Chapitre 14

 «Something is always bring me back to you, it never takes too long.»

Son souffle contre mon oreille. Un petit ricanement. Et je fus projetée en arrière. 

Le bas de mon dos heurta l'armoire qui se trouvait derrière moi et je faillis glisser au sol mais je me rattrapai à temps aux coins du meuble. Je m'attendais alors à sentir les mains de Nathanael, à subir sa brûlante violence toutefois il n'y eût qu'un silence. Un silence qui ne fit que prolonger ce suspens insupportable, presque mortel. Durant ce moment, il n'avait pas bougé de sa place, la tête baissée... Mais je le sentis cette fois approcher lentement, trop lentement. Je ne pouvais même plus espérer m'en sortir, il n'y avait aucun moyen de le calmer.

La première chose que je sentis fût son souffle contre mon visage ; ses mains sur ma taille furent la deuxième. Ses doigts devinrent de plus en plus pressants, comme crispés par sa propre douleur. Jusque là, je ne savais pas qu'il était possible de sentir son cœur serré et battre à toute allure en même temps. Mon cœur enchaîné qui essayait de se débattre, de se sortir de cette torture et qui en forçant, ne faisait qu'accroître la douleur. Voilà la sensation si singulière que je ressentais à cet instant.

- Tu ne m'aides pas Joy... murmura-t-il. De quel côté es-tu ?

Il était si prêt de moi, ses lèvres si proches des miennes. Sa main remonta soudainement dans mon cou, sous ma mâchoire, le serra aussi fort que ma taille et approcha brutalement mon oreille de sa bouche. Sa respiration hachée m'envoyait des bouffées chaudes et irrégulières contre ma peau.

- De quel côté es-tu ? répéta-t-il.

Il n'y avait plus seulement ses mains et son visage collés à moi mais à présent tout son corps se pressait contre le mien comme s'il n'avait plus aucune force pour se tenir droit. Le bord du meuble me rentrait dans le dos et je commençais à avoir un mal horrible.

- Q-quoi ? Na... Nate, y'a pas de côté !

- Si ! Si il y a deux côtés et tu ne peux pas choisir le sien, rugit-il.

Il me secoua pour ponctuer ses paroles, me cognant à chaque fois contre l'armoire en bois. Il ne mesurait pas sa force, il ne savait pas combien sa main contre mon cou m'empêchait petit à petit de respirer ou que sa main contre ma taille laisserait très vite place à une marque sur ma peau. A cet instant, il ne le savait pas car son intention n'était pas de me faire du mal - pas encore. Je voyais qu'il se contenait au maximum, qu'il serrait chaque muscle de son corps pour ne pas succomber à ses plus profonds et ses plus forts désirs.

Son souffle me caressa une dernière fois la peau puis ses doigts s'éloignèrent, son corps aussi. Je me sentais affreusement vide, je ressentais comme un froid qui paralysait mes membres au fur et à mesure. La chaleur de Nathanael était effrayante mais je me rendais compte à présent que quelque part aussi elle réussissait à me rassurer. Me prouvant seulement qu'il était là, que je n'étais pas seule. Me rappelant ce pourquoi je me battais : pour lui.

Plus loin, il se pencha au sol, attrapa le briquet tombé je-ne-sais-comment de ma poche et se dirigea vers la baie-vitrée. Lorsqu'il ouvrit les rideaux et se faufila entre les vitres ouvertes, je fus plus éblouie par son départ que par la lumière du jour. Il ne m'avait pas touché, Nate ne m'avait pas fait de mal malgré une situation très... tendue et provocante. Un fin sourire se dessina sur mes lèvres tandis que mes sourcils se fronçaient sous l'incompréhension car il restait tout de même à savoir la raison d'un tel comportement. Et celle-ci fût évidente quand la voix de mon père retentit dans la maison

- Joyce ? Nathanael ? Venez s'il-vous-plaît !

S'il n'avait pas agi c'était parce que mon père se trouvait à quelques pas de là et que de toute manière, il n'avait aucune chance de s'en sortir. Mon père s'inquiétait pour moi dès la minute où il ne nous voyait plus tous les deux. Alors le geste de mon frère n'avait pas été clément, seulement stratégique.

Soulagée mais tout de même contrariée, je quittai la chambre et retournai dans le salon, en traînant des pieds. J'y trouvai tout le monde, y compris Nathanael qui restait près de l'entrée côté jardin. Il était courbé contre un mur et se redressa quelque peu lorsqu'il m'aperçut. Gabin était toujours assis sur sa chaise mais était dorénavant tourné vers mon père et sa petite famille, tous installés sur le canapé. J'avançai vers Soamiary que personne ne quittait des yeux et qui elle, fixait Nathanael avec une lueur d'effroi et un semblant de fascination.

- Joyce, m'accueillit-elle.

Elle me tendit les bras et bien que gênée, je me penchai pour lui offrir une accolade. Elle me garda un peu plus longtemps que je l'attendais, me demandant plus de trois fois si j'allais bien. Et quand je lui retournais la question, elle ne prit pas la peine de répondre. Je m'éloignai légèrement puis baissai les yeux sur son ventre, automatiquement, en croyant stupidement pouvoir ainsi savoir quoique ce soit.

