Chapitre 24
« You cannot kill my desire. Set my love on fire and let it burn. »
Comment mes parents avaient-ils pu faire semblant de ne rien savoir et me laisser sans réponses ? J'avais du mal à comprendre la raison pour laquelle, ils me l'avaient caché... J'aurais été la première contente ! J'étais bien la seule à avoir toujours voulu qu'il soit soigné alors leur réaction n'était pas logique. Je ne savais même pas pourquoi je me torturais l'esprit. Je ne trouverai pas de raison à leur comportement, ils faisaient tout comme ils l'entendaient sans me prendre en compte. Tout ça pour préserver leurs secrets bien enfouis. Si tout le monde avait été honnête, j'étais persuadée qu'il n'y aurait pas eu autant de soucis dans notre vie.
J'attrapai le téléphone fixe et joignis immédiatement mon père, poussée par un élan de colère. Je me fichais de savoir l'heure de là-bas, je devais mettre certaines choses au clair. Il ne répondit qu'à la quatrième tonalité, d'une voix enrouée :
« Joyce, bonjour... »
« Pourquoi vous ne m'avez rien dit ? » attaquai-je tout de suite.
« J'entends que tu es encore de bonne humeur, aujourd'hui. »
Je grognai face à son ton ironique, je n'étais pas en état de plaisanter. Plus maintenant. Et ce n'était pas arrivé depuis un bon bout de temps avec lui alors que nous ne faisions que ça auparavant. Les choses avaient changées depuis que j'avais découvert qu'il n'était pas le père parfait que j'étais sûre de connaître.
« Pourquoi tu ne m'as pas dit que Nathan était en psychiatrie ? Pourquoi tu m'as laissé m'inquiéter pendant des semaines ? J'avais peur qu'il lui soit arrivé un truc et pourtant les rares fois où je t'ai eu au téléphone, tu n'as même pas pu me rassurer ? En me disant que mon frère allait bien, qu'on s'occupait de lui dorénavant ? Non, t'avais peur que ça me fasse trop plaisir ? » déballais-je d'un seul coup.
Je n'avais probablement jamais parlé autant de ma vie, moi qui passait mon temps à me réduire au silence face à mes parents et surtout face à Nathan. Ce n'était plus le cas ; j'avais compris que j'étais toute seule et que si je voulais réussir, je devais employer mes propres moyens.
« Chérie... » souffla-t-il « Les choses ne sont pas aussi simples. »
« Vous l'avez enregistré sous le nom de maman, vous ne vouliez vraiment pas que je le sache. Pourquoi ? »
Mon père mit plusieurs secondes pour répondre simplement :
« Parce que ton frère a besoin de guérir. »
« Et alors ? »
« Et, c'est évident qu'il ne doit plus te voir pendant un temps. Pour faire la part des choses... »
La manière dont il parlait du cas de Nathan, ajoutée à sa réaction quand je lui avais avoué le baiser, me laissait penser qu'il savait bien plus qu'il ne voulait me le dire et ce depuis plus longtemps que moi. Ça m'énervait de voir que j'étais la principale concernée, la cible de mon frère mais que personne ne voulait m'en dire plus.
« Tu n'aurais pas pu me l'expliquer, clairement ? Ça m'aurait éviter de me faire du soucis pendant un mois. » rétorquai-je.
« Tu y serai quand même allé Joyce. Comme je ne suis pas là pour contrôler, j'ai décidé de faire cela. Comment l'as tu compris ? »
Il s'y prenait un peu trop tard pour contrôler... Le mal était déjà fait. Il n'essayait que de gérer les dégâts, éviter qu'ils ne se répandent. Je décidai de ne pas relever et répondis à sa question.
« C'est simple. Le centre a appelé, Nathan est parti depuis hier soir. Et ils le considèrent comme dangereux donc il doit y retourner - même contre son gré. »
« Quoi ? Mais c'est pas vrai ! C'est pourtant bien lui qui a voulu y aller. Qu'est-ce qui lui passe par la tête encore ? » se mit-il à râler. « Bon, tu me diras quand il est revenu à la maison. J'aurais à lui parler.»
Mon père semblait bien persuadé du retour de Nathanael ; moi, je ne l'étais pas autant. Après tout cela, il ne pouvait pas revenir tranquillement à la maison. Sinon il l'aurait fait depuis la veille... Sauf s'il savait qu'il était recherché ? Il éviterait de repasser par la maison sachant que c'était le premier lieu où on le trouverait. Je n'arrivais pas à réfléchir convenablement car des tonnes d'idées se mélangeaient mais aucune ne tenait vraiment la route.
Au cours de ma vie et davantage au cours de ce mois-ci, j'avais appris que mon frère était si imprévisible qu'il ne fallait pas chercher à le comprendre, à anticiper ses futures actions. Il suffisait seulement d'attendre.
