nathan, ni à mes regrets... Rien du tout. Je cherchai à être libre, ne serait-ce que de petites minutes. Je longeai tous les murs de la maison et m'apprêtai à couper entre deux buissons pour partir sur la plage quand une voix me retint.

- Je fais juste de mon mieux Soa, et ce n'est pas suffisant.

La voix de mon père était tremblante et nouée, me laissant imaginer qu'il n'était pas d'humeur joyeuse. Je comprenais assez le français pour saisir ses mots. Ils me firent mettre de côté mes projets et je décidais de rester encore un peu, afin d'en entendre plus. Je me laissai glisser parterre, tout juste sous la fenêtre de leur chambre.

- J'ai peur de retomber, peur d'être un mauvais père pour cet enfant, continua-t-il.

- Il n'y a pas de raison, tu t'es bien débrouillé avec les garçons. Et tu as le droit d'être triste, ça ne veut pas dire que tu auras le même comportement qu'autrefois.

Plusieurs soupirs comblèrent le silence, ensuite des reniflements.

- Je ne suis pas capable de réconforter ma fille. Elle me rejette comme le faisait Nathan et ça rend la situation encore plus difficile, se confia-t-il. Mon ancien comportement est impardonnable mais je voudrais qu'elle me laisse la chance de me rattraper, de remonter dans son estime. Parce que je ne suis plus ce... monstre, je ferai toujours en sorte de plus l'être.

- Elle finira par le comprendre, assura sa femme. Il faut lui laisser le temps de faire la part des choses, elle doit faire son deuil, se reconstruire... Tout ce que tu as à faire c'est de te tenir à ses côtés, jusqu'au jour où elle accepte de s'appuyer sur toi.

Mon père se contenta d'acquiescer, se pliant aux conseils de Soamiary. J'admirais d'ailleurs la sagesse de celle-ci, je comprenais ce qu'il trouvait en elle. Lui qui avait l'air de tout garder pour lui se tournait vers sa femme et je ne savais pas trop s'il faisait ça dans un moment de faiblesse ou s'il l'avait toujours fait. Leur relation avait l'air apaisante. J'espérais pouvoir dans ma vie rencontrer quelqu'un qui m'apportait du réconfort, un certain bien-être. Un peu comme Caleb avait commencé à le faire avant mon départ.

Reprenant mon objectif premier, je me redressai et m'en allai la tête encore remplie des paroles de mon père. J'avais toujours été persuadé que la méchanceté de Nathanael s'expliquait par une quelconque raison, un trouble. Alors je ne comprenais pas pourquoi j'étais incapable de faire de même pour mon père. Lui pardonner, lui faire confiance à nouveau me paraissait être une limite infranchissable. Je voulais bien croire qu'il regrettait mais ça ne voulait pas dire qu'il n'allait pas recommencer.

Je cognai brutalement quelque chose, ou plutôt quelqu'un qui poussa un cris en même temps que moi. Je relevai la tête et vit Gabin faire un bond en arrière puis en l'espace de quelques secondes, entrer dans une sorte de crise d'angoisse. Je m'étais rapidement faite à son comportement et surtout je m'y étais attachée. J'avais découvert en lui un ami touchant, honnête et précieux par sa différence. Il voyait le monde d'une manière particulière, c'était enrichissant.

- Gabe, c'est moi ! m'empressai-je de dire dans un français approximatif.

Je posai ma main sur son bras, attendant qu'il reprenne ses repères. Après plus d'une minute, il releva la tête vers moi sans jamais me regarder dans les yeux et me gratifia d'un rapide sourire. Je le détaillai finalement, remarquai la combinaison qu'il portait et relevai :

- Tu vas où dans cette tenue ?

- Ça ne se voit pas ? Je vais faire du surf.

Je le regardais avec grand étonnement. Il venait de trouver un nouvel hobby, comme il le faisait à peu près toutes les deux semaines. Il essayait une activité dans laquelle il excellait à chaque fois, étrangement, puis il la laissait tomber pour une autre. Tout l'intéressait, contrairement à moi.

- Et depuis quand tu fais du surf ? souris-je. Deux jours ?

- Non, cinq ! J'aime ça. Et Kenneth a dit que je me débrouillais bien. Tu veux venir voir ?

- D'accord, mais...

Il ne m'avait pas écouté plus longtemps et partait déjà en direction du jardin, pour entrer par l'arrière de la maison. Je soufflai mais le suivis tout de même d'un pas moins pressé. Je le retrouvai au salon en compagnie de mes demi-frères et mon père souriant. Les petits étaient déjà en maillot, ne ratant jamais une occasion de se baigner, en dépit de la température qui s'était adoucie en ce mois de Janvier. Apparemment c'était une vraie sortie de familiale qui s'était organisée ; je n'étais plus tellement sûre de vouloir venir.

- Tu viens vraiment avec nous, Joy ? demanda Jery, toujours en train de poser une question.