- Tu vas bien ? soufflai-je.

Mon père passa un bras autour de sa taille avant de lui sourire tendrement, les yeux pétillants. Soa lui rendit son sourire puis me l'adressa à moi :

- Tout va bien, m'assura-t-elle en insistant sur le premier mot.

Ses paroles me causèrent immédiatement une joie immense. Leur sourire devint contagieux et leur bienveillance aussi, car dans un élan irréfléchi, je repris Soa dans mes bras. J'étais réellement contente d'apprendre que d'une manière ou d'une autre, elle avait réussi à garder son enfant. Cet enfant qu'ils semblaient tant désirer mais qui avaient dû sans doute provoquer d'autres problèmes avec le père de Soa. Elle avait pu le garder, mais en échange de quoi ? Il y avait forcément un mauvais côté à cette histoire car après ce que mon père m'avait expliqué, j'avais compris que tout ce qui semblait intéresser ce M. Rajana c'était la situation économique de sa famille. J'avais envie de poser la question sur le champ, en ayant marre de toujours remettre les choses à plus tard mais je réalisai que c'était réellement ni le lieu, ni le moment.

- Tu me présentes ton fils ? demanda Soa d'une voix basse.

Le regard de mon père changea aussitôt et presque à contre cœur, forcé, il fit signe à Nathanael de s'approcher. Je l'entendis se déplacer calmement jusqu'à ce qu'il apparaisse à mes côtés, m'englobant déjà dans sa chaleur corporelle. Mon père et sa femme se levèrent pour nous faire face ; j'avais l'impression que c'était dorénavant sa famille contre la mienne. Comme si nous étions soumis à un examen et que si l'on échouait, Nathan et moi serions séparés à jamais. C'était ce que mon père semblait avoir en tête mais il n'avait pas l'air d'avoir conscience qu'il me faudrait beaucoup pour laisser tomber, pour abandonner, mon propre frère. Après ce que j'avais traversé, même les plus grandes foudres, ne me faisaient pas peur. La seule personne qui m'effrayait était celle à qui je tenais le plus, alors même si celle-ci me demandait de la quitter, je ne le ferai pas. Et je savais que Nate ne me le demanderait jamais.

- Nathanael, enchanté ! commença-t-il avec une voix charmeuse et une main tendue.

Comme s'ils voulaient échapper à cette tension, Judd et Jery s'éclipsèrent encore une fois dans la maison non sans crier et rire. Soamiary, elle, serra timidement la main blanchâtre de mon frère. Le contraste de leur peau ne faisait qu'appuyer cette distance qu'il y avait entre nous.

- Soamiary, glissa-t-elle alors qu'elle récupérait sa main. C'est un plaisir d'enfin te rencontrer !

- Oh mais tout le plaisir est pour moi ! J'ai enfin l'honneur de découvrir la femme de mon père.

J'avais envie de rire nerveusement car cette situation était d'un ridicule gênant et d'une hypocrisie de la part de tous : Soamiary essayait de cacher sa crainte, je compris ainsi que mon père lui avait tout raconté, puis Nathanael dégageait une fausse amabilité et feignait de ne pas voir qu'il dominait, qu'il était maître de toute cette comédie. Alors j'avais envie de rire du jeu de Nathan et rire pour essayer de décontracter Soa. Je comprenais qu'elle puisse avoir peur, pour elle, mais aussi pour ses enfants. Elle avait sans doute l'impression d'accueillir un meurtrier dans sa maison, un lion à l'affût d'une moindre proie. Mais son impression était fausse, elle le verrait très vite : Nathanael ne ferait de mal à personne, durant ce séjour. Du moins pas à elle et ses enfants... 

Cette pensée me fit tourner la tête vers Gabin, qui continuait de nous observer tous, chacun notre tour. Il devait sans doute faire une analyse dans sa tête et en sortir une quelconque conclusion. Mon père, lui, n'avait pas besoin d'analyser la situation pour être énervé par le comportement trop adorable de Nathan.

- C'est aimable de m'accueillir chez vous, continua ce dernier, je sais que ce n'était pas prévu et j'en suis désolé. Mais je serai si discret, que vous ne remarquerez pas ma présence !

- Toi, discret ? ris-je.

Tous les têtes se tournèrent soudainement vers moi, je sentais même le regard de Gabin peser sur moi. Ils semblaient tous un peu surpris de me voir prendre la parole et encore plus surpris de m'entendre plaisanter. Plaisanter avec l'ennemi, aux yeux de mon père.

Finalement, Nathanael ouvrit la bouche pour répondre à ma pique mais il se ravisa. Puis se décida à nouveau, s'inclinant vers moi et posant sa main dans le creux de mon dos. Je vis Soa frissonner à ma place et mon père faire un pas en avant, prêt à intervenir. Il n'attendait que ça... Et mon frère, lui, n'attendait qu'un échange de regard entre nous pour poursuivre. Mais comme je lui refusai toujours cela au bout de plusieurs secondes, il fit sans. Il s'était rapproché, avait glissé sa main le long de mon dos pour agripper ma taille et dans un soupir assez fort pour être entendu de nous quatre, il lâcha :

- Tu voudrais que je sois plus discret, Joy ?