***
~ Le soleil était au zénith et malgré l'interdiction de notre tante, nous étions en dessous. Direction la grange abandonnée, au bout du champ, où nous passions nos journées à rire des bêtises des uns et des autres. Mes trois cousins et cousines ainsi que mon grand frère, courraient loin devant tandis que moi, je marchais avec difficulté dans les herbes hautes. Il n'y avait qu'Anabeth qui s'était efforcée à garder mon rythme pour ne pas me laisser seule. Nous étions les plus petites, toutes deux âgées de 11 ans, et face à nos cousins de 13 à 16 ans, nous étions souvent laissées pour compte. Mais cela ne nous dérangeait pas tellement, nous nous amusions tout de même.
- Il paraît que Naim a ramené des cigarettes, souffla ma cousine en replaçant ses lunettes correctement, si maman l'apprend...
Naim était son grand frère. Il était le plus grand de nous tous et surtout, il était le plus fou. Il avait soif d'aventure et à chaque fois que nous venions passés nos vacances chez lui, il nous embarquait avec lui. Et je devais avouer que c'était tout de même grâce à lui que je passais des étés mémorables.
- Elle ne l'apprendra pas si personne n'en parle.
- J'aime pas lui mentir.
Je soufflai. L'honnêteté d'Anabeth venait souvent faire défaut à nos bêtises.
- On se fera tous punir pour être sorti à cette heure-ci, alors il faudra que tu le gardes pour toi ! m'exclamai-je.
Elle acquiesça mais je savais au fond de moi qu'elle ne pourrait s'empêcher de tout avouer à l'un de ses parents. Malgré tout, l'on continua de se diriger vers la grange et nous l'atteignîmes dix minutes après les autres. Chacun s'était confortablement installé, à une place qui nous était plus ou moins habituelle. Naim et Nathanael s'échangeaient des messes basses puis sur les bottes de paille Alex et Diane essayaient de vaincre leur fou rire.
J'étais en train de m'installer près de ces deux derniers lorsque mon frère releva ses yeux d'un vert perçant sur moi. Ses lèvres rosées s'étirèrent en un sourire moqueur.
- Vous en avez mis du temps, les gamines !
14 ans et il se prenait déjà pour un adolescent mature. Ça me faisait rager.
- Fais pas cette tête, Joy ! rigola-t-il en venant s'asseoir à côté de moi.
Naim parut surpris de le voir quitter sa place pourtant il le suivit, fermant le rond que nous avions tous les six former naturellement. Il lança une plaisanterie à laquelle tout le monde s'empressa de répondre, mis à part Nathanael qui venait de m'interpeller. Une épaisse mèche de cheveux noirs cachait tout son front et même quelque fois ses yeux, malgré cela je réussis à percevoir son regard. Il n'y avait plus aucune plaisanterie, juste de la tendresse. Il plongea sa main dans la poche de son bermuda abîmée puis en sortit une poignée de mûres.
- On en a trouvé plein à la lisière, j'ai tout de suite pensé à toi !
- Oh, merci ! dis-je en piquant quelques unes.
Il jeta le reste dans sa bouche avant de me sourire, franchement.
- Nate, attrape ! s'écria Diane.
Avant qu'il n'ait pu relever les yeux, une balle en mousse s'écrasa contre son torse. Il s'empressa alors de la renvoyer à quelqu'un d'autre et nous passâmes une bonne demi-heure à nous échanger ce ballon qui avait vécu pas mal de choses - tout comme nous. C'était un peu le symbole de notre amitié.
Après cela, nous nous étions un peu dispersés dans la grange, tous à la recherche de quelque chose d'intéressant à faire. Les grands avaient essayé les cigarettes écrasées que Naim avait effectivement amené mais Anabeth et moi étions restés de côté - trop sages pour oser faire quoique ce soit. J'étais de nature peureuse mais je devais avouer que les voir essayer d'aspirer la fumée me donnait envie d'essayer. Seulement pour me surpasser, voir si j'allais aussi tousser comme eux ou si ça ne me ferait rien. Pourtant ils ne nous proposèrent pas avant une bonne heure. Et ce fût Naim qui se pointa en face de moi, avec un air fier. Sa main m'ouvrait le paquet de cigarettes juste sous mes yeux...
Je regardais un moment sa sœur, à l'expression affolée, puis cherchai mon frère mais ne le trouvai pas. Une fois n'allait pas faire de mal...
- Quoi, t'es une poule mouillée ? T'es un bébé comme Ana ? se moqua mon cousin.
- Non, c'est juste que...
- T'as peur que ta maman te gronde ?
Il se mit à rire tandis que Diane et Alex, postés derrière lui, suivaient aussi. Naim se tourna vers eux, continua de se moquer de moi pendant un moment puis il me regarda à nouveau, porta une cigarette à sa bouche afin de l'allumer. Une fois que ce fût le cas, il la tendit dans ma direction et l'approcha davantage de mon visage.
- Mais vas-y, chochotte !
