Chapitre 1

« Sometimes, people say things they don't mean or do things they can't take back. »

Ma mère claqua la porte, derrière moi, pour me montrer son mécontentement. Je décidai de l'ignorer et me dirigeai vers le salon, dans lequel Nathanael se trouvait, encore occupé à bricoler des objets indescriptibles dont l'usage m'était tout aussi inconnu. 

- Résultat ? Me lança-t'il, un sourire narquois suspendu à ses lèvres.

Il accompagna sa parole d'un mouvement de tête vers mon épaule gauche, qui était tenu par une écharpe, horrible soit dit en passant. Suite à un accident de moto avec mon copain, je m'étais déboitée l'épaule... Nous revenions tout juste de l'hopital avec ma mère, voilà la raison de sa colère.

- Epaule déboitée, et déplacement du bassin. Rien de bien grave. Annonçai-je fort presqu'en me vantant.

- Pas mal ! S'esclaffa-t'il. Et maman n'a toujours pas ralé ?

- Je vous entend ! Cria la concernée du couloir.

Mon grand frère et moi nous échangeâmes un regard rieur, fiers de pouvoir rendre notre mère folle. Elle débarqua à toute vitesse et on effaça soudainement toute traçe de joie sur nos visages.

- Joyce j'espère que t'as très bien compris que je ne veux plus que tu fréquentes Caleb. Décréta-t'elle.

Caleb, mon copain comme vous l'aurez sans doute compris.

- Maman ! Sérieusement ? Un accident de la sorte aurait très bien pu m'arriver sans lui.

- Mais c'est arrivé avec lui n'est-ce pas ? Et ce n'est pas la première fois qu'il fait quelque chose qui me déplait, tu le sais. Me réprimanda-t'elle.

Je me laissai tomber contre le canapé, épuisée du retour de cette conversation. Ma mère n'aimait pas Caleb, et tous les problèmes qui m'arrivait que je sois en sa présence ou non, elle arrivait toujours à les mettre sur son dos à lui. Et la question qui revenait toujours était, Comment as tu pus passer de cet enfant sage à une fille mal éduquée ? J'avais bien la réponse à cette question, mais je me contentai de la garder pour moi car je savais parfaitement qu'elle ne voulait pas l'entendre, elle la connaissait aussi...

- Le nombre d'accident qu'il m'est arrivé ne tient même pas sur les doigts d'une main alors crois-moi, celui ci n'est qu'un de plus ! Ralai-je. Et puis, je ne suis pas morte non ? Je suis là !

Les iris verdâtres de Nathanael se posèrent sur ma personne, sachant que je venais de faire allusion à ses agressions. Je portai mon attention sur lui et remarquai qu'il avait arrêté son activité pour voir la réaction de ma mère.

- Encore heureux ! Invectiva-t'elle.

Elle souffla et vint s'asseoir à mes côtés. Ses cheveux noirs corbeaux s'éparpillaient sur tout son visage et lui donnaient un air de vieille femme attristée.

- Joy, tu m'avais promis que tu ne monterais pas en moto avec lui, qu'importe la situation... Tu l'as fait. Je veux bien te pardonner mais dis moi que tu ne remonteras pas dessus, tu as compris la leçon pour cette fois ?!

- Je ne te l'ai jamais promis, je ne te le prometterai pas. C'était pas la première fois que je montais sur sa moto, ce ne sera pas la dernière juste pour... te faire plaisir. Crachai-je.

- Très bien, alors hors de question que tu le revois. Conclut-elle.

J'ouvris la bouche, prête à mettre mon éducation de côté pour l'injurier mais Nathanael me coupa dans mon élan.

- Maman, fous lui la paix. Intervint-il. Elle veut pas à avoir une vie de merde comme la tienne, c'est compréhensible, alors laisse la vivre. Tu vois pas que tu l'étouffes ?