Sa voix rauque semblait nous avoir coupé le souffle à tous car personne ne prit la parole - ni même ne bougea avant un moment. Ce fût mon père qui intervint, ne tenant plus, il s'avança et me saisit le poignet. Il me tira vivement contre son torse sous les yeux ahuris de Nathanael. L'incompréhension fut très vite mêlée à de la frustration, je le voyais parfaitement à la manière dont il se tenait. A la manière dont ses yeux se noircissaient mais brillaient à la fois. A la manière dont ses veines apparaissaient au fur et à mesure le long de ses bras, de son cou, sous la tension de ses muscles.

- Qu'est-ce qu'il t'arrive Kenneth ? attaqua-t-il tout de suite.

Mon père grimaça à l'entente de son prénom mais ne répondit pas à la provocation. Alors Nathan, qui ne lâchait rien avant d'avoir eu ce qu'il voulait, relança :

- T'as peut-être quelque chose à nous dire sur la discrétion ?

Il renifla péniblement et s'arma du sourire le plus machiavélique qui puisse exister. Cette fois, notre géniteur ne put se retenir et me lâcha pour faire face à l'incarnation de Lucifer. Je vis Soa essayer de le retenir mais abandonner aussitôt. Je me tenais à ses cotés, prête à assister à une énième scène de confrontation entre les deux hommes qui géraient ma vie.

- Ne t'avance pas sur ça, Nathan, le prévint-il.

Sur quoi ? Ils partageaient visiblement un lourd secret, c'était de plus en plus éclatant. Un secret qu'aucun d'eux n'avait l'air de vouloir ressortir mais avec lequel Nathanael arrivait à faire pression sur mon père. Et il ne fallait pas être psychologue pour comprendre que tout ce conflit était sûrement la raison du comportement de Nate. Ou peut-être me trompais-je, peut-être me contentais-je de prendre les premières explications qui me tombaient dans les bras.

- Alors, reste à ta place et cesse d'intervenir quand je parle à Joyce.

- Parce que tu donnes des ordres à ton père maintenant ? ricana-t-il plus qu'agacé.

- Pouvez-vous arrêtez ? supplia Soamiary. Kenneth s'il-te-plaît ?

Mon père jeta un regard vers nous, du moins vers sa femme, et malgré son air obstiné, il abandonna totalement Nathan pour venir se poster près d'elle. Si c'était moi, qui était intervenu, il n'aurait pas bougé de sa place. Mais là c'était Soa et il l'aimait. Et j'imaginais qu'elle connaissait pas ce secret qu'il tentait de cacher alors il faisait profil bas, se comportant comme le plus admirable des hommes pour qu'elle n'ait rien à lui reprocher... Elle.

- C'est bien, Ken, tu as le droit à une croquette ! lança mon grand frère avec sournoiserie.

- Si tu ne veux pas passer le reste de ton séjour dehors sur la plage, tu devrais t'arrêter là ! l'avisa tout de suite son ennemi numéro un.

Nathanael explosa de rire avant de s'avancer vers nous.

- Tu ne ferais pas ça, tu es bien trop parfait comme père.

J'entendis le concerné souffler puis il échangea quelques mots dans leur langue avec Soamiary, qui hocha la tête et quitta la pièce. Puis il s'adressa à Gabin et eut encore pour réponse un hochement de tête.

- Le parfait père va faire à manger, lâcha-t-il avec dédain.

Je scrutai son visage, tiré par la nervosité. Sa femme venait de revenir, qui plus est toujours enceinte, et encore une fois, Nathanael arrivait à gâcher ce bonheur.

- Non c'est bon papa, je vais m'en charger ! déclarai-je. Je suis sûre que Soa a besoin de toi, va la voir.

Elle allait sans doute me tuer pour avoir fait la tâche à sa place mais je préférais m'en charger que de manger la mauvaise nourriture de mon père et surtout de supporter son humeur massacrante plus longtemps.

Il céda tout de suite, tout aussi soulagé que moi et ne se fit pas prier pour quitter la pièce. Ce n'était plus que Nathan, Gabin et moi alors j'espérais uniquement que la situation ne dégénérait pas davantage. Cétait un bien trop grand espoir, en présence de mon frère.

Je me dirigeai vers la cuisine, Nathan sur mes pas. Je me retournai pour le regarder avec des yeux ronds.

- Qu'est-ce que tu fais ?

- Je viens t'aider, crois pas que je vais te laisser avec ce taré violent ! répondit-il en pointant du doigt le malgache.

- Génial, il n'y aura plus un mais deux tarés violents ! ironisai-je.