Nathanael venait de revenir dans la grange et aussitôt, son visage sembla changer de couleur. L'incompréhension d'abord puis la colère qui le poussa à courir vers nous.
- Fous lui la paix ! s'écria-t-il.
Je le vis à peine taper dans la cigarette et sauter sur mon cousin, le ruant de coups démesurés. Naim qui était plus grand de deux ans ne mit pas de temps à se débattre. La bagarre démarra alors et mit un bon moment à s'arrêter, alors que les deux cousins s'étaient bien amochés mutuellement.
Alex avait été celui qui les avait séparé mais moi je n'avais rien pu faire. J'étais restée immobile face à la subite violence de mon grand frère. Je n'aurais jamais pensé que, simplement pour me défendre, il pourrait s'en prendre à son propre cousin avec qui il s'entendait si bien.
Alors lorsque nous étions rentrés, nous nous étions fait disputés pour trois raisons : notre sortie, les cigarettes et la bagarre. Il nous avait été impossible de mentir à propos de celle-ci tant les visages de Naim et Nathanael étaient tuméfiés. A présent, ma mère était passée nous chercher car notre tante ne voulait plus nous garder si mon frère se montrait si violent... Elles étaient en train de s'expliquer dans la cuisine sans penser que du perron, Nathan et moi entendions tout.
- Je dis juste qu'il a des réactions qu'il ne devrait pas avoir à son âge, renchérit ma tante pour la énième fois. Je le trouve un peu trop protecteur envers sa sœur.
- Tu m'étonnes qu'il le soit, ton fils voulait la forcer à fumer ! Ce serait à toi de revoir son éducation.
- Sara, ce n'est pas ce que je suis en train de te dire. Ce n'est pas à propos de toi là, ou de la manière dont tu t'occupes d'eux, mais de Nathan. Après ce qu'il s'est passé, c'est fort possible qu'il reste chamboulé même des années plus tard. Je veux juste que tu fasses attention, tu dois prendre ce genre de chose au sérieux... Ça peut dégénérer.
- Qu'est-ce que tu insinues ? Il va bien, je te rassure, mon fils est normal.
- Non justement, il ne l'est pas Sara ! Bon Dieu, mais pourquoi tu te voiles la face comme ça ? explosa ma tante soudainement. Y'a quelque chose qui ne va pas chez lui, tu ne le remarques pas ?
Je tournais immédiatement la tête vers Nathanael qui avait les mains crispées sur son bermuda. J'avais l'impression qu'il était prêt à se remettre dans la même colère noire que cet après-midi pourtant au lieu de ça, il partit en courant. Les mots de ma tante l'avaient profondément blessé mais certainement, il ne voulait pas me le faire voir. Il partit donc loin de nous, de moi, de la vérité. ~
J'ouvris subitement les yeux et ce souvenir s'effaçait déjà peu à peu. Il ne me restait plus que les mots de ma tante qui martelaient mon esprit : « Après ce qu'il s'est passé, c'est fort possible qu'il reste chamboulé même des années plus tard. ». Toute ma famille était-elle donc au courant ? Sauf moi ?
***
Une semaine était passée depuis la "nouvelle fugue" de Nathan... Aucun signe de sa part. J'étais en train de parler au téléphone avec Preston qui n'avait pas plus de nouvelles que moi, quand la sonnerie nous interrompit. Je m'excusais auprès du brésilien en descendant les escaliers puis allai ouvrir. Je n'avais pas pris la peine de regarder par le judas et je le regrettai car se trouvait devant moi, mon pseudo copain. Maintenant que j'avais eu des nouvelles de mon frère, il revenait. Après la tempête...
Il passa une main maladroite dans ses cheveux puis sur son front transpirant tout en m'adressant un sourire timide. Énervée, je lui tendis la main et je dis :
- Joyce, enchantée ! Il paraît qu'on sort ensemble.
Il roula des yeux et à ma plus grande surprise, il se mit à rire ! Il attrapa ensuite ma main puis d'un geste soudain, me rapprocha de lui. Ses prunelles furent insistantes sans doute pour la toute première fois depuis que l'on se connaissait. Je ne détournais pas mon regard, prête à l'écouter.
- Je suis désolé de m'être fâché... Parfois enfin bien souvent, je ne comprends pas ton comportement vis à vis de ton frère. Et Hugh m'a fait remarquer quelque chose : je n'ai jamais tenu autant à quelqu'un au point de me battre pour lui, comme toi tu le fais avec ton frère... malgré ce qu'il t'a fait, malgré ce que les gens pensent ou disent. Ça ne m'est jamais arrivé mais je sais, que toi je n'ai pas envie de te lâcher. Je suis attaché à toi, que tu le veuilles ou non. Et j'ai mes défauts, j'espère que tu sauras les accepter.