Gabin n'avait pas perdu de temps pour le faire savoir, je n'avais plus vraiment d'autres choix. Je hochai la tête. Sans perdre de temps, on partit donc en direction de la plage qui se trouvait à deux - trois minutes de marche. La proximité ne m'avait pourtant pas incité à y aller, depuis que j'étais arrivée. Depuis le rêve que j'avais fait à propos de Nathan sur cette même plage. Quelques fois, il m'arrivait encore de le faire et je me réveillais toujours en sursaut aux paroles de mon frère.

C'était une stupide appréhension que je m'efforçai d'oublier en avançant vers le Canal. Gabin avait bien choisi son jour car le vent balançait l'eau dans de grandes vagues qui se claquaient les unes contre les autres. C'était rare que l'eau soit aussi agitée dans ce coin de l'île - je remerciai silencieusement Hugh de m'avoir apporté cette information au cours d'une discussion.

Assise non loin de l'étendue d'eau, j'observai Gabin qui s'éloignait déjà, allongé sur sa planche, puis mon père qui s'amusait à projeter ses fils dans l'eau. Je ressentis un léger pincement au cœur face à ce tableau. Il ne manquait qu'une seule personne... Je plongeai ma tête dans mes mains, envahie par des tonnes de pensées. Je devais arrêter de penser à lui, je devais le chasser car sa mémoire me faisait trop mal. Mais je n'arrivais pas à chasser cette image de nous deux sur la plage, non celle qui venait de mon rêve, mais de la réalité.

Il leva la main vers moi, doucement ; j'eus un léger mouvement de recul qui fût inutile car ses doigts tièdes atteignirent tout de même ma joue. A ce moment, la chaleur de sa main me donna à la fois un bien-être total et une crainte infime, si bien que je ne bougeai pas.

- Il faut que tu arrêtes de faire ça, Joyce... murmura-t-il.

- De... de... faire q-quoi ? m'emmêlai-je.

Ses yeux dévisagèrent lentement mon visage, s'arrêtant vers le bas et y restèrent plantés un moment puis Nathan finit par m'adresser un sourire pincé. Son pouce caressa furtivement ma pommette et retournant son visage vers l'étendue d'eau, sa main amena ma tête contre son épaule d'une légère mais résistante pression. Collée à lui, j'admirai le paysage qui nous faisait face alors que tout, autour de nous, reprenait vie.

Je comprenais maintenant ce qu'il avait voulu que j'arrête de faire : revenir vers lui. Mais je ne l'avais pas fait bien qu'il m'ait toujours rejeté. Je réalisai maintenant que je ne devais pas m'en vouloir car j'avais fait de mon mieux. Je n'avais pas cesser de faire des efforts ; je ne l'avais pas laissé tomber.

Il s'était lui-même abandonné.


***


Le mouvement à mes côtés me fit tourner la tête en direction de mon interlocuteur qui était encore Gabin. Ses cheveux habituellement en touffe bouclée tombaient dorénavant sur ses épaules, sous le poids de l'eau. Il avait baissé le haut de sa combinaison, me laissant admirer sa belle peau bronzée, sans aucune imperfection. Mais son air sérieux me coupa de ma contemplation. Il ouvrit et ferma plusieurs fois la bouche avant de véritablement se lancer :

- Ton frère te manque ? demanda-t-il sans pincette.

Quelques fois, je détestais son côté direct. J'observai un moment mon père qui jouait toujours avec Judd et Jery et repoussai ainsi ma réponse. Peut-être finirait par changer de sujet... ou pas.

- Pourquoi il était triste ?

Je déglutis, perdant mes mots dès que les siens étaient sortis. Je ne savais pas que répondre. Il y avait tellement de raisons pour lesquelles Nathanael avait été malheureux, même certaines que je ne connaissais pas. Je n'aimais pas y penser. Il avait été triste à cause de ce qu'il avait dû subir dans sa jeunesse, triste à cause du monde qui s'était présenté à lui, à cause de la propre image qu'il avait de lui-même.

- Nathan était différent et il... se sentait coupable.

- De quoi ?

- De trop m'aimer, soupirai-je.

Je ne savais pas s'il avait entendu mes mots. Il resta silencieux pendant un moment, les sourcils froncés et le regard au loin. Puis il se mit soudainement à secouer la tête, apparemment troublé.

- Je ne comprends pas, m'avoua-t-il. Ce n'est pas une faute.

Ça ne devrait pas en être une... Ça l'était à partir du moment où on blâmait cet amour, qu'on le rendait tabou et qu'on le transformait en quelque chose de totalement affreux. J'étais la première à concevoir que l'amour que me portait Nathanael n'était pas normal, que ce n'était pas sain d'aimer un membre de sa famille, mais ce n'était pas une raison pour le considérer comme un monstre. Ça n'avait qu'aggraver sa culpabilité et transformer cet amour en quelque chose de mauvais. Il s'était hais chaque jour de ressentir de telles choses alors qu'il n'avait fait que s'accrocher à la seule personne qui ne lui avait jamais fait de mal et qu'il avait voulu protéger.