Je n'attendis pas sa réaction et rejoignis la cuisine tandis qu'il me suivait toujours et que Gabin faisait de même du regard. Pendant que j'étais occupée à farfouiller, j'entendis la musique résonner et très vite Nathanael apparût à mes côtés. Il me donna plusieurs coups de hanches, ignorant mes supplications. Des supplications qui n'étaient cette fois non trempées de désespoir mais habitées d'un quelconque amusement.

- Je ferais jamais à manger, si tu continues ! râlai-je.

- Mais allez bouges !

Il essaya de me faire danser mais je résistai à sa poigne et nos demi-frères, qui arrivèrent en courant, me sauvèrent la vie. Ils entrèrent dans la cuisine et commencèrent à se dandiner, sauter de partout et rire. Gabin et Nathanael parurent aussi attendris que moi car nous les regardâmes longtemps avec un sourire jusqu'aux oreilles. Quelques instants plus tard, Nathanael se mettait à leur apprendre quelques pas de danse qu'ils effectuaient bien mieux que moi !

- Baissez le son, se plaignit alors Gabin.

Nate lui jeta un regard sombre et d'un geste rapide de la main, augmenta le son du lecteur. Il n'avait pas quitté Gabin des yeux, imposant sa force sans pitié. J'avais l'impression de devoir garder quatre enfants, et c'était malheureusement les plus grands que je devais le plus surveiller.

Le malgache se bouchait maintenant les oreilles avec ses mains alors que mon frère, lui, continuait d'augmenter le son, me crevant bientôt les tympans à moi aussi.

- Mais quel taré ! me cria-t-il par dessus le son.

Je traversai la cuisine pour totalement mettre un terme à cette musique qui m'était insupportable à présent. Il me regardait, étonné, mais amusé. Je fus déboussolée un moment par la beauté de ses yeux, comme si je les découvrais tout juste. Je réussis cependant à reprendre mes esprits en regardant ailleurs.

- Tu veux nous rendre sourd ? m'adressai-je tout de même à lui.

- Je rigolais, je savais pas que le taré allait flipper ! se défendit-il faussement.

- Ne sois pas si rude et irrespectueux, il a un prénom. Et maintenant, laisse moi préparer le dîner.

Je le sentis approcher alors que mon regard s'accrochait toujours lâchement au plan de travail. Presque avec instinct, je posai mon bras contre le bas de son torse l'empêchant d'augmenter notre proximité. Mais mon geste fut aussi inutile qu'un coup de vent. Sa main m'empoigna avec férocité et il écarta mon bras de son corps, sans pour autant me lâcher.

- Tout ce que voudra la princesse...

Il resta un moment à me fixer et comme je ne levai toujours pas les yeux vers lui, il finit par desserrer ses doigts puis enfin, partir. Il emmena les petits au passage et me laissa seule avec le "taré violent". J'avais honte de son comportement puérile, ou même sauvage. Il n'avait de la considération pour personne c'était aussi triste qu'effrayant à voir.

- C'est lui, déclara Gabin qui relevait enfin la tête.

Je l'observai, interloquée.

- C'est lui, qui ?

- Ton frère.

- Qu'est-ce qu'il a ? lâchai-je avant de réaliser. Non laisse tomber, Gabin, je ne veux pas savoir.

Je lui tournai le dos, espérant ainsi qu'il s'arrêterait là. Il ne devait pas aller plus loin, pas me le dire à haute voix.

- C'est à cause de lui si t'es triste ! haussa-t-il la voix. C'est lui qui te fait du mal !

Je me précipitai face à lui en lui faisant de grands gestes pour qu'il calme sa voix. Je jetai un regard vers le reste de la maison, une chance que Nathanael ne se trouvait déjà plus là. Le malgache ne comprit pas ma réaction ; il se contentait de grimacer.

- Ne dis plus jamais ça, faut même que tu t'enlèves cette idée de la tête. C'est absurde ! Il est peut-être méchant mais il ne me ferait jamais de mal, tu as bien vu comment il m'a défendu à peine ! déballai-je pour le convaincre. Oublie ça ok ?

Il déclina en secouant longuement sa tête. 

- Hun, hun, Ken m'a dit que je me trompais jamais !

- Et bien y'a une première fois à tout, affirmai-je.

Il tourna la tête vers moi sans pour autant oser me regarder.

- Je suis pas bête ! protesta-t-il.

- J'ai pas dit ça. Seulement, tu te trompes sur ce coup là.

- Je ne suis pas débile ! insista-t-il avec plus de fermeté.

Il se braqua ensuite, rendant la communication difficile - impossible. Il marmonnait dans son coin et ne cessait surtout pas de compresser sa balle rouge. Je me demandais ce qu'il allait faire. S'il en parlait à mon père, ce dernier le convaincrait de faire profil bas. Mais qu'adviendrait-il si par son honnêteté innocente, il disait tout à Nathanael ? Et puis après toutes ces interrogations, ces peurs, je pensais comme Gabin était finalement quelqu'un de bien. Il avait tout assimilé en quelques minutes, tandis que le reste de mon entourage ne se doutait toujours de rien. Je n'existais pas pour eux, ils ne me regardaient pas assez pour voir comme j'allais mal. J'avais beau le nier, me dire que c'était mieux ainsi, néanmoins j'avais tout de même espéré qu'un jour quelqu'un que j'aimais agisse comme Gabin. Que Preston intervienne entre Nathan et moi, que Caleb  perçoive mon mal-être. Seulement, ça ne marchait pas comme ça. Je ne faisais pas partie de ces filles qui finissent par être sauvées par leur prince charmant.