Caleb avait beau ne pas se comporter comme je le souhaiterais, il avait beau me décevoir, je devais admettre qu'il avait au moins la capacité de ranger sa fierté et de se rattraper. Il avait un point commun avec Nathanael : il finissait toujours par revenir vers moi, de lui-même. À la différence que Caleb ne faisait pas grand mal, il était juste maladroit. Je ne doutais pas qu'il avait un bon fond ; j'avais juste du mal à saisir la raison pour laquelle il s'accrochait à moi. Et inversement. C'était une relation qui tournait à vide mais qui nous convenait pourtant.
- J'ai aussi mes défauts... avouai-je, en souriant enfin.
- Caleb, enchanté !
J'esquissai un simple sourire puis retirai ma main de la sienne, tout à coup gênée par son toucher ainsi que son regard. Je réalisai maintenant qu'il était resté sur le pas de la porte et l'entraînai au salon sans un mot de plus. Lorsqu'il s'assit sur le canapé avec un petit sourire bête, je lui demandai tristement :
- Pourquoi il faut toujours que tes amis te parlent avant que tu agisses ?
- Parce que je suis un grand idiot qui n'a pas confiance en lui et qui a besoin qu'on lui répète en boucle des conseils avant de les appliquer. Je sais pas agir de moi-même pour tout te dire, j'ai toujours eu l'habitude qu'on décide tout pour moi. Merci papa ! termina-t-il en soufflant.
- Je n'ai quand même pas aimé la manière dont tu t'es énervé après moi, y'a un mois quand je me confiais pourtant à toi.
Je m'assis à ses côtés sous son regard observateur. J'adorais l'air qu'il venait inconsciemment de prendre, comme s'il cherchait la réponse à une grande question philosophique. Je lui donnais quelques secondes qui se transformèrent en une ou deux bonne minutes pesantes.
- Tu as changé de manière de penser. T'étais prête à partir loin de lui, t'étais effrayée, t'en avais marre, t'étais prête à aller voir un docteur pour tout avouer et pour que ton frère soit obligé de se faire interner. On avait tout prévu, non ? Et quand on revient du week-end, tu recommences à vouloir tout faire pour l'aider. Ça m'a semblé paradoxal que tu t'inquiètes pour lui alors que tu devrais être soulagée...
Présenté de la sorte, mon comportement était insensé - je l'avouais moi-même.
- Mais c'est plus fort que toi, tu le fais toujours passer avant toi. C'est admirable et énervant à la fois, concéda Caleb en secouant la tête. Est-ce que tu as conscience que tu as de l'importance, toi aussi ?
Je le regardai dans les blancs des yeux, déconcertée par sa question. On ne me l'avait jamais posé et je n'y avais pas pensé car c'était bien trop évident dans mon esprit. La seule importance que j'avais était celle que me donnait Nathanael et elle était malsaine. Mais la réelle question de mon copain n'était pas à propos de l'importance que j'avais pour quelqu'un, mais surtout pour moi-même. Je devais avoir de la valeur à mes propres yeux - c'était le message qu'il me faisait passer.
Pour éviter de répondre explicitement et parce que j'avais besoin de le sentir contre moi, je me précipitai dans ses bras. Mes bras se serrèrent naturellement autour de son cou. Je me détendis aussitôt que ses bras musclés enveloppèrent mon corps frêle. La chaleur qu'il m'apportait était apaisante ; je pouvais baisser la garde en son compagnie.
Et dire que j'allais le quitter, si j'allais vivre avec mon père... Je le voulais de moins en moins à présent. Il commençait à y avoir pas mal de choses à regretter, de personnes que je laissais derrière moi.
La vibration de mon portable, de longues minutes après, nous obligea à mettre un terme à notre étreinte. Je recevais tellement peu de messages que j'étais curieuse à chaque fois de voir qui cela pouvait bien être. Un numéro qui m'était inconnu cette fois. Je m'assis à genoux sur le canapé et intriguée, j'ouvris le message à toute vitesse. Mes mains s'étaient mises à trembler ; je mis un moment à lire :
« Retrouve-moi au studio. »
Ce n'était pas signé mais ça n'était pas nécessaire. C'était Nathanael.
***
Je fixais la porte en bois du studio qui perdait toute sa peinture. Je me souvenais encore du jour où mon frère m'avait annoncé qu'il avait enfin un endroit à lui, un « chez soi » et je n'avais pas tout de suite compris. Jusqu'à ce qu'il m'amène ici, devant une porte qui rayonnait d'un rouge extraordinaire. Elle ne semblait plus si extraordinaire dorénavant ou peut-être était-ce seulement mon regard qui avait changé.
- Tu n'es pas obligée d'y aller, si tu ne le veux pas... me lança Caleb, les traits tirés.
- Je le veux, affirmai-je, je veux être auprès de lui.
- Et tu n'as pas peur qu'il te fasse du mal ?