Il venait de lui parler sur un ton dur et dangereux. Il avait beau la traiter comme s'il s'adressait à un vulgaire chiffon, elle le défendrait toujours, elle le respecterait toujours, elle n'hausserait jamais le ton sur lui alors il en profitait. Elle mettait ça sur son comportement anormal et se contentait de ne rien ajouter... En clair, étant donné que mon père ne vivait plus avec nous, c'était Nathanael qui faisait la loi. Il voulait un truc, il l'avait... du moins avec elle.

- Bien... Fut tout ce qu'elle put dire avant de sortir du salon.

Nathanael s'allongea nonchalamment auprès de moi, tout en tournant et retournant les objets métalliques qu'il avait dans les mains. On entendit la porte d'entrée s'ouvrir, notre mère nous indiqua qu'elle ne serait pas là pour le diner puis s'en alla.

- Enfin tranquille... S'extasia-t'il.

Il aimait tellement la vexer, lui faire du mal mentalement, ce qui m'énervait beaucoup quand j'étais petite mais j'avais finis par y prendre goût moi aussi. A vrai dire, il m'avait appris à hair notre mère et plus les années passaient, plus j'approuvais sa décision. Tout ce qu'elle faisait, disait, avait le don de m'énerver au plus haut point. Je n'avais pas besoin d'elle, elle ne m'avait jamais défendu face au comportement de Nathanael. Et j'avais très vite compris que c'était plus de la faute de ma mère qui jouait l'aveugle, que de mon frère. Alors nous étions devenu tous deux, des terribles monstres qui ne respectaient pas leur mère. Mais le problème avec lui c'était qu'il la haissait autant, qu'il me haissait moi, il le montrait juste d'une différente manière.

Bienvenue chez les Lewis !

***

J'étais capable de passer des heures à regarder mon frère danser... Ca faisait un peu trop cliché de le dire, mais je croyais comme beaucoup de gens, que l'art permettait de s'évader. L'art permettait d'exprimer autant sa douleur que sa joie, l'art était un remède à tous les maux, l'art était le chemin qui guidait au bonheur. J'y croyais depuis que j'avais vu Nathanael danser pour la première fois... Il avait commencé la danse contemporaine à l'âge de douze ans puis avait enchainé deux ans plus tard sur la danse hip hop, dite " danse de rue ". Le regarder danser donnait des frissons, son corps qui se mouvait au rythme de la musique obligeait presque nos regards à rester fixés sur lui... En même temps qu'il dansait, je m'éloignais aussi... Il m'entrainait avec lui dans ce monde imaginaire, calme. C'était d'ailleurs les uniques moments où je pouvais le voir aussi apaisé. Les yeux fermés, il occupait tout l'espace en dansant et il pouvait continuer pendant des heures. Il semblait heureux, délivré de ses souffrances comme en ce moment même. Assise au fond de la pièce, je l'observai bouger son corps à l'improviste sur une musique mouvementée... Il était gracieux, doux, léger et le tout contrastait avec son comportement nerveux, colérique et violent, de plus le peu de lumière qui s'infiltrait par les fenêtres lui donnait un air angélique alors qu'en temps normal il s'approchait plutôt du diable. Quand la musique termina, il s'arrêta enfin de danser et se dirigea vers moi.

- L'eau s'il te plait. Me supplia-t'il essoufflé.

Je lui lançai sa bouteille d'eau ainsi que sa serviette avec laquelle il s'empressa de s'essuyer le visage. Il vida l'eau d'une traite et balança la bouteille vide sur le côté avant de se pencher en avant pour essayer de reprendre son souffle. Après plusieurs minutes, il finit par me tendre la main. Je fronçai les sourcils, confuse.

- J'en ai marre que tu viennes seulement me regarder, alors debout et je vais t'apprendre quelques pas. S'exclama-t'il tout sourire.

Quoi ? Hors de question. J'étais loin de danser aussi bien que lui. Tandis que lui excelait dans ce domaine artistique, moi j'étais plutôt sportive avec des sports tels que la natation, ou la course. Rien à voir avec la danse en effet !