***

Il était plus de trois heures du matin et Nathanael tapait à ma porte depuis plus de dix minutes. De plus en plus vite, de plus en plus fort... J'avais cru qu'il finirait par laisser tomber mais c'était mal le connaître. Il allait rester jusqu'à ce que j'ouvre cette putain de porte !

- Joy, ouvre s'te-plait ! Je sais que tu dors pas, annonça-t-il.

Je soufflai et me levai, approchant de la porte à petit pas.

- Je dormais avant que tu me réveilles ! ronchonnai-je. Il est tard, qu'est-ce que tu veux ?

- J'arrive pas à dormir moi.

A l'instant, il avait l'air d'un enfant qui voulait se faufiler dans le lit de sa mère pour réussir à s'endormir. Mais contrairement à un enfant, Nathanael n'avait lui pas l'intention de dormir, encore moins l'intention de parler. Mais me faire du mal, encore. Lui ouvrir la porte serait complètement stupide de ma part mais ne pas lui ouvrir aussi.

- Allez Joy ! insista-t-il.

Mes doigts se posèrent autour du verrou, hésitèrent un petit moment puis finirent par l'ouvrir. Je me reculai automatiquement alors que la porte ne tarda pas à s'ouvrir sur mon frère, qui ne portait qu'un jogging. En même temps, nous nous détaillâmes l'un et l'autre bien que l'obscurité n'aidait pas vraiment. Néanmoins, j'aperçus son sourire et je remarquai comme il semblait crispé quand il passa à mes côtés pour aller s'allonger de travers sur mon lit. J'allumai la lampe de chevet sans le lâcher du regard puis mon attention fût tout de suite prise par la grande cicatrice qui se dessinait le long de ses côtes droites. Ainsi que plusieurs autres, plus fines, qui passaient au-dessus de son nombril ou sous ses pectoraux. Mais la plus inquiétante restait celle sur sa cage thoracique... Pas difficile à deviner qu'elles provenaient toutes de brûlures. Ça me donnait mal au cœur ; ça me faisait mal au cœur.

Je partis m'asseoir près de lui. Il avait croisé ses bras autour de sa tête, ne me voyait donc pas mais sentit tout de même ma présence car il se raidit davantage.

- Pourquoi tu fermes ta porte à clefs ? me demanda-t-il d'une voix grave.

- Parce que... c'est pour... pas que les garçons viennent me réveiller super tôt, haussai-je les épaules.

- Ou pour te protéger ?

- De quoi ? feignis-je.

Il bougea ses épaules puis retira ses bras de ses yeux pour me regarder, avec un sourire pincé. Simple mais plein de sous-entendus.

- Des tarés violents !

J'ignorai sa réponse et j'ignorai aussi ses émeraudes qui me sondaient. Je lui fis dos et regardai à la place la porte non fermée, en espérant y voir arriver quelqu'un. La tension ne faisait que monter, je le sentais parfaitement. Puis Nathan n'était pas ici pour rien, il y avait quelque chose qui le tracassait et il voulait le résoudre. Autant il savait être directe, autant il aimait taquiner mes nerfs certaines fois.

- Tu sais, je crois que je préfère qu'un connard comme Caleb te tourne autour plutôt qu'un trisomique... On sait jamais ce qu'ils sont capables de faire ces gens-là.

- Il n'est pas trisomique, répondis-je. Et même s'il l'était, il n'est pas plus dangereux que toi... ou moi... ou n'importe qui d'autre.

- Peu importe, il n'a pas toute sa tête !

- Il est sans doute plus intelligent que toi, chuchotai-je pour moi-même.

Mais mon murmure n'avait pas été assez bas car à peine sorti de ma bouche que sa conséquence fût immédiate. Nathanael attrapa ma main - brûlée bien évidemment - et me tira brutalement vers lui. Je laissai échapper un cri de stupeur et de douleur et le temps d'après, j'étais allongée sur le matelas, lui penché au dessus-de moi. Il laissait au fur et à mesure tout le haut de son corps reposer sur moi.

- Ne me compare pas à lui ! m'ordonna-t-il.

Je hochai la tête, il me lâcha finalement et se rallongea. Je n'avais même pas eu le temps de paniquer, ça avait été trop rapide mais à présent je ressentais toute la terreur. Je me redressai doucement, le cœur chancelant.

- Et habille-toi plus décemment, ajouta-t-il avant de se racler la gorge.

Je baissai les yeux sur mon top court et mon short que j'avais justement mis pour la nuit, étant pourtant sûre que personne ne me verrait ainsi. C'était encore une fois mal connaître Nathanael et ne pas avoir envisagé qu'il viendrait me voir en pleine nuit. Mais je ne comprenais pas pourquoi ça le gênait, il n'y avait personne. Ou alors ne parlait-il pas des habits que je portais maintenant ? Mais ceux du quotidien ? J'étais perdue et ne savais pas quoi faire, au risque de l'énerver un peu plus.