Je compris à son intonation et à son regard inquiet que c'était en réalité lui qui avait peur. Il redoutait, plus que moi, ma confrontation avec mon frère ; voilà la raison pour laquelle il avait insisté pour m'accompagner. Je le comprenais. Quant à moi j'étais certaine que les choses ne se jouaient plus sur ce plan là. La situation s'étant empirée, Nathan était en détresse et pour ne pas risquer de perdre mon soutien, il ne me ferait aucun mal. Même si l'envie le prenait.
Cependant, je n'y allais pas complètement sereine : je n'avais aucune idée de ce qu'il avait en tête. Il fallait toujours se méfier de ses idées. Il était capable de tout pour... moi. Pour être avec moi. Était-ce la raison pour laquelle il était partie du centre ? Se croyait-il guéri ? Avait-il peur de rester enfermé là-bas toute sa vie ? Et pourquoi avait-il laissé passer une semaine avant de me contacter ? Si je voulais une réponse à chacune de ses questions, je devais entrer dans cette salle.
Confronter mon frère.
- Passe moi ton portable, ordonna soudainement mon copain.
J'obéis sans vraiment me questionner davantage. Je le vis ouvrir la page contact de son profil à lui avant de verrouiller à nouveau mon mobile et de me le glisser sagement dans ma main. Il garda d'ailleurs sa peau chaude contre la mienne qui me semblait gelée. Je quittai ses yeux un instant pour observer nos mains qui contrastaient tant, comme nous deux finalement : la sienne était grande, bronzée et intacte tandis que la mienne était si minuscule, blanchâtre et marquée de brûlures.
- S'il commence à hausser le ton, qu'il s'approche trop de toi, tu m'appelles immédiatement c'est clair ?
Je hochai fébrilement la tête, peu habituée à le voir si entreprenant et protecteur. Lui qui m'avait laissé seule pendant un mois. Un dernier hochement de tête, dans le but de m'encourager moi même puis je me redressai et avançai vers l'entrée du studio de danse. J'entendais de plus en plus la musique qui résonnait derrière les murs pas assez insonorisés. Je posai ma main sur la poignée. Des cris, rauques et déchaînés.
Je fermai les yeux un instant et pris le temps de souffler. En passant le pas de cette porte, j'allais déterminer mon avenir. Nathan avait peut-être prévu une fugue ou bien un plan machiavélique contre mon père. Une chose était sûre, il n'était pas revenu sans rien en tête. Alors, j'entrai.
La porte se renferma derrière moi sans que je n'entende son grincement car la musique me transperçait les tympans. Elle criait si fort qu'elle produisait un son insupportable. Et par dessus cela, s'ajoutaient des plaintes saccadées ; celle de Nathan qui était recroquevillé par terre, à l'autre bout de la salle. Sa tête s'écrasait contre le miroir, ses mains agrippaient ses cheveux avec force tandis que tout son corps était secoué par de violents spasmes. Mon cœur se comprima aussitôt, comme s'il se trouvait entre les doigts de mon frère.
Où était passé le garçon plein de prestance, qui se tenait toujours droit ? Toujours fier ? Où était passé la force de mon grand frère ? Je ne semblais même pas le reconnaître. Lui qui avait toujours été fin ne ressemblait plus qu'à un corps dénué de vie à présent, semblable au mien. Comme si pendant ces quatre semaines, loin de moi, Nathanael s'était laissé mourir.
Sans le lâcher des yeux ne serait-ce qu'une seule seconde, j'atteignis la chaîne hi-fi qui était près de moi. J'avais peur maintenant. J'étais terrifiée, non par ce qu'il pourrait me faire mais par ce qu'il était devenu. Ou plutôt ce qu'il avait toujours été : un être déchiré. Il n'était plus maître de lui, de ses sentiments ; il se battait même contre eux. Il l'avait toujours fait mais ça ne m'avait jamais paru aussi frappant. Il se révélait à moi.
Comme j'avais baissé le son, il remarqua ma présence et je le vis se relever avec une lenteur presque surjouée. Il faillit même trébucher avant de se rattraper à la barre devant lui. Il resta dos à moi, la tête baissée, mais je percevais tout de même son visage rouge dans le miroir. Il me brisait le cœur. Rien ne m'avait rendu aussi malheureuse. Malgré le danger, le côté protecteur que j'avais développé à son égard me donnait envie de l'approcher, le prendre dans mes bras, lui faire savoir que j'étais là. Mais je ne bougeai pas, attendant une réaction de sa part.
- Je n'y arrive pas... dit-il si bas que j'eus du mal à entendre. Je...
Un sanglot coupa sa parole et il se laissa à nouveau vaincre par les pleurs. Je détestais voir comme ses épaules remuaient ; toute la tristesse qu'il avait gardé pour lui jusque là semblait se transformer en douleur physique. Et si cela me faisait davantage de mal c'était parce que j'aurais préféré trouver un Nathan sûr de lui, non un complètement détruit.