- Mais tu sais que je bouge comme... rien ! Je sais pas danser.

- Bah, tu peux toujours apprendre. Dit-il en haussant les épaules.

- T'es pas fatigué ? Tentai-je de me défiler.

- Pas le moins du monde...

Il m'adressa un sourire sadique puis se pencha vers moi, m'attrapa mon bras libre puisque l'autre était toujours bloqué dans mon écharpe, et me releva sans difficulté, comme si je ne pesais qu'un simple kilo - c'était loin d'être le cas.

- Tu danses, sinon je t'emmène pas chez Caleb le chien ce soir. Me menaça-t'il.

Je lui donnai un coup de poing dans l'épaule, il grimaça faussement et s'empressa de me rendre mon coup plus violemment que moi. J'avais désormais mal aux deux épaules, génial !

- Arrêtes avec ce surnom. Protestai-je.

- Danse ! Insista-t'il.

Je balayai la salle du regard, en tournant sur moi même. Il avait pris l'habitude de louer cette grande salle chaque année pour venir s'entraîner tranquillement, à son gré. Après tout nous étions que tous les deux et personne pour se moquer de moi... Mis à part lui, bien entendu !

- Montre moi ces fameux pas... Murmurai-je.

Il poussa un léger cri, vainqueur, en même temps qu'il me tirait au centre de la pièce face au miroir. Il me lança ensuite un sourire digne d'un idiot.

- Tu te fous pas de moi ! Le prévins-je.

- Pour ça, je promets rien. Railla-t'il, en riant déjà.

Il me montra un premier pas, que je fis impeccablement tout comme le deuxième et le troisième mais quand vint le quatrième, je commençai à me mélanger les pinceaux... Je ne savais plus comment enchainer le tout, je ne savais plus quel pied placer devant l'autre, ou quoi faire avec mes mains.

- Non, c'est pas comme ça là. Me reprit-il.

Il me saisit ma main droite et tenta de bien positionner mon bras mais c'était peine perdue d'avance. Je me mis à sortir tous un tas d'injures, énervée et véxée de ne pas réussir. Je n'aimais pas échouer.

- T'es trop raide Joy ! Et arrêtes de te plaindre. Me réprimanda Nathan, tout à coup sérieux.

- C'est pas de ma faute !

Il me remontra une dernière fois le geste en question avant de se tourner vers moi. Je me lançai, et essayai de l'imiter tant bien que mal. Il se plia de rire et finit même par tomber sur le sol tant il était hilare.

- Te moque pas ! Ris-je tout de même.

- Désolé, c'était trop là !

Je me laissai tomber à ses côtés pour m'allonger à mon tour alors que je l'entendais toujours rire. Au bout de plusieurs minutes, je commençai à m'impatienter et le frappai encore. Il rejeta ma main tout en s'asseyant, je fis de même. Ses cheveux habituellement rabattus en arrière, tombaient en ce moment même devant ses yeux, lui donnant une touche féminine... Je souris à cette pensée.

- On rentre ?! J'ai faim. M'annonça-t'il.

- Allons y.

Après avoir rassemblé nos affaires, nous quittâmes la salle puis nous prîmes le chemin de la maison, à pieds pour ne pas changer nos habitudes. Nathanael sortit son briquet et s'amusa à l'allumer toutes les secondes alors que nous marchions en silence. J'étais pour ma part occupée à répondre à certains messages sur mon portable et ce ne fut qu'une dizaine de minutes plus tard que je me rendis compte que Nathan avait cessé de jouer avec son briquet, ce qui n'arriva jamais. Je relevai la tête et plantai mon regard dans le sien, qui avait totalement changé de tout à l'heure. Quelque chose venait de l'énerver, de le brusquer ou de le gêner... Quelque chose qui m'avait échappé, mais qui allait encore retomber sur moi.