- Tu pourrais toi aussi t'habiller plus décemment, remarquai-je sans réfléchir.

Je posai mes doigts sur mes lèvres, regrettant aussitôt mes paroles. Si seulement nos mots pouvaient être ravalés ! Il ne réagit pourtant pas mal, ricanant au contraire.

- Pourquoi ça ?

Je me mordis la lèvre inférieure et m'insultai déjà pour ce que je m'apprêtai à dire. Pour le sujet que je m'apprêtai à entamer.

- Pour ne pas que je vois ça... glissai-je.

J'accompagnai mes dires avec un geste. La paume de ma main se posa sur sa plus importante cicatrice et aussitôt, il replia ses jambes dans un sursaut puis sa peau frémit sous la mienne. Il retira ma main après quelques secondes d'un mouvement sec, tendu.

- Ne me touches pas, me conseilla-t-il les dents serrés.

- C'est toi qui te fait ça ?

Il renifla puis se frotta le visage, les yeux fermés. Sa peau blanchâtre avait toujours la chair de poule et quelque part ça me rassurait. Car si Nathanael donnait l'impression d'être un homme vide, sans aucuns sentiments, presque mort, son corps me prouvait le contraire. Il ressentait des choses, il était seulement très bon pour le cacher. Comme à ce moment, il tentait tant bien que mal de mettre sa gêne, sa tristesse, derrière de la colère. Derrière ce voile, qui se révélait en fin de compte assez transparent.

- Ça ne te concerne pas, Joy.

- Pourquoi ? Pourquoi tu t'fais ça même à toi ? explosai-je.

- Je te préviens, tais-toi ! s'énerva-t-il.

Je déglutis avec difficulté, manquant soudainement de souffle. C'était comme si tous les mots que je voulais cracher tourbillonnaient et finissaient par s'emmêler dans ma gorge. J'en avais même mal, j'en tremblai de toute part. J'étais impuissante comme je l'étais face à toute cette situation.

- Tu dois arrêter, balbutiai-je, vraiment. Je te le demande !

- Je ne veux pas en parler Joyce ! Ferme-là.

Je tentai une dernière approche : touchai sa cicatrice du bout des doigts. J'avais peur mais j'ignorai les tiraillements dans mon ventre, j'ignorai mes tremblements. Je faisais face à mon frère, le poussai à bout. Je ne savais pas ce que ça allait m'apporter, peut-être espérais-je voir qu'il se retiendrait à nouveau ? Soudain, il envoya valser ces piteux espoirs car il rejeta ma main et saisit l'autre, blessée. Il l'avait replié derrière mon dos, tordant un peu plus mon bras et surtout pressant ma brûlure à chaque seconde. Je me mis à crier faiblement, tentant de le supplier à travers ma respiration haletante. Il posa sa main contre ma bouche et me plaqua à nouveau contre le matelas.

- Arrêtes ça ! hurla-t-il. Arrêtes ! 

Il était dans une colère noire et incontrôlable. Même lui ne semblait pas comprendre ce qui lui arrivait, il me serrait d'une force surhumaine. J'essayai tant bien que mal de l'éloigner avec mes jambes mais le seul résultat que je réussis à obtenir fût la chute de la lampe. Il me murmurait tout un tas de choses que je ne parvenais pas à comprendre sous le feu de l'action. Je n'entendais que nos souffles éperdus, mes cris étouffés et mon cœur qui menaçait d'éclater en morceaux et de laisser librement mon corps à mon bourreau. Je sentais sa chaleur, là partout, tout autour de moi. La chambre était devenue L'Enfer propre. 

- Ouvre les yeux ! Regarde ce que tu as fait, gueula-t-il, tu l'as cherché ! 

Et comme je n'obéissais pas, il serra un peu plus ma mâchoire pour me faire encore une fois céder sous la douleur. Quand j'ouvris alors les yeux, je plongeai tout de suite dans les siens... proches, si proches que je ne voyais plus leur éclat. Ce n'était plus que deux billes sombres qui scintillaient. Ils s'étaient tant mordus la lèvre inférieur que celle-ci saignait. Je ne reconnaissais pas mon frère, il n'y avait plus aucun Nathanael dans l'homme qui m'agressait à ce moment. Le faire revenir à une quelconque raison serait impossible, je ne l'envisageais même pas. Tout ce que j'avais à faire c'était de me taire et de subir, délivrer sa souffrance à lui, garder la mienne.

- Nathan ! résonna une forte voix derrière lui.

Je vis des mains imposantes apparaître et l'attraper par les épaules, pour le tirer en arrière. Il me lâcha brutalement, me faisant mal une dernière fois et je me redressai sur le champ pour voir mon père le plaquer contre le mur le plus proche. Ma vue était quelque peu floue mais j'étais parfaitement capable de voir qu'il étaient prêts à se battre. Père et fils. A cause de moi.