Je m'apprêtai à lui demander de quoi il parlait quand il craqua un peu plus, se pliant de douleur. Il finit par se laisser tomber à genoux sur le parquet et continuait de balbutier des paroles qui avaient du mal à sortir.
- Ils m'ont... Ils m'ont dit que ce n'était pas normal ! gémit-il. Y'a... tous ces sentiments et toutes ces idées qui m'envahissent sans arrêt. J'ai essayé de les arrêter, de ne pas les suivre mais c'est tellement dur. Je... Je sais pas quand ça a commencé exactement... J'ai toujours voulu te protéger, te garder à mes côtés, rien que pour moi. Et je sais aussi que je ne devrais pas ressen-...
Le reste de sa phrase fût étouffée dans un énième sanglot. Il porta de nouveau ses mains à sa tête, se crispant un peu plus à chaque seconde. Je restai immobile, j'étais incapable de bouger alors qu'à l'intérieur de moi c'était la guerre. Voir mon frère dans cet été me donnait uniquement envie de pleurer à mon tour, le joindre dans sa peine dans l'espoir de l'alléger. Pourtant comme les mots qu'il m'adressait étaient importants, je ravalais mes larmes toute tremblante et me forçai à être forte pour nous deux.
- J'ai tout essayé... J'ai jamais voulu te faire du mal, je voulais juste éteindre ce qu'il se tramait à l'intérieur de moi. Je voulais t'aimer un peu moins en te détruisant mais ça n'a fait qu'empirer... Je m'en voulais tellement, je m'en veux tellement, si tu savais. Et je te trouvais toujours quelque chose de plaisant. Tu revenais toujours, tu m'as jamais abandonné et moi... moi, je t'aimais un peu plus alors je continuais de te faire du mal.
Il fit une pause qui me permit d'assimiler ses mots, un par un - ayant chacun un impact différent. Je n'arrivais pas à tout comprendre mais mon frère se confiait. Il se débarrassait de tout ce qu'il avait caché depuis toutes ces années, il se dévoilait à moi.
- Je voulais arrêter d'aimer tes yeux, ton regard, tes mains, chaque traits de ta personnalité et ton corps parce que... je sentais que ce n'était pas bien, je l'ai toujours su au plus profond de moi même. J'ai tout fait pour repousser mes sentiments en le rejetant sur toi. Et je me punissais par la même occasion car je voyais souffrir la personne que j'aime le plus au monde... Mais j'ai réalisé que j'étais en train de te perdre... j'ai voulu arrêter pour te garder avec moi.
Nathan se tourna soudainement dans ma direction. Ses émeraudes, d'habitude brillantes de malice, n'étaient plus que des points sombres et noyées de larmes. Son visage était dévastée. Les nombreuses larmes parcouraient ses joues creusées avant de venir se pendre à sa mâchoire et de mourir sur ses genoux.
- Et tu sais qu'est-ce qu'ils m'ont dit ? Que je devais cesser de t'aimer... Je crois bien que c'est impossible, maintenant. C'est tout ce que je connais, c'est la seule chose positive que je n'ai jamais ressenti Joyce ! Comment oublier quelque chose qui nous est inné ? Est-ce que c'est même possible d'éteindre un amour aussi fort ?
Il releva la tête, plantant ses prunelles dans les miennes malgré la distance.
- Comment on fait pour arrêter d'aimer, Joy ?
Ma vue n'était qu'un immense floue alors que je ressentais des larmes chaudes, voire brûlantes, tracer leur douloureux chemin sur mes joues. J'avais reproché à mon frère de me haïr sans savoir que c'était en réalité l'inverse : il m'aimait... trop. Même si cela était contre nature, même si ça me dérangeait plus que tout, j'étais touchée par sa déclaration. De ma vie, je n'avais jamais eu une personne qui s'accrochait autant à moi, qui m'aimait aussi fort.
Les sentiments qu'il avait à mon égard n'étaient malheureusement que source de douleur car sa raison le rappelait à l'ordre. Une partie de lui le poussait vers moi tandis que l'autre, le retenait lui faisant comprendre que ce n'était pas correct. Puis, il s'était perdu dans cet océan fou d'émotions.
Tout comme moi. Alors je n'étais pas en capacité de répondre à sa question, nous savions tous les deux que quelques fois ce n'était pas possible. En dépit de tous les coups qu'il m'avait donné, toutes les insultes balancées et les méchancetés commises, je n'avais cessé de l'aimer. Pas comme il le voudrait, lui, c'était néanmoins de l'amour. Un amour fraternel... J'avais l'impression qu'il n'y avait rien de plus fort au monde. Je n'avais rien connu de plus fort.