- Tu penses que tes cheveux pourraient bruler en combien de secondes ?

- Je n'en sais rien, c'est pas moi la spécialiste du feu. Et je n'en saurais jamais rien car je n'essayerai jamais de bruler mes cheveux. Dis-je durement.

- Mais moi je peux essayer. Ricana-t'il.

- Ne t'approche même pas Nathan, je ne rigole pas.

- Tu me donnes des ordres ? S'étonna-t'il. Joyce, est-ce que tu viens de me donner un ordre là ?

J'avais soit le choix de rentrer dans son jeu et de le pousser à bout, soit d'ignorer et espérer qu'il se calme tout seul. Effrayée, j'optai immédiatement pour le deuxième choix.

- Non. Je voudrais juste rentrer.

- Mmh c'est ça... Marmonna-t'il. Salope.

Je fermai les yeux et priai silencieusement pour qu'il n'en rajoute pas plus. Quand il avait une idée en tête, il était prêt à tout pour y arriver... On avait beau changer de sujet, s'excuser ou autre il restait fixé dessus car tout ce qu'il voulait c'était arriver à son but. A mon plus grand bonheur, il n'en dit pas plus et on rentra à la maison sous une tension qui avait fait son retour. Le premier symptôme de sa maladie sans-nom : La bipolarité.

***

En médecine, on se cesserait jamais de trouver tel ou tel remède aux diverses maladies qui existent sur terre... La médecine continuerait de faire de grand progrès mais j'étais sure que si l'on demandait d'examiner mon frère et de trouver le problème, ils ne trouveraient pas. Mon frère resterait jamais un grand incompris. Peut être que l'on pourrait lui attribuer une ou deux pathologies psychologiques mais jamais on ne pourrait définir ce qui le rend si... différent. 

Quelques fois j'essayais de mon côté, je tentais de percer le vrai Nathanael qui se cachait sous cette personnalité complexe mais tout ce que je voyais en l'observant, ne divergeait pas vraiment de la perception des autres... Un jeune homme, d'environ 1m80, doté de superbes cheveux bruns presque noirs, et de yeux verts qui pouvaient détrôner les plus beaux des émeraudes. Je m'imaginais maintes fois que ce n'était pas mon frère et je lui donnais un rôle, une vie qui pouvait lui correspondre... Mannequin, surfeur ou bien les deux, agent immobilier, ou encore acteur célibataire, macho et riche, qui plairait fortement à la gente féminine. 

Mais quelque part, au fond, la vision de mon frère en tant qu'homme cruel, criminel, planait. Il était avant tout Nathanael Julian Lewis, âgé de vingt ans et traînait derrière lui, dans l'ombre, plus d'une cinquantaine d'agressions physiques et bien plus de cinq tentatives d'homicide... Volontaire ou non. Seulement envers moi, Joyce Madison Lewis.

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Et voilà, je peux dire que Let it burn commence enfin car pour ceux qui lisent Only That Way, on se rapproche de la fin donc j'ai décidé d'au moins commencer celle histoire là ! Les chapitres ne seront pas aussi réguliers pour le moment car ils ne sont pas tous encore écrits pour cette histoire, j'essaye de m'appliquer au maximum et de ne pas poster de mauvais textes.

J'espère que ce chapitre vous donne envie d'en savoir un peu plus, sur la vie de Joyce et Nathanael, sur leurs parents, leur vie respective etc... Je tiens aussi à dire que l'histoire ne sera pas basée uniquement sur les deux personnages, il y aura bien entendu un décor avec d'autres petites intrigues ! Il y a une chose que j'ai décidée d'ajouter un peu sur un coup de tête : la danse. Elle va avoir une grande place dans Let It Burn, car je suis moi aussi persuadée que l'art peut être une aide !  Bref, maintenant à vous de me dire ce que vous en pensez. N'hésitez pas à me laisser vos avis, vos conseils je suis preneuse ! A la prochaine !


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