Le premier coup partit avant que je n'eus le temps de réaliser. Mon père avait frappé sa main contre le visage de Nathanael, qui gisait à présent au sol, il se pencha et lui hurla des mots que je n'entendais que vaguement. J'étais dans une bulle, j'étais loin, je ne pouvais que regarder et non réagir. Je restais là, assise sur le bord du lit, les bras ballants contre mes jambes, laissant mon cœur me dévorer.

Mon frère se redressa et s'empressa de répliquer. Il le bousculait sans cesse, et criait si fort que son visage en était déformé. A chaque fois que mon père reculait sous les coups, il avançait. Puis il finit par l'emprisonner par le col  et coller son visage au sien, comme s'il voulait s'assurer que ses mots soient bien entendus. Qu'il ressente bien sa douleur à travers son regard. Qu'il se souvienne à jamais de cette image. En réalité je cherchais des excuses, car je ne savais pas ce qui le poussait à agir ainsi. J'entendis au moins ses hurlements, qui me percutèrent plus sans doute que sa violence physique :

- Tu as détruit ma vie, tu entends ? Je te hais et quand elle saura toute la vérité, elle te haïra aussi ! Va crever ! 

Il répéta un dernier " va crever " si tonitruant qu'il me fit sursauter cette fois et comme il l'avait déjà fait auparavant, il prit la fuite. Mon père se tourna vers moi avec lenteur et ce fut alors comme une gifle. Je le vis aussi détruit que moi, c'était peut-être la première fois qu'il me paraissait aussi concerné vis à vis de Nathanael. Mais là, toutes les émotions qu'il devait ressentir dépassaient certainement la simple inquiétude. Elles n'étaient que frayeur, désespoir et colère. Elles étaient semblables aux miennes. J'avais peur d'approcher Nate, mais en même temps envie de le prendre dans mes bras puis de lui cracher toute ma haine. Était-ce que lui ressentait constamment ? Était-ce ce qui le meurtrissait autant ?

- Chut, murmura mon père qui m'entourait de ses bras. Ce n'est que moi, c'est terminé...

Lorsqu'il s'était approché, j'avais inconsciemment essayé d'échapper à son emprise mais il me tenait bien trop fort dorénavant pour que je m'en aille. Je me laissai très vite avoir par son calme, par sa voix qui me berçait doucement et qui me retirait de ma tétanie.

- Je suis désolé, ça n'arrivera plus, continua-t-il d'une voix qui se voulait apaisante. Et je ne le lèverai plus jamais la main sur ton frère, j'étais... dépassé ! Je sais que tu n'aimes pas nous voir comme ça. Je suis désolé ma puce, tellement désolé.

Je l'étais aussi.

*** 

Il n'était pas revenu. Depuis environ quatre heures du matin jusqu'à maintenant, midi, Nathan avait disparu quelque part dans Madagascar.  Pour me faire plaisir ce matin, mon père l'avait vaguement cherché mais j'avais compris qu'il préférait qu'il ne revienne jamais. Il voulait qu'il sorte de sa maison, voilà ce qu'il lui avait dit la veille après l'avoir tapé. Toutes leurs paroles m'étaient revenues durant ma nuit d'insomnie, j'avais tout revécu. J'avais été désarçonnée par l'amont de sentiments qui s'était présenté à moi, mais maintenant, je ne ressentais rien. Peut-être étais-je juste découragée, au plus bas, sans plus aucun espoir ? Peut-être m'étais-je simplement rendu compte de la réalité ? Aider mon frère se révélait être une tâche bien trop compliquée pour moi, alors j'étais partagée entre l'abandon et la persévérance que me procuraient respectivement la souffrance et l'amour. 

Les instants trop douloureux physiquement et moralement comme celui de la veille me poussaient à choisir la lâcheté tandis que les instants où je voyais Nate sourire, essayer de communiquer avec moi d'une quelconque manière, où je le regardais, me soufflaient au contraire de lutter malgré le malheur que toute cette épreuve pourrait me procurer. C'était presque du sacrifice, c'en était fou. 

J'entendis du mouvement près de ma baie vitrée et quand je relevai la tête en direction de celle-ci, je me maudis de ne pas l'avoir fermé. Sans grande surprise, mon frère se trouvait là d'une manière décontractée, soit inhabituelle. Je restais allongée, ne lui montrais aucuns signes de ma peur et priai de tout cœur que face à mon silence il finirait par partir. Nous échangeâmes un long regard vide, puis il décrocha un petit sourire en coin. Toujours souriant, il s'avança vers moi ; je fixai alors le plafond pour me maîtriser. Au fond, je savais bien qu'il ne me molesterait pas à cet instant toutefois ma raison n'avait plus d'importance. Je ne réfléchissais pas, je n'en avais plus la force. Tout ce que je voyais à ce moment était un danger qui approchait à grand pas.