Je le vis à peine se lever, ni traverser la salle en quelques enjambées ; je sentis seulement ses bras venir m'envelopper avec force. J'eus l'impression d'étouffer au début tant il me gardait serrée contre son torse. Sa tête reposait contre la mienne, sur mon épaule et ça faisait un bien fou de le sentir près de moi. Je m'apaisai légèrement, le serrant à mon tour. J'aurais voulu que ce soit dans d'autres circonstances... J'aurais voulu qu'il arrête de pleurer et pouvoir lui dire que j'allais l'aider. Toutefois, nous étions là à pleurer dans les bras de l'un et l'autre et les lamentations de Nathanael emplissaient la pièce. Il n'y avait rien que je pouvais faire.
Tous deux, nous nous rendions compte de notre situation. Et j'espérais qu'on saurait se reprendre. Peut-être trouver un moyen, temporaire ou non. Je ne savais même plus comment Nathan était censé être aidé mais je n'allais pas en rester là. Pas après tout ce qu'il m'avait confié.
- Je ne peux, je ne pourrai jamais... chuchota Nathan, le souffle court. Si j'arrête de t'aimer alors je me sépare d'une part de moi, je ne serais plus vraiment moi-même. T'es la seule personne que j'ai, la seule que j'aime... On m'enlève ça et je ne ressentirai plus rien du tout.
Sa voix avait encore des trémolos qui me faisaient frissonner, de tristesse. Un de ses bras se resserra davantage autour de mon cou et je sentis ses lèvres se poser près de ma tempe, y déposant un long baiser plein de tendresse. Ça ne lui correspondait pas... Ou plutôt je n'étais pas habituée à cela. Il nous berça un petit moment sans jamais desserrer son emprise sur moi, comme s'il avait peur que je lui échappe. Je l'étreignais tout aussi fort afin de lui confirmer que je ne comptais pas m'en aller - contrairement à ce que j'avais pu affirmer un mois plus tôt. J'étais là, depuis le début. Je le restais jusqu'à la fin.
Nathanaël déposa un dernier baiser sur ma joue, souffla et se détacha plus brutalement de mes bras. Il me tourna tout de suite le dos, ne me laissant pas le temps de voir l'expression de son visage. Je l'observais néanmoins retourner près du miroir, ignorant les battements précipités de mon cœur. Je croyais qu'il s'était repris, qu'il avait envoyé valser ses sentiments les plus faibles mais il se remit à pleurer.
- Mais quitte à ne plus rien ressentir du tout, je ne dois plus être là.
Il se pencha alors et attrapa un bidon qui avait toujours été là depuis le début mais que je ne remarquais que maintenant. Je n'avais fait attention qu'à lui. Je n'avais pas vu ce putain de jerrycan. Pétrifiée, je ne poussais qu'un ridicule gémissement. Il se retourna à nouveau vers moi et je crus le voir pour la toute première fois de ma vie. Nathanaël, mon frère meurtri, ennemi de lui même. Il abandonnait.
- Nathan ! m'écriai-je d'une voix pincée.
- Je mets un terme à tout ça.
Je ne réfléchissais plus à cet instant. Je commençais à faire plusieurs pas dans sa direction mais sa voix rugissante m'empêcha d'aller plus loin. Il me cria de ne pas approcha et commença à dévisser le bouchon ; ma tête se mettait déjà à tourner. Il n'allait pas faire ça, il ne pouvait pas faire ça. Ce n'était pas possible, ça devait être un horrible cauchemar.
- J'ai compris aujourd'hui, grimaça-t-il, qu'il n'y avait rien à faire pour moi. Je ne peux plus vivre ainsi, je veux pas passer le restant de mes jours dans un asile, incompris. À avoir honte de ce que je ressens, de ce que je fais ou de ce que je suis : un monstre. Tout ce que je veux moi c'est de me débarrasser de tout ça, être libre.
Il se remit à pleurer de plus belle, en même temps que moi. Quand je le vis retourner le satané bidon vert sur lui, se reversant toute la quantité de liquide transparent sur la tête et le corps, je fis un bond en arrière. Mon cœur était en train de s'éteindre, mon corps ne me répondait plus... Je perdais le contrôle de moi-même, incapable de faire quoique ce soit pour mon frère qui était sur le point de se ôter la vie. Avec toute cette quantité d'essence, il ne lui faudrait que quelques minutes pour en finir... Que devais-je faire ?
Je trépignais sur place, prête à lui sauter dessus et à lui enlever l'élément qui allait déclencher le feu. Pourtant j'étais terrifiée et même si je le voulais, je ne serais sans doute pas capable de me déplacer. Tout ce qu'il me restait, c'était les mots mais même ces derniers m'avaient été ôtés. Aucun mot ne me paraissait assez bien, assez fort, pour le retenir.
- J'ai besoin de toi, sanglotai-je, s'il-te-plaît arrête... Nathan...
Son regard s'accrocha à moi et l'expression de son visage parût changer ou peut-être n'était-ce que moi qui me l'imaginait. Je ne discernais plus ses larmes sur son visage trempé mais je voyais encore les tremblements de son corps. Et ses yeux éteints.