Les reproches des médecins n'avaient servi à rien, mis à part empirer son mal-être. Ils auraient pu lui dire que ce n'était pas si grave, lui apprendre à se construire par soi-même et à se détacher de moi, ils auraient pu rendre cet amour positif, simplement fraternel. Ils auraient dû. Mais ils préféraient enterrer ce qui dérangeait, chasser ce qui ne rentrait pas dans les normes. Au lieu d'apprendre à faire avec.

- Joy, tu veux que je te montre comment surfer ? s'exclama Gabin.

Son brutal changement de sujet me prit de court toutefois je répondis positivement. Il m'expliqua rapidement les quelques consignes avant d'assurer que j'apprendrais tout de suite, une fois sur l'eau. Je n'étais pas aussi confiante que lui mais au moins, je n'avais pas peur. Je ne redoutais plus vraiment rien, en dehors de la vie elle-même.

Je suivis donc Gabin dans l'eau, ignorant le regard insistant de mon père sûrement étonné de me voir participer à quelque chose. J'ignorai aussi mes habits qui me collaient à la peau et qui pesaient lourds sur mon corps. Le malgache m'aida à monter sur la planche et je fis mes premiers essais dans le domaine du surf. Je tombai quelques fois, permettant aux garçons de se moquer de moi, puis je trouvai rapidement équilibre... Quelle douce sensation de se sentir stable au-dessus de cette eau déchaînée. J'avais l'impression de contrôler et c'était le meilleur sentiment au monde. 

On décida d'avancer un peu plus, là où les vagues se terminaient tout juste. Et j'étais étonnée de voir que de nature maladroite je réussissais pourtant à ce sport qui demandait de l'agilité. De plus, j'aimais autant être sur l'eau que d'être dedans ; je me sentais seulement bien. Nous continuâmes alors pendant un long moment, s'aventurant plus loin chaque fois. J'aurais voulu continuer encore longtemps toutefois mon corps commençait à fatiguer. 

Alors que je décidai d'affronter ma dernière vague, celle-ci fût plus importante qu'on ne l'aurait cru. Mes pieds glissèrent et je fus violemment projeter dans l'eau. Au même instant, quelque chose vint me cogner la tête, me provoquant une immense douleur. Dans la précipitation, j'étais incapable de savoir où j'étais ; je faisais seulement de grands gestes dans l'espoir de faire surface. Je parvins rapidement à sortir la tête de l'eau mais la houle, trop puissante, m'emporta à deux reprises. Elle m'emmenait plus loin et plus bas. Je manquai d'air. Je suffoquai. Mon corps était engourdi et plus les secondes passaient, plus je commençai à perdre l'esprit. L'eau envahissait ma gorge, me noyant peu à peu et très vite, je décidai d'arrêter de me débattre. J'étouffai. C'était douloureux mais pas effrayant.

Je sentais mon corps couler, s'enfoncer dans les profondeurs du Canal. Les profondeurs... Je les voyais, d'une manière assez floue. L'obscurité de laquelle je m'approchai à chaque seconde. J'aimais cette sensation, celle de planer, j'aimais me sentir dans cette immense étendue d'eau aussi vaste que l'était mon cœur. Je ressentais quelque chose. Et je ne pensais plus qu'à une seule personne. Tout était paisible.

J'étais en train de mourir.

Et paradoxalement, je ne m'étais jamais sentie aussi vivante qu'à cet instant.


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WTF ?  C'est ce que vous êtes en train de vous dire ? Ouais je sais. 

Hey, vous allez bien sinon ? Ahahahah. Au moment où j'écris ce message, je me demande si vous serez tous en train de me haïr ou si vous vous empresserez de me demander « Joy est morte ou pas ? » ou encore, si certains en auront rien à faire ( je sais que c'est le cas, assumez ) ! Je préfère que vous imaginez votre propre suite, sachant qu'elle a tout de même des chances d'être sauvée. A vous de voir mais si vraiment la question vous démange et que vous voulez savoir, ce que MOI j'imagine, venez me demander en privé ! 

Bon plusieurs choses :

- Joyce a pu paraître agaçante mais je parle de dépression via son personnage. Particulièrement dans ce chapitre, au moment où elle parle de volonté ! Je considère personnellement que c'est tellement plus qu'une petite tristesse passagère, un coup de blues, que même si une personne veut se sortir de là, elle n'y arrive pas forcément. C'est une maladie ! 

- Le plus important, l'amour incestueux. Qu'on soit bien d'accord, ici je parlais d'un véritable amour et pas la seule pulsion de désir qui pousse certains à commettre des crimes. Je ne suis pas psychiatre, je ne sais pas comment on est censé gérer ce genre de situation... Pour moi une chose est sûre, ce n'est pas en blâmant une personne de ce qu'elle pense ou ressent qu'on la soigne ! C'est valable pour n'importe quelle maladie psychologique. J'ai l'impression qu'en agissant ainsi, à rendre des sujets de plus en plus tabous, on ne fait que rendre les gens plus névrosés qu'ils ne le sont déjà. 

 

Voilà pour les deux messages principaux que je voulais faire passer à travers cette histoire, je tenais à revenir là-dessus. Si vous avez des questions n'hésitez pas !

J'espère que cette histoire vous aura plu, merci de m'avoir suivi jusqu'au bout  ♥ 





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