Le matelas s'affaissa sous son poids et sa présence me fit frissonner. Je l'entrevis prendre la même position que moi : allongé, les mains sur le ventre et une jambe légèrement relevée. Il était dans le jeu ; il n'avait pas l'air de se rendre compte de l'ampleur de la situation. Sa tête se tourna vers moi tandis que de mon côté, je me forçai à ne pas le considérer. Il devait s'en aller.

- Joyce... susurra-t-il.

Son souffle frôla mon épaule ; je m'éloignai tout de suite. Lui combla aussitôt la distance que je venais d'agrandir. Son bras touchait le mien et il appuyait consciemment sa jambe contre la mienne. Même son parfum prenait un malin plaisir à m'envelopper !

- Allez, réagis ! me supplia-t-il, gardant une voix basse. Dis un truc ! 

Il me donna un léger coup avec son coude mais je restais toujours impassible. 

- Joyce, j'aimerais mieux que tu me cris dessus, que tu me dises de dégager, que tu me pousses plutôt que rien... M'ignore pas, s'il-te-plaît.

Sa voix n'avait rien de méprisante, au contraire, elle était des plus justes, des plus honnêtes. Alors je compris que Nathanael était là, mon frère, non celui qui s'était transformé en une créature étrange durant la nuit. Quand j'y repensais, je ne comprenais pas pourquoi il ne s'en était pas pris à moi finalement... Il avait plus passé son temps à me secouer et à me crier des tonnes de mots alors qu'il ne prenait même pas la peine de parler avant. Quelque chose changeait clairement, chez lui, chez nous...

Il se redressa sur un coude pour venir trouver mon regard mais tentative échouée. Il continua tout de même de me fixer, collé à moi. Il était légèrement au-dessus de moi, me dominant comme à son habitude.

- Hey, regarde-moi, me demanda-t-il gentiment, trop gentiment. 

Au lieu de lui faire ce plaisir, je gardai sans relâche mes yeux rivés sur mes mains. Mais ne pas le regarder ne changeait pas au fait que je sentais à nouveau mon cœur se mettre à battre à une vitesse plus rapide. Quelles seraient les confidences de Nathan ? Des excuses ? C'était si facile à faire pour lui, il savait que je finissais toujours par revenir vers lui. 

- Je t'aime, annonça-t-il avec maladresse. Et... Et y'a tellement de... trucs qui s'embrouillent dans ma tête, y'a tellement de choses...  tout le temps ! Je finis par perdre mes moyens, je sais que c'est pas normal mais... y'a que moi qui peut, qui doit... régler ça. 

Je me sentais éveillée petit à petit ; comme pour prouver cette impression, je me mis à pleurer. Mes larmes étaient tristes et colériques mais aussi quelque peu joyeuses. Je ne pouvais nier cette part de moi-même qui était soulagée d'entendre enfin cela venant de lui mais la plus grande part n'y croyait pas. Mon cœur venait d'être libéré de son étau assassin entre lequel il dépérissait depuis la veille. J'étais attaquée d'une énorme vague de sentiments, une vague bien trop forte pour moi. Elle ne faisait que m'achever. J'étais à bout, je ne voulais plus croire à ce qu'il disait. Je ne voulais pas le croire, lui. Je ne voulais pas croire en sa guérison. 

- Non, tu ne m'aimes pas... bredouillai-je avec difficulté. C'est ce dont j'essaye de me persuader depuis le début mais la vérité est là, même si... même si tu sens que tu devrais le faire en tant que frère, tu ne m'aimes pas...

Mon état évolua en crescendo : mes larmes devinrent des sanglots ; mes frissons, des tremblements et la suite de mon discours, un brouhaha incompréhensible. Et même ma tête était sur le point d'exploser, tout ce que je voulais c'était une vie normale ! Pourquoi ne pouvais - je pas au moins avoir ça ? 

Sa main vint se loger dans mon cou d'une manière si soudaine que je sursautai derechef. Et d'un geste vif, il approcha ma tête de la sienne puis ses lèvres se plaquèrent violemment contre mon front. Avec son bras libre, il me serra davantage contre lui, me blottissant dans ses bras sans que je ne puisse faire quoique ce soit. Nathanael m'offrait un câlin et me disait qu'il m'aimait, quelque chose n'allait définitivement pas. Seule cette constatation suffisait à approfondir mes pleurs et lui, à approfondir la force de son emprise.

- Si ! Plus que tu ne peux l'imaginer, Joyce, m'avoua-t-il.

Il marqua une pause, durant laquelle il me caressa furtivement le dos et me colla un peu plus contre son torse. Puis il termina :

- Et j'ai besoin que tu me promettes quelque chose...

________________________________

Hello ! Voilà la suite... qui vaut ce qu'elle vaut en fait. Vous vous doutez que je n'en suis toujours pas satisfaite, mais que j'attends vos avis avec impatience ! Vos hypothèses aussi si vous en avez.  Désolée de vous avoir fait attendre autant pour.. ça ; c'était censé être un chapitre émouvant, alors je suis un peu déçue du résultat. Je vous promets un peu plus de mouvements dans les prochains chapitres. Aoriana indray  * :)

* " A plus " en malgache, j'espère qu'on ne m'a pas menti ahahah 

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top