- Non, si c'était le cas tu serais venu me voir au centre. Tu n'as pas besoin de moi Joyce, je ne suis qu'un prétexte car tu as trop peur d'affronter la vie, toute seule.
- Je ne veux pas l'affronter seule et encore moins, sans toi ! S'il-te-plaît, ne fais pas ça...
Mes cris étaient hystériques. J'avais l'impression d'être extérieure à tout cela et d'entendre une autre personne parler. Je ne ressentais plus vraiment quoique ce soit, juste un grand néant incertain. On aurait dit que sous cet amont d'émotions, mon corps s'était arrêté de fonctionner pour me protéger. Tout semblait si irréel... Je devais rêver, j'espérais rêver.
Mais en relevant les yeux, je voyais toujours mon frère en pleurs à plusieurs mètres de moi. C'était réel, j'allais le perdre après tout ce combat pour le sauver.
- On m'a dit que tu ne voulais pas me v...
- C'est faux ! hurlai-je. Je t'ai cherché pendant un mois Nathanael ! J'ai pas arrêté... J'ai pas arrêté.
Ma voix se brisa sous mes propres pleurs incontrôlés. Une chaleur horrible me traversa le corps alors que l'air me manquait au fur et à mesure. J'avais du mal à respirer tant ma gorge était serrée ; je finis même par manquer de m'étouffer moi-même. Mes sanglots étaient si forts qu'ils me coupaient la respiration. C'était insoutenable.
- Tu vas pouvoir arrêter... J'ai toujours vu les efforts que tu as fait pour moi, j'ai toujours admiré ta force alors que moi j'étais si faible... si faible face à toi. Merci de t'être battu mais maintenant tu dois me laisser partir. C'est le seul moyen, je n'avais pas compris jusque là ; maintenant c'est bon. Je te laisse vivre... dit-il avec un petit sourire amer.
- Non, tu ne peux pas Nate... Tu m'as demandé tout à l'heure comment on faisait pour arrêter d'aimer, moi je te demande : Comment je ferai pour vivre sans toi ? Comment tu veux que je fasse Nathan ?
- Je suis désolé...
Je le vis plonger sa main dans la poche de jogging, sous mes cris désespérés. Son excuse était pour quoi ? Pour ce qu'il s'apprêtait à faire ou pour tout ce qu'il m'avait fait subir depuis ? Quand je vis sa main lever un briquet, je sautai sur place dans un élan de colère et d'impuissance totale. Mes larmes coulaient désespérément sur mon visage, me brûlant de tristesse.
- S'il-te-plaît, Nathan... Je t'en supplie. Je t'en supplie, ne fais pas ça... Je t'en supplie, du plus profond de mon cœur. Je t'en supplie...
Je continuais de le supplier en boucle, perdant peu à peu la raison. Je m'étais repliée sur lui-même et n'osais même plus le regarder. S'il abandonnait alors j'abandonnais aussi... Je ne me voyais pas vivre ma vie sans lui, c'était impossible. Je ne voulais pas le perdre.
- Je t'aime tellement, petite sœur... dit-il d'une voix ferme et distincte.
Il n'y avait plus qu'aucun sanglot dans sa voix, plus rien. Interloquée, je relevai alors la tête, croisai ses magnifiques yeux verts et cet instant sembla me durer un long moment alors qu'il ne dura qu'un quart de seconde sans doute. Ce moment resterait longtemps gravé dans mon esprit car ensuite, tout fût rapide. Un clignement de yeux. Un battement de cœur. Un geste. Et je vis la pire chose au monde.
Mon frère prit feu.
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Hello... Je ne sais pas quoi vous dire, mis à part que la fin de ce chapitre a été dure pour moi peut-être que ça le sera aussi pour vous. Je ne sais pas si j'ai réussi à transmettre les émotions qu'il fallait, j'ai juste écrit comme ça me venait pour que ce soit le plus "authentique" possible. Ce qui reste difficile puisque je n'ai jamais vécu une telle situation, je vous rassure.
Je tenais à dire que le flashback de ce chapitre va de pair avec la fin, ils permettent de se focaliser un tout petit plus sur le rôle qu'ont les adultes dans l'entourage de Nathan. Sur ce sentiment de honte qu'ils font naître chez lui sans essayer de l'aider pour autant... Ce que je trouve idiot mais qui existe réellement de nos jours avec de nombreux malades ( d'un pdv psychologique j'entends ).
On est bientôt à la fin, peut-être dans deux ou trois chapitres je ne sais pas vraiment et pourtant il en reste ENCORE à apprendre ! Ne croyez pas que tout se finit comme ça, ce serait trop gentillet ahah.
Bref, j'espère de tout cœur avec vos avis sur ce chapitre car il est important pour moi, pour l'histoire. Alors si vous êtes restés tapis dans l'ombre jusque là, s'il-vous-plaît manifestez vous et faites moi savoir votre avis - ça m'aiderait grandement !
Byeeeeeee
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